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"Algérie : ce que les présidents français ont déjà déclaré"

Publié le 25/01/2021
"Le Monde" Publié le 20 janvier 2021 "Algérie : ce que les présidents français ont déjà déclaré"Depuis vingt ans, les chefs d’Etat successifs n’ont cessé d’évoquer la sensibilité de la mémoire franco-algérienne.
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Les Commentaires

Jacques Chirac

« Oui, nos deux peuples ont une histoire commune, avec ses ombres et ses déchirures, mais aussi avec ses pages de vie et d’harmonie. Ma pensée, aujourd’hui, va également vers ces millions de femmes et d’hommes, si différents par leurs religions, leurs origines, leur culture, qui ont vécu sous ce même ciel méditerranéen, et façonné ensemble cette terre à laquelle ils étaient si attachés. Ce passé, complexe, encore douloureux, nous ne devons ni l’oublier ni le renier. Marcel Proust écrivait : « Certains souvenirs sont comme des amis communs, ils savent faire des réconciliations. » Laissons nos souvenirs parachever la nôtre. D’un côté comme de l’autre, sachons regarder ce passé en face. Reconnaître ses blessures, sa dimension tragique. Accueillons ensemble les mémoires, toutes les mémoires. Respectons toutes les victimes de la guerre d’Algérie, toutes celles et ceux qui ont combattu dans la sincérité de leurs engagements. Celles et ceux qui n’ont pu voir se lever les jours de l’Indépendance, comme celles et ceux qui ont dû se résoudre à l’exil. (…) Nous devons organiser notre communauté de destin, au service de la paix et de la stabilité en Méditerranée. Les destins de l’Algérie et de la France s’entrecroisent. Les âmes de nos deux peuples se mêlent intimement. Nous avons à disposition tellement d’atouts pour y parvenir. Privilégions ce qui nous unit, par le cœur et par la raison. »

(Discours prononcé le 3 mars 2003 à Alger, devant le Parlement algérien.)
Nicolas Sarkozy

« Dans cette ville [Constantine], que je n’ai pas choisie par hasard, les pierres se souviennent encore de ce jour de 1837 où un peuple libre et fier, exténué après avoir résisté jusqu’à l’extrême limite de ses forces, fut contraint de renoncer à sa liberté. Les pierres de Constantine se souviennent encore de cette journée terrible du 20 août 1955 où chacun fit couler ici le sang, pour la cause qui lui semblait la plus juste et la plus légitime. Le déferlement de violence, le déchaînement de haine qui, ce jour-là, submergea Constantine et toute sa région et tua tant d’innocents étaient le produit de l’injustice que depuis plus de cent ans le système colonial avait infligée au peuple algérien. L’injustice attise toujours la violence et la haine. Beaucoup de ceux qui étaient venus s’installer en Algérie, je veux vous le dire, étaient de bonne volonté et de bonne foi. Ils étaient venus pour travailler et pour construire, sans l’intention d’asservir ni d’exploiter personne. Mais le système colonial était injuste par nature et le système colonial ne pouvait être vécu autrement que comme une entreprise d’asservissement et d’exploitation. (…) De part et d’autre, il y a eu des douleurs, il y a eu des souffrances, il y a eu des peines. Ces douleurs, ces souffrances et ces peines, nul en Algérie ni en France ne les a oubliées. Je n’oublie ni ceux qui sont tombés les armes à la main pour que le peuple algérien soit de nouveau un peuple libre, je n’oublie ni les victimes innocentes d’une répression aveugle et brutale, ni ceux qui ont été tués dans les attentats et qui n’avaient jamais fait de mal à personne, ni ceux qui ont dû tout abandonner : le fruit d’une vie de travail, la terre qu’ils aimaient, la tombe de leurs parents, les lieux familiers de leur enfance. »



(Discours prononcé le 5 décembre 2007 devant des étudiants à l’université Mentouri de Constantine.)
François Hollande

« Rien ne se construit dans la dissimulation, dans l’oubli, et encore moins dans le déni. La vérité, elle n’abîme pas, elle répare, la vérité, elle ne divise pas, elle rassemble. Alors, l’histoire, même quand elle est tragique, même quand elle est douloureuse pour nos deux pays, doit être dite. Et la vérité, je vais la dire ici, devant vous. Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal, ce système a un nom, c’est la colonisation, et je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien. Parmi ces souffrances, il y a eu [en 1945] les massacres de Sétif, de Guelma, de Kherrata, qui, je sais, demeurent ancrés dans la conscience des Algériens, mais aussi des Français. Parce qu’à Sétif, le 8 mai 1945, le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles. La vérité, elle doit être dite aussi sur les circonstances dans lesquelles l’Algérie s’est délivrée du système colonial, sur cette guerre qui, longtemps, n’a pas dit son nom en France, la guerre d’Algérie. Voilà, nous avons le respect de la mémoire, de toutes les mémoires. Nous avons ce devoir de vérité sur la violence, sur les injustices, sur les massacres, sur la torture. Connaître, établir la vérité, c’est une obligation, et elle lie les Algériens et les Français. C’est pourquoi il est nécessaire que les historiens aient accès aux archives, et qu’une coopération dans ce domaine puisse être engagée, poursuivie, et que progressivement, cette vérité puisse être connue de tous. »

(Discours prononcé le 20 décembre 2012 à Alger, devant le Parlement algérien.)
Emmanuel Macron

« Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un Etat, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie. »

(Entretien au Point, novembre 2016.)

« Je pense qu’il est inadmissible de faire la glorification de la colonisation. Certains, il y a un peu plus de dix ans [la loi du 23 février 2005 mentionnait le « rôle positif » de la colonisation], ont voulu faire ça en France. Jamais vous ne m’entendrez tenir ce genre de propos. J’ai condamné toujours la colonisation comme un acte de barbarie. Je l’ai fait en France, je le fais ici. (…) La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes (…). Il y a eu des crimes terribles, de la torture, de la barbarie (…) mais en même temps, je ne veux pas tomber dans la culture de la culpabilisation sur laquelle on ne construit rien. C’est ce chemin de crête que je veux que nous prenions ensemble. »

(Entretien avec le journaliste Khaled Drareni, le 15 février 2017 sur Echorouk News).

« La disparition de Maurice Audin a été rendue possible par un système dont les gouvernements successifs ont permis le développement : le système appelé “arrestation-détention”. Ce système a été le terreau malheureux d’actes parfois terribles, dont la torture, que l’affaire Audin a mis en lumière. Certes, la torture n’a pas cessé d’être un crime au regard de la loi, mais elle s’est alors développée parce qu’elle restait impunie. (…) Il importe que cette histoire soit connue, qu’elle soit regardée avec courage et lucidité. Il en va de l’apaisement et de la sérénité de ceux qu’elle a meurtris, dont elle a bouleversé les destins, tant en Algérie qu’en France. Une reconnaissance ne guérira pas leurs maux. Il restera sans doute de l’irréparable en chacun mais une reconnaissance doit pouvoir, symboliquement, délester ceux qui ploient encore sous le poids de ce passé. C’est dans cet esprit, en tout cas, qu’elle est pensée et aujourd’hui formulée. Il en va aussi de l’honneur de tous les Français qui, civils ou militaires, ont désapprouvé la torture, ne s’y sont pas livrés ou s’y sont soustraits, et qui, aujourd’hui comme hier, refusent d’être assimilés à ceux qui l’ont instituée et pratiquée. »

(Déclaration du 13 septembre 2018 sur la mort de Maurice Audin.)
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