Annaba: LE LAIT DE VACHE « INONDE » LE MARCHÉ - Où est passé le sachet à 25 DA ?

L’aide financière de  près de 35 millions de dinars accordée par la Laiterie de l’Edough il y a plus d’une année, à une douzaine d’éleveurs de vaches laitières dont les étables  sont jugées aux normes par la DSA,  dans le but d’améliorer la production de ce produit de première consommation,  n’aura pas eu l’effet escompté. Si, pour la Laiterie, cette stratégie vise avant tout l’encouragement des éleveurs dans le cadre d’un  vaste programme destiné à développer cette filière au niveau de la wilaya de Annaba jugée très propice à l’élevage en montagne,  c’est une autre paire  de manches  pour le consommateur  qui  n’est pas habitué au nouveau goût du lait servi, sans parler de l’augmentation substantielle de 10 dinars sur le litre.
 En effet, voilà près d’un mois et demi que les commerçant au détail se font servir des sachets de «  lait de vache » que le consommateur paie à 35 dinars le litre, soit 10 dinars de plus que le produit habituellement servi. A prendre ou à laisser, les anciens sachets de lait à 25 dinars ne sont plus servis, et nul ne sait si cette décision est définitive. « Les consommateurs sont très réticents  pour acheter ce nouveau lait,  d’abord en raison de son prix,  mais aussi pour son goût qui n’est pas accepté par les enfants surtout. Mais c’est le seul produit vendu par la Laiterie de l’Edough et les gens font avec, en attendant que les anciens sachets à 25 dinars soient à nouveau remis sur le marché. Mais quand ? Personne ne le sait »  nous expliquera un  détaillant du centre ville.
 Pour un autre commerçant, « c’est une augmentation qui ne dit pas son nom. La laiterie touche ainsi près de 8 dinars sur ce sachet de lait de vache, une augmentation très substantielle, qu’elle est seule à encaisser, au détriment du pouvoir d’achat du consommateur. » Pour un responsable de la DCP, cette augmentation du sachet a pour origine le fait que la Laiterie doit « rentrer dans son argent suite à l’investissement consenti au bénéfice de ces éleveurs, sans parler du fait que cette action  d’encouragement va se développer et toucher une grande partie des quelque 800 éleveurs de vaches laitières que compte la wilaya de Annaba, pour un cheptel global de près de 48000 têtes, dont 18000 sont de race dite « améliorée », pour une production annuelle de 30 millions de litres, dans un secteur en pleine expansion. Ajoutons que, d’après les explications de l’inspection vétérinaire, seuls les propriétaires de vaches laitières dûment enregistrées relevant des étables « légales » sont habilités à commercialiser leur production destinée à la consommation.
La politique de l’autruche adoptée dans ce domaine est un des points noirs de la santé publique, quand on sait que des milliers de vaches sont élevées dans le domaine informel, nourries dans les décharges, avant que leur lait ne soit écoulé dans certaines laiteries, et là, le litre est vendu 50 dinars, sans parler des fromages, lben, lait caillé. « Qui peut assurer que la quantité  collectée auprès des étables légales ne contient pas une partie de ce produit qui ne passe pas par les contrôles vétérinaires ? La seule solution est d’éradiquer définitivement ce phénomène en forçant les éleveurs informels à se mettre à niveau  » nous lancera un commerçant. Malheureusement, nous  n’avons pas pu prendre contact avec les responsables de la Laiterie de l’Edough, pour de plus amples informations.

L'Est republicain  - 20 avril 2014 - Farida H.