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"Décryptage. Le faux départ de juillet 1962 à la place de l’Islam : les gros ratages de l’Algérie post-indépe

Publié le 30/05/2019
"ALGERIE PART" Par La Rédaction - 30/05/2019  "Décryptage. Le faux départ de juillet 1962 à la place de l’Islam : les gros ratages de l’Algérie post indépendance, Ce qui se passe depuis le 22 février est à la fois porteur d’espérance mais aussi d’inquiétude. Le peuple s’exprime de fort belle manière chaque vendredi. Cependant cette situation donne l’impression que jouer la montre en misant sur l’essoufflement des jeunes est dangereux. Les Algériennes et Algériens pensent à juste titre que le système doit partir et il ne se contentera pas de décisions cosmétiques. L’honnêteté commande toutefois de souligner qu’apparemment nos élites dirigeantes peinent à proposer un Plan B alors que maintenant il est avéré que rester dans la constitution n’aboutira à rien de tangible avec 70 candidats illustres inconnus avec pour viatique quelques capacités de nuisance qui ne font plus illusion. En fait nous donnons l’impression de nous installer dans les temps morts. Chaque semaine des records de manifestation sont battus prouvant que l’engagement pour une Algérie du futur débarrassée de celles et ceux qui lui ont fait tant de mal est entier. Une Algérie qui donne de la dignité à ses enfants et les protège. Voulons-nous retourner aux années de plomb façon décennie noire ou leur équivalent de la double décennie de la honte qui a suivi. Faisant de ces trente dernières années les pires années subies par le peuple ? N’est-il pas venu le moment de voter pour la vérité celle d’un cap vers le futur dans une Algérie qui évite les écueils du déchirement car les vents mauvais soufflent et chacun y va de sa partition ? Le moment est plus que jamais venu de faire l’anamnèse dans le calme et la sérénité en revenant dans un premier temps aux causes du faux départ de 1962. Faux départ qui a fait détourner le fleuve selon la belle expression de Rachid Mimouni. Dans cette contribution et sans faire de procès nous allons expliquer que la marche de la révolution aurait pu être tout autre si les dispositions de la Plate-forme du Congrès de la Soummam conçus par Abane Ramdane et Larbi Ben Mhidi, ont été appliquées. Deux grandes décisions ont été prises : Primauté de l’intérieur (ceux qui se battent in situ) sur l’extérieur (ceux qui sont au Caire). Primauté du politique sur le militaire. À bien des égards le Congrès de la Soummam contient en creux les grandes lignes de la future constitution post indépendance. On sait comment tout cela fut torpillé à partir du Congrès de Tripoli qui ne termina jamais ces travaux. Le faux départ de juillet 1962 Quelques jours après l’indépendance, Ben Bella et Boumediene foncent sur Alger avec une force de frappe en canons qui n’avaient pas servi contre l’adversaire mais qui ont pris du service contre les moudjahed qui n’avaient que leur courage pour se battre. Ce sera le fameux « seb’a sinine barakat » « Sept ans cela suffit ! » On connait la suite un pouvoir sans partage, une constitution adoptée à la hussarde comme l’a dénoncé Ferhat Abbas dans sa fameuse lettre de démission de la présidence de l’assemblée. Un FLN qui avait terminé sa mission historique mais qui fut annexé pour être au service des gouvernants. Dès le départ est sans être des stratèges le peuple a eu l’intuition que l’Algérie avait fausse route. Des proverbes du terroir permettent de s’en rendre compte : Le premier et le plus courant : « Rakba maila » « la monture a été mal opérée ». Ce proverbe a d’ailleurs été repris par le commandant Azzedine dans une interview où il raconte l’analogie du faux départ de l’Algérie avec l’histoire d’une vieille dame à qui on est venu annoncer : « Votre fils est tombé de cheval. Je le savais, aurait-elle répondu « kichaftou rah, kanate arrakaba maila ! », « depuis le départ, j’ai vue qu’il avait mal monté le cheval ». Pour les anciens, quand on monte mal à cheval, il ne faut surout pas s’accrocher, il faut redescendre bien sangler le cheval et remonter. Ce que n’ont pas fait les dirigeants algériens s’accrochant à tout prix pendant 57 ans jusqu’à ce jour béni du 22 février 2019 où les Algériennes et les Algériens se sont dressés contre