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LUTTE ANTICORRUPTION 25 ministres à la barre

Publié le 13/01/2021
Abla Chérif le 13.01.2021 , 11h00"LUTTE ANTICORRUPTION 25 ministres à la barre"
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Les Commentaires

"LUTTE ANTICORRUPTION
25 ministres à la barre"


Pas moins de vingt-cinq anciens ministres seront jugés au cours de cette année dans le cadre de différentes affaires où ils ont été inculpés.

À cette liste s’ajoute celle de cinq ex-walis et de plusieurs personnalités ayant occupé de hautes fonctions dans des institutions de l’État.


Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Les dossiers des concernés se trouvent au niveau du nouveau pôle spécialisé mis en place au tribunal de Sidi-M’hamed au mois d’août dernier.

Certaines de ces affaires sont totalement inconnues de l’opinion, d’autres noms d’hommes d’affaires font, en effet, leur apparition, à l’image de Kherbouche, investisseur dans l’ouest du pays (Mostaganem) poursuivi pour obtention d’indus avantages.

Spécialisé dans l’agro-industrie, le groupe Kherbouche est mis en cause dans un projet de réalisation d'une unité de montage de tracteurs agricoles de marque Deutz-Fahr.


Il y a aussi l’affaire des frères Chelghoum, poursuivis dans le dossier Amenhyd qui a entraîné l’inculpation de Abdelmalek Sellal, Necib Hocine, Chorfa Youcef et Hattab Mohamed, respectivement anciens ministres des Ressources en eau, de l’Habitat et de la Jeunesse et des Sports.

Il en est de même de l’ex-wali de Blida, Ouchane Mohamed, et Hadjri Darfouf, ex-wali de Mascara.

S’ajoute ensuite le dossier de l’homme d’affaires Mitidji placé, lui et son fils, sous mandat de dépôt en février 2020.

Sept anciens ministres et deux anciens walis ont été, là également, inculpés et seront jugés, entre autres, pour octroi d’indus avantages.

Il s’agit de Abdelmalek Sellal, Boudjemaâ Talai, ex-ministre des Transports, Nouri Abdelwahab, Abdelghani Zaâlane et Kadi Abdelkader également ancien wali et anciens ministres des Travaux publics, Bouazgui Abdelkader, ex-ministre de l’Agriculture, Mahdjoub Bedda, ex-ministre de l’Industrie, et Mustapha Rahiel, ex-ministre des Travaux publics et ex-directeur du cabinet du Premier ministre.

À cette liste s’ajoute le nom de l’ancien wali d’Alger Abdelkader Zoukh. Quatre autres anciens walis comparaîtront dans différentes affaires.

Il s’agit de Moussa Ghelai, Kadi Abdelkader et El Ayadhi Mustapha, ils ont occupé respectivement les fonctions de wali de Tipasa et de Boumerdès.


L’affaire Amor Benamor est, elle aussi, prévue pour l’année.

Elle figure d’ailleurs parmi les dossiers les plus avancés, indiquent des sources bien au fait de la situation.

L’homme d’affaires spécialisé dans l’agro-alimentaire sera jugé avec Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal et Rachid Benaïssa, ancien ministre de l’Agriculture et du Développement local.

Amor Ben Amor clot la liste des hommes d’affaires inculpés et poursuivis pour corruption et obtention d’indus avantages, mais une autre série constituée de « politiques » est programmée.


Tayeb Louh, l’ancien inspecteur général du ministère de la Justice ainsi que l’ancien directeur chargé de la modernisation au sein de cette même institution seront jugés dans l’affaire du bracelet électronique, mais l’on retrouve aussi le nom de l’ex-garde des Sceaux auprès de celui de Saïd Bouteflika qui comparaîtront, eux, dans un autre procès lié au fonctionnement de la justice.

Tayeb Louh est également cité dans l’affaire Sonatrach II avec Chakib Khelil.


Sont également programmées les affaires Melzi, ancien directeur général de la zone touristique Club-des-Pins et Moretti, Khalida Toumi, ancienne ministre de la Culture qui est, elle, poursuivie pour mauvaise gestion, Houda Feraoun et Djamila Tamazirt.

Temmar Abdelwahed et Temmar Abdelhamid, respectivement ex-ministres de l’Habitat et de l’Urbanisme et ex-ministre de la Participation et Promotion de l’investissement, font également partie des anciens membres des exécutifs précédents appelés à être jugés.

Abdelhamid Temmar est considéré comme étant le principal inculpé dans le dossier Batigec.


