Vainqueur avant l'heure ?

Vainqueur avant l'heure ?

par Abdelkrim Zerzouri


Plusieurs partis et candidats indépendants ont anticipé les résultats officiels du vote du 12 juin, qui doivent encore attendre quelques jours, au moins un délai de 96 heures imposé par le mode du scrutin de liste ouverte à la représentation proportionnelle avec vote préférentiel, sans panachage, et ont annoncé leur victoire avant l'heure. Comment voir cette anticipation des résultats du vote, comme une forme de pression sur les autorités publiques, de la surenchère ou une estimation, somme toute possible et permise en raison de la présence en force des observateurs des partis et des candidats, enregistrée dans les centres de vote, qui ont été destinataires des PV des résultats, et qui peuvent avoir, ainsi, une idée sur la tendance générale des voix ?

Ce n'est pas nouveau, car lors de précédents votes, également, des partis ou des candidats se déclaraient gagnants avant la proclamation officielle des résultats du vote, à la seule différence qu'auparavant, l'officiel ne tardait pas à confirmer ou infirmer les anticipations avancées par les partis en lice au scrutin, contrairement à ce qu'on vit aujourd'hui, où les prospectives peuvent avoir leurs belles heures, voire de jours, avant de les faire taire. Une situation pas vraiment faite pour aider à supporter la longue attente de la proclamation des résultats officiels, notamment lorsque les annonces en question visent sournoisement à semer le trouble dans les esprits. Dans certains cas, quand le vote est à sens unique, on parle de vainqueur avant l'heure, mais en dehors de cette possibilité, il ne peut exister de victoire avant l'heure. Tout au plus, on peut avancer des estimations qui plaideraient pour une victoire, tout en attendant les résultats officiels, et sans semer ni zizanie ni doute à leur sujet. Certains n'auraient, donc, aucune mauvaise intention quand ils s'accrochent à des résultats anticipés, et se déclarent vainqueurs sur la base des scores communiqués par leurs représentants dans les bureaux de vote, lors du comptage des voix. Cela ne veut pas dire pour autant qu'ils ne peuvent pas se tromper dans leur calcul, bien-sûr. Mais, quand d'autres n'auront pas attendu le comptage des voix pour anticiper leur victoire, ayant en cela soutenu lors de la campagne électorale, déjà, qu'ils sortiraient vainqueurs de l'urne, leur réaction ne peut surprendre personne après la fermeture des bureaux de vote. Cela n'enlèverait rien à leur mérite réel ou supposé, il faut juste éviter la surenchère, avoir de l'humilité et surtout ne pas oublier dans leur euphorie de remercier ses électeurs et les assurer d'une fidélité totale à la défense de leurs intérêts et des intérêts suprêmes du pays.

En attendant confirmation officielle sur un plan national, plusieurs partis en lice pour les Législatives du 12 juin, sont donnés gagnants par les résultats préliminaires au niveau de quelques wilayas, devançant les listes indépendantes qui étaient pourtant plus nombreuses que les listes partisanes en lice pour le scrutin du 12 juin, (Partis 1.080 listes partisanes pour 1.208 listes indépendantes), et qu'on donnait vainqueurs avant l'heure à la faveur d'une chute de popularité des partis politiques. Ni enterrer des partis avant l'heure ni donner de vainqueur avant l'heure, la première force politique du pays n'est pas encore connue, pas avant la proclamation globale et officielle des résultats du vote.