"«Les jeunes sont dans la réalité, ce sont les médias qui sont dans le virtuel»"

"L.S.A 4/03/2019 la rédaction "RAHABI À PROPOS DE LA MOBILISATION VIA LES RÉSEAUX SOCIAUX :«Les jeunes sont dans la réalité, ce sont les médias qui sont dans le virtuel»L’ancien ministre de la Communication et diplomate Abdelaziz Rahabi s’est exprimé pour la première fois depuis longtemps sur les ondes de la radio publique la Chaîne 3 qui était, comme tous les médias publics d’ailleurs, fermés aux opposants du 5e mandat. Le sujet est d’actualité, les réseaux sociaux un nouvel outil de mobilisation. Pour M. Rahabi, c’est une tendance mondiale qu’on découvre en Algérie qui «dépend des médias publics en manque de crédibilité notamment dans la gestion de crise». A vrai dire, les réseaux sociaux offrent une réactivité dans la diffusion des informations et la fixation des lieux de manifestation que les médias n’offrent pas. C’est un échec d’un paysage politique partagé entre une majorité au pouvoir qui a peur du changement et une minorité d’opposition qui peine à gagner la confiance d’un peuple sceptique. «Il y a un sérieux problème de résistance au changement en Algérie, parce qu’il y a des rentes qu’on ne veut pas céder et parfois par peur du risque», a expliqué M. Rahabi en insistant sur le fait que le réseau bleu s’est imposé comme alternative à des politiques en manque de crédibilité. Si les médias publics ne relatent pas l’information réelles et continuent à se fermer, «les gens vont chercher ailleurs» avec un très fort risque de développer une méthode de pensée qui n’est pas toujours positive selon l’ancien ministre de la Communication qui appelle ainsi à l’ouverture des médias. «Ouvrons les médias», a-t-il indiqué en expliquant la notion du service public : «C’est le service public performant qui doit être la locomotive de la communication en Algérie.» Cependant, et suite aux dernières mobilisations des jeunes à travers les marches du 22 février et du 1er mars, force est donc de constater qu'il s'est produit une sorte d'effet levier des réseaux sociaux, permettant de «soulever les masses». Selon les explications du diplomate, «les réseaux sociaux complètent l’information», «ils se substituent progressivement aux médias», a-t-il insisté en précisant que «les jeunes sont dans le réel et ce sont les médias publics et privés qui sont dans le virtuel». Pour ce qui est du caractère pacifique de la mobilisation, M. Rahabi, d’un air rassuré, affirme : «Les Algériens sont des gens pacifiques, c’est un peuple qui a été violenté» alors pourquoi insister sur le caractère pacifique à chaque fois que le problème est ailleurs rappelant par la même occasion, que le pays a «un sérieux problème sur l’organisation des élections» et en l’absence de crédibilité ou d’information «le gouvernement se trouve directement face au peuple puisqu’il a cassé toutes les chaînes de la médiation sociale». Les pouvoirs publics ont tué toute forme de médiation entre le gouvernement et la société et «tout le monde possède une part de responsabilité dans cette crise» qui nécessite une réforme profonde car le peuple aspire à une meilleure gouvernance et plus de transparence dans la gestion des affaires de l’Etat. L’accumulation de 20 ans, le sentiment que la justice n’est pas indépendante sont à l’origine du mal-être des jeunes qui «ont toujours raison car ils vivent le quotidien»".