À ces noms s’ajoute celui de Selim Saâdi, ancien ministre de l’Intérieur et des Ressources en eau, poursuivi dans l’affaire BRC.

Il s’agit de l’un des grands dossiers dans lesquels se trouve inculpé Chakib Khelil également cité dans l’affaire SNC Lavalin et Saipem Eni.

Plusieurs anciens ministres ont été inculpés avec l’ancien ministre de l’Energie.

Mohamed Bedjaoui, ex-ministre des Affaires étrangères et ex-président du Conseil constitutionnel, Amar Ghoul, ex-ministre des Transports, et Bouterfa Noureddine, ancien ministre de l’Energie P-dg de Sonatrach.

Sur les vingt-cinq anciens ministres poursuivis, trois d’entre eux seront jugés par contumace : Chakib Khelil, Abdeslam Bouchouareb et Mohamed Bedjaoui considérés comme étant en état de fuite à l’étranger.

A. C.
"le seul qui n'est pas à la barre"

Amar Saadani:

Amar Saadani, né le 17 avril 1950 à Moularès en Tunisie, est un homme politique algérien. Il a été entre 2004 et 2007 président de l'Assemblée populaire nationale, puis du 1ᵉʳ septembre 2013 au 22 octobre 2016, secrétaire général du Front de libération nationale.

En 2008, Amar Saadani est mis en cause dans le scandale des détournements estimés à plus de 500 millions de dollars (52 milliards de dinars) de la Générale des concessions agricoles (GCA) via sa société écran Al Karama. Il est convoqué devant la juge d'instruction près du tribunal de Djelfa le 23 juin 2007 et frappé d'une interdiction de sortie du territoire (ISTN) 7.

En 2014, le site web d'investigation français Mondafrique accuse Amar Saadani d'achats d'immobiliers suspects à Paris8. Il a dans un premier temps nié toute implication dans cette affaire et prétendu ne détenir aucun actif en France. Il finira par admettre une acquisition, pour sa fille, en juillet 2015 dans les colonnes du quotidien El Khabar9. Dans la même affaire le directeur de Mondafrique accusait Saadani de posséder « 300 millions d’euros » dans des banques et de « nombreux immeubles à Paris »
« Panama papers » : comment l’élite algérienne a détourné l’argent du pétrole
Les documents du cabinet panaméen Mossack Fonseca révèlent un réseau complexe de redistribution de pots-de-vin et de rétro-commissions au profit de l’élite algérienne.

Chekib Khelil (au centre ), alors ministre algérien de l’énergie, ici en 2007. Les juges italiens le soupçonnent d’avoir contraint ENI à utiliser Farid Bedjaoui comme intermédiaire, afin d’organiser la redistribution des commissions, notamment à son épouse. Bensalem Billal/ABACA
Le diamantaire Laurent Bloch ne se doutait pas, en ce mois de décembre 2006, que ses retrouvailles avec le frère de son ami d’enfance allaient l’amener, huit ans plus tard, à témoigner devant la justice italienne. Dans les années 1970, l’actuel gérant du diamantaire parisien Raymond Bloch SA fréquentait la même école primaire à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) que Ryad, frère cadet de Farid Bedjaoui. C’était avant que la famille Bedjaoui n’émigre au Canada au début des années 1990, avant que les frères Bedjaoui ne fassent fortune et que l’aîné vienne lui acheter, pour son épouse, deux diamants pour près de 1 million de dollars (environ 900 000 euros).

« Le prix payé par Farid correspondait à la valeur de ces diamants sur le marché », a affirmé Laurent Bloch devant le tribunal de Milan, pour justifier deux virements effectués par Farid Bedjaoui sur le compte à Genève (à l’Union bancaire privée) d’une compagnie offshore, Bexhill International Inc., dont la famille Bloch était bénéficiaire économique.

Un continent de secrets : une nouvelle série sur les « Panama papers » en Afrique
Le Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), dont Le Monde est partenaire, publie dès lundi 25 juillet une nouvelle série d’articles à partir des documents « Panama papers » sur l’évaporation des ressources en Afrique.

La présentation (en anglais) de cette série est à trouver ici.

Les 11,5 millions de documents issus du cabinet panaméen Mossack Fonseca mettent en lumière le rôle des sociétés offshore dans le pillage du continent, qu’il s’agisse de l’industrie du diamant en Sierra Leone, des structures de dissimulations du milliardaire nigérian Kolawole Aluko, propriétaire d’un yacht sur lequel Beyonce a passé des vacances et lié à l’ancienne ministre du pétrole nigériane Diezani Alison-Madueke, ou le recours systématique aux paradis fiscaux par l’industrie extractive.

