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"Idriss Jazaïry: «Je me sens le plus Savoyard des Algériens»"

Publié le 29/05/2019
"Ouleds El Web" 29/05/2019 "Idriss Jazaïry: «Je me sens le plus Savoyard des Algériens», Idriss Jazaïry: «Je me sens le plus Savoyard des Algériens» (Publié le 01/01/1970 à 01h00) "Le Messager votre hebdomadaire d'informations de haute-savoie chablais faucigny genevois au quotidien, - C'est à la frontière de la Savoie et de la Haute-Savoie qu'Idriss Jazaïry, ambassadeur de la République Algérienne auprès des Nations Unies à Genève, a décidé de poser ses valises il y a plus de 25 ans. Rencontre avec un homme à la carrière prestigieuse, amoureux de notre belle région. Idriss Jazaïry: «Je me sens le plus Savoyard des Algériens» C'est à la frontière de la Savoie et de la Haute-Savoie qu'Idriss Jazaïry, ambassadeur de la République Algérienne auprès des Nations Unies à Genève, a décidé de poser ses valises il y a plus de 25 ans. Rencontre avec un homme à la carrière prestigieuse, amoureux de notre belle région. En quoi consiste votre rôle ? Je représente l'Algérie auprès des Nations Unies à Genève et de toutes les institutions spécialisées qui se trouvent à Genève ainsi que d'autres organisations internationales en Suisse. En plus de cela je suis ambassadeur auprès du Saint Siège. Donc ça me donne la possibilité et le privilège d'aller à Rome régulièrement et comme j'ai passé déjà de nombreuses années à Rome en tant que président d'une autre institution spécialisée je suis toujours très content de revenir dans la cité éternelle. Vous rencontrez régulièrement Benoît XVI. Qu'évoquez-vous ensemble ? J'ai beaucoup échangé avec le pape des vues sur le fait que l'un des grands saints est originaire d'Algérie. Il s'agit de Saint Augustin qui a contribué grandement à l'essor du christianisme. On parle aussi d'autres sujets qui sont d'intérêt commun en particulier les riches perspectives du dialogue inter religieux. Irez-vous voir au cinéma “Des hommes et des Dieux“, le film qui évoque le massacre des moines de Tibhirine ? J'ai vécu le drame de ces moines directement, je n'ai pas besoin de voir ça dans un film. Je ne sais pas quel sera le message porté par le film. Mais certainement ce message pourrait être : plus jamais ça. Quelles sont les grandes valeurs que vous défendez ? Les grandes valeurs qui constituent l'architecture de ma vie sont des valeurs universelles que nous partageons tous. J'imagine que vous avez rencontré énormément de personnalités. Laquelle vous a le plus impressionné ? J'ai eu le privilège, c'est vrai, étant le conseiller du président Boumediene et par la suite en tant que chef des institutions des Nations Unies de rencontrer beaucoup de dirigeants du monde entier. Mais je crois que la personne qui m'a le plus impressionné c'était un homme très modeste, qui était un prix Nobel d'économie, qui s'appelait le professeur Tinbergen. C'était un Néerlandais. J'ai travaillé sur un livre avec lui et avec l'actuel directeur général du Bureau international du travail à Genève. On travaillait sur des chapitres et il nous disait « Oh, c'est merveilleux ce que vous avez trouvé. Oh, vraiment, aujourd'hui, vous avez fait ma journée » (il rit). C'était un génie. Nous étions de jeunes diplomates. Il ne nous a jamais fait sentir que c'était lui le maître et nous les élèves. Vous êtes l'un des descendants de l'Emir Abd el-Kader. Quel héritage Le fait que j'appartienne à la famille de l'Emir est un fait biologique qui n'a pas pour moi une signification particulière. Ce qui me plaît, c'est la pensée de l'Emir. C'était lui qui déjà, en 1843, bien avant Henri Dunant, a introduit dans cette lutte sans merci que menaient les troupes françaises de colonisation de l'Algérie, des règles pour protéger les prisonniers français. ( ) Je pense que c'est une fierté pour tout Algérien que de savoir qu'il a été le précurseur de la Croix Rouge. On n'en parle pas hein ! (il rit) Je me vois plus comme descendant spirituel. Si je devais choisir un homme que j'admire, je choisirais celui-là. Êtes-vous en contact avec la communauté algérienne locale ? J'ai été contacté il y a quelques années par une association locale qui voulait construire une mosquée Emir Abd el-Kader à Annecy. J'ai souscrit à cette initiative parce que je me suis dit que l'Emir avait été le symbole de la vision algérienne de l'islam : c'est-à-dire ce symbole d'un islam authentiquement inspiré par le respect qu'il accorde à toutes les grandes religions et qui les poussent à dialoguer les uns avec les autres. Et j'ai pensé qu'Annecy avait un potentiel pour devenir une cité internationale Si on construisait quelques hôtels, des installations de standing international pour les conférences, il y aurait un créneau à saisir qui permettrait aussi à la population de bénéficier à longueur d'année d'un chiffre d'affaires supplémentaire. Mes collègues à Genève adorent venir à Annecy. Donc je me suis dit: un des signaux pour montrer qu'Annecy est ouvert sur l'universel, c'est faire une mosquée, comme Genève. Et j'ai trouvé bien la proposition d'une mosquée Emir Abd el-Kader, c'est vrai que ça m'a flatté, parce que j'appartiens à la famille de l'Emir. Mais aussi c'est parce que je considérais que le message dont il est porteur est celui qu'il fallait faire entendre à Annecy. ( ) Que s'est-il passé alors ? A la suite de cette initiative, j'ai mobilisé tous mes