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Annaba: Sauvegarde du patrimoine local - SAUVEZ LA MEDINA DE BUNA

Publié le 07/03/2015
04-008Nous poursuivons notre « acharnement » à apporter notre contribution à la sauvegarde de ce qui reste de notre patrimoine local. Nous ouvrons nos colonnes à tous ceux, citoyens, experts, responsables… qui souhaitent s’exprimer sur le sujet. Aujourd’hui, nous reproduisons l’appel lancé en 2009 par le Pr Said Dahmani à l’occasion de la clôture du moi du patrimoine.
La rédaction -
Le Provencial -  7 mars 2015

Quels enseignements tirer par rapport au patrimoine urbain bouni ?

   A quoi bon sert-il de « célébrer » ce mois à Annaba, si c’est de l’agitation conjoncturelle pour pouvoir noircir du papier avec un rapport d’activité  « ligneux » ? A quoi sert-il d’écrire l’histoire de « Bûna al-Hadîtha », ville du Annab ‘jujube), si c’est pour rédiger une oraison funèbre qui se répète à la mort de chacun des pans de notre « Madîna », suite logique de « l’extrême onction » donnée à la ville-mère, Hippone ? A quoi sert-il d’évoquer le millénaire de la mosquée ABU MARWAN et la science jurisprudentielle de ce dernier, si c’est pour cacher la misère matérielle et culturelle de son quartier ? Et la mosquée EL-BEY, la cadette âgée de 300 ans, si c’est pour occulter sa défiguration, ses fissurations et les immondices qui la cernent, tout à fait le contraire de « la propreté est une composante de la foi » ? A quoi bon vanter au probable touriste la notoriété du patrimoine de Bûna, si c’est pour jeter de la poudre aux yeux ?

   En 1992, un SOS a été lancé à propos de Hippone, l’aïeule antique d’Annaba ; aujourd’hui c’est un cri d’alarme qui est lancé à propos de la Madina de Bûna, le noyau médiéval et moderne de Annaba. Est-ce une fatale damnation pour Annaba de risquer de perdre irrémédiablement ses repères patrimoniaux urbains, réduits en ruines pan par pan ?

Depuis 1967, date de la mise en place de l’organisation des assemblées populaires locales, Annaba a connu environ huit assemblées populaires communales et autant de wilaya. Or ce patrimoine, qu’il soit antique, médiéval ou moderne, a-t-il été l’objet de projets locaux de la Commune ou de l’Assemblée de Wilaya ? Si par hasard des « décisions » ont été prises, elles sont restées lettres mortes !

   A moins d’être obligés par le protocole d’accompagner des hôtes officiels, les élus ne visitent pas les vestiges historiques de Hippone et son musée, dont ils ne connaissent rien à l’histoire. Les légendes, les mythes liés à Bûna leur sont étrangers. A moins d’être « wild » (fils/natif) de la Madina (Place d’armes), l’édile évite cette partie de la ville synonyme pour lui de « zone à risque ».

   En admettant que les assemblées communales ou de wilaya sont élues sur un programme, on n’y voit pas de chapitre relatif au patrimoine (protection, restauration, réhabilitation, mise en valeur) ! Sous prétexte ( ?) probable que la question du patrimoine serait du ressort exclusif du pouvoir central, aussi bien à l’ère du parti unique que celle du pluralisme, les campagnes électorales n’étant pas fondées sur un programme spécifique à la Commune ou à la Wilaya, les axes de l’action projetée, notamment celui du patrimoine n’étaient, et ne sont pas pris en compte ! Certes l’organigramme de l’exécutif communal comporte un vice-président chargé de la culture , mais ce dernier n’a du patrimoine qu’une approche « de circonstances ». Même pourvue d’une Commission culturelle et d’un Office « fourre-tout » (culture-jeunesse-sport-tourisme), la Commune démontre ses limites et même son échec en matière de gestion du patrimoine historique, notamment urbain.