Selon l’ICIJ, des sociétés issues de 52 des 54 pays africains ont recouru à des structures offshore, participant à l’évaporation de 50 milliards de dollars d’Afrique chaque année. ICIJ, pour cette nouvelle série, s’est appuyé sur ses partenaires habituels ainsi que sur des journalistes en Algérie, au Ghana, en Tanzanie, au Niger, au Mozambique, à Maurice, au Burkina Faso et au Togo, coordonnés par le réseau indépendant ANCIR.

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En l’occurrence, ce n’est pas la structure offshore des Bloch qui intéressait la justice, mais le train de vie de Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre algérien des affaires étrangères, Mohammed Bedjaoui. Farid, personnage flamboyant aujourd’hui âgé de 47 ans, est poursuivi pour corruption et blanchiment d’argent dans l’affaire Sonatrach-Saipem.

Lire aussi Algérie: les dessous de l’ascension fulgurante de l’industriel Issad Rebrab
L’affaire éclate en 2009. L’ancien PDG de la Sonatrach, Mohamed Meziane, ses deux fils, ainsi que de nombreux hauts responsables de la compagnie nationale algérienne de pétrole ont été condamnés en février 2016 au terme du procès algérien dit « Sonatrach 1 ». La filiale algérienne de Saipem a également été jugée coupable de « majoration des prix en mettant à profit l’autorité et l’influence des agents d’un établissement à caractère industriel et commercial », une condamnation dont elle a fait appel. Cette affaire a coûté leur poste à Paolo Scaroni, l’ancien PDG d’ENI, le grand groupe pétrolier italien, et à l’administrateur délégué de Saipem, Pietro Tali. Jusqu’en 1984, Saipem appartenait 100% à ENI. A l’époque des faits qui lui sont reprochés en Algérie, ENI était encore le plus gros actionnaire de Saipem, avec 43%, une participation réduite à 30.5% en octobre 2015 afin d’alléger ENI de près de 5,1 milliards d’euros de dette.

Lire aussi Soupçons de corruption de Saipem en Algérie : ENI et son ex-patron seront jugés
Une deuxième procédure a été ouverte en Italie, dans le sillage des commissions rogatoires envoyées par l’Algérie. Cette fois, les pistes mènent à Farid Bedjaoui, en fuite et aperçu pour la dernière fois à Dubaï, et à l’entourage du ministre de l’énergie de l’époque, Chakib Khelil. Les magistrats italiens accusent Bedjaoui d’avoir touché de la Saipem l’équivalent de 205 millions de dollars par l’intermédiaire de la compagnie Pearl Partners Ltd, domiciliée à Hongkong. Et le soupçonnent d’avoir arrosé de nombreux responsables algériens afin de faciliter l’obtention, par la Saipem, de huit contrats entre 2006 et 2009, pour 10 milliards de dollars : des centaines de kilomètres de pipelines et plusieurs usines de traitement.

« Schéma corruptif »
« Le rôle d’intermédiaire joué par Farid Bedjaoui dans le schéma corruptif (…) aurait été imposé à Saipem par le ministre Khelil. (…) Les magistrats algériens ont identifié des versements qui ont profité à Najat Arafat, épouse de Chakib Khelil », indique le Tribunal pénal fédéral suisse, le 14 janvier 2015, sollicité par une demande algérienne d’entraide judiciaire.

Lire aussi « Panama Papers » : ces safaris africains qui se terminent dans les paradis fiscaux
En 2013, « Docteur Chakib », comme aimaient l’appeler ses collaborateurs au ministère de l’énergie et à la Sonatrach, a été brièvement placé par Interpol sur la liste des personnes recherchées avant que le mandat d’arrêt émis à son encontre par le parquet d’Alger ne soit frappé de nullité. Réfugié aux Etats-Unis, il est revenu triomphalement en Algérie en 2016. Joint par téléphone, Chakib Khelil a indiqué qu’il n’avait pas le temps de parler de ce sujet.


La quasi-totalité des montages offshore ayant servi de lessiveuse à ces commissions et rétrocommissions ont été lancés par la fiduciaire suisse Multi Group Finance, à Lausanne, pour le compte de Farid Bedjaoui et exécutés entre 2007 et 2010 par le cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca. Les documents obtenus par le biais du Consortium international des journalistes d’investigation et le journal allemand Süddeutsche Zeitung révèlent les ramifications de ce réseau que les magistrats italiens et algériens tentent d’élucider.

