"Ils sont plus de 140 à retirer les formulaires de candidature "

"30 Jan 2019/Rédac/E.R" "Ils sont désormais plus de 140 personnes, pour la plupart d’illustres inconnus, pour ne pas les qualifier autrement, à saisir l’opportunité que leur offre la Constitution. Tous savent qu’ils n’ont aucune chance de réunir les 60 000 souscriptions exigées par la loi, mais qu’à cela ne tienne, ils auront réussi, entretemps, à faire parler d’eux. Si les formulaires de candidature à l’élection présidentielle étaient payants ; 1 dinar le formulaire à titre d’exemple, plus de la moitié de ces personnages au profil psychologique flou, n’auraient pas fait le déplacement jusqu’au ministère de l’Intérieur, pour annoncer leur intention de participer à la course vers El Mouradia. Il ne faut surtout pas croire que ces « phénomènes » sont dénués de toute raison. Le penser, c’est manquer gravement de lucidité. Tous ces gens, qui font « rire » sont autant d’interpellations, apostrophant aussi bien les pouvoirs publics que le peuple dans toute sa diversité. Chacun d’eux sait pertinemment qu’il a une chance sur un milliard d’atteindre la dernière étape d’une démarche aux besoins logistiques énormes. Mais cela ne l’a pas empêché pour autant d’introduire le burlesque à la politique. Toutes ces scènes que certaines chaînes de télévision nous ont montrées ont quelque chose de dramatique ; sauf que peu d’Algériens ne s’en rendent comptent. Elles illustrent parfaitement la dévalorisation de la pratique politique en général et les opérations électorales en particulier. Les élections en Algérie ont perdu tout leur sens, et ce qu’on voit aujourd’hui n’est que le résultat logique de la régression qui a touché tous les secteurs sans exception. Le spectacle de ces candidats à la candidature est certes affligeant à tous points de vue, mais il nous renseigne sur le moral d’une société en perte de vitesse, qui ne croit plus à rien. Invité hier au forum hebdomadaire d’El Moudjahid, Abdelouahab Derbal n’a rien déclaré d’anormal à travers cette profusion de candidats à la candidature. Sa réponse fut d’une candeur exceptionnelle ! « La loi garantit le droit à la candidature à tous les Algériens répondant aux conditions requises », estimant que ce nombre important constituait « un pas positif qui signifie que le citoyen est libre » de se présenter à l’élection. Abdelouahab Derbal aurait dû entendre certains candidats à la candidature pour constater que « le verre n’est pas à moitié plein ». D’un autre côté, il faut se rendre à l’évidence, en reconnaissant que la profusion de candidats à la candidature a été générée par une classe politique défaillante sur tous les plans".