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L’Algérie et la France sur la même longueur d’onde

Publié le 15/10/2020
"L"Expression" Saïd BOUCETTA 15-10-2020 "Le chef de la diplomatie française, aujourd’hui, à Alger L’Algérie et la France sur la même longueur d’onde" Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est attendu aujourd'hui à Alger, a rapporté, hier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «À cette occasion, et outre les entretiens qu'aura le chef de la diplomatie française avec son homologue algérien, il sera reçu en audience par le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, ainsi que par le Premier ministre, Monsieur Abdelaziz Djerad», précise le communiqué du MAE. La même source retient que ce déplacement, entre dans le cadre «des consultations régulières inscrites à l'agenda politique et économique convenu entre l'Algérie et la France pour l'année 2020». Il s'agit donc d'une visite prévue et inscrite dans les agendas des deux ministres des Affaires étrangères, algérien et français. Cela étant dit, le communiqué des Affaires étrangères note qu'au programme des discussions, il sera prioritairement question «de faire le point sur les avancées enregistrées, de part et d'autre, dans la coopération bilatérale». Le point de situation est d'autant plus important, que ces derniers mois ont été marqués, annonce le ministère des Affaires étrangères, «par la concrétisation d'échéances importantes telles que la 6ème session du Comité mixte économique algéro-français, tenue à Alger, le 12 mars 2020». Cette instance qui s'est réunie, pour la première fois le 26 novembre 2013, témoigne, si besoin, de la volonté des deux pays de maintenir des liens permanents. Il se trouve que ce Comité mixte a résisté à plusieurs périodes de «glaciation» entre Alger et Paris. Mais il reste, cependant, qu'au plan qualitatif, le partenariat nourri par cette instance, mais également par un autre cadre au niveau des Premiers ministères des deux pays, n'est pas encore parvenu à un point de non-retour dans la coopération algéro-française. Les raisons sont diverses et les lobbies colonialistes, dénoncés par le président de la République, figurent en tête de liste. Ces mêmes lobbies qui s'en étaient violemment pris à Emmanuel Macron, lorsqu'il avait évoqué les méfaits de la colonisation française en Algérie, ont régulièrement refait parler d'eux. Mais la détermination des deux présidents à construire des relations solides d'égal à égal aura été plus forte et les développements que connaît la question mémorielle en attestent. La désignation par Paris et Alger de deux historiens qui travailleront sur le passé commun, éloignent de fait, l'instrumentalisation de la mémoire par les nostalgiques de l'Algérie française. À ce propos, il faut savoir que la restitution des crânes de combattants algériens, le 5 juillet dernier, est le meilleur témoignage d'une volonté réciproque d'apaiser le débat et dire les vérités historiques sans détour. Mais, malgré les avancées concrètes dans le dossier de la mémoire, de nombreux observateurs mesurent tout de même le long chemin qui reste encore à parcourir pour parvenir à l'entente parfaite que souhaitent les deux peuples, sachant que la communauté algérienne établie en France est, de loin, la plus importante dans ce pays. L'Algérie a besoin de sa diaspora et la France a intérêt à en finir avec une caste d'ultras, qui veut la maintenir dans le déni de la colonisation. Un partenariat économique, véritablement équitable, hâterait, sans doute, un rapprochement entre les deux sociétés, mais encore faut-il l'édifier sur des bases solides, en ce sens que les deux économies puissent mutuellement en bénéficier. Pour l'heure, cette passerelle reste encore à construire et cela passe aussi par une diplomatie responsable. À ce propos justement, le communiqué des AE souligne que la visite de Le Drian sera mise à profit pour engager «un échange de vues sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun, notamment la situation au Sahara occidental, le dossier malien et la situation dans la région du Sahel ainsi que la crise en Libye dont le règlement sera au centre des discussions entre les deux parties». Sur tous ces dossiers, les approches convergent sur certains points et divergent sur d'autres. Mais ce qu'il y a lieu de retenir, c'est la volonté des Présidents Tebboune et Macron d'établir des relations solides et pérennes. Les deux hommes ont échangé de nombreuses fois par téléphone, ces derniers mois. Le chef de l'Etat n'a pas hésité à saluer la volonté de son homologue français de régler «les questions mémorielles». La déclaration de Tebboune a été accompagnée par une forte dénonciation des lobbies qui veulent casser la nouvelle dynamique algéro-française.
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Les Commentaires