Lire aussi « Panama Papers » : en Algérie, l’argent du pétrole passe par l’offshore
Farid Bedjaoui, surnommé « M. 3 % », avait ainsi un mandat de gestion sur Girnwood International Engineering Ltd. et Cardell Capital S.A., qui disposent de comptes domiciliés à la banque Edmond de Rothschild à Nassau (Bahamas). Il a fait constituer Sorung Associates Inc. pour gérer des portefeuilles placés à la banque Mirabaud, en Suisse et à Dubaï. Justin Invest Developments SA gère pour lui un portefeuille placé en 2008 à la banque genevoise BLOM Bank. Il a aussi hérité des pouvoirs de Pietro Varone, ancien directeur des opérations de Saipem, également cité dans l’affaire Sonatrach, sur la société Farnworth Consultants Inc., laquelle a servi à l’achat d’un bateau.

Myriade de sociétés offshore
Farid Bedjaoui nie les faits qui lui sont reprochés. Ses avocats affirment qu’il n’a jamais exercé une quelconque influence sur les élites politiques en Algérie pour organiser une entreprise de corruption d’une telle ampleur. Tout comme Saipem, qui dément tout versement de pots-de-vin à des responsables algériens. « L’expertise externe que l’entreprise a commandée pour examiner les livres comptables de l’entreprise n’a trouvé aucune trace prouvant les présumés paiements effectués au profit de responsables algériens à travers des contrats d’intermédiation ou de sous-traitance », a-t-elle fait savoir.


Et aussi : Essayez le jeu interactif de l’ICIJ sur l’offshore africain

Si ENI a toujours entretenu de bons rapports avec l’Etat algérien depuis que son fondateur, Enrico Mattei, a fourni dès 1959 au FLN l’assistance technique nécessaire à ses négociations avec la France coloniale, c’est lorsqu’elle a engagé Farid Bedjaoui comme consultant, en 2003, qu’elle a réussi une ascension fulgurante, décrochant quantité de contrats en quelques années. Les magistrats italiens sont convaincus que les prix de ces contrats entre Sonatrach et Saipem ont été majorés d’un commun accord afin de pouvoir dégager des « marges » au profit des responsables des deux compagnies.

Lire aussi Les Africains du Panama (2) : ces ministres en Algérie et en Angola clients de Mossack Fonseca
Diplômé de HEC Montréal et jouissant des nationalités algérienne, française et canadienne, Farid Bedjaoui gagnait sa vie dans le négoce alimentaire avant de se lancer dans les affaires au début des années 2000 avec ses beaux-frères libanais du groupe Ouais. En 2002, à Beyrouth, l’homme d’affaires franco-algérien Omar Habour lui présente Chakib Khelil, alors ministre algérien de l’énergie et des mines. Ce dernier n’allait pas tarder à le traiter « comme un fils », a déclaré un témoin au procès de Milan.


Cette même année, Farid Bedjaoui recourt pour la première fois aux services du cabinet Mossack Fonseca. Il s’agissait d’ouvrir un compte suisse pour sa société de courtage Rayan Asset Management. Une tâche qu’il a confiée à son gestionnaire de fortune, Ludovic Guignet, de la fiduciaire suisse Multi Group Finance, basée à Lausanne. C’est ce même homme qui aura à gérer la frénésie d’achats de compagnies offshore préexistantes qui s’empare de Farid Bedjaoui à partir de 2006. Une myriade de sociétés domiciliées au Panama et aux Iles vierges britanniques.

Les « Panama papers » en trois points
Le Monde et 108 autres rédactions dans 76 pays, coordonnées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ont eu accès à une masse d’informations inédites qui jettent une lumière crue sur le monde opaque de la finance offshore et des paradis fiscaux.
Les 11,5 millions de fichiers proviennent des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, entre 1977 et 2015. Il s’agit de la plus grosse fuite d’informations jamais exploitée par des médias.
Les « Panama papers » révèlent qu’outre des milliers d’anonymes de nombreux chefs d’Etat, des milliardaires, des grands noms du sport, des célébrités ou des personnalités sous le coup de sanctions internationales ont recouru à des montages offshore pour dissimuler leurs actifs.

