Annaba. Dréan: Échauffourées à la veille du meeting de Belkhadem

Abdelaziz Belkhadem n’aura pas accordé hier plus d’un quart d’heure à Dréan, quadrillée par un impressionnant dispositif de sécurité. La ville s’est pourtant préparée à le recevoir en accaparant, comme de coutume, l’attention exceptionnelle des autorités locales.

Au point de susciter la révolte de la population des centres de vie surpeuplés qui ceinturent l’agglomération transformée en un réservoir explosif du chômage depuis que Annaba a cessé d’être la métropole industrielle de l’est. Jeudi, au moment où l’on achevait de poser le tapis de bitume devant la salle omnisports de Dréan, où devait se tenir le lendemain le meeting du SG du FLN, des citoyens des quartiers périphériques de Dréan, Chbaïta Mokhtar et Chihani, ont coupé les routes nationales 16 et 84. L’important axe routier qui mène de Annaba à Guelma, Souk Ahras et Tébessa a été fermé à la circulation de 12h à 19h.

Les manifestants se sont insurgés contre le traitement toujours réservé aux officiels pour lesquels on trouve des solutions miracles pour retaper les rues qu’ils empruntent, alors qu’eux doivent se contenter d’engagements jamais tenus en croupissant dans les cloaques obscurs et défoncés de leurs cités dortoirs. Des jeunes, chômeurs ou intégrés dans le pré-emploi et qui n’ont pas été payés depuis 4 mois, se sont ensuite joints aux protestataires. Ils tentaient de se faire entendre pour réclamer du travail chez Cojaal, le constructeur japonais de l’autoroute, dans les chantiers de la centrale thermique de Draouch ou dans les barrages que construisent les Chinois, comme l’a encore promis jeudi dernier, à Bouteldja, Ahmed Ouyahia, Premier ministre, président de la commission de préparation des élections et SG du RND, qui a également demandé un taux de participation de 90% le 9 avril à El Tarf.

Les appels au calme des autorités locales ne sont pas arrivés à dissuader les manifestants de libérer la route à la circulation. Les services de sécurité de la gendarmerie et de la police sont alors intervenus avec d’importants renforts et moyens. Des heurts violents et des échauffourées se sont produits et se sont soldés par des blessés et l’interpellation de 6 personnes. Les choses sont rentrées dans l’ordre jeudi vers 19h. Hier, le calme régnait dans toute la zone. Bien entendu, les partisans des candidats indépendants ont crié à la manipulation mais, indéniablement, quelque chose de nouveau est arrivé : pour se faire entendre, la population ne craint plus de troubler les grand-messes du pouvoir.

Slim Sadki [EL WATAN 28-03-2009]