cette double décennie du mépris pour dire cela suffit ! nous voulons un nouveau départ ! Ce faux départ de l’Algérie est-ce une singularité ? On sait que la décennie des années 60 a vu l’Afrique se libérer du joug colonial. Il faut bien en convenir les décolonisations furent bâclées. La grande faute est celle des dirigeants enivrés par le pouvoir qu’il faut arracher d’une façon illégale et s’y installe pour l’éternité. Généralement l’indépendance acquise, les peuples colonisés changent de tyrans passant du pouvoir colonial à la confiscation du pouvoir par des élites militaires soutenues par les anciennes puissances coloniales. L’ordre colonial se perpétue sous un autre mode. L’exploitation des richesses de ces pays devient une chasse gardée des anciennes puissances coloniales. La légitimité des présidents pour la plupart avec une tentation d’un pouvoir à vie – l’alternance se fait généralement par l’émeute – est donnée par l’extérieur. Il en est ainsi de la plupart des pays africains. L’Algérie n’échappe pas à la règle. Pourtant deux pays ont su intelligemment négocier le virage de l’indépendance en ne vidant pas le pays de ses élites européennes. Il s’agit de l’Afrique du Sud et à un degré moindre la Tunisie. Pourtant l’Algérie avait avec le texte fondateur de la Plate-forme de la Soummam réalisée dans des circonstances extraordinaires – en pleine guerre – les attributs nécessaires pour l’émergence de la démocratie, des droits de l’homme et aussi de l’alternance. Cette dernière ayant été rayée des façons de faire des gouvernants. Résultat des courses dans les pays africains, l’alternance se fait par la mort naturelle du tyran ou par l’émeute. Le Congrès de la Soummam Justement, les évènements post indépendance auraient pu avoir un autre cours si les dirigeants avaient appliqué les dispositions généreuses de la Plateforme de la Soummam. En effet, les dispositions arrêtées permettaient de donner une visibilité au combat mais aussi préparaient l’après indépendance. Que prônait le Congrès de la Soummam ? Ce fut comme l’écrit le Huffington Post, une « Victoire historique », « acte fondateur de l’État algérien moderne », le congrès de la Soummam « avait donné de la force à la révolution nationale » du 1e novembre 1954, La réunion présidée par Larbi Ben M’hidi et rapportée par le secrétaire du congrès Abane Ramdane, a abouti à quatre décisions importantes, l’adoption de la plate-forme qui contient les objectifs de la révolution, l’organisation de l’Armée de libération nationale (ALN) avec des grades, des règles de promotion et de conduite et le découpage militaire de l’Algérie en 6 wilayas. Mais la plus importante des décisions de ce congrès a été la création de deux organes de commandement de la révolution : le Comité de coordination et d’exécution (CCE), qui est un gouvernement de guerre, et le Conseil National de la Révolution Algérienne (CNRA), qui est une sorte d’assemblée nationale composée de 34 personnes[1]. L’armée de Libération Nationale L’une des décisions majeures qui si elle avait été appliquée aurait pu nous inviter les errements post indépendances qui se sont soldés par une course au pouvoir et par le refus de l’alternance. Nous lisons cette mise en garde : « Dans un délai extrêmement court, le FLN a réussi le tour de force de supplanter tous les partis politiques existants depuis des dizaines d’années. C’est une lutte nationale pour détruire le régime anarchique de la colonisation et non une guerre religieuse. C’est une marche en avant dans le sens historique de l’humanité et non un retour vers le féodalisme. C’est enfin la lutte pour la renaissance d’un État algérien sous la forme d’une république démocratique et sociale et non la restauration d’une monarchie ou d’une théocratie révolues »[2]. La jeunesse et la femme : Un hommage particulier Dans la plateforme, une mention particulière a été faite à la jeunesse seul moteur de la pérennité du peuple. De plus la place de la femme est saluée et reconnue comme partie prenante dans la lutte. Ce qui détone avec la régression bien plus tard avec le sort de la femme dans sa lutte pour l’émancipation. Dans la plateforme nous lisions : « La jeunesse algérienne a les qualités naturelles de dynamisme, de dévouement et d’héroïsme. De plus, elle se caractérise par un