Annaba. Lettre ouverte de M. Chiheb Abdessalam à M. Abdelaziz Bouteflika

A SON EXCELENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ALGERIENNE MONSIEUR ABDELAZIZ BOUTEFLIKA

OBJET : REHABILITATION

Monsieur, c’est avec un grand honneur et respect que je m’adresse à Votre Excellence pour solliciter votre autorité et clairvoyance au sujet d’une éventuelle prise en charge médicale de mon père gravement malade.
Il s’agit du capitaine CHIHEB Abdessalam, connu sous le nom de BOUALEM lion de Jbel Babour commandant de corps.Pour rappel, mon père a rejoint très tôt les rangs de l’Armée de libération nationale au sein du groupe du martyr Ziroud Youcef au début de l’année 1955, il compte parmi les fondateurs de l’ALN dans la Petite Kabylie et l’une des figures emblématiques des commandants de la guerre d’Indépendance.
Il a participé aux attaques du 20 Août 1955 dans la région de Jijel sous le commandement du responsable de la région Si Abdallah Ben Sam, connu sous le nom de guerre Messaoud El Tahiri. Comme il a été présent durant un mois et assisté au congrès de la Soummam.
Il a conduit de nombreuses batailles dans la région de Jbel Babour, qu’il menait de main de fer. Ses victoires étaient nombreuses contre l’ennemi colonial, réussissant même à faire des prisonniers de divers grades. Après l’arrestation et l’emprisonnement de Si Ahmed Belâabni par les forces de l’occupation, mon père a été contraint de remettre les prisonniers de guerre à l’état-major. Cette initiative a été très mal perçue et lui a valu la réprobation et il se vit sanctionné par l’absence de promotion malgré son ancienneté, ses états de service, les responsabilités assurées et toutes les victoires réalisées contre les forces de l’occupation.
Sincèrement, mon père méritait le grade de commandant à l’ALN. Mon père n’a jamais quitté le territoire des IIe et IIIe Wilayas historiques et figurait parmi les hommes à abattre coûte que coûte. Il a combattu sans relâche depuis les  débuts de 1955 jusqu’à l’Indépendance en 1962.
Blessé gravement durant les combats menés le 24 juin 1958, mon père a gardé des séquelles à ce jour. Après l’Indépendance, mon père a continué à travailler au sein de de l’ANP et à servir son pays au titre du pouvoir militaire à Annaba.
Le 19 juin 1965, mon père a refusé de participer au soulèvement contre le président Ahmed Benbella, son refus de partir en Egypte pour des convictions politiques lui a paru telle une sanction, si bien qu’il décida de quitter définitivement les rangs de l’armée.
Depuis ce départ de l’ANP, mon père est passé dans l’oubli, l’indifférence et la marginalisation perdant ainsi tous ses droits et n’a bénéficié d’aucune promotion ou avantage. Il est relevé que mon père a payé un prix très cher aussi bien durant l’occupation qu’après l’Indépendance, puisque se retrouvant actuellement alité, atteint de cécité complète, son état de santé se dégrade de jour en jour sans qu’aucune prise en charge lui soit octroyée ne serait-ce qu’au titre d’ancien moudjahid, héros de la guerre de libération pour laquelle il a tout sacrifié.
C’est pour toutes ces raisons que je m’adresse à vous, Monsieur le Président, pour aider mon père à recevoir des soins convenables dans un hôpital spécialisé. Mon père ne mérite pas cette indifférence, ses états de service méritent largement une gratification de la nation au moins pour finir ses jours confortablement ou du moins alléger un tant soit peu ses souffrances.
Espérant vivement votre intervention, je vous prie, Monsieur le Président, de croire en l’assurance de mon profond respect et dévouement.

Monsieur Chiheb Abdelkrim
Fils du moudjahid Chiheb Abdessalam
8, rue Demis Salah, Beauséjour, Annaba, Algérie

Liberté > 23/03/09 > Publicité