Annaba: Smain Kouadria, député PT : «ArcelorMittal n’a rien investi » en Algérie

Député du PT de la wilaya de Guelma, Smain Kouadria est l’ancien Secrétaire général du syndicat du complexe sidérurgique d’El Hadjar. Dans cet entretien, il revient sur le rachat par l’Algérie d’Arcelormittal Annaba.

Est-ce que la reprise d’Arcelormittal Annaba est une bonne décision ?

Nous saluons la décision du Président de la République et nous considérons que c’est une victoire pour la Nation et pour le monde du travail. Nous souhaitons également que cette nouvelle orientation politique et économique soit élargie aux autres secteurs d’activité et qu’elle concerne par exemple au port d’Alger qui est géré par les Qataris et dont le bilan est catastrophique, à la société Alver Oran, à la Sovest de Tébessa et au complexe céramique de Guelma qui est au bord de la faillite. Dans cette crise économique, on est tenu de faire le bilan de la privatisation des entreprises qui n’a rien ramené.  Au contraire, nous avons perdu une base industrielle, un savoir-faire avéré et on a ouvert les portes à l’importation tous azimuts.

Pourquoi avoir vendu le complexe au dinar symbolique pour le reprendre aujourd’hui ?Une décision politique a été prise par le Président de la République en 2001. La privatisation du complexe d’El Hadjar a été suivie par la privatisation d’autres entreprises. C’était un choix économique contre lequel on s’était mobilisé à travers des mouvements de protestation quand nous étions syndicalistes. Nous avons protesté parce qu’on avait constaté qu’Ispat (qui est devenu Arcelormittal par la suite) n’avait pas honoré ses engagements contractuels. Il était prévu de lancer un plan d’investissement global pour réhabiliter le complexe sidérurgique avec un plan de développement de 175 millions de dollars.

ArcelorMittal n’a fait aucun  investissement ?

En 2009, on a fait le bilan en tant que syndicat. ArcelorMittal n’avait investi aucun dollar (ou presque). Outre les opérations de maintenance et d’entretien, il avait seulement construit un laminoir pour produire du rond à béton. Aujourd’hui, on demande à l’État de prendre une décision révolutionnaire en reprenant le complexe au dinar symbolique. Il faut que le gouvernement ait le courage de le reprendre comme il l’a vendu auparavant. Le ministre a dit qu’il ne s’agissait pas d’une nationalisation mais d’une reprise à 100 %.

Qui est le perdant dans l’affaire du complexe sidérurgique d’El Hadjar ?

Le grand perdant, c’est l’économie algérienne, l’industrie algérienne et les salariés algériens. En 1986, le complexe produisait 1,4 million de tonnes d’acier et couvrait 80 % des besoins du marché national pour ce qui est des produits sidérurgiques. Aujourd’hui, El Hadjar peine à produire 200.000 tonnes d’acier et ne couvre que 15 % des besoins du marché local. Nous avons accusé du retard sur le plan technologique. Nous avons un manque d’investissement et beaucoup de cadres ont quitté El Hadjar pour faire les beaux jours des sociétés étrangères en Belgique, Luxembourg, Qatar et dans certains pays asiatiques.

TSA - 7 octobre 2015 - Hadjer Guenanfa