Annaba. Séminaire sur la mise à niveau des PME

L’aide au développement de la communication en entreprises demeure l’un des parents pauvres de toutes les politiques de mise à niveau.
 
L’organisation et le mode de gestion actuels des petites et moyennes entreprises (PME) algériennes, illustrent le total déphasage avec les données des entreprises modernes. D’où leur incapacité à améliorer leurs performances, gage de viabilité et pérennité. Un constat, certes, reconnu de tous, mais la question que d’aucuns se posent est de savoir comment trouver les mécanismes adéquats pour permettre à ces PME de s’aligner sur les standards internationaux ? C’est ce à quoi ont tenté de répondre les animateurs d’un séminaire de sensibilisation sur le programme national de mise à niveau organisé à Annaba, le week-end dernier.

Plusieurs centaines d’opérateurs économiques, venus de différentes régions de l’est du pays, s’attendaient à de nouvelles mesures ciblées par le directeur de l’agence nationale de développement de la PME  (ANDPME), Rachid Moussaoui. Or, ce dernier s’est limité à des redites telles l’Etat va engager un programme de mise à niveau de 20 000 PME à l’horizon 2014, pour un coût total, à sa charge, de plus de 385 milliards de dinars. La priorité est consacrée aux PME des secteurs de l’industrie, l’habitat, la pêche, le tourisme et l’hôtellerie, et le transport. «Il est bien beau de savoir que de telles sommes vont être injectées à la mise à niveau, mais a-t-on pensé à prévoir un programme d’appui aux PME, à la maîtrise des technologies de l’information et de la communication ?

C’est un sérieux handicap dont pâtit la quasi-totalité des entreprises», relève Brahim Halimi, gérant d’une petite société spécialisée dans la conception de sites web pour entreprises, basée à Oum El Bouaghi. Ce jeune informaticien estime que l’aide au développement de la communication en entreprises demeure l’un des parents pauvres de toutes les politiques de mise à niveau des PME jusque-là engagées dans notre pays. La mise en place d’un réseau complet et performant est, selon lui, indispensable à toute économie moderne, car la communication contribue à conforter la légitimité de l’entreprise aux yeux des différents partenaires.

Le rôle des chambres de l’artisanat et des métiers

S’appuyant sur les expériences qu’il a pu capitaliser à l’issue de ses multiples stages de formation effectués en Italie, il a tenu à mettre en exergue l’apport considérable d’Internet dans l’épanouissement, aujourd’hui établi, des PME européennes, dont 88 % utilisent cet outil. L’Italie est le pays le mieux loti avec 93 % de PME reliées, explique-t-il.  Dans ce pays où plus de 3,5 millions d’entreprises sont en activité, et dont la quasi-totalité a le statut de PME, le taux de connexion évolue en même temps que le nombre de salariés. En effet, 84 % des PME de 6 à 9 salariés sont connectées, contre 98 % pour celles de 100 à 200 salariés.

Et de préciser : « Combien sont les PME algériennes qui ont recours à ce moyen de communication ? Si l’Italie, modèle dont veut s’inspirer l’Algérie, pour promouvoir ses PME a réussi à décrocher le titre de 6è puissance industrielle, c’est bien grâce au dynamisme de ses PME/PMI. Il faut savoir que la majorité des nouveaux emplois créés par l’économie italienne est issue des PME/PMI exportatrices, en particulier dans les secteurs des assurances, des banques et de la grande distribution.» Pour lui, les technologies de la communication économique sont le seul moyen à même de permettre aux PME algériennes d’aller à pas sûrs vers l’épanouissement. Il a appelé les entrepreneurs, notamment privés, à plus d’initiatives, et à diversifier leurs activités, car, actuellement, nombre de PME privées exercent dans les secteurs du commerce, transport, de l’hôtellerie et la restauration, du bâtiment et des travaux publics. «Considérant le processus de privatisation pleinement engagé, le secteur public a vu son tissu de PME diminuer pour atteindre moins de 750 entités», affirme un autre participant, Abderrahmane Souilah.

Pour booster l’économie nationale et réduire sa dépendance du tout pétrolier, cet exportateur de produits du terroir insiste sur le rôle déterminant que peuvent jouer les 31 chambres de l’artisanat et des métiers du pays. «En encourageant la PME et en s’ouvrant beaucoup plus sur le monde extérieur, ces chambres peuvent être les meilleures ambassadrices de nos produits artisanaux. Elles peuvent également contribuer au développement de nos PME. Le travail individuel ne peut être d’aucun apport», a-t-il indiqué. «C’est justement cette branche d’activité qui a fait la notoriété  des PME en Italie», a ajouté M. Halimi. Avec une moyenne actuelle de 10 PME pour 1000 habitants, l’Algérie  est très loin des standards internationaux où la moyenne la plus faible est de 45 PME pour le même nombre d’habitants.

Naima Benouaret [EL WATAN - 07-03-2011]