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Désormais, Farid Bedjaoui et son mode de vie princier sont devenus emblématiques d’une élite algérienne corrompue, et cela alors que l’Algérie, qui souffre aujourd’hui de la chute des cours du pétrole, aurait perdu chaque année entre 2004 et 2013, selon l’ONG Global Financial Integrity, près d’1,5 milliard de dollars de recettes en raison de l’évasion fiscale, de la corruption et du vol de ressources publiques.

Et pourtant, les vérifications diligentées en interne par le cabinet Mossack Fonseca n’ont rien détecté de suspect. Bedjaoui ayant utilisé son passeport canadien pour ouvrir certains comptes et sa carte d’identité algérienne pour d’autres. Des montages qui permettent une redistribution des actifs à près d’une dizaine de membres de sa famille, d’amis et associés de ce réseau offshore : son épouse libanaise Rania Dalloul, son beau-frère Ziad Dalloul, l’épouse du ministre de l’énergie Chakib Khelil, Najat Arafat, et son fils, Khaldoun, la fille de l’actuel premier ministre algérien Abdelmalek Sellal, Rym, l’homme d’affaires franco-algérien Omar Habour, et le directeur des opérations de Saipem, l’Italien Pietro Varone, ainsi que son épouse.

Des tableaux de Warhol, Miro et Dali saisis
Selon les magistrats italiens, les pistes sont brouillées par des comptes éparpillés dans plusieurs pays, à Dubaï, Singapour, Londres, Hongkong, en Suisse et au Liban. Minkle Consultants SA, par exemple, qualifiée de « carrefour des flux financiers illicites » par les enquêteurs italiens, a servi pour l’acheminement de près de 15 millions de dollars de pots-de-vin. Elle a bénéficié à un éventail de destinataires qui ne sont toujours pas identifiés par l’enquête judiciaire. Le capital social des sociétés créées par Mossack Fonseca est constitué d’actions au porteur (anonymes), ce qui rend difficile la remontée de la chaîne des bénéficiaires finaux.


Les soupçons au sujet de Farid Bedjaoui pour son rôle dans les transactions entre Sonatrach et Saipem ont fait les gros titres de la presse d’Algérie et d’ailleurs dès février 2013. Quelques mois plus tard, la police canadienne a saisi ses actifs à Montréal ; les autorités françaises ont perquisitionné son appartement parisien et saisi de nombreux tableaux signés Andy Warhol, Joan Miro et Salvador Dali. Son yacht de 43 mètres a également été saisi.

Ce n’est pourtant qu’en septembre 2013 que Mossack Fonseca semble prendre conscience qu’il y a un problème avec Farid Bedjaoui. Et cela un peu par hasard : ce mois-là, les autorités des îles Vierges britanniques exigent du cabinet panaméen les documents de la compagnie Abode Finance Services Corporation dont le bénéficiaire économique, Omar Habour, lié à Farid Bedjaoui, est activement recherché par les justices italienne et algérienne dans le cadre de l’affaire Sonatrach-Saipem.

« Embarrassant », dit une employée de Mossack Fonseca
Or, cela fait des années que Mossack Fonseca n’a pas eu de contact avec M. Habour. Dans l’un de ses courriels, la directrice de Mossack Fonseca aux îles Vierges britanniques, Rosemarie Flax, estime que cela est « embarrassant » et expose le cabinet à une amende. Par ailleurs, Mossack Fonseca a continué de s’occuper de Rayan Asset Management, la société de Farid Bedjaoui, jusqu’au moins en novembre 2015.


M. Habour, qui n’a pas répondu à nos appels, tout comme ses avocats du cabinet suisse Chabrier, est accusé, lui aussi, de corruption et de blanchiment d’argent. Il disposait de mandats sur six compagnies offshore créées par Mossack Fonseca à travers Ludovic Guignet, dont certaines ont changé de main entre-temps pour bénéficier notamment à l’épouse de Chakib Khelil, Najat Arafat, à la fille d’Abdelmalek Sellal, Rym. Cette dernière apparaît comme l’ayant droit de la société Teampart Capital Holdings Limited (TCH). Elle en est devenue la bénéficiaire quatre mois après sa constitution, le 26 octobre 2004, par Multi Group Finance et son inscription aux îles Vierges britanniques par Mossack Fonseca en faveur d’Omar Habour.

Najat Arafat, elle, a disposé en 2005 de deux sociétés offshore au Panama dans le cadre de ce montage. Deux sociétés servant de paravent à des comptes bancaires en Suisse : Carnelian Group Inc., créée en mai 2005, et Parkford Consulting Inc., en octobre de la même année. Les pouvoirs de Mme Khelil ont été transmis deux ans plus tard, les 26 et 27 novembre 2007 à Omar Habour.

