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ArcelorMittal Annaba. Etre ouvrier et observer le jeûne

Publié le 07/08/2012

ArcelorMittal AnnabaIls sont vingt-huit ouvriers, composant les quatre équipes, qui font couler continuellement la fonte émanant du haut fourneau à ArcelorMittal Annaba.

Au fil des années, ils ont appris à surpasser les capacités physiques et morales de leur corps dans un atelier où la température ambiante atteint les 70° et culmine 1500° Celsius devant la bouche de la rigole de la fonte liquide. Leur profession s’appelle fondeur.

Dans le milieu du complexe sidérurgique, ils sont très respectés car, selon leurs collègues, ils exercent un métier qui use les muscles et met le dos à rude épreuve.

C’est en plein Ramadhan, au mois d’août, qu’il faut visiter la fonderie du complexe d’ArcelorMittal Annaba. Réputé métier sale et très difficile, le fondeur le devient plus encore pendant le Ramadhan.

Travailler par plus de 1500°c

Puisant essentiellement de leurs réserves physiques et travaillant dans un milieu infernal, les fondeurs souffrent le martyre pendant le mois de jeûne. Déshydratés, le ventre creux, le visage blême, les dompteurs de la fonte liquide, dont le métier fait endurer le métabolisme, sont déjà usés par la longue exposition aux grosses chaleurs des hauts fourneaux devant lesquels ils s’épuisent physiquement et transpirent sans pour autant pouvoir récupérer avant 19h45, heure de la rupture du jeûne à Annaba.

«Les fondeurs travaillant sur le plancher où le mercure frôle les 1500° Celsius ne dépassent pas les 20 minutes d’activité avant d’aller se reposer en s’aspergeant d’eau. Mes ouvriers sont mes protégés et il est primordial de les préserver à l’abri de tout incident lié à leur exposition permanente à la chaleur», explique Hachemane Ahmed, directeur de la zone fonte au complexe sidérurgique d’ArcelorMittal Annaba. Ce qui fait de leur métier un véritable calvaire de tous les jours, notamment pour ceux qui découvrent le métier de fondeur au poste d’aide-laitier : c’est-à-dire celui qui est en bas de l’échelle et doit tout faire pour l’escalader, car le métier de fondeur requiert une série de connaissances techniques variées et très pointues, acquises pendant un long cycle de formation auprès des cadres qualifiés. La hiérarchie au niveau des fonderies rappelle, paradoxalement, l’ancien classement de l’enseignement général. En effet, le plus bas commence par le plus haut. Du cinquième fondeur, on passe au quatrième fondeur pour gravir l’échelon un à un jusqu’au premier fondeur. Leurs dizaines d’années d’expérience font d’eux des techniciens de moulage, des opérateurs de fusion, des responsables de qualité, des professionnels de la fonderie, de la métallurgie, etc.

Rencontrés à l’atelier du haut fourneau (HF) de la fonderie de l’usine d’ArcelorMittal Annaba, les fondeurs décrivent ce qu’ils endurent au contact de la fonte liquide durant l’éternel cycle des 24 heures ; puisqu’ils sont quatre équipes de sept ouvriers soumis à un régime de 3 x 8h. Les uns en combinaisons ignifuges les protégeant des chocs thermiques, les autres en tenue aluminisée nécessaire pour la réflexion de la chaleur radiante et la protection thermique, ils racontent, non sans peine, leur souffrance : «Jeûner et travailler dans une atmosphère d’enfer est extrêmement dur, surtout avec le métier de fondeur qui nécessite d’immenses efforts et de la résistance», lance Hocine, l’un des 28 ouvriers fondeurs, qui évoque son astuce pour résister à ce qu’il qualifie d’un échantillon d’enfer. «Au s’hour, il faut bien manger, boire beaucoup et surtout ne pas oublier à la fin un café noir sans sucre. Cela bloque les enzymes de la soif et ralentit la transpiration. Devant une rigole de fonte liquide dégageant une température de 1500°C, même bien protégé, la déshydratation est inévitable.»

Les fondeurs sont également qualifiés d’artistes. Et comme pour confirmer cette réputation qui colle mal à l’environnement hostile de la fonderie où le feu et le métal font bon ménage, les mêmes fondeurs s’accordent à dire que «lors des coulées de fonte, la sensualité du fondeur est réveillée tant par la vue, les odeurs, la chaleur. Ce qui nous permet de nous imprégner de cette antique union entre l’homme, le feu et le métal, de cette ardeur de créativité et de technique devant la fonte et l’acier vivants, brûlants et colorés».

Mohamed Fawzi Gaïdi [EL WATAN 07-08-2012]
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