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Annaba: Investissements à ANNABA, la problématique de l’ANDI - Des facilitations qui ne trouvent pas preneur

Publié le 02/10/2014
andiSur un nombre total de 181 projets accordés par l’ANDI, 42.5% relèvent du secteur du Transport, très loin devant l’Industrie, l’agriculture et le Tourisme. Le paradoxe crève les yeux. Un dispositif renforcé d’accueil, d’accompagnement et d’aide aux porteurs de projets mis à la disposition d’une jeunesse qui boude toute idée d’effort et d’entreprise sérieux. L’ANDI, un outil de promotion de l’investissement, est un exemple édifiant de l’écart entre un projet étatique ambitieux et une réponse « décevante » de la population. Décryptage.

Créée en 2002 dans le cadre général d’une politique d’encouragement de l’investissement, l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI) anciennement (APSI) constitue le fer de lance des efforts d’instauration d’un tissu d’entreprises nationales, privées et publiques, afin de réduire la dépendance aux exportations des hydrocarbures.

Durant l’année 2013, 102 projets ont été créés à Annaba dans le cadre de l’ANDI. 75 autres ont bénéficié d’extension et 4 de réhabilitation. Ainsi, 181 entreprises ont bénéficié de l’aide de l’Agence dans son développement. Selon les chiffres officiels, 3865 emplois ont été créés ce qui constitue une contribution non négligeable à la lutte contre le chômage. « L’Agence est un espace aux investisseurs. Ici, ils trouveront conseil, assistance et surtout octroi d’avantages. C’est important pour leur rendre les idées claires dans l’approche de leurs projets ou idées de projets » a expliqué Sélim Branki, directeur de l’ANDI de Annaba. De ce fait, la structure n’a aucune influence sur l’idée même du projet. « Nous nous contentons de lui montrer la réalité du terrain et non de lui imposer tel ou tel secteur d’activité » a-t-il ajouté.

Guichet unique, panacée contre la bureaucratie

Le climat algérien des affaires étant des moins favorables dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), l’ANDI vient tempère cette hostilité en instituant le Guichet unique décentralisé (GUD). Ce dernier vise à faciliter et simplifier les procédures légales de constitution des sociétés et de mise en œuvre des projets d’investissement. « Les représentants des administrations et organismes qui le composent sont chargés de délivrer directement à leur niveau, les documents requis et à fournir les prestations administratives liées à la réalisation des projets » a révélé Ben Torki Nardjes, chargée du service informatique de l’Agence. Dans le cas de difficulté éventuelle, ces représentants sont chargés d’intervenir auprès des services centraux et locaux de leurs administrations ou organismes d’origine pour trouver solution. Ainsi, loin d’être un simple guichet d’accueil et d’orientation, le GUD est un vrai accompagnateur qui accomplit l’ensemble des formalités requises, grâce à la délégation effective du pouvoir d’action, de décision et de signature accordés par les administrations et organismes concernées. En plus des représentants de l’ANDI, le GUD est composé de ceux du Centre national du registre de commerce (CNRC), des services des impôts, des domaines, des douanes, de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire et de l’environnement, de l’emploi et du travail, de la CNAS/CASNOS ainsi que ceux de l’état civil. Le Comité d’assistance à la localisation et à la promotion des investissements  et de la régulation du foncier (CALPIREF) n’a pas (encore ?) de représentant dans le GUD de Annaba….

Le secteur star : le transport…

Parmi les centaines de possibilités d’investissement et les dizaines de créneaux disponibles, la palme revient, sans conteste, au secteur du transport avec 42.5% des projets accordés. Avec un nombre hypothétique d’emplois créés atteignant les 317 et un coût s’élevant à 2323 millions de DA, l’on se demande sur les avantages que ce créneau puisse avoir vis-à-vis l’économie nationale. Sans minimiser l’importance du rôle du transport dans le secteur économique, l’engouement des demandeurs de projets pour cette activité reste à expliquer. « Un seul mot suffit à expliquer ce rush : la loi du moindre effort » a résumé F. K, doctorant en sociologie à l’université Badji Mokhtar. « Une partie des jeunes candidats à l’ANDI, au même titre que ceux de l’ANSEJ et autres dispositifs d’aide à l’emploi, n’ont pas de vrais projets en tête. Ce qui leur importe est avant tout un revenu facile et sans prise de risque » a-t-il ajouté. SI ceci explique le choix du secteur, qu’est-ce qui fait que le nombre des demandeurs est aussi important ? « En sociologie on parle de mimétisme. Cela veut dire en termes plus simples : l’imitation. Mon voisin a ouvert une location de voitures, et ça a marché. Il n’y aura aucune raison pour que cela ne marche pas avec moi. Et c’est parti. Au début c’étaient les taxiphones, le transport est plus ou moins un phénomène récent.» a expliqué F. K. Une analyse partiellement partagée par Amine, bénéficiaire d’un véhicule de transport de marchandises : « Certes l’effet de l’imitation n’est pas à exclure. D’ailleurs c’est un comportement humain tout ce qu’il y a de plus normal. Il faut reconnaitre également qu’une partie des jeunes demandent des véhicules par paresse et manque d’imagination ». Ainsi, pour lui, « il ne faut pas généraliser car certains sont des pères de famille qui travaillent dur… ».