« Tu veux 10 millions de dollars ? »
Collingdale Consultants Inc. a bénéficié respectivement à Khaldoun, fils cadet de Chakib Khelil, et à Regina Picano, épouse de Pietro Varone. Cette compagnie gérait un « patrimoine » de près de 15 millions de dollars.


Quant aux biens immobiliers acquis durant cette période par Farid Bedjaoui, les autorités américaines ont diligenté une enquête au sujet de trois appartements à New York dont deux à Manhattan, d’une valeur totale de plus de 50 millions de dollars. L’un de ces appartements est un condominium situé au 5, Central Park Avenue, acheté pour 28,5 millions de dollars. Selon les documents fournis aux enquêteurs italiens par le département américain de la Justice, le paiement a surtout été effectué, par le biais d’une compagnie domiciliée au Delaware.

En Italie, le tribunal de Milan a prononcé des peines de prison à l’encontre d’anciens dirigeants d’ENI, à l’image de Tullio Orsi, ancien directeur de la filiale algérienne de Saipem, qui a plaidé coupable en échange d’une remise de peine. Orsi, qui a désormais purgé deux ans et dix mois en prison, a raconté aux enquêteurs ses rencontres avec Farid Bedjaoui à l’Hôtel Bulgari de Milan, où la facture du neveu de l’ancien ministre algérien des affaires étrangères s’est élevée à plus de 100 000 euros en cinq ans. Il a indiqué que Bedjaoui l’avait aussi invité à une soirée organisée sur son yacht amarré au large des côtes espagnoles et qu’il lui a offert 10 millions de dollars. « Il l’a fait avec d’autres qu’il a aidés financièrement et il l’a fait avec plaisir », a témoigné Orsi, ajoutant avoir refusé cette somme.

Cette enquête de Lyas Hallas, Will Fitzgibbon et Leo Sisti a été coordonnée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont Le Monde est partenaire, sur la base des documents « Panama papers » obtenus par la Sueddeutsche Zeitung.

Cet article a été modifié le 29 juillet 2016 pour préciser la nature des relations entre ENI et Saipem, ainsi que le verdict du Tribunal d’Alger du 2 février 2016 qui n’évoquait pas des faits de corruption et de blanchiment, comme écrit par erreur, mais « majoration des prix en mettant à profit l’autorité et l’influence des agents d’un établissement à caractère industriel et commercial ».

Le Monde
"Corruption en Algérie : pourquoi Abdeslam Bouchouareb a écopé de la plus lourde peine"

’ex-ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb est le haut responsable qui a été condamné à la plus lourde peine, vingt ans de prison, dans le procès anti-corruption inédit dont le verdict a été prononcé mardi 10 décembre. Pour quelles raisons a-t-il été plus sévèrement puni que d’autres, comme les ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ?

Qui l’eut cru, en février 2019, au moment où ces hommes s’apprêtaient à faire réélire le président Bouteflika pour un cinquième mandat ? Le tribunal de Sidi M’Hamed, à Alger, a rendu ce mardi 4 décembre son verdict dans les affaires des usines de montages automobiles et du financement de la campagne électorale du candidat Bouteflika.

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À LIRE Algérie : Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal condamnés à 15 et 12 ans de prison
Et si les ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont été condamnés respectivement à 15 et 12 ans de prison ferme, c’est l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb qui a écopé de la plus lourde peine, avec vingt ans d’emprisonnement.

La justice algérienne a lancé un mandat d’arrêt contre celui, en fuite à l’étranger, qui était jugé par contumace. Depuis près d’une semaine, ce dernier était en effet l’élément central de ce premier grand procès impliquant de hauts responsables du régime Bouteflika – et qui devrait être suivi par d’autres jugements dans les prochaines semaines.

7 millions de dollars de cadeaux
Ministre de l’Industrie et des mines de 2014 à 2017, l’homme était très proche de Saïd Bouteflika, le frère et conseiller de l’ex-président – aujourd’hui incarcéré à la prison militaire de Blida après avoir été condamné, fin septembre, à 15 ans de prison pour « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’État ». Les audiences ont notamment révélé qu’en échange de divers avantages accordés aux hommes d’affaires dans ce dossier de montage automobile, il a perçu l’équivalent de 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) de cadeaux, dont une villa sur les hauteurs d’Alger.