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est attendu aujourd'hui à Alger, a rapporté, hier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

«À cette occasion, et outre les entretiens qu'aura le chef de la diplomatie française avec son homologue algérien, il sera reçu en audience par le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, ainsi que par le Premier ministre, Monsieur Abdelaziz Djerad», précise le communiqué du MAE. La même source retient que ce déplacement, entre dans le cadre «des consultations régulières inscrites à l'agenda politique et économique convenu entre l'Algérie et la France pour l'année 2020».

Il s'agit donc d'une visite prévue et inscrite dans les agendas des deux ministres des Affaires étrangères, algérien et français.


Cela étant dit, le communiqué des Affaires étrangères note qu'au programme des discussions, il sera prioritairement question «de faire le point sur les avancées enregistrées, de part et d'autre, dans la coopération bilatérale».

Le point de situation est d'autant plus important, que ces derniers mois ont été marqués, annonce le ministère des Affaires étrangères, «par la concrétisation d'échéances importantes telles que la 6ème session du Comité mixte économique algéro-français, tenue à Alger, le 12 mars 2020».

Cette instance qui s'est réunie, pour la première fois le 26 novembre 2013, témoigne, si besoin, de la volonté des deux pays de maintenir des liens permanents.

Il se trouve que ce Comité mixte a résisté à plusieurs périodes de «glaciation» entre Alger et Paris.

Mais il reste, cependant, qu'au plan qualitatif, le partenariat nourri par cette instance, mais également par un autre cadre au niveau des Premiers ministères des deux pays, n'est pas encore parvenu à un point de non-retour dans la coopération algéro-française.

Les raisons sont diverses et les lobbies colonialistes, dénoncés par le président de la République, figurent en tête de liste.

Ces mêmes lobbies qui s'en étaient violemment pris à Emmanuel Macron, lorsqu'il avait évoqué les méfaits de la colonisation française en Algérie, ont régulièrement refait parler d'eux.

Mais la détermination des deux présidents à construire des relations solides d'égal à égal aura été plus forte et les développements que connaît la question mémorielle en attestent.

La désignation par Paris et Alger de deux historiens qui travailleront sur le passé commun, éloignent de fait, l'instrumentalisation de la mémoire par les nostalgiques de l'Algérie française.

À ce propos, il faut savoir que la restitution des crânes de combattants algériens, le 5 juillet dernier, est le meilleur témoignage d'une volonté réciproque d'apaiser le débat et dire les vérités historiques sans détour.


Mais, malgré les avancées concrètes dans le dossier de la mémoire, de nombreux observateurs mesurent tout de même le long chemin qui reste encore à parcourir pour parvenir à l'entente parfaite que souhaitent les deux peuples, sachant que la communauté algérienne établie en France est, de loin, la plus importante dans ce pays.

L'Algérie a besoin de sa diaspora et la France a intérêt à en finir avec une caste d'ultras, qui veut la maintenir dans le déni de la colonisation.


Un partenariat économique, véritablement équitable, hâterait, sans doute, un rapprochement entre les deux sociétés, mais encore faut-il l'édifier sur des bases solides, en ce sens que les deux économies puissent mutuellement en bénéficier.

Pour l'heure, cette passerelle reste encore à construire et cela passe aussi par une diplomatie responsable. À ce propos justement, le communiqué des AE souligne que la visite de Le Drian sera mise à profit pour engager «un échange de vues sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun, notamment la situation au Sahara occidental, le dossier malien et la situation dans la région du Sahel ainsi que la crise en Libye dont le règlement sera au centre des discussions entre les deux parties».

