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"M. Macron, rendez-nous Baba Merzoug ! "

Publié le 04/06/2020
"L S A"Publié par LSA le 04.06.2020 , 11h00 " Pour récupérer notre patrimoine historique, faisons tonner les canons !"M. Macron, rendez-nous Baba Merzoug !"
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Les Commentaires

"Pour récupérer notre patrimoine historique, faisons tonner les canons !"

M. Macron, rendez-nous Baba Merzoug !


Par Noureddine Khelassi
Ce n'est pas encore la réconciliation historique franco-algérienne moyennant le salut au canon, loin s’en faut ! Les relations entre l’ex-puissance coloniale et son ancienne colonie émancipée depuis 1962 traversent de nouveau une sérieuse zone de turbulences ! La récente campagne médiatique menée en France par des organes publics, en dehors de toute connexion éditoriale logique avec l’actualité, a en effet eu en Algérie l’effet de l’essence que l’on jette, délibérément ou pas, sur des braises toujours ardentes sous la cendre de la mémoire coloniale.
C’est que, cinquante-huit ans après l’indépendance, le passé colonial ne passe pas alors même que les relations entre l’ancienne puissance coloniale et sa colonie libérée suivent une courbe d’évolution en ligne sinusoïdale ! Une relation bilatérale portée par des intérêts pas toujours mutuellement bien compris. Des rapports fortement indexés sur la mémoire coloniale. L’anamnèse coloniale est à la fois une donnée de base et une variable d’ajustement dans l’histoire de la relation franco-algérienne. Tandis que les contentieux divers se nourrissent aussi de la mémoire du passé douloureux dont l’Algérie et la France n’ont pas encore fait le solde de tout compte, à l’image des deux anciennes puissances ennemies historiques que sont Paris et Berlin. Dans la panière riche des litiges bilatéraux, figure en bonne place le mythique canon algérois Baba Merzoug qui fut une terreur militaire des siècles durant en Méditerranée sous domination de la Régence d’Alger.
Dans les annales historiques de la Régence ottomane, il s’agit de cette pièce d'artillerie, unique en son genre, que la France officielle garde par devers elle et refuse obstinément de restituer à l’Algérie. La préfecture maritime de Brest n'envisage toujours pas de se séparer du célèbre canon. Et elle le répète à chaque fois : «Nous n'avons reçu à ce jour aucune demande officielle concernant le canon La Consulaire», ainsi baptisé par les Français, lors de la prise d'Alger, le 5 juillet 1830. Baba Merzoug est toujours planté au milieu d'un parking de la zone militaire du port de Brest. Son retour à l'Amirauté d’Alger, son ancien lieu d'accueil, n'est pas pour demain.
Le combat pour sa restitution, mené sans tambour ni trompette, par un comité ad hoc, créé en 1999 par le défunt historien algérois Abdelkrim Babaci, non sans discrétion, n’a jamais abouti.
Baba Merzoug, le père fortuné des Algérois qu’il protégeait en leur apportant chance et baraka, est, par certains aspects, avant d'être le combat de militants algériens de la mémoire, une histoire singulièrement bretonne. Le célèbre canon fut en effet transféré dans la capitale du Finistère par Victor-Guy Duperré, amiral en chef breton de la marine coloniale. En juillet 1830, dès les premiers jours de la chute d'Alger, le fameux canon est saisi et expédié comme précieux trophée de guerre à Brest, pour être installé dans l'arsenal militaire de la ville. «C'est la part de prise à laquelle l'armée attache le plus grand prix», écrit-il alors.
Un autre Breton, homme d'affaires de son état, milite activement depuis 2003 pour sa restitution à l'Algérie. Encouragé par le précédent du sceau du dey Hussein, remis par le président Jacques Chirac à son homologue Abdelaziz Bouteflika, Domingo Friand, passionné d'histoire, humaniste et altruiste s’il en est, a mené une campagne assidue en faveur du retour de Baba Merzoug à Alger. Il a souhaité que le canon, érigé à l'affût et à la verticale, soit transféré aux autorités algériennes. Il a promis alors une cérémonie œcuménique à Alger, avec un imam et un évêque, «en mémoire des victimes de la colonisation et en lieu et place du traité d'amitié franco-algérien qui n'a jamais été signé». Militant de l'ancienne UMP, parti du président Nicolas Sarkozy, Domingo Friand a d'abord plaidé la cause de Baba Merzoug auprès de la députée UMP du Finistère Marcelle Ramonet, qui a notamment évoqué l'affaire, en 2004, avec Alain Juppé alors ministre des Affaires étrangères. La députée a ensuite transmis le dossier à la ministre de la Défense de l'époque, Michelle Alliot-Marie, en mars 2005. Cette cacique de l'UMP a vite opposé un refus, certes poli, mais qui exhalait un parfum de la loi scélérate de février 2005 glorifiant la colonisation : «Ce canon fait partie intégrante de notre patrimoine historique de la défense (…). De plus, le personnel de la marine manifeste un attachement particulier à ce monument qui commémore la participation des marins à un épisode glorieux de l'histoire de nos armées.»

