Annaba. Restauration sur le Cours : Le misérabilisme érigé en vertu

N’importe qui vous dira que dans un lieu tel le Cours de la Révolution, vitrine de la prétendue désormais, 4ème ville du pays, on ne pourrait trouver que des établissements sélects de restauration. Des établissements d’un standing certain qui ne pourraient que rehausser l’image de la ville comme c’était le cas il y a longtemps de cela. Mais c’était autrefois, comme dans les contes, aujourd’hui, plus c’est misérable plus c’est mieux, aujourd’hui la cuisine se fait sur le trottoir du Cours et on y expose même les bouteilles de gaz butane qui servent à cette cuisine. Mais qui est l’insensé qui a donné une autorisation à ces commerces ? A-t-il seulement une notion de la définition d’une ville, d’un centre-ville ? Et l’Hygiène et le Commerce ? Ont-ils conscience de leur responsabilité en laissant cette dégradation de tout esprit citadin, se poursuivre ? Kafka, en écrivant son PROCES n’aurait jamais pensé, même l’espace d’une seconde, qu’en fait d’absurde il n’était qu’un dilettante à côté de certains « penseurs » vivant à Annaba. Ainsi, à côté d’une rôtissoire en plein air, sur un trottoir noirci et rendu glissant par la graisse, vous avez aussi du parfum de luxe et des vêtements de marque. N’est-ce pas merveilleux ce mélange des genres ? Et croyez-vous que l’odeur de graillon et l’hygiène douteuse rebutent les citoyens ? Que non, ils n’en sont que plus contents de se bousculer pour mâcher cette chawarma engluée de poussière et fumée au gaz d’échappement. L’appel du ventre leur fait oublier qu’avec leur argent ils sont en droit d’exiger une qualité d’alimentation autre que celle qui les met au rang de bétail. Du reste, ils n’ont droit qu’à ce qui leur convient et ce qu’ils méritent sinon, avec le prix que vaut un local sur le Cours personne n’irait penser à une gargote, quel que soit le nom pompeux que l’on donne à ces commerces.

L'EST - 05/02/2013