Sur tous ces dossiers, les approches convergent sur certains points et divergent sur
d'autres.

Mais ce qu'il y a lieu de retenir, c'est la volonté des Présidents Tebboune et Macron d'établir des relations solides et pérennes.

Les deux hommes ont échangé de nombreuses fois par téléphone, ces derniers mois.

Le chef de l'Etat n'a pas hésité à saluer la volonté de son homologue français de régler «les questions mémorielles». La déclaration de Tebboune a été accompagnée par une forte dénonciation des lobbies qui veulent casser la nouvelle dynamique algéro-française.

Saïd BOUCETTASaïd BOUCETTA
00:00 | 15-10-2020
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Mais ce qu'il y a lieu de retenir, c'est la volonté des Présidents Tebboune et Macron d'établir des relations solides et pérennes.
"L’Algérie veut le retour d’un canon mythique, installé à Brest"

Baba Merzoug pour les Algériens, la Consulaire pour les Français : le canon a défendu Alger durant deux siècles avant d’être amené comme trophée en France en 1830, dès la colonisation de l’Algérie, mais son pays le réclame pour les 50 ans de son indépendance en 2012. Transformé en colonne, il trône dans l'Arsenal de Brest.

Smaïl Boulbina. Membre fondateur du comité national pour la restitution du canon Baba Merzoug : «Le retour de notre héros national doit être bien scénarisé»

A la fois médecin, journaliste et écrivain, Smaïl Boulbina est l’un des membres fondateurs du comité national pour la restitution du canon en bronze Baba Merzoug. A quelques jours de l’échéance de son retour en Algérie, le chercheur Smaïl Boulbina nous renseigne un peu mieux sur le canon Baba Merzoug.

Propos recueillis par Nacima Chabani



-Après la restitution des crânes de martyrs algériens en juillet dernier, l’Algérie s’apprête à se voir restituer, le 1er novembre prochain à l’occasion du 76e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le canon en bronze Baba Merzoug, et ce, après 190 ans de captivité en France. Pourriez-vous revenir sur la genèse de cette imposante artillerie en bronze ?

En 1541, le sultan Hassan Agha, fils adoptif et successeur (1534-1543) de Kheireddine Barberousse,
Hassan le vainqueur (aidé par la tempête) de l’empereur Charles Quint et de son invincible armada des coalisés européens, avait commandé la fabrication d’un super canon à Dar Nhass, la fonderie de canons, installée près de la porte de Bab El Oued (mitoyenne du lycée Emir Abdelkader).

En 1542, Baba Merzoug, fabriqué par Sébastiano Cornova, originaire de Bundoqia (Venise), était le plus grand canon, 6,25 m de long qui tirait des obus d’une portée de 4872 m, installé à la pointe du môle Kheireddine, le redoutable canon interdisait toute approche par la mer. Madina Dzaïr (Casbah était le nom de la citadelle-palais du sultan, inexactement donné par les Français à toute la médina en 1830), était tellement bien gardée qu’elle a été surnommée El Mahroussa et ses habitants, heureux d’être si bien protégés, le surnommèrent Baba Merzoug (Père fortuné, béni, bienfaiteur).

En 1816, lors du bombardement anglo-hollandais, suite à une surchauffe, il fut mis hors service et relégué sous une voûte de l’Amirauté. En 1830, sa réputation internationale a fait que l’amiral Duperré, commandant de la flotte d’invasion, a décidé de le déporter en France comme trophée de guerre et de lui donner le surnom de La Consulaire. Prisonnier sous le numéro 221, il été embarqué le 6 août 1830 à bord du bateau La Marie Louise.

Dans la lettre adressée à son ministre de la Marine, l’amiral Duperré avait écrit : «C’est la part de prise à laquelle l’armée attache le plus grand prix.» Après trois ans de captivité à Toulon, Baba Merzoug fut transféré le 27 juillet 1833 à Brest où il est toujours. Après 190 ans de captivité, il est le plus ancien prisonnier algérien en France. Tous mobilisés pour son retour chez lui, à la Maison Algérie.

