"Tourner en rond"

"L Q O"25/11/2019 par A. Wali "dTourner en rond "Ils sont partout. Ils font l'unanimité..., même parfois contre eux. Ils peuvent même renverser des gouvernements. Leur atout : disposer du plus grand réseau de communication du monde, gratuit et assurant l'anonymat. Les réseaux sociaux, devenus l'ennemi numéro un des pouvoirs autoritaires, sont craints même dans les pays dits démocratiques. Les contestations de masse, particulièrement dans les pays arabes, permettent de juger de l'étendue du pouvoir de la Toile. Des voix inarrêtables : on ne peut réprimer un pouvoir virtuel ! Alors, les détenteurs du «vrai» pouvoir crient au loup: main étrangère, complot, déstabilisation… Mais en vain, parce que quand la parole et les espaces d'expression traditionnels sont confisqués, la contestation, élément fondamental dans toute société normale, n'a d'autre choix que de migrer vers la Toile où ces voix discordantes, qui jurent de vouloir empêcher l'unilatéralité et participer à faire avancer les choses, peuvent s'exprimer. Cela prend des proportions d'autant importantes que le champ des libertés se rétrécit un peu partout dans le monde. Si cette appropriation du cyberespace est salutaire, car constituant une soupape permettant d'éviter une implosion tragique, il n'en demeure pas moins que le déferlement de haine et les manipulations multiples sur la Toile posent problème. Si bien que la question commence à susciter quelques appréhensions y compris en Occident. Des initiatives voient même le jour pour contrer les « abus croissants sur le Net ». Et là aussi, à n'en point douter, il y aura encore des… abus. On sait que les géants du Net, qui brassent des milliards de dollars, ont leurs propres motivations, financières avant tout. Les Etats censés réguler le numérique ont aussi leurs points de vue et leurs priorités. Dernièrement, le pays de Trump a décidé de sanctionner un ministre iranien (dont le pays fait pourtant l'objet de sanctions US sans pareilles) pour avoir censuré internet alors que ce pays était confronté à un violent mouvement de contestation ! Pourtant, les mêmes Américains veulent par exemple la peau d'un célèbre cyber-militant pour avoir divulgué des infos sur le Net. Donc, autant dire qu'on n'est pas sorti de l'auberge et que les intérêts des uns et des autres continueront à justifier tous les dépassements. Dans les pays arabes, le fossé ne cesse de se creuser entre gouvernants et gouvernés. Et c'est tout naturellement que les réseaux sociaux deviennent le parti le plus légitime, sinon le seul. Ce qui n'est pas sans poser une série de problèmes".