Annaba. Gnawa Diffusion - Un public en délire !

La température n’aura jamais été aussi chaude sur la scène du théâtre Azzedine Medjoubi comme ce mercredi 18 avril 2007. La  salle bondée de monde, de jeunes surtout, est emportée par des sonorités endiablées et les paroles de Gnawa Diffusion. Deux  heures de bonheur, c’est ce que les “Fucking Cowboys” ont offert à leur public. Deux heures non stop de transes mais aussi, mais surtout d’émotion. Une soirée que nul n’est près d’oublier et qui malgré une sonorisation défaillante, restera marquée dans les annales du théâtre dont le poulailler a été ouvert pour l’occasion. L’ambiance était chaude et intense, sur scène et dans la salle, la musique de Gnawa Diffusion prend l’auditoire au cœur. Chez le groupe, la fusion n’est pas seulement une histoire de musique, c’est aussi celle du public. Ya Laymi», «Douga, Douga», «N’rouhou Jamaica», «Ouvrez les stores» et bien d’autres titres connus sur le bout des doigts. Dès la première note, le public se lève comme un seul homme et c’est à peine si on peut bouger d’un pouce tellement on est serré au devant de la scène. Amazigh Kateb, avec sa chevelure touffue et un sourire enchanteur chante en français et en arabe, en algérien devrions nous dire , en roulant les « r » et avec des accents qui interpellent car l’on ne peut que se reconnaître dans ces souffrances et dans ces rêves d’une vie meilleure. Il est évident que malgré le succès fulgurant de sa formation, il reste populaire. Une attitude qui force le respect et l’admiration. Téléphones portables, appareils numériques, caméscopes pour la majorité du public les souvenirs seront aussi en images. La salle reprend en chœur les textes auxquels nul ne peut rester indifférent : (« Ouvrez les stores »… « Le GIA fait mal mais beaucoup d’autres ont les mains sales”.) Amazigh Kateb, n’a pas failli à son habitude fustigeant Bush et la violence des extrémistes de tous bords. Les paroles évoquent l’Intifada, l’Irak sous embargo, la répression en Algérie. Un discours appuyé par un tonnerre d’applaudissements d’un public en délire ! Les sifflements, les cris, emplissent la salle à chaque chanson, à chaque refrain entamé dans une liesse indescriptible que les chants de stade repris par le groupe, exacerbe entraînant dans un Charivari festif les jeunes qui n’ont cessé d’en redemander. Kateb et ses acolytes, en l’occurrence, Pierre Feugier à la guitare, Salah Meguiba au clavier et percussions, Mohamed Adenour au mandol et banjo, Philippe Bonnet à la batterie, Pierre Bonnet à la basse, Abdel Aziz Maysoure au chœur et au gumbri et Amar Chaoui aux percussions et au kerkab n’ont pas failli à leur réputation d’agitateurs devant un public en demande de musique et de défoulement. La soirée fut très agitée ! Amazigh souvent une main posée sur l’oreille, utilise la satire et la dérision pour dénoncer l’injustice, la misère, prôner la liberté et l’amour, et ces chansons trouvent forcément écho chez son public qui s’est déchaîné: “amazigh tâana », nous dira un jeune dans la salle. Une appartenance qui en dit long sur l’attitude de ces jeunes qui ont eu du mal à sortir du théâtre après un rappel qui a duré près de cinq minutes et pour ces autres qui l’attendaient dans les coulisses à côté des loges refusant de partir malgré le ton plus que désobligeant d’un employé du théâtre qui voulait les faire partir. Mais ni les lumières éteintes, ni la colère de cet employé n’ont eu raison des ces fans qu’Amazigh a accepté de rencontrer et à qui il a signé des autographes. Les plus chanceux ont pu prendre des photos avec lui. Un pur bonheur de voir des jeunes ivres de musique s’en donner à cœur joie et oublier l’espace d’une soirée qu’ils sont les oubliés d’un système où la culture est  accessoire. Amazigh a encore une fois brillé de mille feux. Merci !
L'est républicain > 23/04/07 > Aly D