Baba Merzoug avant la Grosse Bertha
L'homme d'affaires breton a réussi par ailleurs, miraculeusement, à susciter l'intérêt de l'ambassade d'Algérie à Paris. Cette dernière a transmis le dossier au ministère de la Culture à Alger, tandis que l'Élysée «ne se dit pas opposé à une restitution, sous la forme d'un prêt à long terme».
Un bail emphytéotique gracieux et susceptible de renouvellement.
Le tenace Breton semblait s'inscrire dans l'esprit d'une pétition d'anciens officiers de l'armée coloniale qui, en 1912, réclamaient déjà le retour au bercail de Baba Merzoug.
Invité de la chaîne publique française TV5 Monde, Yves Bonnet, patron de l’ex-DST de 1982 à 1985, a déclaré qu’il a écrit à Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, pour lui demander de remettre à l’Algérie Baba Merzoug. L’ex-député, ami de l’Algérie assumé et président du Centre international de recherches et d’études sur le terrorisme et l’aide aux victimes du terrorisme (Ciret-AVT), a encore dit que ce serait de la part de l’ancien ministre de la Défense un «geste d’amitié» envers les Algériens dont «c’est le bien historique ».
Un autre ami de l’Algérie, Jean-Pierre Chevènement (ministre de la Défense, ministre de l’Intérieur et de l’Éducation), invité à un colloque sur l'Émir Abdelkader, avait plaidé, quant à lui, pour la restitution des archives coloniales. Pour ce faire, Français et Algériens doivent, selon lui, «arriver à une conscience commune». Il a même soufflé une idée pratique aux autorités de son pays : «Rien n'empêche le partage des archives, on peut même les dupliquer.» Pour le papier, ça va, mais pour un canon de 12 tonnes de bronze tel Baba Merzoug, sorti de la fonderie Dar Ennahas en 1545, au cœur même de La Casbah, c'est un peu plus compliqué ! Comme les pouvoirs publics français ne peuvent réaliser une copie conforme de Baba Merzoug que leur marine a féminisé en le baptisant La Consulaire, s'offrait donc à eux une solution plus simple que la suggestion de M. Chevènement : le restituer tout simplement à qui de droit.
Côté algérien, on sait que des amis de Baba Merzoug militent toujours pour sa restitution à l'Algérie, dans le cadre d'un comité pour le retour de ce «prisonnier de guerre». Ce comité va dans le sens de l’Histoire. Il sait que notamment Napoléon Bonaparte avait indûment subtilisé la célèbre statue d'Apollon qui se trouvait sur la place de Brandebourg à Berlin.
Le monument a quand même fini par être remis à l'Allemagne. Le combat franco-algérien pour le rapatriement de Baba Merzoug fait sens car il tire sa substance de l'histoire de ce canon à nul autre pareil, jusqu'à l'invention par les Allemands de l'extraordinaire Grosse Bertha, utilisé pendant la Première Guerre mondiale.
Son histoire propre est indissociable de celle de la Régence turque et de la colonisation de l'Algérie. Ainsi, après la reconquête d'Alger, consécutivement à la reprise du Penon aux Espagnols par Kheireddine Baba Arroudj, ce dernier, devenu souverain en 1529, entrevit la nécessité de fortifier la ville. Lui et son successeur Baba Hassan la dotent donc de forts et d'une série de puissantes batteries de marine. C'est grâce à ses travaux de génie qu'en 1541 Alger a repoussé l'impressionnante armada de Charles Quint, venu en personne récupérer ses «possessions» algériennes et venger l'humiliante défaite de sa marine, à Oran, face à Kheireddine.
En 1542, pour célébrer la fin des travaux de fortification, Baba Hassan fait fabriquer un gigantesque canon par un fondeur vénitien, long de 6,25 mètres et d'une portée de 4,872 km – exceptionnelle pour l'époque. Cette pièce est baptisée affectueusement Baba Merzoug, père fortuné et protecteur béni de la rade et de la ville. Dirigé vers la Pointe Pescade, servi par quatre artilleurs et installé entre Bordj Essardine et Bord El Goumène (goumène = câbles, amarres, cordes), Baba Merzoug interdisait à l’époque à tout navire ennemi, quelle que soit sa puissance de feu, d'accéder à la rade d'Alger. Avec ses mille pièces d'artillerie, dont le canon en chef était Baba Merzoug, Alger avait mérité donc son surnom de Mahroussa. Dormez en paix braves gens, les canons algérois tirent au loin !