fait rare. Très nombreuse, elle représente près de la moitié de la population totale. C’est donc pour le FLN un levier inflexible d’une puissance et d’une résistance formidables. Le ralliement des intellectuels à la patrie algérienne, le fait que la « francisation » n’a pas réussi à étouffer leur conscience nationale, la rupture avec les positions idéalistes individualistes ou réformistes, sont les preuves d’une saine orientation politique. (…) Nous saluons avec émotion, avec admiration, l’exaltant courage révolutionnaire des jeunes filles et des jeunes femmes, des épouses et des mères ; de toutes nos sœurs « moudjahidate » qui participent activement, et parfois les armes à la main, à la lutte sacrée pour la libération de la Patrie »[3]. La place de la langue arabe et de l’islam Les rédacteurs ont tenu à situer les enjeux culturels dans l’Algérie indépendante : « La langue arabe, langue nationale de l’immense majorité, a été systématiquement étouffée. Son enseignement supérieur a disparu dès la conquête par la dispersion des maîtres et des élèves, la fermeture des universités, la destruction des bibliothèques, le vol des donations pieuses. La religion islamique est bafouée, son personnel est domestiqué, choisi et payé par l’administration colonialiste. L’impérialisme français a combattu le mouvement progressiste des ouléma pour donner son appui total au maraboutisme » (2). Le rêve maghrébin « (…) L’Algérie libre et indépendante, brisant le colonialisme racial fondé sur l’arbitraire colonial, développera sur des bases nouvelles l’unité et la fraternité de la Nation algérienne dont la renaissance fera rayonner sa resplendissante originalité. L’Afrique du Nord est un Tout par : La géographie, l’histoire, la langue, la civilisation, le devenir. Notre destin est plus que jamais maghrébin et nous avons tout intérêt à tout faire pour contribuer à l’avènement de l’unité maghrébine La Révolution algérienne, malgré les calomnies de la propagande colonialiste, est un combat patriotique Elle n’est inféodée ni au Caire ni à Londres ni à Moscou ni à Washington. Elle s’inscrit dans le cours normal de l’évolution historique de l’humanité qui n’admet plus l’existence de nations captives. Le manque de hardiesse [vis-à-vis de la cause algérienne à l’ONU ndlr] était déterminé par l’attitude des pays arabes en général et de l’Egypte en particulier. Leur soutien à la lutte du peuple algérien demeurait limité » (3). 20 Aout 1956, lors du congrès de la Soummam à Ifri Ouzellaguen La citoyenneté dans l’Algérie indépendante La notion de citoyenneté dans l’Algérie indépendante était une préoccupation permanente de la Révolution. Ainsi aussi bien au début de la guerre lors du congrès de la Soummam, puis tout au long de la guerre, le FLN et plus tard le GPRA ont tenu à expliquer les enjeux : l’ennemi est le système colonial. Ainsi le Congrès de la Soummam a tenu à préciser la justesse du combat par les termes suivants : « La doctrine est claire. Le but à atteindre, c’est l’indépendance nationale. La lutte engagée est une « lutte pour la renaissance d’un État algérien sous la forme d’une République démocratique et sociale … garantissant une véritable égalité entre tous les citoyens d’une même patrie, sans discrimination. La ligne de démarcation de la Révolution ne passe pas entre les communautés religieuses qui peuplent l’Algérie, mais entre d’une part, les partisans de la liberté, de la justice, de la dignité humaine, et, d’autre part, les colonialistes et leurs soutiens, quelle que soit leur religion ou leur condition sociale »[4]. Durant tout le déroulement de la révolution le FLN a multiplié les avances et les assurances vis à vis des Européens d’Algérie, il déclare notamment en janvier 1961 : « La citoyenneté Algérienne signifie que l’Algérie de souche Européenne aura les mêmes droits et les mêmes devoirs que l’Algérien de souche autochtone, sur les plans politiques et civique dans le cadre d’un état Algérien unitaire (notamment droits de vote, d’éligibilité… Cela n’implique pas la négation des caractéristiques culturelles spirituelles et morales des Algériens de souche Européenne » (4). S’agissant des Juifs d’Algérie très anciens en Algérie, ils n’étaient pas traités comme des envahisseurs coloniaux : Le FLN avait appelé les Juifs algériens