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"Une contribution de Driss Al-Djazaïri – Le Hirak requiert sagesse et modération"

Publié le 28/02/2020
"Algérie patriotique"février 28, 2020 - 8:26" Une contribution de Driss Al-Djazaïri – Le Hirak requiert sagesse et modération"Le défunt Driss Al-Djazaïri nous a adressé, le 28 mai 2019, la version française d’une tribune parue dans un quotidien arabophone. Un apport opportun au débat dans ce contexte marqué par une crise dont les perspectives ne sont pas claires, à travers une initiative signée par une personnalité respectée tant en Algérie qu’à l’étranger. Par Driss Al-Djazaïri – Pouvoir combattre pour une cause requiert du courage, savoir la gagner requiert de la sagesse et de la modération. Avec le temps qui passe, ponctué par le grand Hirak national et par ses segments professionnels et estudiantins, l’invocation rituelle de la sortie de crise, en prenant comme fil d’Ariane l’article 102 de la Constitution, perd du terrain en fonction inverse de la cadence de ses réaffirmations officielles. Parallèlement, le voile se lève sur la réaffirmation des articles 7 et 8 de la Constitution qui figurent d’ailleurs avant le reste de ces articles justement parce qu’ils ont la préséance. On voit donc se dessiner très distinctement cet organe de transition d’une durée d’un an, composé de femmes et d’hommes d’une compétence reconnue, soucieux de servir notre pays plutôt que de se servir, tout en s’engageant à ne solliciter aucun mandat électif ou poste ministériel par la suite et n’ayant pas eu d’association directe avec le pouvoir au cours des cinq dernières années. Durant cette année seraient mises en place les conditions pour un retour à la démocratie participative et populaire, permettant de tracer notre destin commun par la seule voie des urnes à tous les niveaux de représentation, tant pour la présidence de la République que pour les instances représentatives nationales et locales. Cette instance gérera également les affaires courantes des différents départements ministériels. Quoi qu’on dise, ceci semble être le couronnement inéluctable de l’évolution en cours que l’on doit au courage et à la détermination de notre vaillant peuple. Et qu’on devra aussi à l’acceptation qu’on attend de l’Armée nationale populaire de laisser, enfin, prévaloir les articles 7 et 8 de la Constitution. Jamais n’aura-t-elle tant mérité, dès lors, ce vocable de «populaire», entrant dans l’Histoire par son exemplarité en tant qu’élément déterminant du retour à la démocratie. Cependant, savoir gagner durablement et faire triompher cette grande cause requiert aussi sagesse et modération. Plutôt que de minimiser les perspectives d’un dialogue avec la «rue», j’entrevois un appel à consultation sur cet organe de transition. L’appel serait public et pourrait concerner des animateurs sur la base de zones géographiques ou des segments d’activités qui constituent le hirak, qu’il s’agisse d’associations professionnelles et estudiantines, et aussi de partis politiques petits et grands, à désigner des représentants pour initier un processus de consultation auquel seraient ajoutées d’un commun accord des personnes qualifiées dans les compétences et expérimentées. L’appel contiendrait un schéma/projet d’organe de transition établissant sa durée, son mandat et le nombre de positions dont les listes nominatives seraient négociées par la suite et déterminées par consensus dans toute la mesure du possible. Lorsqu’il sera approuvé, cet organe de transition avec une direction collective devrait prendre la place du gouvernement nommé par l’ancien Président avant sa démission. Le principe républicain de la séparation des pouvoirs entrerait en vigueur aussitôt dans la pratique et non plus seulement dans la rhétorique. La revendication d’exclusion serait limitée aux personnes directement impliquées dans l’exercice du pouvoir en reconnaissance du fait, comme disait Einstein : «On ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés.» En cas de contestation, aucune exclusion, sauf condamnation pénale, ne frapperait des personnes non associées avec le pouvoir civil depuis plus de cinq ans. En effet, ceux qui sont descendus dans la rue l’ont fait pour protester contre les exclusions passées, appliquées sans discernement, qui ont poussé tant de «harragas» et autres marginalisés à aller chercher fortune ailleurs. Ce ne sont pas eux qui vont vouloir faire aux autres ce qu’ils reprochent au pouvoir civil d’avoir fait trop longtemps à leur encontre. Nul ayant servi loyalement son pays, même sous un pouvoir défaillant, ne devrait en pâtir. L’histoire abonde de cas où lors de la survenue d’une révolution, des segments entiers de la société sont pourchassés, condamnant le pays à une régression économique et sociale durable et accélérant le départ à l’étranger de cadres talentueux. Plus proche de notre époque, l’Administration américaine, après son invasion de l’Irak il y a dix-huit ans, a décidé d’exclure tous les cadres du pays ayant travaillé de près ou de loin avec le régime de Saddam Hussein. Il en est résulté une régression dont l’Irak souffre encore aujourd’hui. Le mérite de la direction politique au cours des deux derniers mandats présidentiels est d’avoir fait l’unité des Algériens… contre le pouvoir. Cette unité dans le refus, que nous avons payée cher, nous devons tout faire pour la préserver dans ce qui sera bientôt la phase d’édification démocratique. Un processus qui devra se poursuivre dans la sérénité de notre unité retrouvée, dans la recherche inlassable du consensus, dans l’acceptation du compromis, dans l’évacuation de tout esprit de vengeance et dans l’évitement du recours au règlement de comptes. Il faut refuser d’accréditer l’idée qu’une décision d’agir contre «X» ou «Y» vaut succédané de stratégie de sortie de crise. C’est en priorité à l’élaboration d’une véritable stratégie en la matière que devra se consacrer l’organe de transition. Il appartiendra, par contre, aux institutions judiciaires libérées de toute sujétion politique de réprimer les abus perpétrés, la lutte contre de tels abus, y compris la corruption endémique, devant demeurer une affaire judiciaire et non politique. C’est le moment d’affirmer que la modération est force et courage pour ceux qui ont subi l’injustice. Mais c’est aussi une des grandes vertus traditionnelles de l’islam qui prône la «wassatia». D. A.-D.
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"Le défunt Driss Al-Djazaïri nous a adressé, le 28 mai 2019, la version française d’une tribune parue dans un quotidien arabophone".

