Avec une cinquantaine de collaborateurs, l’Eepad tente de refaire peu neuve. Elle veut se refaire une certaine virginité. Avec une expérience qui a été à la limite de la mener tout droit à la ruine, c’est-à-dire au dépôt de bilan pur et simple, l’Eapad a décidé de s’exiler en Tunisie pour une vie meilleure. Nouar Harzallah, le PDG de l’Eepad garde une certaine rancune quant à cette expérience. Pour lui, le conflit avec Algérie Télécom a été « orchestré » afin de mettre son entreprise « hors-jeu ». Motif du conflit ? Selon Algérie Télécom, une créance de 3,8 milliards de dinars que réclame l’opérateur public. Mais pour Nouar Harzallah, qui s’est exprimé hier, sur les ondes de la radio en ligne Maghreb M, « cette dette est orchestrée, elle n’a aucune base commerciale car les factures sont inexistantes. Il y a des personnes qui ont orchestré ça ». Reste que les personnes en questions n’ont pas été citées nommément ou pourraient l’être prochainement. Pour Nouar Harzallah, cette affaire n’est pas spécifiquement politique, bien au contraire. « Elle est liée à des personnes, à un conflit d’intérêts mais je n’arrive pas encore à comprendre cet acharnement » a-t-il expliqué tout en rappelant que « ces personnes ont induit en erreur les pouvoirs publics en leur disant que Eepad refuse de payer ses dettes ». D’ailleurs, il n’en démord pas en estiment que la dette de son entreprise à l’égard d’Algérie Télécom ne s’élève qu’à 1,9 millions de dinars. Et de rappeler que l’Eepad a proposé à l’opérateur public un échéancier de remboursement sur la base de la facturation réelle. « Mais Algérie Télecom a refusé de collaborer, ce qui nous a poussés à aller en justice », a-t-il ajouté tout en relatant les coupures de connexion de plus de 3 heures dont a été victime l’entreprise. « Ces coupures n’ont pas été prises en compte alors qu’elles figurent clairement dans le contrat et Algérie Telecom nous imposait une TVA à 17% alors que la loi de finance 2001 l’avait fixée à 7% », a-t-il également rappelé. Et pourtant tout aurait pu être mieux renégocié puisque l’Eepad avait fait une proposition à Algérie Télécom : l’ouverture de son capital au profit de cette dernière. Après un accord de principe, les pouvoirs publics se sont rétractés en exigeant eux aussi le règlement des 3,8 milliards de dinars. Nouar Harzallah a néanmoins affirmé que la justice avait tranché en faveur de l’Eepad en 2009. La cour suprême a confirmé la décision de manière définitive, après que l’expertise ait estimé la dette à 1,9 milliards de dinars. Certes, pour Nouar Harzallah, il s’agit d’une petite victoire, mais la colère reste présente sur cet homme qui s’estime quelque peu floué par une entreprise de service public. « Mais nous avons perdu 4 années pour rien, ils auraient pu nous laisser travailler en attendant que la justice fasse son travail », a-t-il d’ailleurs regretté. Reste que l’affaire, bien que close, aura bien laissé des trace à cette société qui est passé de 465 employés à à peine une cinquantaine de collaborateurs, essentiellement des ingénieurs de haute compétence versés dans le développement de contenus et d’applications innovantes. En attendant, l’Eepad essaye de mieux respirer en Tunisie.
Le Provencial - 27 novembre 2013 - Lakhdar Habib
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