’ex-ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb est le haut responsable qui a été condamné à la plus lourde peine, vingt ans de prison, dans le procès anti-corruption inédit dont le verdict a été prononcé mardi 10 décembre. Pour quelles raisons a-t-il été plus sévèrement puni que d’autres, comme les ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ?

Qui l’eut cru, en février 2019, au moment où ces hommes s’apprêtaient à faire réélire le président Bouteflika pour un cinquième mandat ? Le tribunal de Sidi M’Hamed, à Alger, a rendu ce mardi 4 décembre son verdict dans les affaires des usines de montages automobiles et du financement de la campagne électorale du candidat Bouteflika.

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Et si les ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont été condamnés respectivement à 15 et 12 ans de prison ferme, c’est l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb qui a écopé de la plus lourde peine, avec vingt ans d’emprisonnement.

La justice algérienne a lancé un mandat d’arrêt contre celui, en fuite à l’étranger, qui était jugé par contumace. Depuis près d’une semaine, ce dernier était en effet l’élément central de ce premier grand procès impliquant de hauts responsables du régime Bouteflika – et qui devrait être suivi par d’autres jugements dans les prochaines semaines.

7 millions de dollars de cadeaux
Ministre de l’Industrie et des mines de 2014 à 2017, l’homme était très proche de Saïd Bouteflika, le frère et conseiller de l’ex-président – aujourd’hui incarcéré à la prison militaire de Blida après avoir été condamné, fin septembre, à 15 ans de prison pour « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’État ». Les audiences ont notamment révélé qu’en échange de divers avantages accordés aux hommes d’affaires dans ce dossier de montage automobile, il a perçu l’équivalent de 7 millions de dollars (6,3 millions d’euros) de cadeaux, dont une villa sur les hauteurs d’Alger.

Le procès a également rendu public le chantage et les pressions que ce ministre, ex-député du RND, exerçait contre des businessmen en échange d’autorisations pour des investissements. Le concessionnaire automobile Abderrahmane Achaïbou, ancien représentant exclusif de la marque Kia, a ainsi donné un aperçu précis des pratiques mises en place par Bouchouareb. Non seulement ce dernier a exigé de lui une forte somme d’argent pour débloquer l’un de ses projets, mais il est aussi à l’origine du transfert de la représentation de la marque Kia à un autre oligarque.

Cet ex-ministre a également menacé le fabricant coréen de voitures Hyundai, en partenariat d’exploitation depuis vingt ans avec Issad Rebrab, de les exclure du marché algérien s’ils ne retireraient pas la distribution de cette marque au magnat. Le marché de Hyundai a finalement été confié à deux hommes d’affaires qui ont largement rétribué Bouchouareb.

Proche de Saïd Bouteflika
Plus grave, les audiences des deux ex-Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia ont révélé que Bouchouareb échappait à leur contrôle et à leur autorité. Selon nos informations, Bouchouareb n’adressait même pas la parole à Sellal, « le prenant de haut ». Cassant, autoritaire, il lui signifiait qu’il n’avait à recevoir des ordres et à rendre des comptes qu’à Saïd Bouteflika.

Bouchouareb, originaire de l’est algérien, aurait même été aidé par ce dernier pour enterrer un dossier compromettant des services de sécurité, au moment où il est devenu ministre et député. C’est dire les liens qui unissaient l’ex-conseiller spécial à la présidence et cet entrepreneur qui a fait fortune dans la production de chips dans les années 1980.

À LIRE Procès sur la corruption en Algérie : la justice demande à entendre Saïd Bouteflika
Quelques précédents signaux avaient déjà renseigné sur la réputation sulfureuse d’Abdeslam Bouchouareb. En avril 2016, le quotidien français Le Monde révélait, dans le cadre du scandale des Panama Papers, qu’il possédait une société offshore, Royal Arrival Corp, domiciliée au Panama. Créée en avril 2015, alors qu’il était ministre, celle-ci opérait dans l’intermédiation commerciale avec plusieurs pays, dont l’Algérie. Des révélations qui avaient plongé le président Bouteflika, dont le nom était directement cité, dans une colère noire. Le ministre avait pourtant conservé son poste, avant d’être finalement remercié un an plus tard.

