"Etudiant égorgé dans une cité universitaire: indignation des organisations estudiantines"

"Sud Horizons Mardi 12 Février 2019" "Etudiant égorgé dans une cité universitaire: indignation des organisations estudiantines" "La résidence universitaire Taleb-Abderrahmane 2 de Ben Aknoun a été secouée, dans la soirée de dimanche dernier, par la découverte du corps sans vie d’un étudiant dans sa chambre, avec des traces de coups à l’arme blanche. Ce crime a relancé le débat sur l’insécurité dans les campus universitaires. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, accompagné du directeur des œuvres universitaires, s’est déplacé à cette résidence pour s’enquérir des circonstances du crime. La victime, le jeune Assil B., étudiant en 3e année de médecine, est originaire de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Il a été vu, pour la dernière fois, vers 19h se dirigeant vers sa chambre au pavillon G35, selon ses collègues. C’est l’un de ses camarades de chambre qui avait découvert, à 22h, «Assil gisant dans une mare de sang, égorgé et violemment poignardé». Le crime aurait eu lieu entre 20 et 22h. «Nous n’avons rien entendu. Ni cris ni bagarre», ont témoigné des étudiants. Les éléments de l’unité d’intervention de la Protection civile étaient sur les lieux à 22h25, a déclaré le chargé de communication à la direction de la Protection civile de la wilaya d’Alger. Un suspect en fuite Du côté de l’administration, le directeur de la résidence universitaire Taleb-Abderrahmane 2, Zoubir Abid, a affirmé qu’il s’agit d’une bagarre qui a fini par un crime. «L’affaire s’est déroulée entre deux étudiants suite à une bagarre à l’intérieur de la chambre, ayant fini par la mort dramatique de l’un d’eux», a-t-il dit dans une déclaration à la presse. Le responsable a ajouté que les agents de sécurité ont pu repérer le suspect qui tentait de s’enfuir à bord du véhicule de la victime. «Interpellé, il leur a remis les papiers du véhicule avant de prendre la fuite», a révélé le directeur, ajoutant que les agents de sécurité ont cru à une tentative de vol. «Quand ils ont tenté de contacter le propriétaire du véhicule, à savoir la victime, ils étaient surpris par la découverte de son corps sans vie à l’intérieur de sa chambre», a-t-il ajouté. Interrogé sur la sécurité au sein de cette résidence, le premier responsable a soutenu que toutes les mesures sont prises pour assurer la protection des résidents et des biens. Le suspect serait, selon lui, un étudiant qui n’est pas résident dans ce campus. N’y a t-il pas un relâchement qui permet l’entrée des étrangers à l’intérieur de la résidence ? Abid Zoubir répond : «Tout étudiant a le droit d’accéder à toutes les résidences universitaires. Les étudiants ne sont pas soumis à la fouille. Nous sommes dans une cité universitaire pas dans une caserne militaire. Les étudiants peuvent accueillir et recevoir des invités, à condition qu’ils en informent l’administration par le biais d’un registre.» De son côté, le directeur de l’Office national des œuvres universitaires, Farouk Bouklikha, a signalé que «la résidence est dotée de caméras de surveillance qui seront exploitées dans le cadre de l’enquête». S’agit-il d’un homicide volontaire et qu’en est-il du mobile ? «L’enquête est supervisée par le chef de la sûreté de wilaya d’Alger et suivie par le procureur de la République près le tribunal compétent. Les résultats seront rendus publics dans les prochaines heures», a affirmé la cellule de communication de la SW d’Alger. En signe d’indignation, des étudiants de la faculté de médecine d’Alger ont observé, hier, un mouvement de protestation, notamment pour dénoncer l’insécurité. Idem pour des résidents à la ladite cité universitaire qui se sont rassemblés devant l’administration pour revendiquer plus de sécurité. Cinq agents de sécurité pour 1.000 étudiants Des organisations estudiantines sont également montées au créneau pour tirer la sonnette d’alarme sur l’insécurité au sein de plusieurs résidences universitaires, notamment à Ouled Fayet et Saïd Hamdine. Dans un communiqué à l’issue d’une réunion, l’Union générale des étudiants libres (Ugel) a rappelé la situation sécuritaire dégradée au sein de la cité universitaire des filles à Bordj Bou-Arréridj, où un jeune en état d’ivresse s’est infiltré à l’intérieur des pavillons, provoquant une grande panique. «Il est inadmissible que 5 agents de sécurité assurent la protection de 1.000 étudiants résidents», s’est indignée l’Ugel, évoquant d’autres insuffisances, notamment le manque d’éclairage. Pour sa part, l’Union nationale des étudiants algériens, par la voix de son secrétaire général, Abdelatif Omar Boudiaf, a rappelé que les organisations estudiantines avaient déjà élaboré un rapport sur la situation au niveau des cités universitaires. «Nous avons relevé un manque de sécurité, notamment au sein de la cité universitaire d’Ouled Fayet et le ministre s’est engagé à améliorer la sécurité des étudiants résidents et nous sommes en attente des mesures concrètes.» A l’occasion, le même responsable a évoqué le problème de la présence «de familles résidentes» dans des pavillons dédiés aux étudiants. «Cette cité universitaires est la plus importante à travers la capitale, d’où la difficulté de désigner un directeur pour gérer les différents problèmes», a-t-il dit. Un avis largement partagé par le SG de l’Organisation nationale de solidarité estudiantine, Noufel Kechoud, qui a précisé qu’il ne s’agit pas «d’insécurité», mais «d’insuffisance» et de «négligence», et que ce crime dramatique ne doit pas être exploité à d’autres fins. Le Collectif des médecins résidents algériens a dénoncé «ce crime crapuleux». Sur les réseaux sociaux, c’est la grande colère et la solidarité avec la famille de la victime. Et dire qu’Assil a chanté pour sa maman, il y a quelques jours, «une chanson d’adieu»".