collègues ambassadeurs des pays musulmans à Genève et avec le maire M. Rigaut, nous avons organisé une grande cérémonie à la mairie d'Annecy (NDLR : en juin 2008) où on a proclamé le lancement du projet de mosquée Emir Abd el-Kader. Le préfet de Haute-Savoie et tous mes collègues ambassadeurs étaient présents. J'ai ensuite invité un mécène algérien, M. Mehri, et je lui ai recommandé l'association. Sur cette base, sur la base de mes recommandations, M. Mehri a eu la générosité de leur donner 300 000€ pour la réalisation de la mosquée Emir Abd el-Kader. Une fois qu'ils ont empoché l'argent, ils ont sans rien dire enlevé le nom de l'Emir de la mosquée. Quelle a été votre réaction ? Ça m'a indigné. Je leur ai demandé : « Est-ce que c'est une erreur ? » « Non, on a décidé d'enlever le nom de l'Emir. » J'ai leur ai dit: « Mais vous vous êtes engagés devant la population d'Annecy, devant le maire, devant le préfet, devant une quarantaine d'ambassadeurs des pays islamiques, devant un mécène Comment est-ce que vous pouvez faire ça ? Quelle est la raison ? Est-ce qu'il y a une raison, un cas de force majeure ? » Il n'y a eu aucune réponse. Ce que je sais cependant, c'est que ceux qui s'opposent à l'Emir Abd el-Kader sont ceux qui ont une vision extrémiste de l'Islam et qui considèrent que la démarche de dialogue qu'il a suivie, de dialogue inter-religieux n'est pas la leur. J'espère que c'est sincèrement un acte de malveillance et que ça n'est pas plus. En ce sens que je ne voudrais pas que, en enlevant sans préavis et sans aucune explication le nom de l'Emir à cette mosquée, il y ait anguille sous roche. Donc, aujourd'hui, vous ne soutenez plus ce projet ? Non. Je dégage toute responsabilité. J'ai voulu faire une bonne action, je me suis retrouvé avec un panier de crabes. Comment êtes-vous arrivé en Haute-Savoie ? C'est au temps où j'étais président du fonds international de développement agricole, qui est une institution spécialisée des Nations Unies dont le siège est à Rome, que j'ai décidé d'avoir une maison de vacances ici, aux frontières entre la Savoie et la Haute-Savoie. Mes enfants ont pratiquement grandi ici, mais en ayant nos activités professionnelles ailleurs. C'était un point de rencontre pour une famille un peu globe-trotter. Mais depuis que je suis ambassadeur à Genève, j'ai eu l'occasion vraiment de vivre ici. Pendant quatre ans j'ai fait les allers-retours quotidiens entre cette propriété et mon bureau à Genève. Maintenant, nous venons les week-ends. On a tellement de souvenirs dans cette région depuis un quart de siècle, depuis 1984. Qu'est-ce qui vous plaît le plus ici ? Je crois que c'est la population. Notre petit village, c'est comme une grande famille. Marcellaz est un lieu-dit très sympathique. Venant d'Algérie, je vous dirais aussi que cette verdure qui se marie si bien avec les montagnes et ces grands espaces d'eau douce dont nous manquons chez nous, ça nous donne un peu le change par rapport à notre quotidien. Et puis enfin, en dernier, c'est la proximité de Genève. A l'époque on a trouvé cette maison qui a beaucoup de caractère. On a essayé petit à petit de l'améliorer, de lui rendre surtout sa beauté. C'est une maison qui remonte au XVIIe siècle. C'est une propriété un peu austère. Mais j'aime cette austérité. Je n'aime pas ce qui est trop luxueux. C'est sur le chemin du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Je me sens le plus Savoyard des Algériens. On dit souvent que les Savoyards sont difficiles d'accès. Qu'est-ce qui vous plaît chez ces gens-là ? Il y a un poème arabe qui dit : « Je suis la mer, en mon sein se trouvent des coques, mais est-ce que le pêcheur s'est donné la peine d'aller les quérir pour découvrir les perles ? ». C'est un peu ce qui correspond à notre caractère en Algérie. On n'est pas tellement expansif. Peut-être que c'est parce qu'on a beaucoup souffert dans la colonisation, la lutte de libération. On est réservé et il faut se donner la peine pour découvrir le fond de notre affectivité. Les Savoyards sont un peu comme ça aussi. Est-ce que vous avez des passions ? Une de mes passions, c'est le travail que je fais où justement on est dans ce cadre international où chacun vient avec ses préjugés et où j'espère qu'on peut en ressortir avec un ressenti de l'universel. ( ) Et je pense qu'on se découvre après notre commune humanité et que l'on peut se constituer comme ça des relations qui sont profondes et durables. J'ai aussi la passion pour les vieilles pierres. Cette vieille maison, c'est un phénomène un peu croustillant. Parce qu'il y a un moment dans mon enfance où j'habitais Paris pendant la Seconde guerre mondiale et mes parents avaient un petit manoir en Normandie qui s'appelait le château de Saint-Santin, à Bellême, dans l'Orne. J'ai gardé le souvenir de cette odeur de vieille pierre, de ce paradis perdu que j'avais à l'époque, et qu'on a quitté par la suite. Et puis je suis rentré dans cette maison et j'ai senti la même odeur de vieille pierre. C'est votre madeleine ! Oui, c'est Proustien. C'est à ce moment-là que je me suis dit: « Eh bien moi je vais retrouver ce paradis perdu et je vais faire en sorte que cette fois-ci mes enfants n'aient pas en grandissant à y songer comme étant un paradis perdu mais comme étant l'écrin de leur jeunesse. » ". ENTRETIEN RÉALISÉ PAR GÉRALDINE BAEHR Le Messager
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Les Commentaires