Anticipant des problèmes judiciaires en relation avec son ancienne activité gouvernementale, Bouchouareb s’est éclipsé à l’étranger. Certaines rumeurs disent ce propriétaire d’un appartement à Paris réfugié au Liban, pays avec lequel l’Algérie n’a pas signé de conventions d’extradition. Maintenant qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre lui, tout le problème consiste à pouvoir localiser cet architecte de la corruption, qui a largement contribué à envoyer en prison deux anciens Premiers ministres et deux de ses ex-collaborateurs.
"Argent détourné sous Bouteflika : La Suisse n’a effectué aucun blocage"

Le ministère des Affaires étrangères suisse a affirmé que la Suisse n’a effectué aucun blocage des avoirs détournés par le clan Bouteflika, rapporte ce dimanche 8 décembre La Tribune de Genève.

« Aucun blocage d’avoirs n’a été adopté par le Conseil fédéral », a annoncé le Département fédéral des affaires étrangères, selon le même média qui cite aussi l’avocat Lachemi Belhocine, qui met en garde contre des rumeurs sur le blocage des avoirs en Suisse du clan Bouteflika.

« Ce n’est pas fait. Les gens croient que j’ai bloqué l’argent caché en Suisse mais pas du tout. C’est à l’actuel ministre algérien de la Justice de solliciter l’entraide judiciaire », explique l’avocat algérien basé à Fribourg.

« C’est à l’actuel ministre algérien de la Justice de solliciter l’entraide judiciaire », indique Me Belhocine, qui estime que l’inaction du ministre laisse penser que les autorités algériennes ne veulent pas vraiment retrouver l’argent évaporé.

En réalité, pister l’argent du clan Bouteflika « s’annonce compliqué », indique le même journal qui souligne que « pour l’instant, les quelques affaires qui remontent à la surface résultent davantage de règlements de comptes que d’une véritable volonté politique ».

« Il y a bien de l’argent algérien en Suisse »
« Il y a bien de l’argent algérien en Suisse mais il est camouflé derrière des sociétés offshore», confie une source citée par le journal suisse qui précise qu’il est impossible d’identifier les véritables ayants droit des fortunes placées dans l’immobilier ou l’hôtellerie. Sauf si les intéressés ont manqué de prudence. »

La restitution des avoirs détournés sous l’ère Bouteflika est au cœur du débat politique, notamment à l’occasion de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 12 décembre prochain. En effet, les cinq candidats à la magistrature suprême rivalisent de propositions visant à récupérer cet argent, même si la population ne semble pas convaincue par ces promesses.

À ce propos, le média helvétique a rappelé qu’en juin 2019, le président du groupe socialiste au parlement, Carlo Sommaruga, a demandé si la Confédération envisageait de geler «les avoirs illégitimes et illicites du clan Bouteflika».

Ignazio Cassis, ancien Conseiller fédéral et Chef du département fédéral des Affaires étrangères, avait répondu qu’il existait des mécanismes de coopération permettant de lancer une telle action et que, pour l’instant, la Suisse restait attentive à ce qui se passait en Algérie, selon le même média.

"La Suisse, terre d’accueil des milliards du clan Bouteflika ?"


"Les Algériens réclament que l’Algérie remette la main sur les avoirs du clan de l’ancien président. Des milliards de dollars difficilement traçables…"

En 2014, la somme avait fait le buzz sur internet : la fortune de Bouteflika avait été estimée à 245 millions de dollars et les internautes algériens s’étaient émus d’une telle révélation. Sauf que jamais la fortune de l’ex-président algérien n’a véritablement été estimée. Certes, Bouteflika a toujours rempli des déclarations de patrimoine, mais le mystère sur sa fortune perdure…

Une chose serait sûre : des dizaines de milliards de dollars ont été détournés par le clan de l’ancien président algérien ces dernières années. Reste désormais à savoir où a atterri cette fortune… Selon Le Matin Dimanche, les Algériens sont convaincus qu’« une grande partie de ce trésor se trouve en Suisse. »

Or, la rue aimerait savoir ce qu’il en est. Qui est ce clan Bouteflika ? Il s’agit de l’ancien président mais également de son frère Saïf et de plusieurs généraux. L’avocat Me Lachemi Belhocine a déposé une plainte en Suisse, indique la presse helvétique, pour « faire bloquer les avoirs illicites des caciques du régime. » Selon le juriste, plus d’un millier de sociétés ont été créées en Suisse pour « siphonner l’argent algérien » via un système de fausses factures.

A première vue, un système facile à tracer. Mais l’ancien président et sa garde rapprochée avaient prévu le coup. Grâce à des sociétés écrans, notamment hébergées à Dubaï, et un système de trusts et de filiales, il sera certainement difficile et long de retracer l’argent du clan Bouteflika.
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