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Annaba. Entretien avec Adel Amirat : Architecte et urbaniste

Publié le 30/05/2010

« Nos villes ont perdu leur âme, et la situation est désastreuse »

Une profonde réflexion permet sans aucun doute au seul secteur de l’habitat de tirer, un tant soit peu, l’économie vers une prospérité en espérant un retour à des investissements massifs et plus conséquents, et à une véritable politique du « compter sur soi ». Il est aussi temps d’élever le débat aux questions économiques, d’ergonomie et de développement durable. C’est ce que tente d’expliquer dans ce bref entretien Adel Amirat, architecte et urbaniste ayant exercé à Annaba, actuellement établi à Genève (Suisse).

  Aujourd’hui, quelle opinion avez-vous de la politique de l’habitat en général et du logement en particulier ?

Le vieil adage : « Quand le bâtiment va tout va », est le moteur d’une économie si les autres secteurs remplissent un minimum de conditions, d’autant que dans l’acte de bâtir, l’action de cette branche ne représente que le tiers. Même si la bataille de la production (1 million d’unités) est, semble-t-il, sur le point d’être gagnée, néanmoins il reste beaucoup à faire car les erreurs de précipitation surgiront et se payeront plus tard, et l’exemple des premières décades postindépendance est là pour nous le rappeler. La volonté des pouvoirs politiques de pallier ces insuffisances en injectant des sommes importantes dans ce qu’on appelle la requalification urbaine ne donne pas les résultats escomptés ; on a l’impression que cette notion est perçue par certains ordonnateurs comme une opération de réfection urbaine. Pour revenir à votre question, incontestablement, il faut admettre que des efforts considérables ont été consentis en terme de réalisation, et le critère de mesure est loin d’être le bilan chiffré, mais l’acte de transparence et par voie de conséquence la lisibilité et la bonne gouvernance du secteur.

  Pouvez-vous alors nous expliquer ce que vous voulez dire par « il reste beaucoup à faire » ?

Ce qui importe dans une politique, c’est la pérennité, plus on promulgue des textes adaptés, ce qui est en soi un signe de bonne santé démocratique, plus on répond aux nouveaux besoins de ses concitoyens ; la nécessité de proposer de nouvelles générations de lois se fait sentir. Parallèlement, une réforme organisationnelle doit passer par une dégression des effectifs (aujourd’hui, on trouve des profils de responsables en totale inadéquation avec la mission de l’organisme), la formation et le recyclage, le renforcement et la création d’organes sous tutelles issues du redéploiement du personnel dont nous parlons. La mission de mettre en œuvre un programme exige un encadrement compétent. Malheureusement, il y a beaucoup de responsables qui se font plus de soucis à s’accrocher au poste qu’à leur travail et à la mission qui leur est confiée. Enfin, le point faible, c’est le peu d’importance consacré à l’urbanisme et à la qualité du bâti. Sur ce plan, la situation est désastreuse, et c’est ce qui génère le sentiment de mal-vie auprès des populations. Nos villes ont perdu leur âme l’incivilité est transformée en règle générale.

  Et l’épineux problème de l’habitat précaire, qu’en pensez-vous ?

Tant que les gens font tout pour décrocher un logement social -pour le revendre- ce fléau ne disparaîtra pas, et puis l’absence d’autorité à l’égard des constructions illicites fait que même la voie publique a été accaparée. Toutefois, les effets induits au lendemain de la mise en place des nouveaux dispositifs (logement social participatif, aides…) commencent à réduire la demande. On se fera une meilleure idée sur l’ampleur de l’habitat précaire une fois les résultats de l’analyse du dernier recensement connus. A titre de rappel, le RGPH 98 a révélé des résultats contrastés : autant de logements inoccupés que le déficit et le paradoxe, les chiffres étaient proportionnels à la demande enregistrée dans chaque wilaya. Le deuxième indicateur consiste en la multiplicité d’agences immobilières à travers le territoire national, ce qui donne une idée sur le volume de transactions immobilières. Il est temps d’engager des études approfondies, tant au plan micro que macro-économique, devant être appliquées à la question du logement, et à juste titre une analyse hédonique qui repose sur le constat que les différents biens échangés sur le marché de l’immobilier ne sont pas recherchés pour eux-mêmes mais pour les quantités des différentes caractéristiques qui les définissent. Ce corolaire est riche d’implications pour se faire une bonne lecture de la problématique.

N. Benouaret [EL WATAN - 30-05-2010]
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