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L'appétit dévorant de la Chine pour le blé français

Publié le 17/08/2021
L'appétit dévorant de la Chine pour le blé français Plusieurs milliers de kilomètres séparent le champ de la Beauce de l’assiette du pékinois et pourtant la demande chinoise atteint des niveaux historiques sous nos latitudes. Le port de Rouen, premier exportateur de grains de l’Ouest européen, a ainsi expédié plus de deux millions de tonnes de céréales en Chine, depuis le début de la campagne qui s’achève en juin. Un record inédit.
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plus de quinze ans de bouderie, la Chine effectue un retour en fanfare sur le marché hexagonal du grain. La tendance, amorcée au début de la crise sanitaire, s'amplifie. Pour en prendre la mesure, il faut aller aux abords des silos du port de Rouen d'où partent environ la moitié des navires céréaliers à destination de la Chine. Fin juin, ces terminaux devraient y avoir expédié entre 2,2 et 2,3 millions de tonnes de céréales (sur un peu plus de 6 Mt au global).


« C'est un niveau inédit depuis la visite de Jacques Chirac à Pékin en 2004 (qui s'était soldée par la vente de 700.000 tonnes de blé ndlr)» souligne Manuel Gaborieau, délégué commercial d'Haropa pour la filière.

Résultat. Pour la première fois depuis des décennies, l'empire du Milieu va devancer l'Algérie au palmarès des clients du port.

Le même constat vaut pour le groupe Senalia, leader français de la manutention de céréales, installé à Rouen. Cofco*, le puissant conglomérat public chinois chargé de l'importation des produits agricoles est devenu, cette année, son premier apporteur d'affaires. Et de loin. Depuis l'été 2020, 40% des grains traités dans ses silos portuaires ont pris la direction de la Chine dont un gros tiers de blé. Du jamais vu, indique Alain Charvillat, directeur céréales export de Senalia. « C'est très très exceptionnel puisque cette part, quasi inexistante avant 2017, n'était que de 11% sur la campagne précédente et encore s'agissait-il essentiellement d'orge de brasserie ».

Des causes structurelles et conjoncturelles

Alors pourquoi cette fièvre acheteuse ? La première raison est d'ordre structurel. La Chine qui abrite 20% de la population de la planète ne dispose, en effet, que de 8% des terres arables. Malgré une politique agricole qui vise à lui assurer l'autosuffisance, elle est contrainte de recourir à d'autres pays producteurs pour satisfaire ses besoins.

« Elle doit nourrir chaque année une population croissante tout en faisant face à la baisse des surfaces agricoles et à des ressources en eau limitées » observe-t-on chez France Export Céréales, lobby de l'interprofession, qui dispose de longue date d'un bureau à Pékin. En outre, les habitudes de consommation des Chinois changent pour se rapprocher du modèle occidental. Plus carnivores, ils tendent à délaisser le riz au profit du pain et des gâteaux.

D'autres raisons plus conjoncturelles motivent cette boulimie de céréales (pour l'alimentation humaine et animale) à commencer par la reconstitution très rapide du cheptel porcin, hier décimé par la peste africaine. Des considérations géopolitiques pourraient aussi expliquer ce regain d'appétit pour le grain cultivé sous nos latitudes.


« On peut penser à un phénomène de double précaution consécutif à la crise sanitaire mais aussi aux tensions avec les Etats-Unis et l'Australie qui pousse les dirigeants à diversifier leurs sources d'approvisionnement » décrypte Manuel Gaborieau.

A cet exercice, la France n'est pas la plus mal lotie. « On a la chance de faire partie des pays qui respectent le cahier des charges sanitaire très strict qu'imposent leurs douaniers» observe Alain Charvillat.

Ebranlée par plusieurs scandales alimentaires et inquiète à l'idée de laisser entrer des espèces végétales invasives, la nation de Xi Jinping se montre, en effet, très sourcilleuse sur la qualité des céréales qu'elle importe. Et gare à ceux qui ne respecteraient pas la doxa. « Il n'est pas rare que les autorités refusent des bateaux » constate t-on chez Haropa.

Imprévisible Chine

En tout état de cause, le retour de la Chine dans le jeu hexagonal constitue une aubaine pour les céréaliers français de plus en plus concurrencés par les blés de la mer noire sur leurs marchés historiques de l'Afrique du Nord. Pour autant, difficile de dire si cette lune de miel se prolongera.

Bien que le média britannique Medi Telegraph, généralement bien informé, affirme que les opérateurs chinois ont déjà pré-commandé entre 500.000 et un million de tonnes à la France pour la prochaine campagne sur la foi de plusieurs sources, Alain Charvillat se montre plus circonspect. « Il est très compliqué d'obtenir des informations sur l'état de leurs stocks, explique t-il. De plus, ils ont pris l'habitude de ne pas se dévoiler pour éviter d'affoler les cours ». Selon ce professionnel, les brasseurs -Tsing Tao en tête- devraient continuer d'importer les orges français qu'ils se sont habitués à transformer. En revanche, rien ne dit que l'empire du Milieu restera durablement fidèle aux blés des plaines de la Beauce ou du Vexin normand, moins protéinés que ceux en provenance des Etats-Unis ou de l'Australie et plus chers à transporter. Comme le dit un proverbe chinois, « la porte la plus sûre est celle que l'on peut laisser ouverte ».



























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