à rejoindre la Révolution dans cet appel suivant : « On sait que le FLN historique avait toujours considéré les juifs d’Algérie comme citoyens algériens à part entière, comme l’atteste un document rare, signé par Krim Belkacem, ministre des Forces armées et vice-président du GPRA. (…) Dans cet appel le GPRA exhorte les juifs algériens à participer à la libération du pays, qui est le leur, et surtout à éviter les pièges de l’OAS. L’indépendance de l’Algérie est proche. L’Algérie est la patrie de tous les Algériens, sans distinction de confession. Vous êtes des Algériens au même titre que les autres citoyens algériens. L’Algérie indépendante restera votre patrie Le F.L.N. pense inhumain et irréaliste de ne pas tenir compte de ce qui « qui correspond à un sentiment d’attachement à la terre dans ce qu’il y a d’humain et d’authentique ». On peut donc avancer avec raison que toutes les hypothèses de l’Algérie indépendante incluaient la participation à la reconstruction d’une grande partie des Européens d’Algérie. Les événements des derniers mois de la guerre avec la politique de la terre brûlée de l’OAS ont fait définitivement basculer dans l’exode le petit peuple Européen avec son cortège de déchirements et de tragédies[5]. Enfin Le Gouvernement provisoire de la République algérienne : « vous garantit votre avenir ainsi que celui de vos enfant ». Dans une lettre au grand Rabbin et membre de la communauté israélite d’Algérie, daté du 1er octobre 1956, le FLN estimait déjà que : « Le moment est venu où chaque Algérien d’origine israélite, à la lumière de sa propre expérience, doit sans aucune équivoque prendre parti dans cette grande bataille historique »[6]. Ce qui aurait pu se passer à l’indépendance On sait que dans les Accords d’Evian n’avaient pas prévu un exode aussi brutal. De fait tout s’est joué pendant les trois mois à partir du 19 mars 1962. Cela ne veut surtout pas dire que la situation du chaos n’était que le fait des Algériens, il eut comme on sait une politique de la terre brûlée qui a tout fait pour élargir le fossé entre les communautés. Il faut aussi et par honnêteté ajouter les marsiens révolutionnaires de la vingt cinquième heure qui à des degrés moindres ont procédé à des purges contre les harkis et ceci loin cependant des chiffres annoncés. La meilleure preuve beaucoup de harkis sont restés, ils ont été pour la plupart arrêtés mis en prison puis relâchés après. Pour appuyer cette vision de l’intérêt supérieur du pays et non la vision étriquée qui a stérilisé les apports non négligeables il eut fallu prendre une autre voie. L’écrivain Amine Maalouf membre de l’Académie française, écrit dans son dernier ouvrage : « Le naufrage des civilisations » que beaucoup de pays ont pu se développer quand ils ont fait preuve de lucidité pour rassembler les ethnies qui vivaient à un moment donné de l’histoire en bonne intelligence dans le même pays où ils sont nés ou ils ont eu des projets de vie de convivialité. Il prend l’exemple de l’Egypte des années 30-40 qui avait réussi à être la référence en matière de culture multiforme (littérature, théâtre, chant…) et même presse. L’avènement de Nasser et la Révolution du 23 juillet 1953 a mis fin à cet état de coexistence pacifique des différents apports constitués par des ethnies qui avaient en commun l’amour de la liberté, la liberté d’expression et la beauté de la langue arabe. Sa réflexion un peu nostalgique l’amène à avancer que les choses auraient pu se passer autrement. « Je suis persuadé, écrit-il, que la bonne attitude en la matière c’est celle qu’a adoptée un autre grand dirigeant du continent africain : Nelson Mandela. Quand après avoir passé 26 ans de sa vie dans les geôles du régime ségrégationniste , il était sorti triomphant et s’était retrouvé président de l’Afrique du Sud , il ne s’est pas demandé si les Blancs l’avaient soutenu lors du combat pour la libération : S’ils s’étaient départis de leur arrogance de colons et de leur sentiment de supériorité ; s’ils avaient su s’intégrer à la population locale dans un respect de fraternité et ; et s’ils avaient donc mérité de faire partie de la nouvelle nation[7]. A chacune de ces questions la réponse aurait été « non » Mais Mandela s’est bien gardé de les poser ; C’est une toute autre interrogation qu’il avait