Annaba. Entreprise Seata : Le bras de fer syndicat-administration perdure

Alors que les travailleurs de l’entreprise Seata reprochent au syndicat de faire fi de leurs conditions socioprofessionnelles, ce dernier pointe, quant à lui, un doigt accusateur vers la direction de l’entreprise qui serait derrière cette vague de protestation “non fondée”, notamment, depuis la fusion entre l’ADE et l’ONA, en juin dernier.
Le malaise est tel que des dizaines de travailleurs de cette entreprise ont observé, mercredi dernier, un rassemblement devant l’union de wilaya de l’UGTA pour exiger le renouvellement de leur section syndicale dont le délai du mandat est dépassé depuis longtemps. Les travailleurs ont, par ailleurs, soulevé la précarité de leur situation socioprofessionnelle qui stagne depuis des lustres, et mettent leurs espoirs dans l’élection d’une nouvelle équipe de représentants. De son côté, le syndicat, à travers un de ses membres, rencontré en début de semaine, a, d’une part, balayé d’un revers de la main les raisons de la contestation avancées par les travailleurs et accusé la direction de manipuler ces derniers, afin de “saboter” le partenariat avec une firme allemande venue assurer la direction technique du secteur.  “Les personnes qui sont derrière ces manipulations voudraient que les choses reviennent comme elles étaient par le passé et que rien ne change, et surtout que le projet de développement de l’entreprise ne soit pas appliqué, car elles auraient beaucoup à perdre dans ce cas, en raison des bouleversements qui devraient intervenir”, affirme, M. Boumaza, membre du syndicat. Ce dernier a considéré les mouvements des travailleurs comme de simples “gesticulations” qui auraient été “commanditées”.
Et d’argumenter que sur les 884 travailleurs de l’entreprise, répartis à travers les diverses unités de la wilaya, 750 ont fait confiance à l’ancienne équipe en achetant leurs  cartes d’adhérents au début de l’année 2009. Il a, en outre, expliqué que cette rallonge de mandat préconisée par son équipe était due au fait qu’il serait préférable que ce soit l’ancienne formation qui  amorce les prochaines négociations socioprofessionnelles prévues avec le partenaire allemand, sur l’acceptation de ce dernier de revoir les clauses du projet de rédaction d’une nouvelle convention collective englobant les spécificités des travailleurs de l’ex-ADE et de l’ONA qui, rappelons-le, avaient effectué leur fusion sous le sigle de la Seata, à hauteur d’une participation à 50-50 pour un apport commun de 150 milliards de dinars. La nomenclature des postes et le règlement intérieur seront aussi concernés dans ces négociations. “Nous sommes plus à même de mener ces tractations, d’autant  que le partenaire étranger a d’ores et déjà stipulé qu’il ne serait pas question d’une augmentation des salaires de base. Mais nous allons négocier dans une partie qui s’avère déjà très serrée.” Cependant,  comme l’a expliqué M. Boumaza, le syndicat, qui s’était réuni pour la première fois le 15 avril dernier avec le partenaire allemand, avait arraché, en prémices aux négociations dont la date n’a pas encore été arrêtée, une augmentation des primes  de transport, de panier, et de l’indemnité de la femme au foyer. Des augmentations que la direction de l’entreprise rechignerait à appliquer, du moins pour le moment, bien que notre interlocuteur affirme qu’elles allaient “motiver” les travailleurs concernés.

Liberté > 05/05/09 > Hafiza M.