"On dit souvent que les Savoyards sont difficiles d'accès. Qu'est ce qui vous plaît chez ces gens-là ?"


Il y a un poème arabe qui dit : « Je suis la mer, en mon sein se trouvent des coques, mais est ce que le pêcheur s'est donné la peine d'aller les quérir pour découvrir les perles ? ». C'est un peu ce qui correspond à notre caractère en Algérie. On n'est pas tellement expansif. Peut-être que c'est parce qu'on a beaucoup souffert dans la colonisation, la lutte de libération. On est réservé et il faut se donner la peine pour découvrir le fond de notre affectivité. Les Savoyards sont un peu comme ça aussi.
Vous êtes l'un des descendants de l'Emir Abd el-Kader. Quel héritage

Le fait que j'appartienne à la famille de l'Emir est un fait biologique qui n'a pas pour moi une signification particulière. Ce qui me plaît, c'est la pensée de l'Emir. C'était lui qui déjà, en 1843, bien avant Henri Dunant, a introduit dans cette lutte sans merci que menaient les troupes françaises de colonisation de l'Algérie, des règles pour protéger les prisonniers français. Je pense que c'est une fierté pour tout Algérien que de savoir qu'il a été le précurseur de la Croix Rouge. On n'en parle pas hein ! (il rit) Je me vois plus comme descendant spirituel. Si je devais choisir un homme que j'admire, je choisirais celui-là.
"Un grand homme de sagesse"

Descendant de l'Emir Abdelkader.(voir vidéo rencontre avec Abdou Semmar).
"Il me fait penser beaucoup à Pierre Rabhi"

Biographie : Pierre Rabhi est un agriculteur, homme politique, écrivain et penseur français d'origine algérienne, inventeur du concept « Oasis en tous lieux ». Fils d'un forgeron du sud algérien, Pierre est confié à l'âge de 5 ans, après le décès de sa mère, à un couple d'Européens.

Pierre Rabhi
Nom de naissance
Rabah Rabhi

Naissance
29 mai 1938 (80 ans)
Kenadsa, Territoires du Sud, Algérie

Nationalité
Drapeau de France Français

Activité principale

Essayiste, conférencier
Autres activités
Sculpteur, agriculteur
Formation

Maison familiale rurale
Distinctions

Cabri d'or pour le livre Du Sahara aux Cévennes (1984), prix des sciences sociales du ministère de l'Agriculture pour l'ouvrage L'Offrande au Crépuscule (1989), médaille Grand Vermeil de la ville de Paris (2017), Chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur (2017)

Pierre Rabhi, de son nom d'origine Rabah Rabhi, né le 29 mai 1938 à Kenadsa, en Algérie, est un essayiste, romancier, agriculteur, conférencier et écologiste français, fondateur du mouvement Colibris et « figure représentative du mouvement politique et scientifique de l'agroécologie en France. »

Sa pensée est inspirée par le mouvement anthroposophe2, dont il promeut l'application agricole pseudo-scientifique appelée « biodynamie ». Il est critiqué pour cela, ainsi que pour une certaine proximité avec des penseurs et des idées conservatrices, une présence médiatique excessive, et une « forme d’écologie non politique, spiritualiste et individualiste ».
"Des personnes simple qui se contentent ce que le bon Dieu leur à donné"

Ils sOnt tout simplement émerveillés par la nature qui les entourent...et qui vous rend profondément heureux...ceux que malheureusement beaucoup d'autres personnes ne voient pas comme eux...parce que ils sont aveuglés par la fraude, la corruption, l'argent, les grosses voitures et de s'empiffrer les boyaux de semoule et merguez!.
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