Annaba. Élaboration d’une carte de la criminalité

De El-Bouni à Sidi-Salem et Boukhadra, de la Vieille-Ville à Beni M’haffeur, de la Plaine-Ouest jusqu’à Oued- Forcha, dans les communes, chefs-lieux de daïra et les localités les plus reculées où elle a compétence territoriale, la police judiciaire de la wilaya de Annaba ne bute ni contre l’impunité ni contre l’immunité.
Le changement intervenu ces derniers mois à la tête de ce service, dirigé depuis par un scientifique, a stimulé le travail sur le terrain. Il s’est soldé par l’interpellation, ces derniers jours, de 486 individus suspectés de divers délits. Douze d’entre eux, activement recherchés, ont été arrêtés et placés sous mandat de dépôt. Dans le lot, il y a deux jeunes filles qui, avec deux hommes complices, s’adonnaient à la commercialisation de CD et de photos pornographiques. C’est dire que le banditisme sous toutes ses formes est devenu la cible des éléments des différentes brigades judiciaires. Celles-ci lui livrent un combat permanent et déterrent les dossiers les plus explosifs sur le trafic et la consommation de drogue, le blanchiment d’argent, l’atteinte à l’économie nationale, aux biens, aux personnes et aux mœurs, le vol et les agressions. La disponibilité de moyens de recherche, d’investigation et d’analyse en laboratoire sophistiqués ainsi que le savoir-faire de la police scientifique et technique ont été déterminants. C’est ce qui a permis l’arrestation d’un grand criminel sur la base des résultats d’un test ADN, relevé sur un élément matériel découvert sur les lieux du crime. Parallèlement, partant de l’élémentaire principe qu’il vaut mieux connaître les positions de l’adversaire avant de donner l’assaut, la brigade de la police technique a réalisé une grande première. Certainement unique en son genre dans notre pays avec l’élaboration d’une carte complète de la criminalité sur toute l’étendue du territoire de la wilaya. Cette carte recense la délinquance quartier par quartier, rue par rue et spécialité par spécialité : vols, agressions, cambriolages, prostitution et création de lieux de débauche… Un travail méticuleux réalisé grâce aux statistiques et à la collaboration des commissariats où il est relevé chaque mois le nombre de plaintes et d’affaires traitées. Ce qui a également permis, grâce aussi aux moyens informatiques de haute technologie, d’identifier avec précision les points dits «chauds». C’est ainsi qu’ont été délimités les îlots de criminalité sur lesquels ont été concentrées les interventions des brigades de police. Bien qu’ils n’aient pas été révélés, ces îlots concerneraient les cités et localités à forte concentration de population en situation sociale précaire. Les plus importants se situeraient dans la commune du chef-lieu de wilaya, notamment les cités Plaine-Ouest, Oued- Forcha, Oued-Eddeheb, la Vieille-Ville et le centre urbain Didouche-Mourad et la cité aux As. Dans la commune de El- Bouni, les Crêtes, Boukhadra et Sidi Salem s’avèrent être les points de chute de la délinquance. Plus impressionnant et plus grave, c’est en ces lieux que le commerce de la drogue est florissant. Il est souvent accompagné de vols avec violence. Cependant, c’est dans la commune chef-lieu de wilaya que ces actes sont commis. Le cambriolage et le vol par effraction sont également deux fléaux qui font l’objet d’une lutte sans merci menée par les brigades d’intervention de la police judiciaire. Toute cette activité, effectuée y compris de nuit, a permis à ce corps de police de réduire le nombre d’actes répréhensibles ces derniers mois. Lors de la conférence de presse qu’ils ont animée à la fin de la semaine dernière, MM. Kheireddine Bencheikh El Hocine et Mohamed-Salah Zaghdnia, respectivement directeur de la Sûreté de wilaya et chef du service de la police judiciaire, se sont refusés à toute déclaration portant sur le grand banditisme. Comme ils sont restés très évasifs sur les questions relatives aux affaires d’atteinte à l’économie nationale. Les deux responsables ont affirmé avoir donné des instructions à leurs éléments afin d’adopter, en dehors des heures de travail, un comportement digne du corps qu’ils représentent et d’éviter la fréquentation des lieux malfamés. Ils ont, par ailleurs, indiqué que tout outrage à un fonctionnaire de police dans l’exercice de ses fonctions fera l’objet de poursuites judiciaires, conformément à la loi.

Le Soir d'Algérie > 22/03/09 > A. Djabali