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Annaba. L’Aïd de tous les désespoirs

Publié le 09/10/2007

A Annaba, il n’y a pas eu de pénurie ce Ramadhan. Eu égard à la fréquentation quotidienne des différents marchés, on se serait cru dans un pays où l’opulence n’est pas une simple vue de l’esprit.

C’est une réalité. Tout un monde qui, dès 10h, prend d’assaut les magasins d’alimentation générale, boucheries, boulangeries, pâtisseries, zlabgias et étals de fruits et légumes. La majorité de cette clientèle est composée d’anciens travailleurs, ayant fait un départ volontaire ou pris une retraite anticipée. Ils ne ratent pas l’occasion de faire la chaîne, ce qui leur permettra de sauver les apparences. Un semblant de bien-être qui les a depuis longtemps quittés. Ce sont des cadres des deux sexes, à peine quinquagénaires, qui tentent ainsi de remplir leur couffin du Ramadhan. Confrontés à des prix rarement affichés, ils baissent aussitôt la tête, poussent un soupir de désespoir, puis repartent avec le couffin, toujours vide. Par contre, il n’y a pas eu « pénurie » de fidèles dans les mosquées. Après le f’tour, des centaines de jeûneurs s’en vont prier Dieu afin que leur soit épargnée l’humiliation de la main tendue. Ces chômeurs, ces pères et mères de famille transformés en désespérés, tout autant que leurs enfants universitaires, ont tout juste jeté un regard sur les magasins d’habillement bien achalandés du centre-ville. Beaucoup se sont dirigés du côté du marché de la friperie El Hattab, ou encore de la Plaine Ouest, pour se retrouver en face d’une autre catégorie de goules. Découragés, ils sont retournés chez eux, ont raclé le fond de leurs tiroirs, mis la main sur les quelques bijoux restants pour les mettre au clou à la BDL… A leur arrivée, ils ont été surpris d’y rencontrer d’autres anciens collègues, des voisins de quartier, des membres de la famille, comme eux sans le sou, venus pour mettre en gage quelques derniers objets en or, en contrepartie d’une modique somme destinée à rendre le sourire à leurs enfants. Chacun croyait que l’autre était mieux loti. Ils s’étaient finalement aperçus que tous vivaient la même situation, celle d’une Algérie sans lendemain, une Algérie face à une autre forme de terrorisme. Pour cette catégorie de citoyens, « grâce » à de gros voleurs, l’Aïd 2007 est synonyme d’amertume, de tristesse et de désespoir.

Leïla Azzouz [EL WATAN - 09-10-2007]
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