L’Industrie en deuxième position

Sur les 181 projets de l’année 2013, 33 sont du secteur industriel. Ainsi, 18 % des demandeurs se dirigent vers la création d’usines. La troisième place revient au BTHB avec 15 % des projets. Le secteur des services atteint les 12%. Ceux de l’agriculture, de la santé et du tourisme sont relégués aux dernières places. « Si l’ANDI est un accompagnateur, il n’est pas pour autant une solution magique. Il permet d’améliorer le climat des affaire mais le retour sur investissement vient des années après le lancement des procédures » a prévenu S. Branki, directeur de l’agence, qui a évoqué le cas « des promoteurs dissuadés après avoir compris que l’investissement c’est aussi mettre de l’argent… ». Le peu d’engouement pour ces secteurs serait également imputable au risque qui leur est inhérent. « La tendance générale chez les jeunes est la recherche d’un statut de fonctionnaire. Il a le mérite d’offrir la sécurité à défaut d’être confortablement rémunérateur » a expliqué N. Ben Torki, qui a souligné que « l’esprit d’entreprise présent chez beaucoup de jeunes est freiné par les contraintes économiques quotidiennes ». Elle qui avoue être tentée par l’entreprenariat comme beaucoup de fonctionnaires.

Une seule femme sur la liste

La présence féminine dans les projets de l’année 2013 est pour certains « décevante ». Une seule femme a bénéficié d’un projet dans le secteur des transports… « La participation des femmes dans ce genre de projets est toujours bas. « C’est un peu la norme » a révélé Amara Linda, chargée des statistiques dans l’Agence. Et encore ! « Dans les années précédentes il y a eu des femmes inscrites dans les demandes de projets. Mais ceci n’est pas forcément de l’initiative de ces dames. De nombreux dossiers sont des prête-noms pour des gens, généralement les époux, à qui la loi interdit l’accès aux aides de l’ANDI » a relevé Lamia, membre d’une association féministe. Pour elle, les femmes sont quasi-absentes pour des raisons sociales. « La femme n’a pas encore confiance en elle pour se lancer dans le processus des affaires. Le regard de la société reste en retard par rapport aux avancée enregistrés dans le monde de l’éducation » a-t-elle ajouté. Mais que dire des dames qui s’imposent dans le monde des affaires et qui font même partie d’iune organisation patronale (SEVE) ? « Elles sont des femmes qui ont les moyens de l’émancipation. D’autres font des demandes auprès de l’ANSEJ car c’est plus connu. Il faut donc une politique de communication plus performante de la part de l’ANDI » a ajouté la féministe. A ce propos, l’Agence a lancé, en juin dernier, un appel à candidatures pour le meilleur projet d’investissement féminin innovant à l’occasion de la 4ème édition du Forum de la femme chef d’entreprise tenu le 12 juin à Oran. L’Agence a invité toute femme chef d’entreprise algérienne porteuse d’un projet innovant, à soumettre sa candidature afin de permettre la sélection des trois lauréates. La remise des trophées s’est effectuée en marge des travaux du Forum. La 4ème édition du Forum s’est tenue sous le thème « la promotion de l’investissement féminin au service du développement durable », et a traité de plusieurs thématiques telles que l’université, vivier potentiel de l’entreprenariat féminin, les Startup, parcours et développement, ainsi que des entreprises innovantes féminines. Le forum annuel, constitue, pour les organisateurs, « une plateforme d’échanges et de réflexion autour de l’entreprenariat féminin, de ses spécificités et exigences ainsi que des voies et moyens permettant l’évolution croissante de sa contribution au développement du pays ». A relever que ce forum est organisé par l’Andi depuis 2011. Il permet la participation des femmes entrepreneurs et des femmes chefs d’entreprises ainsi que celles issues de la communauté d’affaires établie à l’étranger, la rencontre regroupe également des représentants d’organismes, d’institutions, des acteurs de la sphère économique et des universitaires.