-En 1996, un comité algérien pour la restitution du canon Baba Merzoug a vu le jour, pour réclamer, également, 158 autres objets ?

Il faut rendre hommage au comité de la fondation Casbah, et à son ex-président, le défunt Belkacem Babaci, qui a été le premier à se lancer dans la bataille médiatique, tant en Algérie qu’en France, pour la restitution de tout notre patrimoine en général et en particulier des crânes des martyrs et le canon Baba Merzoug. En 2011, un comité national a vu le jour, fondé par le défunt Belkacem Babaci, Fatima Benbraham et Smaïl Boulbina.

Le comité de la fondation Casbah, actuellement présidée par Ali Mebtouche, et le comité national présidé par Fatima Benbraham, fiers de leur contribution pour le rapatriement des crânes des martyrs, n’ont jamais cessé d’interpeller les autorités algériennes et françaises sur Baba Merzoug. Il faut aussi saluer nos compatriotes et des amis français qui ont créé en France l’association Baba Merzoug qui milite pour sa restitution et qui programme, en France, un cycle de conférences et un rassemblement sur le site du canon à Brest.

-Cette restitution n’a pas été de tout repos puisque des pourparlers algéro-français ont duré à travers le temps…

La veille de la visite officielle du président Macron, El Watan a publié le 3 décembre 2017, notre lettre ouverte au président français, pour la restitution des crânes des martyrs et de Baba Merzoug et nous avions reçu un écho favorable.

Il faut rendre hommage au gouvernement algérien actuel pour son action décisive qui a permis le rapatriement des crânes des martyrs du XIXe siècle. La société civile demande à notre gouvernement de poursuivre ses efforts pour la restitution de tout notre patrimoine détenu en France et demande au gouvernement français de nous restituer Baba Merzoug qui représente un puissant symbole mémoriel pour les Algériens et sera le messager de la paix, la concorde et l’amitié entre nos pays.

-En tant que l’un des défenseurs du canon Baba Merzoug, vous avez soumis, dernièrement, une requête aux autorités algériennes afin d’aménager un emplacement pour le canon de Baba Merzoug au niveau de la place des Martyrs à Alger…

Une requête a été adressée au président de la République, au Premier ministre, au ministre de l’Intérieur, à la ministre de la Culture, au wali d’Alger, au wali délégué de Bab El Oued et au maire de La Casbah, pour suggérer l’érection de Baba Merzoug sur la place des Martyrs, meilleur choix de site, car près de Dar Nhas, son lieu de naissance, de La Casbah, sa ville natale, face à Bab El Bhar et à la mer et…presque à l’ex-emplacement de la statue équestre de l’envahisseur duc d’Orléans (placette El Aoud – place du Cheval, bien connue des vieux Algérois)…
Cette situation est idéale pour la visite facilitée et libre de milliers de visiteurs à longueur d’année et viendra enrichir l’attrait touristique de La Casbah et de ses monuments.

-Comment voyez-vous le retour de Baba Merzoug à Alger ?

Le retour de notre héros national doit être bien scénarisé : il doit être rapatrié par mer à partir de Toulon, sa première destination en 1830, sur un vaisseau de la marine nationale.

Accueilli par les coups de canon et les sirènes des bateaux, des milliers d’enfants, agitant des drapeaux et scandant «Yahia Baba Merzoug», par les youyous des Algériennes, descendantes des valeureuses Dziryettes (Algéroises) qui ont chanté sa protection et par les Algériens, amoureux de leur patrie. Le soir venu, sur le môle Kheireddine, les feux d’artifice illumineront le ciel. Il faut dès à présent préparer le site par la construction du piédestal en béton, haut de 3 m et long de 8 m, pour recevoir le canon (6,25 m) et son affût, sa bouche face à la mer. La construction immédiate du piédestal, médiatisée, aura un impact psychologique important, dans l’attente de l’accueil de notre héros national.

