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Les sanglots de Rayan

Publié le 09/02/2022
Les sanglots de Rayan par El Yazid Dib C'est de ce fond noir, de ce maudit puits que je tente avec une peine d'enfant de vous décrire mes derniers instants. Je suis là, je ne sais comment. Il fait nuit, y a pas de soleil pour m'éclairer, y a pas le sourire de ma mère pour me réchauffer. Oui, j'ai froid, j'ai peur, je pleure. C'est la terre froide et mouillée qui tient tout mon petit corps. Le temps, je ne sais pas le compter, mais il est très long. Je ne peux pas bouger, je ne veux pas dormir. Je sens une soif, une faim, mais je n'ai pas envie de manger, juste le bonheur de sortir de ce profond trou, de revoir mes parents, de jouer, et cette fois-ci je vous le jure; loin de tout trou, de tout puits. Ça ne sert à rien de fermer mes yeux puisque tout est noir. Ici, y a plus de couleurs. Je m'assoupis, fatigué et abandonné. A mon âge, l'on ne peut combattre la bêtise des adultes, ni lutter pour la survie. J'ai pas ce que les gens appellent courage. A cinq ans, le courage n'a pas de nom, ni de preneur. Je pleure jusqu'à perdre ma voix. Je m'évanouis. J'ouvre ma bouche, il y a pas d'air, je respire mal. Je n'ai plus de force, ni de crier ni de pleurer, j'ai juste peur des serpents, des ogres, des loups... je ne sais plus où je suis. Je m'évanouis. Je rêve et je vois des gens, des grosses machines pour creuser la terre, des caméras, des hommes habillés comme le sont ceux du hakem que je n'ai jamais vus auparavant dans ma contrée. Je reçois un truc en tuyau que je ne sais pas utiliser, moi, j'ai jamais fait de plongée sous-marine pour connaître le port d'un masque d'oxygène. J'ai tout le temps joué à l'air libre et dans la boue de mon hameau mais pas aussi profondément. Pas aussi mortellement. Je commence à mourir en silence au moment où un peu plus haut, le monde faisait beaucoup de bruit. Chacun tire son jeu de mon angoisse, de ma finale détresse. Je suis sur tous les écrans, sur tous les réseaux. Je suis internationalisé, j'ai vaincu les identités, les religions et brisé toutes les frontières. Mais hélas, ni votre technologie, ni vos drones, ni vos industries n'ont pu me sauver de ce misérable trou qui vient de vous battre et de prouver vos déchéances. Ma mort est une preuve de vos faillites à pouvoir sauver un enfant, alors que des centaines sont tués par vos bombardiers. Je meurs, heureux de quitter ce monde que je n'ai pas encore connu. Je remercie les peuples et les mamans qui m'ont chaudement pleuré.
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Je suis sur tous les écrans, sur tous les réseaux. Je suis internationalisé, j'ai vaincu les identités, les religions et brisé toutes les frontières. Mais hélas, ni votre technologie, ni vos drones, ni vos industries n'ont pu me sauver de ce misérable trou qui vient de vous battre et de prouver vos déchéances. Ma mort est une preuve de vos faillites à pouvoir sauver un enfant, alors que des centaines sont tués par vos bombardiers. Je meurs, heureux de quitter ce monde que je n'ai pas encore connu. Je remercie les peuples et les mamans qui m'ont chaudement pleuré.
Ma mort est une preuve de vos faillites à pouvoir sauver un enfant, alors que des centaines sont tués par vos bombardiers. Je meurs, heureux de quitter ce monde que je n'ai pas encore connu. Je remercie les peuples et les mamans qui m'ont chaudement pleuré.
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