Annaba: La poissonnerie du marché central en inactivité - Les revendeurs légaux fuient leurs étals

Depuis plusieurs années la poissonnerie du marché central est en inactivité. Tout un chacun se pose la question pour quelle raison ? C’est ce que nous avons tenté de savoir en nous rapprochant des premiers concernés, en l’occurrence les bénéficiaires des étals auprès de la commune.
Le marché central de Annaba que nos mères appellaient marché « francis » ou marché « el-hout », est l’un des plus beaux et des mieux agencés d’Algérie. Situé en plein centre de quatre artères commerçantes, Emir Abdelkader, Ibn-Khaldoun, El-Qods et Aissaoui (ex : Négrier), il constitue incontestablement, le poumon attractif de la ville. Cette énorme et belle bâtisse à l’architecture pittoresque, est l’un des symboles les plus prisés de Annaba et le mieux conservé. Ce marché polyvalent, au sein duquel on trouve tout ce dont a besoin la ménagère est très fréquenté. Les étals sont d’une variété très riche. On y trouve des légumes, des fruits, de l’alimentation, des produits laitiers, des boucheries, des sucreries et même des fleurs et des articles de mercerie, nonobstant les nombreuses bijouteries. Le sous-sol du marché est doté d’une vaste et spacieuse poissonnerie, qui ferait bien des jaloux en d’autres lieux. Malheureusement, cet espace approprié à la vente de poissons frais, conçu depuis 1955, auparavant il était loti à la vieille ville, est tristement vide, malgré la trentaine d’étals qui le composent. Est-ce la prolifération de poissonniers au niveau de l’avant-port et d’autres quartiers de la ville qui a fait fuir les revendeurs ? Bien sûr que non ! La cause principale, n’est toute autre que le marché informel. C’est le même phénomène que la pratique de la vente illicite de vêtements et chaussures, au niveau des artères commerçantes du centre-ville. Tous les poissonniers légaux, détenteurs de bail de location d’étals en bonne et due forme, sont unanimes à reconnaitre qu’il n’est plus possible d’exercer dans les conditions actuelles. Ils nous déclarèrent en substance : » nous sommes outrageusement concurrencés par des revendeurs informels qui nous ont imposé leur diktat par la menace. Ils se sont appropriés les deux principales portes d’accès à la poissonnerie, en y étalant au seuil leurs casiers de poissons, obstruant le passage aux clients, du côté des rues Emir Abdelkader et Ibn-Khaldoun ». Plus grave encore, nous avons constaté que plusieurs revendeurs illicites ont squatté les arcades faisant face aux deux entrées de la poissonnerie. Ils y ont installé des étals de fortune, en y exposant parfois du poisson fétide, dont l’odeur nauséabonde qu’il dégage indispose les passants. Cette situation perdure depuis des années. Ni les services d’hygiène, ni ceux de l’environnement, encore moins de la DCP et du PUPE (police urbaine de protection de l’environnement) n’ont bougé le petit doigt. Et ce malgré l’existence de structures appropriées à ce type d’activité. Cette fuite de professionnels de la vente de poissons a généré deux inconvénients majeurs. Le premier d’ordre économique qui s’est traduit par un manque à gagner pour la commune. Le second d’ordre sanitaire, car les odeurs nauséabondes dégagées à l’air libre par les poissons fétides nuisent considérablement à la santé des citoyens, qu’ils soient allergiques ou non.

Le Provencial - 11 juin 2015 - OMAR TOUATI