Un apport opportun au débat dans ce contexte marqué par une crise dont les perspectives ne sont pas claires, à travers une initiative signée par une personnalité respectée tant en Algérie qu’à l’étranger.



Par Driss Al-Djazaïri – Pouvoir combattre pour une cause requiert du courage, savoir la gagner requiert de la sagesse et de la modération.

Avec le temps qui passe, ponctué par le grand Hirak national et par ses segments professionnels et estudiantins, l’invocation rituelle de la sortie de crise, en prenant comme fil d’Ariane l’article 102 de la Constitution, perd du terrain en fonction inverse de la cadence de ses réaffirmations officielles. Parallèlement, le voile se lève sur la réaffirmation des articles 7 et 8 de la Constitution qui figurent d’ailleurs avant le reste de ces articles justement parce qu’ils ont la préséance.

On voit donc se dessiner très distinctement cet organe de transition d’une durée d’un an, composé de femmes et d’hommes d’une compétence reconnue, soucieux de servir notre pays plutôt que de se servir, tout en s’engageant à ne solliciter aucun mandat électif ou poste ministériel par la suite et n’ayant pas eu d’association directe avec le pouvoir au cours des cinq dernières années.

Durant cette année seraient mises en place les conditions pour un retour à la démocratie participative et populaire, permettant de tracer notre destin commun par la seule voie des urnes à tous les niveaux de représentation, tant pour la présidence de la République que pour les instances représentatives nationales et locales. Cette instance gérera également les affaires courantes des différents départements ministériels.

