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Le Liban découvre sa fragilité L'explosion ou la goutte qui fait déborder le vase

Publié le 07/08/2020
Le Liban découvre sa fragilité Saïd BOUCETTA 00:00 | 06-08-2020 L'explosion ou la goutte qui fait déborder le vase/ Les guerres nées des printemps arabes ont fait bouger les lignes et c'est le peuple libanais qui est venu le rappeler à ses dirigeants. Le tragique accident qui a endeuillé des dizaines de familles et mis 300 000 libanais dans la rue, leurs habitations ayant été fortement endommagées, vient accabler un Liban déjà sous pression économique, politique et sanitaire. Aux dires des habitants de la ville-perle du proche-Orient, il ne fait plus bon vivre dans leur pays. Et pour cause, Jadis qualifié de Suisse de l'Orient, le Liban n'est plus que l'ombre de lui-même à tout point de vue. Une économie en état de déliquescence avancée, un système politique incapable de produire le consensus nécessaire, avec le soutien de l'ensemble de la population, une classe politique décriée qui ne se renouvelle pas, le pays du cèdre a perdu tous ses atouts, dont le principal est cette «neutralité positive» qui lui a permis, des décennies durant, d'être l'ami des arabes et des occidentaux. Un positionnement économique et stratégique qui lui a, certes, valu une guerre civile, disent certains, mais également une prospérité économique brillante. Les Libanais ont réussi à faire de leur pays un «entrepôt régional, bénéficiant financièrement et politiquement de son accessibilité économique et de ses bonnes relations régionales et internationales», comme le résume si bien, Michael Young, rédacteur en chef de Diwan, le blog du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient. Mais à force de tirer sur la corde, sans tenir compte des équilibres stratégiques mondiales, les gouvernements successifs sont arrivés au bout d'une logique, dépassée par le temps. Les dirigeants de ce pays n'avaient pas compris qu'autour d'eux les intérêts évoluaient, les alliances aussi. Et pour cause, le Liban n'est plus un élément clé de la stabilité de la région. «Si la communauté internationale a soutenu le Liban jusque-là, c'est pour éviter l'effet domino. Maintenant que Bachar Al Assad a gagné en Syrie, la stabilité du Liban n'est plus aussi indispensable», avance Fabrice Balanche, géographe, spécialiste de la géographie politique de la Syrie, du Liban et du Proche-Orient, cité par le quotidien français, La Croix. Les dernières guerres nées des printemps arabes avaient fait bouger les lignes et c'est le peuple libanais qui est venu le rappeler à ses dirigeants. La puissance du mouvement de contestation populaire qui a fait tomber plusieurs gouvernements a mis la caste dirigeante devant l'obligation de bouger. Or, le système tel qu'il fonctionne n'est visiblement pas capable de s'adapter à la nouvelle donne. Le symbole de cette inertie est l'incapacité de l'Etat de répondre à une demande de la France, l'amie historique du Liban. Son ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a conditionné le soutien de son pays par l'engagement de réformes. Dans le package, il y a l'audit de la Banque du Liban, la restructuration du secteur de l'électricité et celle du système judiciaire. Paris ne veut plus signer des chèques les yeux fermés. La réaction de Beyrouth est venue du ministre des Affaires étrangères Nassif Hitti. Le diplomate a démissionné, le 3 août dernier. Il accuse «un gouvernement incapable d'enclencher ses réformes» et espère «des esprits créatifs, une vision claire, des intentions sincères, une culture d'institutions et d'État de droit». Nassif Hitti a bien raison, lui qui sait parfaitement que le Liban dans sa configuration actuelle ne peut plus compter que sur le soutien du FMI. Celui-ci exige des réformes qui divisent la classe politique. Les négociations piétinent depuis deux mois. Aucun sou n'est venu soutenir le trésor public, la livre libanaise fond comme neige au soleil, le tourisme, principal pourvoyeur de devises et d'emploi, est mis à genoux par le Covid-19. Le déficit s'élève à 170% du PIB. Un tableau noir.
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