Annaba: EFFONDREMENT DE LA ROUTE DE SIDI AÏSSA - Des promoteurs devant le juge

Les résultats de l’expertise effectuée par les experts de la DTP (Direction des Travaux Publics) suite à l’effondrement d’un tronçon du chemin de wilaya n° 15 desservant le site de Sidi Aïssa, ont révélé une cause mécanique due à l’utilisation intensive sur cette route, d’engins et de camions transportant des matériaux de construction, de bétonnières, comme nous l’a annoncé jeudi la responsable de la DTP de la wilaya, l’état géophysique du terrain n’étant pas mis en cause.

La même responsable est catégorique : le CW était fermée à la circulation par mesure de sécurité, depuis le mois de novembre 2013 et ce par arrêté wilaya. En dépit de cela la route continuait à être empruntée. « Nous savions que la route allait s’effondrer et nous l’avons fait savoir à qui de droit, mais personne ne nous a écoutés. Dès qu’on a commencé à toucher aux accotements, nous avons aussitôt recueilli le nom des promoteurs concernés, et ils ont été présentés à la justice. Des mises en demeure ont été signifiées, et certains cas sont encore au niveau de la justice. Les inspecteurs de l’urbanisme doivent absolument faire respecter les clauses contenues dans les permis de construire. »

Une lacune souvent dénoncée par les citoyens. « Une semaine avant l’incident, nous avons réitéré nos avertissements. A chaque fois, nous procédons à la fermeture de la route à l’aide de glissières de béton, en présence des gendarmes, mais rien n’y fait. Les promoteurs utilisent des engins pour déplacer les glissières et font passer leurs camions. Nous ne pouvons passer notre temps à jouer au chat et à la souris. » Et d’ajouter que la route de déviation actuellement en cours de construction (elle sera achevée à la fin de la semaine prochaine), réalisée sur une distance de 900 mètres pour permettre la remise en service du CW, subit la même pression de la part des promoteurs. « Nous œuvrons sous les travaux, ce qui est particulièrement pénible, et gène l’avancée de l’ouvrage. » Rien ne semble arrêter les promoteurs, malgré la décision prise en ce sens par le wali dès l’annonce du sinistre qui, heureusement n’avait fait aucune victime.

Mais selon notre interlocutrice, d’autres facteurs aggravants sont à l’origine de la détérioration progressive de la route, avant son effondrement. « L’article 10 du décret 90/175 faisant obligation d’observer à partir de la route, dans ce cas de figure, une servitude minimum de 35 mètres pour commencer les travaux de construction d’habitations et de 25 mètres pour les équipements » Une règle fondamentale qui n’a pas été observée, loin de là. « Une déviation bitumée était incluse dans le PDO, mais n’a pas été réalisée. Pour la responsable de la direction des Travaux Publics, même le CW doit être déclassé, car se trouvant désormais dans un périmètre urbain. « Les TP s’occupent des routes se trouvant à l’extérieur des périmètres urbains » devait-elle souligner.

De son côté, le maire que nous avons rencontré mercredi, devait déplorer le fait que ce site à forte urbanisation, n’ait pas bénéficié, dès le départ, de voies d’accès et de déviations, pour désengorger le CW, ce qui aurait pu éviter cet incident. Une mesure d’autant plus nécessaire que le site en question se trouve sur un terrain en pente. « Nous avons toujours attiré l’attention des services concernés sur la rigueur et le respect des lois urbanistiques. Le POS (plan d’occupation du sol) n’a pas été appliqué à la règle. L’organisation des chantiers, leur protection, l’obligation faite aux promoteurs d’obéir aux normes de constructions, sont autant de règles à suivre avec rigueur par tous les services concernés. Il nous est arrivé de suspendre plusieurs chantiers qui n’obéissaient pas à ces règles ».

Pour le maire, qui apporte une vue d’ensemble sur l’acte de bâtir tel qu’il se présente dans notre wilaya, tous les divers secteurs concernés de l’administration doivent œuvrer ensemble pour faire barrière aux mauvaises habitudes et au laisser-aller. Lors de la délivrance du permis de construction devait-il ajouter, toutes les directions sont consultées. L’avis de l’APC intervient en dernier. Ajoutons pour conclure que dans ce préjudice, la justice devrait trancher pour situer les responsabilités, dans les semaines à suivre, selon nos sources.

Farida H. [L'EST REPUBLICAIN - 11-10-2014]