Quoi qu’on dise, ceci semble être le couronnement inéluctable de l’évolution en cours que l’on doit au courage et à la détermination de notre vaillant peuple. Et qu’on devra aussi à l’acceptation qu’on attend de l’Armée nationale populaire de laisser, enfin, prévaloir les articles 7 et 8 de la Constitution. Jamais n’aura-t-elle tant mérité, dès lors, ce vocable de «populaire», entrant dans l’Histoire par son exemplarité en tant qu’élément déterminant du retour à la démocratie.

Cependant, savoir gagner durablement et faire triompher cette grande cause requiert aussi sagesse et modération.

Plutôt que de minimiser les perspectives d’un dialogue avec la «rue», j’entrevois un appel à consultation sur cet organe de transition. L’appel serait public et pourrait concerner des animateurs sur la base de zones géographiques ou des segments d’activités qui constituent le hirak, qu’il s’agisse d’associations professionnelles et estudiantines, et aussi de partis politiques petits et grands, à désigner des représentants pour initier un processus de consultation auquel seraient ajoutées d’un commun accord des personnes qualifiées dans les compétences et expérimentées.

L’appel contiendrait un schéma/projet d’organe de transition établissant sa durée, son mandat et le nombre de positions dont les listes nominatives seraient négociées par la suite et déterminées par consensus dans toute la mesure du possible. Lorsqu’il sera approuvé, cet organe de transition avec une direction collective devrait prendre la place du gouvernement nommé par l’ancien Président avant sa démission. Le principe républicain de la séparation des pouvoirs entrerait en vigueur aussitôt dans la pratique et non plus seulement dans la rhétorique.

La revendication d’exclusion serait limitée aux personnes directement impliquées dans l’exercice du pouvoir en reconnaissance du fait, comme disait Einstein : «On ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés.» En cas de contestation, aucune exclusion, sauf condamnation pénale, ne frapperait des personnes non associées avec le pouvoir civil depuis plus de cinq ans.

En effet, ceux qui sont descendus dans la rue l’ont fait pour protester contre les exclusions passées, appliquées sans discernement, qui ont poussé tant de «harragas» et autres marginalisés à aller chercher fortune ailleurs. Ce ne sont pas eux qui vont vouloir faire aux autres ce qu’ils reprochent au pouvoir civil d’avoir fait trop longtemps à leur encontre. Nul ayant servi loyalement son pays, même sous un pouvoir défaillant, ne devrait en pâtir.

L’histoire abonde de cas où lors de la survenue d’une révolution, des segments entiers de la société sont pourchassés, condamnant le pays à une régression économique et sociale durable et accélérant le départ à l’étranger de cadres talentueux. Plus proche de notre époque, l’Administration américaine, après son invasion de l’Irak il y a dix-huit ans, a décidé d’exclure tous les cadres du pays ayant travaillé de près ou de loin avec le régime de Saddam Hussein. Il en est résulté une régression dont l’Irak souffre encore aujourd’hui.

Le mérite de la direction politique au cours des deux derniers mandats présidentiels est d’avoir fait l’unité des Algériens… contre le pouvoir. Cette unité dans le refus, que nous avons payée cher, nous devons tout faire pour la préserver dans ce qui sera bientôt la phase d’édification démocratique. Un processus qui devra se poursuivre dans la sérénité de notre unité retrouvée, dans la recherche inlassable du consensus, dans l’acceptation du compromis, dans l’évacuation de tout esprit de vengeance et dans l’évitement du recours au règlement de comptes.

Il faut refuser d’accréditer l’idée qu’une décision d’agir contre «X» ou «Y» vaut succédané de stratégie de sortie de crise. C’est en priorité à l’élaboration d’une véritable stratégie en la matière que devra se consacrer l’organe de transition. Il appartiendra, par contre, aux institutions judiciaires libérées de toute sujétion politique de réprimer les abus perpétrés, la lutte contre de tels abus, y compris la corruption endémique, devant demeurer une affaire judiciaire et non politique.

C’est le moment d’affirmer que la modération est force et courage pour ceux qui ont subi l’injustice. Mais c’est aussi une des grandes vertus traditionnelles de l’islam qui prône la «wassatia».

D. A.-D.

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