A deux mois de l’élection présidentielle, l’ancien Chef du gouvernement a fait une déclaration qui n’est pas passée inaperçue à Annaba. Pour beaucoup, il vient, à sa manière de faire son entrée dans la campagne électorale. « C’est une façon à lui de rentrer dans le jeu électoral et de peser dans le déroulement du scrutin, même s’il n’est pas candidat », commente un vieil observateur du microcosme politique algérien rencontré sur le Cours de la Révolution. «Hamrouche, poursuit-il, ne veut pas se sentir exclu de la vie politique nationale. Voilà pourquoi il s’est exprimé et devrait continuer à le faire jusqu’au 17 avril et au-delà ». Certains, à l’instar d’un militant local du RND, pensent même qu’il va se porter candidat. « Mouloud Hamrouche ne veut pas faire de la figuration, constate-t-il. Il va aller à la course d’El Mouradia, même s’il sait pertinemment qu’il ne sera pas élu. Cette déclaration n’est donc qu’une première étape vers l’annonce effective de sa candidature ». Cependant, Mouloud Hamrouche est fortement rattrapé par son passé en tant que Chef du gouvernement. Ainsi, ce cadre dans une entreprise publique ne cache pas l’idée que Mouloud Hamrouche est un pur produit du système. « Même s’il a fait partie d’un courant rénovateur de l’ex-parti unique, Mouloud Hamrouche a grandi dans le système tel qu’il a été mis en place en 1962, rappelle-t-il. Donc, même s’il se porte candidat à l’élection d’avril prochain, je ne peux pas considérer cela comme un événement exceptionnel. On nous parle de renouvellement des générations, mais quand un homme qui a été au cœur du système de la République Algérienne Démocratique et Populaire de 1990 à 1991 pourrait se porter candidat, je ne vois aucun renouvellement de génération à la différence d’un parti comme le RCD qui, lui, avec tout ce qu’on peut dire sur cette formation, a fait montre d’un exemple en ce genre lorsque Saïd Sadi a passé la flambeau à Mohcine Belabès qui était alors âgé de 42 ans ». Reste que pour une certaine majorité de personnes rencontrées à Annaba, la déclaration de Mouloud Hamrouche laisse plutôt indifférent. « C’est un non-événement pour moi, affirme un chauffeur de taxi. Hamrouche n’a aucun poids politique maintenant. Je ne vois pas en quoi ça pourrait changer. Il est complètement mort politiquement, à moins qu’il ne dispose de soutiens occultes, mais j’en doute. De toute façon, se déclaration ne changera absolument rien au système aménagé par Bouteflika et ses proche, même si ce dernier ne brigue pas de quatrième mandat ». Même son de cloche du côté de l’ex-parti unique où un membre de la Mouhafadha d’Annaba voit en Hamrouche une « illusion » de plus. « Ce n’est pas Hamrouche qui va apporter un changement, si un changement est espéré, renchérit-il. D’ailleurs, en matière de changement, tout le monde sait qu’il a commencé en 1999, avec l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika aux affaires. D’ailleurs, Hamrouche a-t-il les capacités pour se porter candidat à l’élection ?Personnellement, je ne le pense pas ». Ainsi, pour nombre de Bônois, Mouloud Hamrouche ne serait pas candidat, et sa déclaration ne serait que de la poudre aux yeux. Beaucoup, cependant, attendent une autre déclaration en bonne et due forme, celle de l’actuel locataire d’El Mouradia.
lestrepublicain.com - 19 février 2014 - Lakhdar Habib
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