Annaba: POUR AVOIR REFUSÉ DE DONNER L’AUMÔNE - Une dame agressée par trois mendiantes

Une malheureuse jeune dame a vécu une mésaventure qu’elle ne risque pas d’oublier. En effet, elle été prise a partie, hier, par un groupe de trois mendiantes sur l’esplanade du Cours de la Révolution, la plus importante place publique de Annaba, et sous l’œil indifférent de plus d’un passant. En plus des propos à la limite de la correction, assortis de crachats, la malheureuse dame a failli être lynchée, par ses détractrices, à qui elle aurait refusé de donner l’aumône. Selon des témoins oculaires, les mendiantes seraient exploitées par un individu, connu dans le milieu de la pègre. Comble de l’absurde, aucune des dizaines de personnes qui observaient la scène en spectateurs, n’a osé, au moins, venir au secours de la victime, agressée et surtout humiliée. Finalement, celle-ci n’a trouvé son salut qu’à ses jambes, en échappant à ses agresseurs en courant.  La mendicité à Annaba, est une véritable industrie. Pourtant interdite, aussi bien par la loi que par la religion, la mendicité a envahi, telle une herbe folle, les rues  et ruelles, les places publiques et établissements de  la ville des rives de la Seybouse. Aujourd’hui et par la force des choses, la mendicité a été érigée à Annaba en un emploi, voire en une véritable industrie, par des maffieux sans foi, ni loi, sans que personne ne bouge le petit doigt. La main d’œuvre est constituée souvent par un essaim de femmes et une ribambelle d’enfants en bas âge soumis aux contraintes d’une rude et longue journée et le décor étant assuré par la rue, les lieux publics, les mosquées, les grandes stations de bus et les cimetières. Tôt le matin, les stations de bus de la Coquette déversent  par grappes une flopée de femmes et une marmaille tout déguenillée, en provenance principalement des communes et régions rurales de certaines wilayas limitrophes, qui se dispersent à travers les rues. Elles prennent position en fonction d’un plan de travail savamment étudié et mis en place par des hommes valides présents sur la scène, pour désigner la « préposée » devant s’acquitter de sa tâche qui consiste en la collecte d’argent. « Les capitaux » seront  remis en fin de journée,  aux «encadreurs », des véritables maquereaux, membres de filières ou de réseaux de mafieux, des individus sans scrupules, des vampires, qui exploitent sans vergogne des femmes de tout âge. « Convaincre, voire obliger, les gens à donner l’argent, est leur dada. Elles savent pleurnicher supplier d’une manière à vous donner la chair de poule, changer de voix et de look là où il faut et au moment qu’il faut. » a tenu à témoigner l’un des gérants des kiosques du Cours de la Révolution.  Ces « fourmis », sont classées en fonction de leur physionomie.  Les belles femmes parmi cette communauté de mendiantes  sont affectées  pour couvrir le Cours de la Révolution. Quant aux   missions  ingrates, elles sont dévolues aux autres catégories d’âges. Celles en « faction » devant les mosquées et les cimetières ont la quarantaine ou la cinquantaine d’années, alors que les « grand-mères » occupent  les alentours des écoles, des hôpitaux et polycliniques, ainsi que les squares et les marchés, à l’image  du grand souk  d’El-Hattab. A la fin de la journée de « travail », ces « encadreurs » viennent rassembler leurs « protégées ». La question se pose, alors, avec acuité et s’impose avec évidence pour savoir, si ces mendiantes, le jour, ne sont pas astreintes à une autre besogne, après avoir désertées la cité ? Car se pourrait-il que les ladres de cette  toile d’araignée  tissée autour de la ville d’Annaba, puissent se contenter seulement de la « recette » glanée durant le jour ; et pourquoi ne pas tirer profit, également, de la vie nocturne ? L’avidité et la cupidité sont dans ce cas précis, intimement proches du crime que du délit…

L'Est republicain  - 29 avril 2014 - B. Salah-Eddine