Annaba: Vous avez dit fête !

Jamais peut-être une fête religieuse comme l'Aïd El-Adha n'aura marqué les esprits et pour longtemps. Les gens en garderont de mauvais souvenirs tant la frénésie des prix pour ce qui est du mouton et des légumes aura atteint des seuils inimaginables et inégalés du fait de l'anarchie ambiante en l'absence d'outils de régulation.

Un état de fait qui continue de susciter des commentaires les plus divers. Comme dira ce fonctionnaire, certes, on est habitué à la hausse des prix par moments durant l'année comme à l'approche du Ramadhan et autres circonstances, mais cet Aïd les choses ont vraiment débordé.

En effet, dans les souks aux bestiaux, la clientèle dépassait le nombre d'agneaux et de moutons proposés à la vente. Vendeurs et maquignons campaient sur leurs positions en proposant des prix fixes dépassant de très loin ceux proposés l'année passée avec une différence d'au moins 8.000 DA pour une bête de même gabarit. La détresse était à son comble la veille de l'Aïd à Sidi Salem chez ce père de famille accompagné de son fils, lorsque pour 20.000 DA le vendeur ne voulait pas céder en demandant avec intransigeance 22.000 DA. Désespérément, l'enfant de huit ans demeurait accroché aux cornes du mouton et le père jurant qu'il n'avait que cette somme, le vendeur impassible et imperturbable refusait de vendre.

Au même moment, un camion à double étage arrive et le maquignon de proposer 13.000 DA au choix pour chaque agneau de gabarit appréciable, c'est alors que deux vendeurs raflent toute la marchandise en proposant 15.000 DA la tête. Ces derniers se sont mis à revendre des agneaux à 20.000 DA. Et les spéculateurs étaient à chaque coin des souks et achetaient par-ci, par-là trois ou quatre moutons qu'ils revendaient sur place avec une marge d'au moins de 4.000 DA à l'image de l'un d'entre eux qui a payé trois moutons chacun à 23.000 DA et les a revendus à 28.000 DA chacun. Les affaires marchaient tellement bien que des éleveurs n'ont pas manqué de faire débarquer dans les souks des agneaux d'à peine quatre à cinq mois alors que le rituel du sacrifice exige qu'il soit âgé d'au moins six mois.

La flambée des prix n'a finalement rien épargné puisque les fruits et légumes ont vu leurs prix exploser. Par exemple la courgette, celle-ci, une semaine auparavant, coûtait 10 DA le kg et est passée à 60 DA et plus. La tomate de 80 DA à 170 DA et les fruits comme la banane de 90 DA à 150 DA. Même les transporteurs de moutons ont revu les prix à la hausse.

C'est 400 DA entre El-Hadjar et Annaba, soit 12 km. Même chose pour les aiguiseurs de couteaux et de haches dont les prix ont doublé passant de 20 DA à 40 DA pour un couteau moyen.

Enfin, à la faveur du beau temps, les uns et les autres ont accompli le rituel habituel du sacrifice non sans avoir pensé à tous ceux qui n'ont pu acheter un mouton parmi les démunis et les nécessiteux que même l'opération de 1.000 moutons engagée par la wilaya n'a pu satisfaire puisque de nombreux pères de familles ont protesté la veille de l'Aïd devant le siège de la wilaya et celui de la DAS.