Les Algériens, maîtres intraitables de la Méditerranée
Plus d’un siècle plus tard, après avoir dicté aux Hollandais et aux Anglais des pactes de non-agression, les corsaires algériens deviennent les maîtres intraitables de la Méditerranée. Cette année-là, ils capturent une frégate française et vendent son commandant comme esclave sur l'actuelle place algéroise des Martyrs. Louis XIV, le Roi-Soleil, soucieux de rester en lumière, réagit en envoyant l'amiral Abraham Duquesne à la tête d'une expédition punitive d'une centaine de navires lourdement armés. Cette fois-ci, les marins français disposaient de bombes et de boulets incendiaires. Leur puissance de feu finit par contraindre le dey à demander un armistice et l'ouverture de négociations.
L'intermédiaire français est alors le vicaire apostolique Levacher, désigné par le roi comme consul à Alger depuis 1671. Duquesne exige et obtient la libération de la plupart des captifs chrétiens. Mais c'était sans compter sur un certain Mezzo Morto, alias Hadj Hussein, riche renégat génois qui fomenta alors un complot politique, assassina Baba Hassan et ligua la population algéroise contre l'envahisseur français. L'amiral Duquesne reprend alors les bombardements. Mezzo Morto, devenu dey, inaugure en ces temps-là une méthode de représailles très expéditive et restée célèbre : le consul Levacher est introduit dans la bouche de Baba Merzoug avant que les artilleurs algériens ne fassent feu. C'est depuis ce jour que la marine française a donné le nom de La Consulaire à Baba Merzoug, en mémoire du diplomate pulvérisé.
Après lui, d'autres captifs malchanceux subirent les mêmes foudres canonnières, et la terrifiante réputation de Baba Merzoug s'en trouva d'autant plus grandie. Finalement, l'amiral Duquesne rentra bredouille en France, et la marine française rumina sa défaite… jusqu'à la conquête de l'Algérie en 1830. Le 5 juillet de cette année, après la prise d'Alger, la plupart des canons sont fondus et transformés en francs nouveaux. Mais l'amiral en chef de l'armada française, Victor-Guy Duperré, lui, n'a pas oublié Baba Merzoug, le canon de l'amertume historique de la marine française. Il le fit donc transférer en Bretagne où il est érigé, à ce jour, en colonne votive dans l'arsenal de la ville militaire de Brest, au magasin général, Quai Tourville. Aujourd'hui, les promeneurs qui empruntent le pont de La Recouvrance peuvent distinguer en surplomb le canon planté au milieu d'un parking de la zone militaire.
Les curieux découvriront alors un monument un peu piteux, l'affût recouvert d'un magma de plâtre jauni. Puis une grille rouillée autour d'un socle carré en marbre. Sur les côtés, des gravures de bronze commémorent l'histoire coloniale. Sur la plus réactionnaire de ces inscriptions, on peut lire : «L'Afrique délivrée, vivifiée, éclairée par les bienfaits de la France et de la civilisation.»
Déjà, gravé dans le marbre de la condescendance coloniale, l'esprit du discours de Dakar de Nicolas Sarkozy ! Tout aussi bien, la philosophie de la loi infâme de février 2005 glorifiant le fait colonial.

Les huit canons des Invalides et les crânes du Muséum aussi !
Le militant de la mémoire Belkacem Babaci avait bien reçu des promesses de l'Élysée, faites par un certain Claude Guéant, alors secrétaire général. Bien des années plus tard, et malgré ces promesses qui peuvent être des promesses de Gascon, les autorités françaises ne semblent guère davantage disposées à se séparer de Baba Merzoug. Elles rappellent à l’occasion, à qui veut bien les entendre, qu'il se dresse maintenant depuis des décennies dans l'enceinte de la base navale de Brest, qu'il figure même sur des cartes postales de la ville et que la marine de guerre française en a surtout fait une question d'honneur militaire et d'orgueil national. Et si, à propos d'honneur militaire algérien et d'orgueil national, de ce côté-ci de la Méditerranée, les amis de Babaci, en attendant un sursaut d’orgueil des pouvoirs publics algériens, demandent de nouveau aux autorités françaises la restitution de Baba Merzoug et d'autres canons de la marine algérienne ? À savoir, les huit couleuvrines en bronze gisant sur le sol, à l'entrée de l'esplanade de l'Hôtel des Invalides ? Le cas échéant, la fête serait plus complète car Baba Merzoug serait ainsi accompagné de huit «petits frères» d'armes.
Mais, il ne faut pas rêver, et surtout ne pas croire aux promesses quand elles existent. Pour revoir un jour Baba Merzoug à Alger, là où il a craché des boulets de feu des siècles durant, il faut plutôt sortir les canons de la fermeté et du bon droit !
Tonner, comme doivent le faire les autorités algériennes, présidence de la République et ministère de la Défense en tête. Sortir le gros calibre pour revendiquer sa restitution. Tonnerre de Brest, ce ne serait alors que justice que de rapatrier de cette ville grise et triste Baba Merzoug, père national affectueux, jadis dispensateur de baraka aux Algérois ! Bénis soient donc son tube et son affût exceptionnels !
Gouvernement et présidence de la République devraient aligner les batteries d'artillerie diplomatique. Monter en première ligne pour ne pas laisser les militants de la mémoire tirer à blanc sur les réseaux sociaux, au même titre que des journalistes esseulés comme l’auteur de cet article, réduits à lancer des pétards mouillés. Que nos militaires, nos diplomates, nos politiques et nos journalistes sachent donc que des Français n'ont pas hésité à donner de la voix, chez eux, utilisant, tour à tour, les armes de la pétition et du lobbying pour inciter à rendre Baba Merzoug aux Algériens. Il en est ainsi de ces honorables officiers de l'armée française qui, déjà en 1912, ont signé une pétition réclamant sa restitution à ses primo-propriétaires. De même que cet homme d'affaires breton, Domingo Friand, qui a porté la question devant le président Jacques Chirac et au Parlement français, comme déjà signalé supra. En vain. Mais si les Français trouvent toujours dans la séquestration de Baba Merzoug une justification de la mémoire coloniale, les Algériens, eux, devraient inverser l'argument mémoriel pour revendiquer la récupération d'un canon qui fit tant de bien pour la défense d'Alger contre des vagues d'envahisseurs successifs. En son temps, le canon providentiel avait fait des étincelles en tirant à boulets d'enfer sur moult escadres ennemies.
Il est vrai que les marins français maugréent sous le képi bicorne à l'idée qu'on puisse déboulonner un jour Baba Merzoug de son piédestal brestois. Soit. Mais si la marine française y voit encore quelque gloire militaire à préserver en s’appropriant encore indûment le canon mythique de l’ennemi d’hier, son maintien au cœur de l'Arsenal de Brest ne relève pourtant d'aucune fatalité historique. Tout bien mal acquis est condamné à revenir à ses légitimes propriétaires. C’est presque une fatalité historique.
Ne pas oublier à ce propos que le président Chirac, exemple symbolique à méditer, a déjà restitué le sceau du dey Hussein, ce potentat émasculé qui a capitulé sans tirer un coup de canon, en juillet 1830. La France, d'autre part, n'a-t-elle pas rendu aux ennemis héréditaires allemands la statue d'Apollon que Napoléon Bonaparte leur avait volée comme un vulgaire chapardeur de poules ? Alors, pour Baba Merzoug, chargeons tous les canons possibles pour exiger son retour, mais aussi celui des huit couleuvrines du château parisien des Invalides et des crânes du Chérif Boubaghla, de Cheikh Bouziane et de Moussa Derkaoui, entre autres, conservés au Muséum d'histoire naturelle de Paris comme des curiosités anthropologiques.
Plus que des canons ou des restes mortuaires prestigieux, ce sont là des corpuscules insécables et incessibles de la mémoire historique algérienne. Inaliénables, ad vitam aeternam. Alors, Monsieur le Président Macron, rendez-nous notre bien patrimonial spolié, rendez-nous notre père Baba Merzoug ! On ne vous en supplie guère, on vous l’exige !
N. K.
La Consulaire

