Annaba: Faune et flore en mer Méditerranée - Où est le temps où la grande bleue abondait de poissons ?

Comme le dit le poète « je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » , car comment faire comprendre aux générations actuelles que notre mer si belle et si bleue était d’une transparence si pure que l’on voyait les poissons s’ébattre dans ses profondeurs. Les anciens peuvent en témoigner et vous parler avec nostalgie de la Seybouse qui se jetait à cette mer par la pointe à Joanonville. Les pêcheurs au carré, à la ligne ou aux filets ne rentraient jamais bredouilles quitte à remplir son panier de beaux mulets à museau longs appelés « tâches jaunes » qui les différenciaient des museaux ronds qui évoluaient dans les rivières aux côtés de barbeaux et d’anguilles magnifiques. Les citadins eux avaient le choix entre les belles dorades « sourcils d’or », les ombrines ou figues aux lèvres jaunes si ce n’est de beaux loups tout scintillants au soleil. Nous n’oublierons pas les petits marbrés et les beaux « sars fiancés » qui changeaient de couleur, pour devenir carrément rosâtres durant leur période nuptiale. Les mérous quant à eux étaient l’apanage de pêcheurs au cordeau ou de moulinets luxor, Mitchell et autres  « Ru mer ».On ne les piquait pas au fusil harpon, jusqu’à ce qu’ils disparaissent de nos côtes. La matsagoune, qui est la variété la plus prisée et la plus chère de crevettes, était à la portée de toutes les bourses et on s’en servait même comme appât. Maintenant que notre mer est le domaine des pollueurs en tous genres, de patrons de pêche qui raclent les bas fonds été comme hiver sans respecter les lois de la nature et laisser les poissons se reproduire normalement, sans se servir de filets à petites mailles pour rafler même les alevins qui viennent à peine de naître. Le pêcheur de métier, employé sur une embarcation avait son panier de friture qu’il cédait pour une somme modique sur les quais, afin d’arrondir ses fins de mois. La mer en effet n’était pas ingrate et elle faisait vivre ceux qui la respectaient. Les usines ont déversé leurs saletés dans cette Grande bleue, détruisant sa flore qui servait à sa faune pour y vivre et s’y blottir. Les eaux usées industrielles ont assassiné toute la beauté de la Méditerranée et les hommes qui en vivent, lui ont donné le coup de grâce en ne permettant pas à sa population halieutique de se reproduire. Ceci sans citer le pillage systématique de son corail ces dernières années d’où l’émergence de nouveaux riches qui roulent carrossé grâce justement à ce massacre.

L'EST - 20/10/2013 - Ahmed Chabi