Annaba. Des supporters veulent se joindre à la grève de la faim de Menadi

Au troisième jour d'une grève de la faim, annoncée illimitée dans le but de dénoncer le revirement du principal sponsor de l'équipe de football l'USMAn, à savoir ArcelorMittal, Aissa Menadi, le président du club et député, s'est montré inflexible. Il s'est enfermé à double tour dans son bureau au siège de l'équipe au niveau de la Tabacoop.

Cette situation a plongé ses proches, ses collaborateurs et des supporters qui se sont déplacés sur les lieux, dans le désarroi. A notre arrivée, la porte d'entrée du bureau en question était cadenassée.

Il était presque 13 heures jeudi, lorsque certains avaient donné l'alerte. Aissa Menadi traîne un diabète et se trouve être hypertendu. Ses enfants avaient peur des complications de sa maladie. Les premiers arrivés sur les lieux étaient des agents des renseignements généraux, suivis peu après des médecins du SAMU. Confrontés aux portes fermées, les médecins, deux femmes et deux infirmières ont été contraintes de faire le pied de grue en attendant une solution. Quelque temps après, ce sont les éléments de la Protection civile guidés par un lieutenant qui sont arrivés à leur tour. Ils étaient suivis également par les policiers du quatrième arrondissement. Les maillons de la chaîne n'avaient apposé aucune résistance à la paire de cisailles qui les tenaillaient. Une fois la porte ouverte, les médecins et les éléments de la Protection civile ont découvert à leur grande stupéfaction un Aissa Menadi conscient, mais affaibli, opposant une forte résistance aux intrus. Il était même menaçant. Il n'admettait pas qu'on l'approchait et encore moins qu'on lui administre quoi que ce soit. «Je n'ai besoin de rien et je vous demande de sortir», leur a-t-il dit. Sur une table à côté de lui on a pu constater quelques bouteilles d'eau, et de nombreux paquets de cigarettes. Un peu plus loin, une résistance et un climatiseur allumés. L'odeur était irrespirable du fait de l'absence d'aération. Sachant que le moment n'est pas propice pour engager une quelconque discussion, médecins et éléments de la Protection civile ont dû quitter le bureau. A cet instant, Aissa Menadi nous a lancé que son action ne se terminera qu'une fois que les décideurs d'ArcelorMittal, revenus à de meilleurs sentiments en débloquant le sponsor promis. «L'USMAn ne mérite pas qu'on l'abandonne comme ça au stade où elle est. Tous ses matchs sont compromis et elle est menacée au forfait pour tous ses déplacements. Ce n'est pas ma propriété privée », nous a-t-il dit. Le président du Comité des supporters nous a affirmé que de son côté, il ne fait qu'apaiser la situation et renvoyer à chaque fois, chez eux, les supporters qui se pointaient sur les lieux. «Ce que nous déplorons c'est la passivité de certains responsables devant une pareille situation. C'est quand même un député de la nation qui s'est lancé pour une cause noble, celle de sauver un grand club d'une chute libre. Il se trouve que ce club est la joie de dizaines de milliers de supporters. Si les choses restent en l'état ce sont des groupes de supporters qui vont à leur tour se lancer dans une vaste grève de la faim», nous a confié notre interlocuteur. De son côté, un responsable d'ArcelorMittal, que nous avons contacté, nous a fait savoir que la position de son entreprise est claire et qu'elle n'envisage pas pour l'instant de se lancer dans une action de sponsoring. «Les enveloppes réservées aux deux saisons pour lesquelles la société s'était engagée ont été consommées. La convention établie entre les parties n'est pas reconduite tacitement», nous a fait savoir M. Guedha, contacté par téléphone.

Pour Aissa Menadi, ArcelorMittal s'est engagé avec lui par écrit et il prend à témoin le wali d'Annaba, qui lui aurait promis il y a quelque temps de régler le problème, chose qui, selon lui, n'a pas été faite. Dehors, l'ambiance n'est pas terrible. La présence de personnalités du sport et autres syndicalistes de différents niveaux témoigne de leur solidarité avec Aissa Menadi dans son action.

Hier, en début d'après-midi, le comité de supporters a désigné un groupe de sages pour une éventuelle rencontre avec le chef de l'exécutif pour un règlement à l'amiable de ce conflit qui risque d'avoir des répercussions graves sur le club et sur la ville.

Hocine Kedadria  [LE QUOTIDIEN D'ORAN - 20-12-09]