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La Consulaire


La Consulaire (Baba Merzoug).jpg

La Consulaire dans l'arsenal de Brest

Présentation


Type

Colonne commémorative


Destination initiale

Commémoration de la Prise d'Alger


Construction

1833


Localisation


Pays

Drapeau de la France France


Région

Bretagne


Département

Finistère


Commune

Brest



Coordonnées

48° 23′ 10″ N, 4° 29′ 43″ O





voir sur la carte du Finistère

Red pog.svg


Localisation sur la carte de Brest

voir sur la carte de Brest

Red pog.svg

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La Consulaire, aussi appelé Baba Merzoug (en arabe « Père chanceux » ), est le surnom d'un canon érigé en colonne et installé depuis 1833 dans la rade de Brest, en France. Ce canon de 12 tonnes et 7 mètres de long protégeait la rade d'Alger depuis le XVIe siècle. En 1830, après l'expédition d'Alger, il est rapporté en France comme trophée de guerre1.


Sommaire [masquer]
1 Histoire 1.1 Fabrication
1.2 A Alger
1.3 A Brest

2 Description
3 Notes et références
4 Lien externe

Histoire[modifier | modifier le code]

Fabrication[modifier | modifier le code]

Selon certaines sources, ce canon aurait été pris lors de la bataille de Pavie à François Ier par Charles Quint. Lors de l'expédition d'Alger de 1541, Charles Quint, surpris par une tempête, aurait abandonné son artillerie. Cela expliquerait ses inscriptions et sa similarité avec d'autres canons contemporains2. Dans un livre édité en 1840 relatant la prise d'Alger par le père Dorigez aumônier de l'armée d'Afrique, il est écrit effectivement que : « Ce canon proviendrait de la prise de guerre de Charles Quint lors de la victoire sur François Ier à Pavie, en 1525. Charles Quint qui était allé bombarder Alger quelques années après, en 1541, avait dû fuir devant une épouvantable tempête, et abandonner toute son artillerie ; près de trois siècles après, la victoire devait restituer cette pièce à l'armée française. »

Cependant il est plus vraisemblable vu son poids que ce canon ait été fondu en 1542 par les maîtres d’œuvre Vénitiens à la solde du dey d'Alger, Hassan Agha, à l'aide des nombreuses pièces d'artillerie espagnoles et françaises récupérées après la débâcle de Charles Quint (avec des pièces françaises saisies après la bataille de Pavie). Il aurait été payé avec les rançons des nombreux otages Européens (Espagnols, Allemands et Flamands) de son armée, un millier restés prisonniers après la tempête qui les coupa de la flotte.

Dans les galeries extérieures de l'Hôtel des Invalides, on peut observer plusieurs canons en bronze de François Ier récupérés à Alger en 1830 et d'autres genre de mortiers avec des inscriptions en Arabe.

A Alger[modifier | modifier le code]

Il fut surnommé « La Consulaire » par les Français après avoir supposément servi à exécuter le consul français Jean Le Vacher3 en 1683, suivi de 20 esclaves chrétiens et de 16 marins capturés[réf. souhaitée]. Il aurait dû jouer le même rôle pour le consul André Piolle le 29 juin 1688, mais celui-ci fut battu à mort auparavant, et fut remplacé par 42 chrétiens. D'autres prisonniers subirent le même sort4,5.

A Brest[modifier | modifier le code]

Le canon est capturé par l'armée française, alors commandée par le général de Bourmont et l'amiral Duperré, lors de la prise d'Alger en 1830. Il a alors été déplacé dans l'arsenal de Brest par Duperré où il est transformé en une colonne reposant sur un socle de granit. Il est surmontée d’un coq, symbole de la France, qui pose une patte sur un globe terrestre.

Depuis la fin des années 1990, plusieurs associations algériennes réclament la restitution du canon6. Mais en droit français les biens culturels publics sont inaliénables et imprescriptibles. La restitution demanderait une loi7.