   Au cours de la quarantaine d’années d’existence des Assemblées populaires communales et des Assemblées populaires de wilaya, des velléités d’initiatives ont été entreprises, sans lendemain, car liées à la personnalité du Président de l’APC ou du Wali. Au cours des années « 80 », le regretté Chekmam a projeté des actions pour la Medina et pour Beni M’Haffeur…Mais son élan a été stoppé suite à un « départ » forcé. Au début de la même décennie, une autre initiative a été entreprise par un wali qui a voulu sensibiliser les concitoyens de la Médina et les faire participer à la réhabilitation de « leur centre historique ». Mais l’initiative s’arrête avec le départ de ce wali ! En 1984, son successeur fait mettre sur pied une commission d’étude relative au noyau médiéval de Annaba. Les travaux se sont achevés sur des textes et des recommandations, dont le résultat essentiel alors a été la création d’un atelier de réhabilitation et de restauration de la Médina. L’atelier, installé à même le centre historique, a mené des enquêtes, cartographié la Médina, confectionné un inventaire du bâti. Il a procédé à une première opération pilote de réhabilitation sur un îlot d’habitat, sis rue Kessiret. L’atelier s’arrête, suite aux destructions d’une partie des documents lors des émeutes d’Octobre 1988 ; il disparaît avec le départ du wali promoteur du projet ! Un autre wali a créé en 1995 un organisme chargé du diagnostic et de la réhabilitation de la Médina. L’action a été abandonnée (en 1998 ?), car un autre wali a considéré que l’organisme a achevé sa mission, escamotant de la sorte la mission principale de l’organisme : la restauration et la réhabilitation, mission prévue par l’arrêté portant création de cet organisme ! Au début des années 2000, parallèlement à l’édition de documents relatifs à l’histoire de la ville initiée par l’APC et le Wali, ce dernier relance une action de réhabilitation du patrimoine de la Médina en initiant un projet de mise en valeur de la Citadelle du Caroubier (édifiée en 1300). Les successeurs des deux chefs des exécutifs de la Commune et de la Wilaya ne poursuivront pas l’action ; ils ont quitté la ville. Leurs successeurs n’ont pas poursuivi le projet !! Même l’espoir de voir au moins les deux mosquées historiques et leur environnement être l’objet d’un intérêt de réhabilitation et de valorisation, a été vain ! Juste des ravalements conjoncturels !

   Le premier constat à faire est que les élus municipaux sont ceux qui ont très peu cherché à réhabiliter et à promouvoir Bûna. Certes, il y a un organisme, l’OCRAVA, mais en dehors de son rôle de « mur de lamentations », il est inopérant. Pourtant, le décret de 1982 fait obligation aux autorités locales de prendre en charge ce patrimoine.

   Le deuxième constat réside dans le fait que moins d’un demi-siècle, un millénaire d’histoire se défait et se désagrège à une vitesse vertigineuse. Il ne reste comme nom de la Médina que celui de « Place d’armes ». Le bâti, qui a pâti en 1832 des destructions du corps expéditionnaire colonial français, disparaît quotidiennement, notamment au cours des trente dernières années.

   Il est également à constater que Bûna, et le patrimoine en général, subissent le désintérêt du concitoyen annabi. Ou bien parce qu’il est migrant dont le souci impératif est l’acquisition d’une « position au soleil » dans la ville, ou bien parce que le système éducatif et de la communication n’inculquent ni ne développent le sens culturel relatif au patrimoine, ou bien ce sont tous ces éléments qui interviennent.

   Le bilan est lourd. Un parcours dans les différents quartiers de la Médina révèle la multiplication des effondrements ou de destruction d’îlots transformés dans le meilleurs des cas en parkings (sept actuellement !) ou en dépôts d’ordures ! De véritables chef-d’œuvres architecturaux sont sur le point de disparaître (Dar Bengui ; Dar Sellami… et d’autres) .

   Des solutions ? Elles existent ; si la volonté s’y met et si on décide d’appliquer les textes. Il y a lieu de reprendre tous les textes réglementaires, nationaux, locaux et même universels, pour étude et analyse. D’autre part, il est rationnel de collecter tous les diagnostics et inventaires réalisés depuis «  groupe 8 » ; en effet il est inutile de reprendre un travail fait « x » fois. A partir de là il serait plus aisé d’établir des actions fondées sur des projets.

