Annaba. Mondialisation et développement en débat

Un colloque international y sera consacré prochainement  -   «Mondialisation et développement : mondes d’hier et mondes d’aujourd’hui», tel est le thème d’un colloque qui se tiendra prochainement à Annaba.
Selon les organisateurs, le nouvel ordre économique international, imposé par les Etats-Unis dans les années 80 sous le nom de «mondialisation», n’a respecté aucune de ses promesses initiales. Il s’agissait, entre autres, de s’assurer de meilleures conditions de vie pour l’ensemble des habitants de la terre grâce à une distribution aussi équitable que possible des fruits du progrès et des nouvelles technologies, et d’établir une paix durable qui mettrait fin aux conflits désastreux ainsi que de renforcer et d’étendre le régime démocratique et le respect des droits humains dans le monde. Hélas, au lieu de ce paradis promis, le régime mondialisé de l’économie, soulignent les organisateurs, a finalement accumulé de multiples conséquences néfastes ayant détérioré le sort de la plus grande partie de la population terrestre, exclu de la richesse grandissante de la planète la plupart des pays en voie de développement, aboli pratiquement tous les droits traditionnels du facteur «travail» et, enfin, encouragé les guerres, le terrorisme et la restriction des libertés humaines.
A tel point, précise-t-on, que le scepticisme a fini par envahir les esprits les plus optimistes qui en sont arrivés à ignorer les bienfaits pourtant palpables du développement des échanges internationaux, à travers la diffusion inégalée du progrès technique, de la prospérité et du bien-être quand ces échanges fournissaient notamment aux institutions et entreprises une meilleure chance d’accéder aux économies d’échelle du marché mondial. Il est non moins vrai que ce doute est renforcé par des obstacles de divers ordres (organisationnels, structurels, psychomoteurs, etc.) apparents ou latents, dont l’intensité fluctuante ne contribue pas à réduire les inégalités internationales, ni à prioriser l’économie du savoir ou l’investissement en recherche et développement, ni à accorder la préférence aux règles de la compétition et de la bonne gouvernance.
Le monde évolue à un rythme de plus en plus élevé : d’un jour à l’autre, il se transforme par et sur lui-même, en devenant spatialement ramassé, homogène et uniforme, socialement multiforme, économiquement complexe et politiquement difficilement gérable. Et, si à ses débuts la mondialisation actuelle n’a pas eu de contenu précis, elle s’est, par contre, présentée sous un air innocent, voulant simplement justifier l’établissement du libre-échangisme que les nouvelles technologies exigeaient…
Par ailleurs, l’investigation scientifique et rationnelle devra aussi relever le caractère délibéré de la mondialisation actuelle, tout en excluant les explications naïves de son imposition, soit sa nature de soi-disant de sens unique inévitable, ayant à faire à des mains invisibles, etc. Et il est fort important de pouvoir conclure que les aspects de la mondialisation actuelle ne sont guère d’origine divine ou mystique, mais issus de la volonté humaine, car le chemin sera ainsi ouvert à toute sorte de mesures pouvant l’améliorer…
Par ailleurs, si actuellement l’OMC concentre de plus en plus son attention sur le commerce international entre les PDI (pays développés industrialisés) et les PVD ou PED (pays en voie de développement), plus personne n’ignore le fait que les enjeux sont différents pour les pays plus faibles. La plupart de ceux-ci donnent l’impression de se méfier de la libéralisation mondiale de l’économie, étant préoccupés par les coûts d’ajustement, la sécurité alimentaire et la perte de marchés d’exportation au profit de pays plus compétitifs Pourtant, ajoutent les organisateurs, de nombreux experts du développement économique international pensent qu’une plus grande ouverture extérieure permettrait de mettre au jour de nouvelles potentialités et de stimuler le développement grâce à une meilleure intégration…
Lors de cette manifestation, qui sera organisée à l’université Badji Mokhtar, en collaboration avec des universités françaises et algériennes, on débattra, selon le programme, plusieurs volets, dont «les causes et les effets de cette mondialisation sur le processus de développement économique et social» ; «la nécessité urgente de modifier cette mondialisation en faveur d’un processus de développement durable» ; «la lutte contre la situation de mal gouvernance et la corruption dans un contexte de mondialisation» ; «l’opportunité d’un observatoire de la mondialisation aux niveaux international et national, est-elle envisageable ?»

La tribune > 08/04/07 > R. E