Description[modifier | modifier le code]

Le canon est long de 7 mètres, pesant 12 tonnes, de calibre 10 pouces. Il a une portée de 4 872 mètres,

La plaque de la face est du socle porte une inscription dont la transcription est la suivante :


« La Consulaire,
prise à Alger le 5 juillet 1830,
jour de la conquête de cette ville par les Armées Françaises,
l'A. B.on Duperré commandant l'escadre.
Érigée le 27 juillet 1833,
S. M. Louis Philippe régnant,
le V. A. C.te de Rigny ministre de la Marine,
le V. A. Bergeret préfet maritime. »
"voir photo du canon"

Google.
"A SAVOIR"

L'histoire de Charles Quint...c'est une histoire bidon montée de toute pièce pour s'accaparer du canon qui appartient belle est bien à la Régence Ottomane...ce canon Baba Merzoug comportait une inscription en ARABE...qui avait été supprimé par meulage!...Histoire

L’usinage par abrasion a précédé historiquement l’usinage par coupe à l’outil. Il suffit de frotter l’un contre l’autre deux corps cristallins pour les désagréger ; naturellement c’est le plus dur qui triomphe du plus tendre...autre procédé d'époque on pouvait supprimer une inscription à l'aide du pierre ponce ou pierre volcanique...connue depuis l'homme préhistorique!.
Charles Quint...surpris par une tempête aurait abandonné son artillerie...une simple histoire bidonnée...S'arranger des règles ou tronquer un jeu pour gagner ou monter une arnaque!.
"Tous comme les huit canons Algériens des invalides"

Portent tous des inscriptions en arabe tout comme le canon de baba Merzoug... mais pour un canon de 12 tonnes de bronze tel Baba Merzoug, sorti de la fonderie Dar Ennahas en 1545, au cœur même de La Casbah...
"LES CANONS des invalides à Paris"

Je les ai vu et caressé de mes mains...la France doit les rendre à l'Algérie...car c'est un vol manifeste!!!.
"Beaucoup ne le savent pas"

En 2003 j'ai visité une exposition sur les objets personnel de l'Emir Abdelkader au château de Chantilly...pour moi c'était une des meilleur exposition que j'ai visité ...réelle et vrai...des affaires personnel de l'Emir Abdelkader ramené d'Algérie par le Duc D'Aumale qui a fait une collection lui appartenant...tente, boite de miroir, décorations de son cheval, tapis, armes, fusil à silex, armes blanches et plusieurs divers objets etc...se trouvent dans le Château de Chantilly...LES autorités Algériennes doivent les réclamés...ces objets appartiennes à l'Algérie la France doit les restitués tout comme les huit canons des invalide et le canon de Baba Merzoug! et tout ses objets que les rapineux on récupérer au Château d" Amboise
Sur les traces de l’émir Abd El Kader à Amboise


p1090900-rotated Dans le salon de musique du Château

p1090902-rotatedd’Amboise :

Photo de l’émir devant une porte du Château . (Gustave le gray)

-Portrait de l’émir au fusain (d’après Ange Tissier)









En ce samedi 24 Janvier presque ensoleillé, l’Association Solidarité Loiret Algérie ASLA, nous a proposé de partir sur les traces de l’émir Abd El Kader à Amboise.

L’émir Abd El Kader vous connaissez ? A la tête d’ une confédération de tribus de l’ Oranie dont il était le sultan depuis 1832, il a tenté pendant quinze longues années de bouter les Français hors de ce qui n’était pas encore l’Algérie. Et comme Jeanne qui bouta les Anglais hors de ce qui n’était pas encore la France, cela fait de lui un mythe fondateur de la nation algérienne. Comment échapper à l’idéologie quand on parle d’un personnage mythique ? Premier nationaliste algérien, symbole du combat contre le colonialisme selon les uns, premier harki, traître et vendu à la France selon les autres. Gardons-nous des anachronismes! .En 1847 date à laquelle, isolé, abandonné par ceux qui l’avaient soutenu, l’Algérie n’était pas encore une nation, et il n’y avait pas de harkis. La France elle même encore très instable n’en avait pas vraiment fini avec la royauté, passant des barricades de 1830 aux barricades de 1848 et à la véritable révolution qui instaura la seconde République.

La place Emir Abd El Kader à Alger

img_pres_long_4405Mais revenons en au chef de guerre Abd El Kader. Ce qui est certain c’est qu ‘il est à la fois un intellectuel curieux de toutes les sciences et surtout qu ‘il était très pieux. C’est d’ailleurs à un islam ouvert aux autres religions qui rappelle le temps mythique des Omeyyades qu ‘il consacrera la seconde partie de sa vie. Maître soufi, il deviendra au fil des ans un maître spirituel reconnu. Une partie de son enseignement sera consignée par ses disciples dans « le Livre des haltes » .


L’émir souhaite donc être exilé avec les siens en terre musulmane, à Alexandrie ou à Akka, étape sur la route de la Mecque. Le général Lamoricière qui a reçu sa reddition l’avait écrit : « j’ai l’ordre du fils du roi, que Dieu le protège,de te donner le passage à Alexandrie ou à Saint Jean d’Acre, on ne te conduira pas autre part. ». Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer! Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, Et savez-vous où la France -perfide traîtresse va l’exiler ? Et bien en France naturellement ! Lourdeur de l’administration qui attend des ordres, intérêt à le garder au chaud en France, difficultés à obtenir le feu vert des ottomans et des égyptiens ? Le bateau est détourné vers Mers El Kebir, puis Oran. Changement de bateau, direction Toulon où le séjour provisoire durera trois mois.

