Annaba. Législatives - La défection

Avec 49,39% des suffrages exprimés, la population de la wilaya d’Annaba a marqué à sa manière ce rendez-vous électoral des législatives. Pour la première fois, l’une des plus importantes régions du pays, pourtant toujours fidèle à l’appel des urnes, a fait défection. La veille, déjà, saisissant l’opportunité de la visite de travail et d’inspection du président de la République, plusieurs citoyens avaient exprimé, d’une manière ou d’une autre, leur rejet de la majorité des listes de candidats. Pour ces citoyens et pour beaucoup d’autres, le rendez-vous du 17 mai représentait la plus évidente alternative au confinement politique local dans lequel s’est peu à peu glissée la wilaya. Quarante-huit heures après, le résultat du scrutin a apporté l’entraînement d’une conviction générale : celle du rejet des opportunistes et des affairistes dans une wilaya rencognée dans le chômage et l’asthénie économique et sociale. Rejet également de la religiosité exacerbée de la cléricature administrative. Beaucoup ont estimé que cette dernière n’aspire qu’à colmater portes et fenêtres autour d’un service public sclérosé. Contrairement à ce qu’indiquent les chiffres qui donnent le FLN en tête de peloton avec 2 sièges, les électeurs ont voté pour Aïssa Menadi. Cette tête de liste indépendante « Algérie la fierté » a décroché 18 412 voix. « Il aurait pu décrocher 2 sièges si, quelque part, les habitués de la manipulation des urnes n’avaient pas agi pour sauver ce qui pouvait l’être d’une liste FLN où sénilité et médiocrité forment les principales qualités ». Emblématique, ce syndicaliste n’avait pas désarmé malgré les coups qui lui furent assénés. Tout au long de la campagne électorale, il avait réussi à toucher toutes les couches sociales de la population. Particulièrement celles des communes et des localités défavorisées, atteintes de plein fouet par le chômage et la malvie. A Annaba ville, s’accumulent, en effet, les records sinistres de la désocialisation : chômage, insécurité, drogue, violence à l’école… Les autorités locales tentent tant bien que mal de colmater les brèches, vainement. Les obstacles sont partout et là où on les attend le moins.

El Watan > 20/05/07 > Samy B.