à l’esprit. Mon pays se porterait il mieux si les Afrikaners y restaient au lieu de s’en aller ? Et la réponse lui paraissait évidente : pour la stabilité de l’Afrique du Sud, pour sa santé économique, pour le bon fonctionnement de ses institutions, pour son image dans le monde, il valait mieux retenir la minorité blanche quel qu’ait pu être son comportement jusque-là. Et le nouveau président fit ce qu’il fallait pour encourager ses ennemis d’hier à ne pas déserter son pays (7). Ce fut aussi le cas poursuit Amine Maalouf de Louis XIV lorsqu’il révoqua en 1685, l’Edit de Nantes. Les protestants huguenots furent accueillis dans les capitales européennes où ils contribuèrent grandement à la prospérité d’Amsterdam, Londres et Berlin… On pourrait dire exactement la même chose de l’expulsion des musulmans et des juifs par les rois catholiques au lendemain de la prise de Grenade en 1492. A cause de cette mesure dictée par l’intolérance et la suffisance, l’Espagne se verra incapable de tirer les bénéfices de sa conquête des Amériques ; Elle mettra 500 ans à rattraper son retard sur les autres nations européennes (7). Tout au long de l’histoire, poursuit Amine Maalouf, les expulsions massives qu’elles paraissent justifiées, légitimes ou pas, ont généralement nui à ceux qui sont restés bien plus qu’à ceux qui ont été chassés. (…) Ce n’est pas un hasard si la nation la plus puissante de la planète à savoir les Etats Unis, s’est fait une spécialité d’accueillir des vagues successives de bannis d’expulsés… de juifs, de puritains anglais des rescapés des révolutions , russe, chinoise cubaine, iranienne, sans oublier les protestants de France. Chez le président Franklin Delanöe Roosevelt, le nom central est celui d’un ancêtre huguenot qui s’appelait originellement De Lannoy » (7). Ensuite, un passage émouvant que je vois comme un plaidoyer de ceux qui ne sont pas de souche. Il écrit : « (…) Je voudrais m’arrêter sur la question des populations perçues comme « allogènes » et de la fonction qu’elles peuvent remplir auprès des sociétés où elles vivent. (…) Le ressentiment que les peuples colonisés éprouvent envers leurs colonisateurs est compréhensible et il est normal qu’il s’accompagne de méfiance et même d’hostilité envers ceux qui furent les alliés ou les protégés des anciens maitres. Néanmoins l’histoire des dernières décennies nous apprend que très vite après le combat pour la libération, arrive le combat pour le développement et la modernisation. Dans cette nouvelle phase la présence d’une population qualifiée ayant un accès immédiat aux sociétés industrialisées est un atout irremplaçable On pourrait comparer cet accès à une artère liant la jeune nation .au cœur du monde développé. Couper cette artère est absurde, c’est une auto- mutilation et quasiment un suicide. Que de pays ne s’en sont jamais remis ! » (7) L’académicien Amine Maalouf admet qu’il y ait du ressentiment en invitant à le surmonter : « L’hostilité et la méfiance sont compréhensibles au sortir d’un combat éprouvant. Mais un grand dirigeant se doit d’être à la fois visionnaire et pragmatique. Il doit savoir s’élever au-dessus des ressentiments épidermiques pour expliquer à ses camarades de lutte et à ses compatriotes que les priorités ont changé et que certains ennemis farouches d’hier sont devenus à l’instant de la victoire des partenaires précieux en raison de leur proximité avec le centre économique et intellectuel de la planète et aussi parce qu’ils possèdent un savoir-faire irremplaçable ». (7) Dans le même ordre justement, Invictus le film de Clint Eastwood en 2010 résume aussi assez bien cela. En 1994, l’élection de Nelson Mandela consacre la fin de l’Apartheid, mais l’Afrique du Sud reste une nation profondément divisée sur le plan racial et économique. Pour unifier le pays et donner à chaque citoyen un motif de fierté, Mandela mise sur le sport, et fait cause commune avec le capitaine de la modeste équipe de rugby sud-africaine. Leur pari : se présenter au Championnat du Monde 1995 qu’ils réussirent à gagner. L’interprétation de Nelson Mandela par Morgan Freeman est excellente ! L’émotion est très présente et atteint son point culminant lors du match de finale on vibre complètement à l’unisson avec les joueurs et le public Le rugby servira de ciment