-Pour mieux sensibiliser la jeunesse algérienne, vous comptez éditer et distribuer gracieusement un ouvrage consacré au canon de Baba Merzoug ?

Ce livre, qui est trilingue (arabe, tamazight et français) sur la vie de Baba Merzoug, est ma contribution bénévole pour la promotion de notre mémoire nationale. Parrainées par un grand éditeur, des dizaines de milliers d’exemplaires seront distribués gratuitement à l’occasion du 1er novembre. Vive Baba Merzoug ! Vive l’Algérie !

Smaïl Boulbina. Membre fondateur du comité national pour la restitution du canon Baba Merzoug : «Le retour de notre héros national doit être bien scénarisé»

A la fois médecin, journaliste et écrivain, Smaïl Boulbina est l’un des membres fondateurs du comité national pour la restitution du canon en bronze Baba Merzoug. A quelques jours de l’échéance de son retour en Algérie, le chercheur Smaïl Boulbina nous renseigne un peu mieux sur le canon Baba Merzoug.

Propos recueillis par Nacima Chabani



-Après la restitution des crânes de martyrs algériens en juillet dernier, l’Algérie s’apprête à se voir restituer, le 1er novembre prochain à l’occasion du 76e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le canon en bronze Baba Merzoug, et ce, après 190 ans de captivité en France. Pourriez-vous revenir sur la genèse de cette imposante artillerie en bronze ?

En 1541, le sultan Hassan Agha, fils adoptif et successeur (1534-1543) de Kheireddine Barberousse,
Hassan le vainqueur (aidé par la tempête) de l’empereur Charles Quint et de son invincible armada des coalisés européens, avait commandé la fabrication d’un super canon à Dar Nhass, la fonderie de canons, installée près de la porte de Bab El Oued (mitoyenne du lycée Emir Abdelkader).

En 1542, Baba Merzoug, fabriqué par Sébastiano Cornova, originaire de Bundoqia (Venise), était le plus grand canon, 6,25 m de long qui tirait des obus d’une portée de 4872 m, installé à la pointe du môle Kheireddine, le redoutable canon interdisait toute approche par la mer. Madina Dzaïr (Casbah était le nom de la citadelle-palais du sultan, inexactement donné par les Français à toute la médina en 1830), était tellement bien gardée qu’elle a été surnommée El Mahroussa et ses habitants, heureux d’être si bien protégés, le surnommèrent Baba Merzoug (Père fortuné, béni, bienfaiteur).

En 1816, lors du bombardement anglo-hollandais, suite à une surchauffe, il fut mis hors service et relégué sous une voûte de l’Amirauté. En 1830, sa réputation internationale a fait que l’amiral Duperré, commandant de la flotte d’invasion, a décidé de le déporter en France comme trophée de guerre et de lui donner le surnom de La Consulaire. Prisonnier sous le numéro 221, il été embarqué le 6 août 1830 à bord du bateau La Marie Louise.

Dans la lettre adressée à son ministre de la Marine, l’amiral Duperré avait écrit : «C’est la part de prise à laquelle l’armée attache le plus grand prix.» Après trois ans de captivité à Toulon, Baba Merzoug fut transféré le 27 juillet 1833 à Brest où il est toujours. Après 190 ans de captivité, il est le plus ancien prisonnier algérien en France. Tous mobilisés pour son retour chez lui, à la Maison Algérie.

-En 1996, un comité algérien pour la restitution du canon Baba Merzoug a vu le jour, pour réclamer, également, 158 autres objets ?

Il faut rendre hommage au comité de la fondation Casbah, et à son ex-président, le défunt Belkacem Babaci, qui a été le premier à se lancer dans la bataille médiatique, tant en Algérie qu’en France, pour la restitution de tout notre patrimoine en général et en particulier des crânes des martyrs et le canon Baba Merzoug. En 2011, un comité national a vu le jour, fondé par le défunt Belkacem Babaci, Fatima Benbraham et Smaïl Boulbina.