Et comme l’émir est accompagné d’une petite centaine de personnes (mère, femmes, enfants, serviteurs, partisans fidèles), il faut trouver un lieu pour cette assignation à résidence, euphémisme désignant l’emprisonnement de l’émir et de sa « smala ». Quoi de mieux qu’un château bien gardé? Après Toulon, ils passeront huit mois dans le château fraîchement rénové, mais néanmoins inadapté de Pau. L’émir accepte les visites mais il ne bougera pas de ses appartements, refusant la promenade, continuant à réclamer son extradition en terre musulmane « Je suis en deuil et un Arabe en deuil ne quitte pas sa tente ; je suis en deuil de ma Liberté, je ne quitterai donc pas ma chambre ». De toutes façons Pau est bien trop près de la frontière espagnole. De crainte qu’il ne lui vienne à l’idée de s’échapper, on se décide pour le château d’ Amboise.

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Qui a visité les châteaux de la Loire, sait combien il y fait froid et combien les cheminées peinent à réchauffer les murs empreints d’humidité, raison pour laquelle d’ailleurs les rois n’y séjournaient pas toute l’année. Celui d’ Amboise, construit du temps de Louis XI a connu ses heures de gloire au XV° et XVI ° siècle mais à l’époque où l ‘émir et sa suite sont débarqués à Amboise, il ne subsiste comme aujourd’hui plus qu’un cinquième du château original. Le bâtiment que nous visitons aujourd’hui restauré, remeublé, a encore fière allure, mais en 1848 il était totalement insalubre et infesté par les rats.

Bien loin d’une prison dorée qui fait aussi partie de l’imaginaire collectif.

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Grands princes.., nos gouvernants font aménager une dizaine de pièces dans le château vidé de ses meubles. L’émir sa mère et ses épouses sont installés dans ce qui avait été les appartements royaux. Cinq pièces dont quatre dans la grande salle du Conseil, voûtée et glaciale. On peut aisément imaginer les effets de cette promiscuité, les rivalités et les tensions entre les épouses rivales. Au demeurant, seul l’émir et sa mère auront droit à un lit, car il est bien connu que les nomades dorment sur des paillasses à même le sol. Le reste de la suite s’entassera tant bien que mal au premier et dans une autre aile du château. Dans leur grande sollicitude nos autorités font aussi construire un minaret aujourd’hui disparu.

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1-La salle du conseil= 4 pièces (chambre de l’émir au fond, une pièce pour chaque femme, ses enfants, ses domestiques. 2-L’emplacement de l’ancien minaret sur la tour -3- L’une des deux cheminées de la salle du conseil.

On dit que les habitants d’Amboise où il ne devait pas se passer grand-chose, très fiers d’accueillir en leur cité un sultan, s’étaient habitués au muezzin et même qu’ils l’appréciaient. Deux cent militaires se relayent jour et nuit pour la garde. Il est interdit aux prisonniers de sortir de l’enceinte du château. Les femmes refusent de toutes façons d’utiliser la parcelle du jardin qui leur est réservée à l’abri du regard des hommes. Pendant deux ans personne ne mettra le nez dehors.

Carences, rachitisme, rhumatismes, dépression, choléra, la situation sanitaire est désastreuse : durant les quatre années de réclusion au château d’ Amboise, vingt cinq personnes vont trouver la mort. Deux domestiques (l’un noyé dans la Loire, l’autre frappé par le choléra), sept femmes dont la 3° épouse de l’émir, seize enfants dont quinze nés au Château et décédés en bas-âge. Les autorités commencent à s’émouvoir de la situation devenue ingérable et indigne du pays des droits de l’Homme : après moultes péripéties, un médecin inspecteur finit par proposer des mesures qui prendront effet en 1851 : trois poêles , une interprète, une sage femme , le droit de sortir en promenade dans la campagne sous escorte pendant trois heures. Mais les femmes persisteront dans leur repli jusqu’à leur départ le 16 Octobre 1852, date à laquelle Napoléon III finit pas les libérer et leur accorder l’exil. Ils pourront enfin rejoindre Damas en Syrie.

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Ange Tissier : Napoléon III annonçant à l’émir Abd El Kader sa libération au Château d’ Amboise le 16 Octobre 1852.

En 1860 l’émir Abd el-Kader interviendra pour arrêter le massacre des chrétiens de Damas par les Druzes. Le « meilleur ennemi de la France » sera fait grand-croix de la Légion d’Honneur et titulaire de l’ordre de Pi IX.

Si vous visitez le château d’Amboise, ne manquez pas de monter au Jardin d’Orient, un lieu symbolique où reposent ces oublié-e-s de l’histoire qui ont subi leur destinée : l’exil, la séparation, le froid, les maladies, les deuils.

p1090911-rotatedUn monument funéraire surmonté d’un croissant avait été constuit dès 1853 dans le parc du château en guise de cénotaphe pour les 25 membres de la suite de l’émir morts à Amboise. C’est là qu’en 2005 Rachid Koraicihi, plasticien algérien a imaginé un aménagement paysager à leur mémoire il est composé de 25 stèles, taillées dans des pierres d’Alep (Syrie), et gravées d’hymnes à la paix et à la tolérance extraits du Coran. Les végétaux complétant ce lieu de méditation ont été choisis pour faire référence aux influences culturelles méditerranéennes et souligner la constance des valeurs universelles de tolérance prônées par Abd el-Kader.
"La demeure d’un prince collectionneur"


Le Domaine de Chantilly est l’un des joyaux du patrimoine français. Il est aussi l’œuvre d’un homme au destin exceptionnel : Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), cinquième fils de la reine Marie-Amélie et du roi Louis-Philippe, dernier roi des Français. Grâce aux précautions testamentaires prises par le duc d’Aumale, Chantilly reste, plus d’un siècle plus tard, un écrin de richesses préservées où le charme du XIXe siècle continue d’opérer.




