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Pourquoi il est impossible pour l’Algérie de continuer à vendre un bidon d’huile à 600 Da

Publié le 23/03/2021
23/03/2021"AP+"Pourquoi il est impossible pour l’Algérie de continuer à vendre un bidon d’huile à 600 Da"L’huile de table est devenue la préoccupation majeure des Algériens depuis plusieurs semaines. Alimentant une très vive polémique en raison des augmentations des prix anarchiques et de fortes pénuries dans les supermarchés ou magasins d’alimentation générale, l’huile de table a fini par provoquer des scènes ahurissantes de paniques au sein de la population algérienne. Mais au-delà de toutes les polémiques stériles au cours desquelles les producteurs accusent les commerçants, et vice-versa, personne en Algérie n’a voulu expliquer les véritables raisons de cette « crise de l’huile ». Une crise qui a pour origine : la dévaluation forte du dinar algérien et l’augmentation des prix des matières premières alimentaires sur les marchés internationaux.
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23 mars 2021


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L’huile de table est devenue la préoccupation majeure des Algériens depuis plusieurs semaines. Alimentant une très vive polémique en raison des augmentations des prix anarchiques et de fortes pénuries dans les supermarchés ou magasins d’alimentation générale, l’huile de table a fini par provoquer des scènes ahurissantes de paniques au sein de la population algérienne. Mais au-delà de toutes les polémiques stériles au cours desquelles les producteurs accusent les commerçants, et vice-versa, personne en Algérie n’a voulu expliquer les véritables raisons de cette « crise de l’huile ». Une crise qui a pour origine : la dévaluation forte du dinar algérien et l’augmentation des prix des matières premières alimentaires sur les marchés internationaux.

En effet, personne n’arrive à expliquer aux consommateurs algériens que l’huile qu’ils consomment est fabriquée essentiellement à base d’huile de Soja et d’huile de Tournesol. En Algérie, seule l’huile fabriquée à base de Soja est officiellement soutenue par l’Etat afin que son prix soit accessible aux bourses les plus modestes. Ainsi, la marque d’huile de table la plus consommée par les Algériens est de ce fait « Elio » qui est faite à base d’huile de Soja. Elle est donc exonérée de droits et taxes. Partant de ce principe, son prix est plafonné suivant un barème qui a été fixé par les pouvoirs publics depuis 2011 à la suite des fameuses émeutes de janvier 2011 ayant fait 8 morts et plus de 800 blessés dans plusieurs villes d’Algérie et plus particulièrement à Alger. Le gouvernement algérien avait fixé de nouvelles mesures pour enrayer la hausse des prix des matières premières.

A l’époque, les autorités algériennes ont décidé de procéder à une baisse de 41 % des taxes sur les coûts de revient des produits de base pour les importateurs, producteurs et distributeurs alimentaires d’huile et de sucre roux. Grâce à cette décision, les prix de l’huile de table ont été ramenés de 900 Da, voire 1000 Da, jusqu’à 600 Da pour le bidon d’huile de 5 litres.

Fin mars 2011, le décret exécutif fixant le plafonnement les prix et les marges bénéficiaires de sucre et les huiles alimentaires à la production, à l’importation et à le distribution, aux commerces de gros et de détail, a été publié au journal officiel no 15.

Ce texte a fixé les prix plafonds pour les bidons d’huile ordinaire raffinée de 5litres, 2 litres et 1 litre respectivement à 600 da, 250da et 125 da alors que les prix de kilogramme de sucre blanc vendu en vrac et préemballé ont été fixés respectivement à 90 da et 95 da. L’Algérie a continué à fonctionner sur la base de ces plafonds de 2011 jusqu’à aujourd’hui. L’Etat assumait avec ses propres deniers le différentiel entre le prix réel de l’huile de table et le prix plafonné qui régissait sa commercialisation sur le marché national. Prés de douze (12) milliards de dinars, soit l’équivalent de 76 millions d’euros, ont été ainsi décaissés par les pouvoirs publics entre 2011 et 2017 au titre des subventions des prix de l’huile alimentaire raffinée ordinaire et du sucre blanc.

La compensation globale, mobilisée depuis la mise en œuvre au début de l’année 2011 d’un système de stabilisation des prix de l’huile brute alimentaire raffinée ordinaire et du sucre blanc jusqu’au 13 décembre 2017, s’est élevée à 11,81 milliards DA (mds DA), avaient précisé en janvier 2018 des responsables de la Direction générale de la régulation et de l’organisation des activités auprès du ministère du Commerce. Quant aux dotations budgétaires allouées à ce chapitre depuis l’exercice budgétaire de 2012 à ce jour, elles se sont élevées à 19,8 mds DA, avait souligné la même source.

