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Cycle du film tunisien au CCF de Annaba

Publié le 10/12/2009

Le cinéma tunisien n’a produit que 130 films en 43 ans. « De 1966, date de sortie de El Fedjr de Omar Khelifi, à 2009, 130 films ont été produits ce qui fait une moyenne de 3 à 4 films par an.

Ce qui n’est pas énorme en terme de production », a précisé Fayçal Charrad, professeur de cinéma à l’Institut supérieur des langues de Tunis, lors d’une conférence à l’ouverture, mardi soir, du Cycle du film tunisien organisé par le Centre culturel français (CCF) de Annaba en collaboration avec l’Institut français de coopération (IFC) de Tunisie et ce jusqu’au 13 décembre courant. Selon lui, le septième art tunisien est d’abord un cinéma d’auteurs. « Chaque réalisateur qui tourne un film refait peut être l’histoire du cinéma tunisien. Il ne s’inscrit pas dans une tradition ou des genres. Il recrée son monde à lui », a-t-il appuyé. Dressant un état des lieux, Fayçal Charrad a relevé que le nombre de salles de cinéma est passé de 112 au début du siècle à 16 actuellement. « Tout ce qui a été construit a, petit à petit, été abandonné. Cette situation est mal vécue par tous les cinéastes et les cinéphiles. Les salles servent actuellement de lieux de rencontres des couples amoureux ! C’est dur, mais c’est une réalité », a-t-il indiqué.
Cela dit, des exploitants de salles font, selon lui, de la résistance et proposent un cinéma de qualité, à l’image de l’Africa de Tunis. Malgré l’existence de 57 sociétés anonymes de production et de promotion du cinéma, les choses ne semblent pas évoluer positivement. Le démantèlement à la fin des années 1980 de la Société tunisienne de production et d’expansion cinématographique (Satpec) n’a fait qu’aggraver la situation. L’abandon des laboratoires de Gamarth fut également un coup dur pour le 7e art tunisien (ces laboratoires ont été repris en 2006 par le producteur Tarak Ben Ammar). « Une cinématographie nationale ne peut exister qu’à travers les conditions qui la font émerger, avec l’ensemble des moyens législatifs, structurels, financiers et administratifs », a noté le conférencier. Fayçal Charrad a rappelé que la création de la fédération tunisienne des ciné-clubs remonte à 1950 et l’association des cinéastes amateurs à 1960. « Dans les années 1970, les cinéclubs ont été actifs et ont permis la formation des cinéastes qui allaient produire des films plus tard. Ils avaient organisé des débats où les discours étaient parfois politisés.
L’expression y était libre. Aujourd’hui, ces cinéclubs ne fonctionnent presque plus », a-t-il noté. Le Festival du cinéma amateur de Klibia fait, selon lui, exception. « La transmission de la passion cinéphile a cessé en Tunisie, malgré l’existence de quatre écoles de formation cinématographique avec des cursus élaborés. Les jeunes, qui y sont formés, sont plus des techniciens que des créateurs », a-t-il noté. La création des jeunes est, d’après lui, confinée dans des approches froides et techniques sans grande portée. Il a annoncé que le ministère tunisien de la Culture a initié « une consultation nationale » sur le 7e art. « Il y a eu création d’une commission. Je ne sais pas si c’est pour noyer le poisson, mais la structure est là ; il faut attendre pour savoir si ça va marcher ou pas. On peut se nourrir d’espoir », a-t-il dit. Selon Fayçal Charrad, le cinéma en Tunisie a démarré à partir des projections des frères Lumière en 1896 dans un café à Tunis. Et c’était en terres tunisiennes qu’a été tourné le premier film en Afrique, celui du Suisse Luitz-Morat, Les Cinq gentlemen maudits.
Des cinéastes français ont également tourné en Tunisie sur des thématiques locales. « Faut-il pour autant les intégrer à l’histoire du cinéma tunisien ? Ou faut-il séparer entre ce qui a été produit avant ou après l’indépendance du pays en 1956 ? Il y a donc un certain nombre de problèmes lorsqu’on veut parler du cinéma tunisien », a relevé le conférencier. D’après lui, l’âge d’or du cinéma tunisien fut entre 1986 et 1996. Période marquée par la production de films, tels que L’homme de cendres Les Sabots d’or de Nouri Bouzid, Arab de Fadhel Jaïbi et Fadhel Jaziri ainsi que Halfaouine, l’enfant des terrasses de Férid Boughedir. Le cinéma actuel est, selon lui, marqué par un côté sombre. « C’est un cinéma torturé, massif, qui tente d’explorer des problèmes tels qu’ils se posent », a-t-il noté. Des exemples de ce genre de cinéma seront présentés au CCF de Annaba à l’image de Satin Rouge de Raja Amari ou Tendresse du loup de Jilani Saâdi. Mardi soir, le plus grand succès du 7e art tunisien, Halfaouine, l’enfant des terrasses de Férid Boughedir (500 000 entrées à la sortie du film en 1990), a été projeté.
Le film, qui a eu le Tanit d’or des journées cinématographiques de Carthage et le Grand prix du Festival Vue d’Afrique au Canada, suit « les premières » découvertes sexuelles d’un adolescent, Noura (interprété par Sélim Boughedir), qui vit partagé entre l’univers des hommes et celui des femmes dans un vieux quartier tunisois. En 1996, Férid Boughedir a eu un autre succès avec Un Eté à la Goulette qui raconte une histoire d’amitié entre un musulman, un chrétien et un juif à la veille de la guerre des Six jours en juin 1967. En 2008, Férid Boughedir a réalisé Villa jasmin, un téléfilm inspiré du roman autobiographique du journaliste Serge Moati. Ce soir, à 19 h, sera projeté Vhs Kahloucha, le documentaire de Néjib Belkadhi, sorti en 2007. Samedi, Nouri Bouzid sera à Annaba, à la faveur de la projection de ses deux films, L’homme des cendres et Making Of (ce long métrage vient de sortir en Europe).

El Watan > 10/12/09 > Fayçal Métaoui

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