La communication de proximité

Le problème de la non implication dans le domaine des entreprises n’est pas spécifiques aux femmes. Loin s’en faut. Malgré les portes ouvertes organisées par l’Agence conjointement avec les autres organismes d’aide à l’emploi et à l’entreprenariat, l’intérêt de la population, notamment les jeunes, reste modeste. Ceci serait dû à un manque d’informations au sujet des procédures à suivre et des possibilités à avoir. Des sociologues appellent ces organismes à cibler les jeunes dès la phase des études. « C’est lors de la scolarité que l’esprit d’entreprise apparait chez les jeunes. C’est pareil pour la carrière » a rappelé F. K, du département de Sociologie. Il serait donc plus efficace de s’adresser aux tranches les plus jeunes pour faire la promotion de l’entreprise et de l’investissement. « La culture dominante dans notre société est celle du statut de fonctionnaire. Le rêve des jeunes, hommes ou femmes, est d’être titularisé et d’être ainsi dans une situation sécurisée socialement et financièrement. Les entrepreneurs sont une exception dans notre société… » a-t-il ajouté. L’engagement dans un projet implique des risques énormes, notamment en Algérie qui est connue pour sa bureaucratie hostile à l’entreprise. Le rapport Doing Business de l’année 2013, effectué par les services de la Banque Mondiale, révèle un certain nombre de retards accusés par les autorités algériennes en matière de l’amélioration de l’environnement règlementaire des activités commerciales. Sur 185 économies étudiées dans le projet, l’Algérie se situe au 152ème rang mondial juste avant le Burkina Faso et après le Mali. Ceci constitue un recul de 4 places par rapport au classement de 2012. Sur les pays de l’Afrique septentrionale, l’Algérie est l’avant-dernière juste avant la Mauritanie au 167ème rang. L’économie tunisienne, classée 50ème est, depuis des années, la plus favorable aux affaires même si elle a reculé de 4 points également depuis 2012. Le Maroc classé 97ème et l’Egypte 109ème dépassent largement l’Algérie dans la facilitation des procédures et de l’encouragement à la création et à la vie des entreprises. A rappeler que l’analyse effectuée par la Banque Mondiale depuis 2003 vise à fixer un indicateur le plus précis possible afin de mesurer l’impact des réglementations sur l’activité commerciale. Doing Business comprend deux catégories d’indicateurs : les indicateurs analysant la solidité des institutions juridiques relatives à la réglementation des affaires et les indicateurs étudiant la complexité et le coût des processus de réglementation. Ceux du premier groupe, au nombre de quatre (4), se rapportent au cadre juridique et réglementaire régissant l’accès au crédit, la protection des investisseurs, l’exécution des contrats et le règlement de l’insolvabilité. Les six (6) autres indicateurs du deuxième groupe concernent le coût et l’efficacité des processus réglementaires relatifs à la création d’entreprise, à l’obtention des permis de construire, au raccordement à l’électricité, au transfert de propriété, au paiement des taxes et impôts, et au commerce transfrontalier. Ces dix (10) indicateurs mesurent les procédures, les délais et le coût nécessaires pour conclure une démarche conformément à toutes les réglementations applicables. De ce fait, les économies qui se situent à un niveau élevé du classement sur la facilité de faire des affaires tendent à combiner des processus de réglementation efficaces avec des institutions juridiques solides.

Des coûts énormes et une évaluation qui tâtonne

 Les projets accordés par l’ANDI de Annaba en 2013 a coûté 20.248 Millions de DA. Avec 45% pour l’industrie, 12 % pour les Services, 17 % dans le domaine de la santé et 10 % au transport. Pour évaluer ces aides, l’ANDI dispose-t-il des outils nécessaires ? La réponse se trouve du côté du réseau méditerranéen des agences d’investissement, « Anima ». Ce dernier a présenté, au cours d’une rencontre à laquelle l’ANDI a été invitée en juillet dernier, la nouvelle grille d’évaluation des projets d’investissements en Méditerranée, dénommé EDILE. Le responsable national de l’ANDI, Abdelkrim Mansouri, avait demandé au début de l’année à Emannuel Noutary, DG d’Anima de l’aider à mieux cibler les projets d’investissement en Algérie. Pour répondre à cette demande qui n’était pas spécifique au cas algérien, les coordinateurs de l’initiative EDILE ont affirmé qu’elle est encore au stade expérimental dans quelques pays et dont l’Algérie ne fait pas partie. EDILE, censée durer deux ans, est financé par la communauté européenne à hauteur de 1.9 millions d’euros. Ce projet devrait construire un référentiel d’analyse et un guide pour évaluer les retombées des investissements. Si la période de test s’avère concluante, EDILE peut devenir ce référentiel de quantification des impacts. C’est dans trois pays arabes, Tunisie, Liban et Palestine que la première version de cette grille d’évaluation sera testée en 2014 et 2015. Elle inclue une quinzaine de projets d’investissements dans ces trois pays. Les secteurs concernés par cette étude sont le tourisme, l’agroalimentaire, la protection de l’environnement, l’industrie plastique, l’agriculture, les énergies renouvelables, des mines et le transport ferroviaire.

Le Provencial - 1 octobre 2014 -  Zarrougui Abdelhak
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