Or, depuis 2020 et notamment depuis le début de l’année 2020, ce dispositif est devenu totalement caduc parce que la crise financière qui ébranle le pays a totalement modifié les paradigmes économiques du pays. Pourquoi ?

D’abord, les cours internationaux de l’huile de Soja ont battu des records depuis le début de l’année 2021 à cause de l’impact de la pandémie de la COVID-19 sur le marché mondial des matières premières alimentaires. Ainsi, depuis janvier 2021, les prix de l’huile de Soja ont augmenté de plus de 30 %. Rien que durant ces 5 derniers jours, les prix de l’huile de Soja ont continué d’augmenter de 2,32 %. L’Algérie est entièrement dépendante de ses importations depuis l’étranger.

Durant l’année 2020, les importations algériennes des fèves de soja ont totalement explosé atteignant une augmentation phénoménale de 2512 % en 2020 par rapport à l’année 2019 ! C’est un document officiel des services des douanes algériennes qui le dit et l’affirme. Il s’agit effectivement d’un document dressé par la Direction des Etudes et de la Prospective de la direction générale des douanes algériennes pour relater tous les tenants et aboutissants des opérations de commerce extérieur pendant les 11 mois de l’année 2020.

Ce document nous apprend que l’Algérie a importé plus de 293 millions de dollars en 2020 de fèves de soja avec un volume des importations qui est en hausse de plus de 2512 % par rapport à 2019 ! Un record inédit et historique. Mais pourquoi autant d’engouement en Algérie pour les importations des fèves de soja au moment où le pays travers de l’une des pires crises financières de l’Histoire dans le sillage de la pandémie de la COVID-19 ?

D’abord, il faut savoir que les produits à base de soja proviennent de la fève de soja. Le soja est un légume qui est utilisé pour fabriquer le tofu, le lait de soja, la farine de soja, le miso et de nombreux autres aliments. Contrairement à d’autres aliments végétaux, la teneur en protéines du soja est équivalente à celle des produits d’origine animale. Comme la viande, le soja est une protéine complète. Cela signifie qu’il fournit tous les acides aminés essentiels dont votre corps a besoin mais qu’il ne peut produire lui-même.

En Algérie, le soja est effectivement très recherché pour son utilisation dans la production de l’huile et des tourteaux utilisés dans l’alimentation animale. L’Algérie est le 2e consommateur africain d’huile de soja derrière l’Egypte et le 4e importateur mondial de la denrée.

A ces augmentations des prix sur les marchés mondiaux et la forte dépendance vis-à-vis des importations, il faut rajouter la chute de la valeur du dinar algérien, à savoir la forte dévaluation estimée à plus de 33 % depuis 2019. Rien qu’en 2020, le dinar algérien a perdu plus de 20 % face à l’euro et plus de 10% face au dollar américain. Cette dévaluation du dinar algérien aggrave la facture des importations et les coûts de l’acquisition de la matière première. Donc la fabrication de l’huile de table à base de Soja revient beaucoup plus chère. Les coûts augmentent et les prix proposés pour le dernier consommateur doivent suivre. Sauf que le dispositif mis en place par l’Etat algérien depuis 2011 interdit toute augmentation des prix de l’huile de table.

Face à cet obstacle, les commerçants rechignent et refusent de commercialiser un produit qu’ils ne peuvent pas vendre plus cher alors que, chute du dinar algérien oblige, leur bénéfice a totalement fondu. Les grossistes ont décidé ainsi unilatéralement de vendre cher les bidons de 5 litres de huile estimant qu’il «n’est pas possible» de continuer à faire des ventes avec zéro bénéfices et que des charges à payer.

C’est dans ces conditions que le prix du bidon d’huile de 5 litres de la marque Elio, du producteur Cevital, a atteint les 700 DA chez certains détaillants, vu la grande pression que connaît le marché. Lorsque l’Etat a commencé à sévir et menacer les commerçants, certains ont préféré totalement boycotté l’huile de table ! « Avec les prix qui demeurent plafonnés par l’Etat, nous préférons ne pas commercialiser ces produits plutôt que de prendre une petite marge insignifiante », ont indiqué des grossistes comme des détaillants dans plusieurs témoignages accordés aux médias algériens.

Par conséquent, les grossistes refusent de distribuer ce produit aux prix plafonnés et la pénurie a commencé à s’installer dans les rayons de tous les commerces. « Avec la hausse des prix de production de ces produits et le maintien des prix plafonnés, les grossistes ont refusé de commercialiser les huiles, étant donné que c’est leur marge bénéficiaire qui est touchée dans cette situation », expliquent de nombreuses sources bien introduites dans ce circuit du commerce agroalimentaire à Alger. C’est cette situation qui a engendré de fortes tensions sur le marché national et des pratiques spéculatives autour du bidon d’huile de table.


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