Annaba: Pont des suppliciés - Des adolescents lancent des projectiles sur les automobilistes

A Annaba, sur le pont des suppliciés reliant la vieille ville au quartier du Caroubier, une scène insolite est quotidiennement enregistrée. Des pierres sont jetées sur les passants et les automobilistes de passage sous cet ouvrage hérité de la période coloniale. Des actes graves commis par des adolescents encore à l’âge de la scolarité. Si bon nombre de personnes ont été atteintes par des cailloux heureusement sans gravité, des automobilistes ont vu la tôle de leur voiture dégradée ou leur pare brise voler en éclat. Cela a été, encore une fois le cas hier dimanche. Un groupe de 5 adolescents certainement encouragés par l’impunité s’étaient postés sur le pont des suppliciés reliant la vieille ville au Caroubier. Avant de fuir et durant plusieurs minutes, ils ont arrosé de cailloux automobilistes et piétons de passage sous leurs pieds. Dans le lot de ces adolescents, certains portaient encore en bandoulière leur cartable dénotant qu’ils venaient de sortir d’un établissement scolaire. C’est-à-dire là où les enseignants sont censés leur inculquer éducation et civisme. Inconscients de l’acte qu’ils commettaient, ils croyaient à un jeu. Bon nombre de personnes ont dénoncé cette manière de se comporter d’adolescents livrés à eux-mêmes. Loin de tout contrôle parental, ces adolescents risquent de se retrouver dans le flot déjà important des délinquants. Ce phénomène  d’adolescents trainant le jour et jusque tard le soir dans les rues de la ville, dans les quartiers et les cités est en hausse à Annaba. Interrogés, de nombreux sociologues ont imputé cette situation au manque d’espaces de loisirs colonisés par le béton. Dans cette partie de la ville, le site du 19 juin offrait le seul lieu de défoulement aux adolescents et aux jeunes. Après avoir été squatté par les animateurs du marché informel, cet espace forme aujourd’hui un terrain d’assiette pour la réalisation d’un hôtel grand standing. Le même problème est posé à la cité M’haffeur. Là également le seul espace de jeu des adolescents a été transformé en terrain d’assiette pour la réalisation d’une cour de justice et un tribunal.  C’est dire qu’à Annaba le droit des enfants de disposer de terrains de jeu en adéquation avec leur jeune âge est totalement bafoué.

Le Provencial - 23/10/2013 - Rafik Arfaoui