   La formule « direction de la culture » et OCRAVA ayant montré son extrême limite, la Commune, appuyée par la Wilaya, gagnerait à rénover.

   Reste la question du financement. La Commune « gaspille » trop inutilement. L’argent du contribuable serait mieux dépensé s’il était injecté, en force, dans la restauration et la réhabilitation de Bûna : par exemple racheter les maisons historiques de la Médina. La deuxième source de financement devrait provenir des intervenants dans le tourisme. Agences et hôtels doivent participer, au prorata de leur taille respective, à alimenter une caisse strictement réservée au patrimoine. Le fonds de la zakat doit financer une partie de la réhabilitation des mosquées et mausolées historiques. Enfin le sponsoring doit aussi profiter au patrimoine. En 1997, lors de la commémoration de la disparition du regretté H.DERDOUR, une promesse solennelle a été faite, à la Mairie par le Wali et le Maire de mettre sur pied une fondation culturelle. Celle-ci, aujourd’hui, devient un impératif ; car elle recueillerait des fonds supplémentaires pour la promotion du patrimoine en recueillant les contributions de beaucoup de sponsors. Ces derniers « claquent » un argent fou pour des équipes de football ; pourquoi ne le feraient-ils pas pour le patrimoine. Telle entreprise industrielle, ou tel « ferrailleur » doivent financer ce fonds.

   La Madîna de Bûna, millénaire, héritière de deux autres millénaires de cultures et de civilisations, le mérite. Vous, les édiles, soyez à la hauteur de cette dimension !

   Par le DR Said Dahmani - concitoyen bouni
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Les Commentaires

Monsieur Said Dahmani, votre cri, notre appel a toute sa raison d'être. Il est plus que justifié. En effet le patrimoine culturel de notre ville est en péril. Il est effectivement menacer de disparaître si rien n'est fait pour lui venir en secours. Je ne suis personnellement pas un expert en réabilitation du patrimoine, ni des questions concernant l'urbanisme en général, mais on n'est pas démuni de bon sens pour vous recommander de vous entourer d'un groupe d'architectes et autres spécialistes de la réstauration auquel vous serez à la tête. Des gens issus du terroir, des enfants de la ville. Ils sont les seuls, avec l'aide des autorités concernées en espérant qu'elles font montre de bonne volonté, habilités à s'engager corps et âmes pour la sauvegarde de notre patrimoine. Le sauvetage du patrimoine de la ville, dépendra, dans ce cas précis, principalement de la détermination de ses propres enfants. On ne doit compter sur personne d'autre que sur nous-même. Car ils sont la meilleur garantie pour s'assurer de cette sauvegarde. Puisque, depuis plus de 40 ans,toutes les tentatives de restaurations, de la longue liste des differents walis et autres responsables, soi-disant de la culture, n'ont été que des dossiers renvoyés aux calandes grecques.
Si on ne comprend pas que restaurer, conserver, protéger ce patrimoine, c'est sauvegarder notre histoire, notre identité, nos racines qui sont tant de témoignages de notre passé, alors on n'a rien compris. L'enjeu de réparer un mur qui risque de s'écrouler, de renforcer une colonne, de sauver une facade est bien plus que de réabiliter simplement ces vieilles pièrres, ce sont nos traces, les traces de nos ancêtres, de nos aieuls qui diparaîtrons définitivement.
ricrac , nous a donné des bonnes pistes pour travailler sur le projet de conservation du patrimoine local. je n'y reviens pas sur ceci. je rejoute seulement une suggestion simple qui pourra repondre à Monsiuer Said Dahmani. dans tous les pays du monde on a utilisé le savoir faire de tous et on vient de faire de meme à cuba pour la restauration du patrimoine coloniale.j'ai vecu une experience à lille ou la mairie et le conseil general (institution equivalente à l'APW) et la communauté urbaine ont mis en communs leurs pouvoir et leurs competences pour la renovation du vieux lille. un quartiers qui dreine tous les touristes qui visitent la ville. les associations ont créé des chantiers d'insertion en utilisants les chomeurs . ces derniers etaient formés et payés . une solution qui a dinné un tres bon resultat.
une solution qui a donné de tres bons resultats.
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