social et contribuera aussi à une réconciliation des Sud-Africains… Il fallait être Nelson Mandela pour y croire ! Il en sera de même de Bourguiba le président tunisien qui mena plusieurs combats en ayant en tête un seul mot d’ordre le bonheur de la Tunisie. Il sut, ainsi, garder les élites coloniales et faire en sorte que l’indépendance ne soit pas le signe de chaos. Ce visionnaire a su faire les réformes qui ont vu de nos jours la Tunisie de 2019 se tourner résolument vers un État de droit allant même jusqu’à confier un portefeuille ministériel à un tunisien de confession juive et pas n’importe quel ministère ! Celui du tourisme dont on sait qu’il prend une part importante du budget de fonctionnement. On l’aura compris, l’Algérie n’a pas eu son Mandela. À l’indépendance ce fut le chaos et l’Algérie eut toute les peines du monde à démarrer. La rentrée scolaire se fit en catastrophe avec les rares européens restés, les Algériens. C’est de là que le tournant vers l’approximation s’imposa. S’âgissant de l’éducation, le président Ben Bella fit appel à la coopération de nos « frères égyptiens, irakiens, syriens ». Nous eûmes alors des cohortes de personnes qui n’avaient qu’un lien lointain avec l’enseignement. Nous eûmes aussi des coopérants des pays de l’Est qui enseignèrent dans le secondaire et le supérieur. Bref plus de vingt nations participaient chacune à sa façon à formater le cerveau de l’enfant algérien. Quant à l’industrialisation nous sommes partis pratiquement de zéro. Nous avons maladroitement détricoté ce qui aurait pu perdurer et rendre service au pays sous le seul prétexte que c’est le colonialisme. La force a primé sur l’intelligence ! L’idéologie sur le réalisme. Le niveau intellectuel des dirigeants étant globalement médiocre. Les rares élites compétentes ont été marginalisées ! La députée du FFS Salima Ghazali dans une lettre adressée au général major vice-ministre de défense, revient sur les décisions du Congrès de la Soummam et en appel à s’inspirer dans l’Algérie actuelle : « Si le Congrès de la Soummam, dont la majorité des congressistes étaient des « militaires », a éprouvé le besoin de préciser la primauté du politique sur le militaire, c’était pour prémunir la cause nationale des dérives intempestives que des soldats, certains valeureux sur le terrain de la guerre physique et des manœuvres tactiques mais limités politiquement et totalement incapables de saisir les enjeux stratégiques de la lutte, pouvaient occasionner pour des besoins de pouvoir personnel ou d’ambitions démesurées. (…) Voilà où nous a conduit le système. (…) Il ne reste, pour ceux que le sort du pays intéresse, qu’à reprendre les idéaux patriotiques là où ils ont été abandonnés en même temps que la Plate-forme de la Soummam et passer de manière ordonnée à la deuxième République. Ou se condamner à, tôt ou tard, repasser par la case 1er Novembre »[8]. Conclusion Pour construire le futur dans le cadre de cette deuxième république que nous appelons de nos vœux et à défaut de revivre le passé, nous devons en tirer les leçons dans notre rapport au monde dans ce XXIe siècle de tous les dangers. Nous devrons procéder à une déconstruction sans état d’âme de tout ce qui n’a pas marché, tenir compte de l’environnement international en continuelle reconfiguration où les ennemis d’hier sont les amis d’aujourd’hui. La citation de Winston Churchill parait tout à fait appropriée. Avec un projet de société rassembleur nous donnerons au bonheur du vivre ensemble une signification pérenne et ce qui s’est passé depuis le 22 février concernant le potentiel de notre pays autorise toutes les espérances. Le peuple algérien « vacciné » contre les « ismes », socialisme de la mamelle, islamisme, capitalisme sauvage, et plus généralement dirigisme, souhaite être acteur de son destin. Nous sommes prêts d’y réussir avec la bonne volonté de chacun et la générosité de certains anciens dirigeants qui peuvent par leur intégrité morale diriger cette transition d’ici la fin de l’année qui permettrait l’élection du président et enfin l’avènement d’une deuxième république de nos rêves où la liberté, la démocratie, l’alternance, seraient gravées dans le marbre de la future Constitution. Ne perdons pas de temps !".
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