Un destin exceptionnel

En 1830, le duc d’Aumale, alors âgé de huit ans, hérite du Domaine de Chantilly et de l’immense fortune de son parrain Louis-Henri-Joseph de Bourbon, dernier prince de Condé.

Il devient ainsi l’un des plus importants propriétaires fonciers de France et n’aura de cesse tout au long de sa vie de rendre hommage à ses ancêtres et prédécesseurs. Etudiant au collège Henri IV, promis à un brillant avenir, le prince s’oriente vers une carrière militaire. Le duc d’Aumale fait ses premières armes dès 1840 en Algérie, s’illustre en mai 1843 lors de la prise de la Smalah d’Abd el Kader et devient gouverneur général de l’Algérie en 1847.

Sa fonction ne lui fait pas oublier Chantilly pour autant. Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), peu après son mariage avec Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, il fait décorer ses appartements privés de Chantilly par Eugène Lami, élever une galerie de bois pour les desservir par l’architecte Duban, et projette de reconstruire le "grand château" mais il doit quitter la France après la Révolution de 1848 qui abolit la monarchie.

Exilé de 1848 à 1871 à Twickenham, près de Londres, il fait sienne la devise : "J'attendrai". Considéré comme le plus grand collectionneur de son temps, le duc d’Aumale entouré de conseillers compétents constitue une fabuleuse collection de livres précieux, de tableaux et d’objets d’art dont il projette d'enrichir le domaine familial de Chantilly dès son retour en France.

A son retour en 1871, veuf et ayant perdu ses deux fils de 18 et 21 ans, il fait reconstruire le "grand château" (qui avait été détruit en 1799 pendant la Révolution) par l’architecte Honoré Daumet de 1875 à 1885, afin d’y exposer ses précieuses collections.

Puis il entame une carrière politique en devenant député de l’Oise en 1871 et entre à l’Institut de France comme membre de l’Académie française, de l’Académie des Beaux-Arts, de l’Académie des Sciences morales et Politiques.

Sans descendants directs, il lègue le domaine de Chantilly et ses précieuses collections en 1886 à l’Institut de France* sous réserve qu'à sa mort, le musée Condé soit ouvert au public, que sa présentation soit préservée et que les collections ne puissent être prêtées.

Le 7 mai 1897 le duc d’Aumale meurt dans sa propriété du Zucco en Sicile. Conformément à sa volonté le domaine a ouvert ses portes au public le 17 avril 1898 sous le nom de "musée Condé".

La présentation des collections est restée inchangée, le château apparaît ainsi tel qu’il était au XIXe siècle, l’occasion d’entamer un voyage dans le temps en plein cœur d’une demeure princière.



Sur les traces de l’émir Abd El Kader à Amboise


p1090900-rotated Dans le salon de musique du Château

p1090902-rotatedd’Amboise :

Photo de l’émir devant une porte du Château . (Gustave le gray)

-Portrait de l’émir au fusain (d’après Ange Tissier)









En ce samedi 24 Janvier presque ensoleillé, l’Association Solidarité Loiret Algérie ASLA, nous a proposé de partir sur les traces de l’émir Abd El Kader à Amboise.

L’émir Abd El Kader vous connaissez ? A la tête d’ une confédération de tribus de l’ Oranie dont il était le sultan depuis 1832, il a tenté pendant quinze longues années de bouter les Français hors de ce qui n’était pas encore l’Algérie. Et comme Jeanne qui bouta les Anglais hors de ce qui n’était pas encore la France, cela fait de lui un mythe fondateur de la nation algérienne. Comment échapper à l’idéologie quand on parle d’un personnage mythique ? Premier nationaliste algérien, symbole du combat contre le colonialisme selon les uns, premier harki, traître et vendu à la France selon les autres. Gardons-nous des anachronismes! .En 1847 date à laquelle, isolé, abandonné par ceux qui l’avaient soutenu, l’Algérie n’était pas encore une nation, et il n’y avait pas de harkis. La France elle même encore très instable n’en avait pas vraiment fini avec la royauté, passant des barricades de 1830 aux barricades de 1848 et à la véritable révolution qui instaura la seconde République.

La place Emir Abd El Kader à Alger

img_pres_long_4405Mais revenons en au chef de guerre Abd El Kader. Ce qui est certain c’est qu ‘il est à la fois un intellectuel curieux de toutes les sciences et surtout qu ‘il était très pieux. C’est d’ailleurs à un islam ouvert aux autres religions qui rappelle le temps mythique des Omeyyades qu ‘il consacrera la seconde partie de sa vie. Maître soufi, il deviendra au fil des ans un maître spirituel reconnu. Une partie de son enseignement sera consignée par ses disciples dans « le Livre des haltes » .


L’émir souhaite donc être exilé avec les siens en terre musulmane, à Alexandrie ou à Akka, étape sur la route de la Mecque. Le général Lamoricière qui a reçu sa reddition l’avait écrit : « j’ai l’ordre du fils du roi, que Dieu le protège,de te donner le passage à Alexandrie ou à Saint Jean d’Acre, on ne te conduira pas autre part. ». Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer! Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, Et savez-vous où la France -perfide traîtresse va l’exiler ? Et bien en France naturellement ! Lourdeur de l’administration qui attend des ordres, intérêt à le garder au chaud en France, difficultés à obtenir le feu vert des ottomans et des égyptiens ? Le bateau est détourné vers Mers El Kebir, puis Oran. Changement de bateau, direction Toulon où le séjour provisoire durera trois mois.

