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Quelque 250 zones humides répertoriées en Algérie

Publié le 12/02/2009
Quelque 250 zones humides répertoriées en Algérie

Leur superficie classée est supérieure à celle des forêts,  Inscrites ou pas sur la liste de Ramsar, les zones humides algériennes sont menacées, certaines sont d’ailleurs dans un état lamentable. De toutes parts des appels sont lancés pour leur protection, notamment le 2 février, à l’occasion de la journée mondiale des zones humides.

D’Oran, Jijel, Ouargla, El Oued, des hauts-plateaux sétifiens et de ceux d’Oum El Bouaghi, de la steppe de Naâma et d’El Bayadh et, bien entendu, de la région Skikda-Annaba-El Tarf, des informations font état d’agressions sévères qui, à terme, mèneront à la disparition pure et simple de ces sites. L’Algérie compte quelque 250 zones humides répertoriées en tant que telles, c’est-à-dire les lacs d’eau douce, les étangs, les lagunes, les marécages, les deltas, les chotts, les sebkhas, les oasis, les gueltas, les tourbières et les aulnaies. Elles atteindraient le millier si l’on comptait en plus les oueds, les grottes, les dayas, et les zones côtières. Actuellement, 42 sites dans 21 wilayas sont inscrits sur la liste de Ramsar.

Ils couvrent près de 2,8 millions d’hectares, ce qui fait de l’Algérie le troisième pays d’Afrique et le 8e au monde par la superficie classée Ramsar. Prochainement, 18 nouvelles zones vont être proposées, ce qui portera la superficie à 3,5 millions d’hectares et placera le pays ex-œquo avec la Tanzanie, à la deuxième place africaine après le Bostwana et son fameux Okavango et au 6e rang mondial. Accessoirement, la Direction générale de forêts (DGF), l’autorité qui gère la Convention et la Conservation Ramsar, pourra devenir la Direction générale des zones humides puisque la superficie de ces zones classées dépassera de loin celle du domaine forestier estimée à 2,8 millions d’hectares. Les premières zones humides classées Ramsar datent de 1982, au moment de l’adhésion de l’Algérie à la convention. Ce sont les lacs Tonga (marécages de 2800 ha) et Oubeira (étang de 2400 ha) qui sont également des zones intégrales (théoriquement soustraites à toute utilisation) du parc national d’El Kala. Ensuite, plus rien jusqu’en 1999 avec le lac des oiseaux toujours à El Tarf. A partir de 2001, les classements se font à tour de bras.

10 sites en 2001, 13 en 2003, 16 en 2004. En contrepartie, l’Algérie arrache quelques maigres financements et assistances si on les compare avec ceux de nos voisins qui sont pourtant loin d’égaler le rang de l’Algérie. Rien, absolument rien ne protège ces milieux reconnus comme des écosystèmes extrêmement productifs. Un hectare de zone humide l’est dix fois plus qu’un hectare de terre. Cela exige cependant un comportement nouveau à leur égard. Les modes d’emploi existent et sont disponibles. Nos zones humides se distinguent par leur variété et leur originalité. Du nord au sud, elles prennent des formes et des aspects divers. Des immensités du lac Fetzara (Annaba) ou de la sebkha d’Oran aux résurgences heureuses au cœur du Hoggar, il y a une gamme incomparable et unique qu’on ne trouve pas ailleurs. Un avantage de taille dont on ne tire malheureusement aucun profit, excepté ce prestige au sein de la communauté internationale. Prestige qui ne devrait pas non plus durer si les zones humides continuent d’être le réceptacle de la pollution urbaine et aussi de plus en plus rurale. Elles sont menacées par l’urbanisation anarchique qui obère leur valeur esthétique.

Toujours situées au fond des dépressions, elles sont la destination finale des eaux usées domestiques et industrielles. Elles sont désignées comme sites pour les décharges publiques ou pour le prélèvement de matériaux de construction. L’eau des oueds, dont elles ont besoin pour assurer le fonctionnement de leurs processus naturels qui offre des avantages gratuits comme, par exemple, l’épuration, la production animale et végétale, est détournée sans vergogne. On laboure les terrains exondés qui lui reviennent (chotts) en employant des pesticides et insecticides sans discernement. On exploite leurs ressources, sels, sables, eau, végétaux, animaux, œufs d’oiseaux sans aucun contrôle. Et à propos d’œufs, soulignons ici le travail accompli par des chercheurs sur les hauts-plateaux constantinois qui, avec des mesures de protection, ont réussi à prouver la nidification du flamant rose en Afrique du Nord, chose qui, auparavant, faisait sourire les spécialistes.

A El Tarf où on compte une trentaine de zones humides, dont 6 sont inscrites sur la liste Ramsar, les pouvoirs publics ont franchi un pas dangereux. Depuis 2005, les 3 grands lacs qui font la renommée de la région et de son parc national pour l’extraordinaire diversité biologique qu’ils abritent et qui en font un sanctuaire de toute la région méditerranéenne, ont été cédés très curieusement par ailleurs, à un exploitant privé pour une durée de 25 ans ! Le danger vient du fait que malgré l’existence d’un cahier des charges, peut-être insuffisant et partiellement respecté, l’exploitant y mène, de son propre chef, des actions qui modifient dangereusement les conditions du milieu. Et rien ne peut l’arrêter en dehors d’une plainte en justice dont on ne connaîtra l’issue définitive que dans une décennie. Contrairement à l’idée répandue, le classement Ramsar n’apporte aucune protection et encore moins des dispositions contraignantes. La Convention fait uniquement des recommandations comme celles de légiférer et de doter chaque site d’un plan de gestion. Il n’y a aucune loi qui protège les zones humides algériennes et il serait peut-être temps d’en faire une, comme pour les forêts qui ont leur régime général ou encore la pêche qui a son code.

El Watan > 12/02/09 > Slim Sadki

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