Le comité de la fondation Casbah, actuellement présidée par Ali Mebtouche, et le comité national présidé par Fatima Benbraham, fiers de leur contribution pour le rapatriement des crânes des martyrs, n’ont jamais cessé d’interpeller les autorités algériennes et françaises sur Baba Merzoug. Il faut aussi saluer nos compatriotes et des amis français qui ont créé en France l’association Baba Merzoug qui milite pour sa restitution et qui programme, en France, un cycle de conférences et un rassemblement sur le site du canon à Brest.

-Cette restitution n’a pas été de tout repos puisque des pourparlers algéro-français ont duré à travers le temps…

La veille de la visite officielle du président Macron, El Watan a publié le 3 décembre 2017, notre lettre ouverte au président français, pour la restitution des crânes des martyrs et de Baba Merzoug et nous avions reçu un écho favorable.

Il faut rendre hommage au gouvernement algérien actuel pour son action décisive qui a permis le rapatriement des crânes des martyrs du XIXe siècle. La société civile demande à notre gouvernement de poursuivre ses efforts pour la restitution de tout notre patrimoine détenu en France et demande au gouvernement français de nous restituer Baba Merzoug qui représente un puissant symbole mémoriel pour les Algériens et sera le messager de la paix, la concorde et l’amitié entre nos pays.

-En tant que l’un des défenseurs du canon Baba Merzoug, vous avez soumis, dernièrement, une requête aux autorités algériennes afin d’aménager un emplacement pour le canon de Baba Merzoug au niveau de la place des Martyrs à Alger…

Une requête a été adressée au président de la République, au Premier ministre, au ministre de l’Intérieur, à la ministre de la Culture, au wali d’Alger, au wali délégué de Bab El Oued et au maire de La Casbah, pour suggérer l’érection de Baba Merzoug sur la place des Martyrs, meilleur choix de site, car près de Dar Nhas, son lieu de naissance, de La Casbah, sa ville natale, face à Bab El Bhar et à la mer et…presque à l’ex-emplacement de la statue équestre de l’envahisseur duc d’Orléans (placette El Aoud – place du Cheval, bien connue des vieux Algérois)…
Cette situation est idéale pour la visite facilitée et libre de milliers de visiteurs à longueur d’année et viendra enrichir l’attrait touristique de La Casbah et de ses monuments.

-Comment voyez-vous le retour de Baba Merzoug à Alger ?

Le retour de notre héros national doit être bien scénarisé : il doit être rapatrié par mer à partir de Toulon, sa première destination en 1830, sur un vaisseau de la marine nationale.

Accueilli par les coups de canon et les sirènes des bateaux, des milliers d’enfants, agitant des drapeaux et scandant «Yahia Baba Merzoug», par les youyous des Algériennes, descendantes des valeureuses Dziryettes (Algéroises) qui ont chanté sa protection et par les Algériens, amoureux de leur patrie. Le soir venu, sur le môle Kheireddine, les feux d’artifice illumineront le ciel. Il faut dès à présent préparer le site par la construction du piédestal en béton, haut de 3 m et long de 8 m, pour recevoir le canon (6,25 m) et son affût, sa bouche face à la mer. La construction immédiate du piédestal, médiatisée, aura un impact psychologique important, dans l’attente de l’accueil de notre héros national.

-Pour mieux sensibiliser la jeunesse algérienne, vous comptez éditer et distribuer gracieusement un ouvrage consacré au canon de Baba Merzoug ?

Ce livre, qui est trilingue (arabe, tamazight et français) sur la vie de Baba Merzoug, est ma contribution bénévole pour la promotion de notre mémoire nationale. Parrainées par un grand éditeur, des dizaines de milliers d’exemplaires seront distribués gratuitement à l’occasion du 1er novembre. Vive Baba Merzoug ! Vive l’Algérie !

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