Opération «les éboueurs de la mer» : Une initiative bienvenue

Afin de susciter l'action eco-citoyenne en incitant les différentes composantes de la population à s'impliquer dans la préservation de l'environnement, la radio algérienne, en collaboration avec le mouvement associatif, les Scouts, les directions de la pêche et de l’aquaculture, de l'environnement, les autorités locales et des bénévoles des 14 wilayas côtières ont participé, hier, au lancement de la 15e édition de l'opération «Les éboueurs de la mer», en prévision du lancement officiel de la saison estivale, le 1er juillet prochain.

En équipement de plongée ou en tenue de plage, hommes, femmes et enfants se sont mués en éboueurs de la mer pour ramasser des déchets. Des milliers de personnes d'horizons divers se sont retrouvées à l'initiative de la Chaîne III, pour nettoyer des plages transformées, hélas, en véritables dépotoirs à ciel ouvert. Sur les plages des 14 villes côtières, en l'occurrence Tamentfoust, qui borde une petite cité balnéaire à une trentaine de kilomètres de la capitale, Jijel, Annaba, Tlemcen, Oran, Tipasa, des centaines de bénévoles, seuls ou en famille, ont ratissé la zone, remplissant leurs sacs de bouteilles, canettes, sachets plastique et autres détritus échoués sur le sable, en plus des centaines de grands sacs remplis des détritus sortis de la mer (pneus, vêtements, bouteilles en plastique et en verre, canettes, des bottes, des planches en bois... ). Un état de lieu qui fait que la mer Méditerranée contienne entre 1.000 et 3.000 tonnes de déchets plastiques, soit un déchet tous les 4 m², selon le professeur en sciences de la mer et expert international en environnement et développement durable, Samir Grimes, lors de son intervention sur à la radio. Le spécialiste a précisé qu'une étude réalisée par l'École nationale supérieure des sciences de la mer et de l'aménagement de littoral (ENSSMAL) a démontré que « 80% des déchets ramassés sont des déchets plastiques», insistant sur la nécessité de multiplier les campagnes de sensibilisation pour instaurer cet éveil et cette responsabilité écologique chez la population. «Je ne comprends pas qu'il y ait peu d'intérêt et peu d'émissions consacrées à l’écosystème ?» s’interroge-t-il, expliquant qu'une bonne réception et un bon répondant s'enregistrent chez le citoyen quand on lui explique la gravité de la situation.

L’efficacité des lois est plus que nécessaire

Par ailleurs, le professeur Grimes a indiqué que le cadre réglementaire est riche en lois qui protègent l'environnement, même la Constitution exhorte au respect de la nature. Il regrette par contre «le manque d'efficacité de ces lois», et appelle à la nécessité de réviser certaines réglementations dépassées. Il cite, à titre d'exemple, l'amende consacrée au dépôt magnétique qui est de l'ordre de 200.000 à 300.000 DA pour les industriels qui ne respectent pas la réglementation, la disposition sur le jet d'ordures qui est de l'ordre de 500.000 DA, l'amende pour extraction du sable, de l'ordre de 200.000 DA.
«Ce n'est pas normal, avec ce genre de pénalité, on ne pourra jamais mettre fin à ces problèmes. Il est temps de passer à la révision de ces lois, pour les rendre efficaces et responsabiliser les individus», dit-il. Le professeur regrette que «le problème de la protection de l'environnement en Algérie ne se situe pas dans la création de nouvelles lois, mais surtout dans l'efficacité de celles qui existent déjà».

Initier les enfants à la protection de l’environnement

Les enfants, dès leur jeune âge, doivent être initiés à la protection de l'environnement. Cela concerne aussi bien les animaux, les arbres que la pollution marine. Ils doivent comprendre en quoi consistent l'environnement et l'intérêt de sa préservation.
Cela passe par diverses activités éducatives environnementales qui doivent être assurées par les écoles.
Sur ce fait, le professeur Samir Grimes a mis l'accent sur le travail de sensibilisation sociétale qui doit être opéré, à commencer par la catégorie des enfants. Pour ce faire, il propose d'introduire dans les manuels scolaires des thèmes sur la pollution marine, le changement climatique, les espaces toxicologiques...
La pollution marine est très peu citée dans les manuels scolaires ( primaire, secondaire et lycée), il faut expliquer aux enfants, dès le jeune âge, ce problème et leur apprendre à préserver l'environnement. Il faut qu'ils touchent du doigt la pollution, qu'ils connaissent son impact environnemental ; il faut aussi leur faire comprendre son impact sur le marché du travail.
Un enfant doit savoir qu'il faut transformer ces problèmes environnementaux en opportunité de travail. Par exemple, un sac poubelle d’une personne est une opportunité de travail pour une autre.

La protection de l’environnement, responsabilité de chacun

La côte algérienne, longue de plus de 1.600 km, draine chaque année des millions d’estivants. Mais de nombreuses plages sont interdites à la baignade, à cause de la pollution, notamment celle liée aux égouts qui se déversent directement dans la mer ou aux rejets de produits chimiques de certains sites industriels. La baie d’Alger n’échappe pas à ce fléau. Si bien que les autorités ont lancé, en 2014, un projet de 400 millions d’euros, pour permettre, notamment la dépollution du fleuve Oued El-Harrach, dont les eaux usées souillent la zone. Il devrait être achevé en 2029. Le citoyen a une grande part de responsabilité dans la pollution des plages. La côte est de plus en plus polluée par l'homme, qui, par des gestes irresponsables et par son incivisme, rend la fréquentation des plages, surtout pendant l'été, très «difficile et insalubre». Kafia Aït Allouache