Annaba: PORT DE ANNABA - Des pavés qui ne laissent pas indifférent

Qui n’a jamais emprunté l’artère qui passe à proximité de la gare maritime du port d’Annaba ? Avec ses pavés qui remontent à la présence française, ils n’en finissent pas de faire parler d’eux. Alors que beaucoup souhaitent leur éradication totale, d’autres, au contraire, souhaiteraient plutôt leur réhabilitation totale et pourquoi pas, un repavage de la ville. Ils sont toujours là à résister aux épreuves du temps. Ce sont pratiquement les derniers qui restent à Annaba. Un des multiples vestiges de ce que fut Bône jusqu’à l’indépendance. Il s’agit des pavés qui, encore et toujours, ne cessent de faire parler d’eux. Situés le long de la gare maritime, ils constituent des ralentisseurs hors pair pour les fous du volant. Cependant, ce qui, pour les puristes, est considéré comme faisant partie du patrimoine historique de la Coquette, est l’objet de vindictes pour ne pas dire de menaces de disparition. « Il faut enlever ces pavés d’une autre époque, s’énerve un chauffeur de taxi qui emprunte régulièrement l’axe de l’avant-port menant à la plage Saint Cloud. Ils les ont enlevés de partout et ici, ces pavés subsistent toujours, source de problèmes pour nos véhicules et de circulation, comme s’il n’y en avait pas suffisamment à Annaba ». Même des policiers, apparemment peu soucieux de l’environnement urbain, souhaitent leur disparition pure et simple. « Il faudrait goudronner entièrement cette artère à l’instar de ce qui s’est fait ailleurs, explique l’un d’eux. Ces pavés nous causent énormément de soucis dans notre travail, ils causent une circulation monstre et empêchent nos véhicules de circuler correctement. Non, décidément, ils ne servent plus à rien ». De quoi susciter l’ire des amoureux du patrimoine urbanistique bônois qui ne comprennent pas cet acharnement à l’égard des derniers pavés légués par la France. « Comment peut-on concevoir de les enlever ? S’inquiète cette septuagénaire qui a toujours vécu à Annaba. Autrefois, la ville était entièrement recouverte de pavés, et croyez-moi, elle avait un charme qui est aujourd’hui perdu. Il ne faut surtout pas les enlever. Au moins, ils évitent de faire de la vitesse à proximité du centre-ville ». Jeunes, comme moins jeunes s’inquiètent de cet acharnement sans commune mesure à l’égard de ces pavés lesquels, certes, méritent un meilleur entretien. « C’est vrai qu’ils ont perdu de leur superbe, commente cet étudiant en français. Ils devraient être un peu plus entretenus, tout simplement ». D’autres Bônois, authentiques ou d’adoption, se veulent rêveurs. « Et pourquoi pas refaire ces pavés à neuf et repaver des artères stratégiques de la ville telles que le Cours de la Révolution, suggère un cadre d’entreprise. De par le monde, il existe beaucoup de villes où l’on se met à repaver les rues. Le tout serait qu’une nouvelle politique urbanistique se mette en place ici à Annaba. Il faut redonner le lustre d’antan à la Coquette ». Ce dernier avis est partagé par de nombreux amoureux d’Annaba. Beaucoup de citoyens souhaitent par ailleurs que la copie soit complètement revue en matière d’urbanisme au niveau de l’APC de celle qui est considérée comme la quatrième ville du pays. Remodeler l’espace urbanistique d’Annaba constituerait pour beaucoup, à l’instar du projet du tramway, l’un des défis de demain pour la Coquette. Reste que les pavés du port, ultimes témoins de l’époque où Bône était entièrement pavée, peuvent, un jour ou l’autre, par faute d’une bêtise somme toute humaine, disparaître à tout jamais, sous une couverture de bitume qui, elle-même, aura été mal installée. Affaire à suivre.

lestrepublicain.com - 19 février 2014 - Lakhdar Habib