Et comme l’émir est accompagné d’une petite centaine de personnes (mère, femmes, enfants, serviteurs, partisans fidèles), il faut trouver un lieu pour cette assignation à résidence, euphémisme désignant l’emprisonnement de l’émir et de sa « smala ». Quoi de mieux qu’un château bien gardé? Après Toulon, ils passeront huit mois dans le château fraîchement rénové, mais néanmoins inadapté de Pau. L’émir accepte les visites mais il ne bougera pas de ses appartements, refusant la promenade, continuant à réclamer son extradition en terre musulmane « Je suis en deuil et un Arabe en deuil ne quitte pas sa tente ; je suis en deuil de ma Liberté, je ne quitterai donc pas ma chambre ». De toutes façons Pau est bien trop près de la frontière espagnole. De crainte qu’il ne lui vienne à l’idée de s’échapper, on se décide pour le château d’ Amboise.

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Qui a visité les châteaux de la Loire, sait combien il y fait froid et combien les cheminées peinent à réchauffer les murs empreints d’humidité, raison pour laquelle d’ailleurs les rois n’y séjournaient pas toute l’année. Celui d’ Amboise, construit du temps de Louis XI a connu ses heures de gloire au XV° et XVI ° siècle mais à l’époque où l ‘émir et sa suite sont débarqués à Amboise, il ne subsiste comme aujourd’hui plus qu’un cinquième du château original. Le bâtiment que nous visitons aujourd’hui restauré, remeublé, a encore fière allure, mais en 1848 il était totalement insalubre et infesté par les rats.

Bien loin d’une prison dorée qui fait aussi partie de l’imaginaire collectif.

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Grands princes.., nos gouvernants font aménager une dizaine de pièces dans le château vidé de ses meubles. L’émir sa mère et ses épouses sont installés dans ce qui avait été les appartements royaux. Cinq pièces dont quatre dans la grande salle du Conseil, voûtée et glaciale. On peut aisément imaginer les effets de cette promiscuité, les rivalités et les tensions entre les épouses rivales. Au demeurant, seul l’émir et sa mère auront droit à un lit, car il est bien connu que les nomades dorment sur des paillasses à même le sol. Le reste de la suite s’entassera tant bien que mal au premier et dans une autre aile du château. Dans leur grande sollicitude nos autorités font aussi construire un minaret aujourd’hui disparu.

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1-La salle du conseil= 4 pièces (chambre de l’émir au fond, une pièce pour chaque femme, ses enfants, ses domestiques. 2-L’emplacement de l’ancien minaret sur la tour -3- L’une des deux cheminées de la salle du conseil.

On dit que les habitants d’Amboise où il ne devait pas se passer grand-chose, très fiers d’accueillir en leur cité un sultan, s’étaient habitués au muezzin et même qu’ils l’appréciaient. Deux cent militaires se relayent jour et nuit pour la garde. Il est interdit aux prisonniers de sortir de l’enceinte du château. Les femmes refusent de toutes façons d’utiliser la parcelle du jardin qui leur est réservée à l’abri du regard des hommes. Pendant deux ans personne ne mettra le nez dehors.

Carences, rachitisme, rhumatismes, dépression, choléra, la situation sanitaire est désastreuse : durant les quatre années de réclusion au château d’ Amboise, vingt cinq personnes vont trouver la mort. Deux domestiques (l’un noyé dans la Loire, l’autre frappé par le choléra), sept femmes dont la 3° épouse de l’émir, seize enfants dont quinze nés au Château et décédés en bas-âge. Les autorités commencent à s’émouvoir de la situation devenue ingérable et indigne du pays des droits de l’Homme : après moultes péripéties, un médecin inspecteur finit par proposer des mesures qui prendront effet en 1851 : trois poêles , une interprète, une sage femme , le droit de sortir en promenade dans la campagne sous escorte pendant trois heures. Mais les femmes persisteront dans leur repli jusqu’à leur départ le 16 Octobre 1852, date à laquelle Napoléon III finit pas les libérer et leur accorder l’exil. Ils pourront enfin rejoindre Damas en Syrie.

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Ange Tissier : Napoléon III annonçant à l’émir Abd El Kader sa libération au Château d’ Amboise le 16 Octobre 1852.

En 1860 l’émir Abd el-Kader interviendra pour arrêter le massacre des chrétiens de Damas par les Druzes. Le « meilleur ennemi de la France » sera fait grand-croix de la Légion d’Honneur et titulaire de l’ordre de Pi IX.

Si vous visitez le château d’Amboise, ne manquez pas de monter au Jardin d’Orient, un lieu symbolique où reposent ces oublié-e-s de l’histoire qui ont subi leur destinée : l’exil, la séparation, le froid, les maladies, les deuils.

p1090911-rotatedUn monument funéraire surmonté d’un croissant avait été constuit dès 1853 dans le parc du château en guise de cénotaphe pour les 25 membres de la suite de l’émir morts à Amboise. C’est là qu’en 2005 Rachid Koraicihi, plasticien algérien a imaginé un aménagement paysager à leur mémoire il est composé de 25 stèles, taillées dans des pierres d’Alep (Syrie), et gravées d’hymnes à la paix et à la tolérance extraits du Coran. Les végétaux complétant ce lieu de méditation ont été choisis pour faire référence aux influences culturelles méditerranéennes et souligner la constance des valeurs universelles de tolérance prônées par Abd el-Kader.
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