Situation socioéconomique à Annaba: Des élus loin de la réalité

Sortie bâclée des élus locaux qui, réunis la semaine écoulée en session d’Assemblée populaire de wilaya (APW), avaient à étudier le budget complémentaire 2008, la rentrée scolaire 2008/2009 et la situation de la jeunesse et des sports.
De l’avis de plusieurs représentants d’associations de quartier, leurs interventions sur l’un ou l’autre de ces trois dossiers et dans les divers n’ont pas été à la hauteur des attentes des populations des douze communes d’Annaba. Frivoles et parfois apathiques, les élus ont paru loin de la réalité du terrain surtout en ce qui concerne la jeunesse et les sports. Navigant à vue et sans réelle prise sur les problèmes dénoncés par le premier responsable du secteur ainsi que sur les divers, ils paraissaient ne pas avoir la convenance démocratique à laquelle ils voulaient faire croire. Leurs propos étaient attentivement suivis par deux de leurs pairs sur les dix représentants d’Annaba à l’APN et au Sénat (7+3). Les élus APW sont intervenus sans arguments sérieux sur des questions liées au quotidien des 640 000 habitants de la wilaya. Ils n’ont pas réussi à réduire un tant soit peu cette impression quasi générale que la quatrième wilaya de l’Algérie s’installe dans la médiocrité concernant la gestion de ses affaires. Et ce n’est pas le budget complémentaire 2009, approuvé lors de cette session par les élus, de 345 856 610,08 DA dont 115 075 514,83 DA pour les activités de différents services de l’administration locale qui pourrait changer grand-chose. Malgré le rituel paroissial des intervenants dans leur approche très succincte des problèmes, chacun semblait comprendre que Mohamed Ghazi, installé dans ses fonctions de wali d’Annaba il y a quelques semaines, se faisait déjà une certaine idée de la gestion de la wilaya. Sous la litote, les propos des élus écorchaient à dessein certains membres de l’exécutif qui répondaient par des chiffres et des lettres indiscutables. «La population de la wilaya d’Annaba ne peut plus supporter certaines situations, notamment la jeunesse confrontée au chômage. Le secteur de la jeunesse et des sports est en perte de vitesse. Des installations sportives sont à l’abandon comme le montrent les images filmées de différentes infrastructures.» Cette petite incise d’un des élus renseigne en quelques mots sur l’arrière-pensée de plusieurs autres. Elle confirme ce qu’avait dénoncé le directeur de la jeunesse et des sports. Celui-ci a, en effet, affirmé que les gros moyens financiers engagés par l’Etat n’ont pas eu l’effet escompté sur le développement de la pratique sportive à Annaba. Même si en termes sibyllins, le wali a relevé certaines manques de coordination entre les secteurs d’intervention et donné quelques conseils, il s’en est tenu à l’apaisement. Et c’est dans le souci de ménager l’APW, véritablement chancelante, qu’il préside que Zeroual Hamidani a, quant à lui, tenté d’éluder plusieurs questions sur tel ou tel autre dossier. La dérive de certains élus habitués à la pratique de la «pommade» a été clouée au pilori par Mohamed Ghazi. Ce dernier a parlé de fermeté intangible dans la gestion des affaires de la wilaya et d’un système de relation administration-élus que l’opportunisme de certains ne doit pas altérer. L’on citera à titre d’exemple le comportement d’un élu. Sans que le secrétaire général de la wilaya n’ait trouvé à dire, il s’est permis de faire croire à l’indigence de l’Etat en assurant avec ses propres finances des aménagements dans le siège de l’APW. Par ailleurs, en adoptant publiquement et à tout instant un comportement à la limite de la servilité, cet élu assène un sérieux coup à l’indépendance de l’APW et à la crédibilité de ses élus.

Liberté > 07/07/08 > A. Djabali