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La pêche au Lever de l’aurore. ( Les Jours heureux )

Publié le 15/07/2022
La pêche au Lever de l’aurore. ( Les Jours heureux ) ………………………. Je dois dire que très souvent à l’école de Beauséjour j’avais la tête dans les nuages, et assis sur mon banc je n’entendais plus l’instituteur. Au lieu d’écouter Monsieur Roméo, je surveillais par la fenêtre le temps. Il ne fallait pas qu’il y ait du vent, ou alors oui le vent d’Est. L’hiver, dans ma tête au lieu des mathématiques dansaient le djebel de Sidi Djemil avec les sangliers et les perdreaux, et l’été je ne rêvais qu’aux sars et dorades. Enfin quand sonnait la fin de la classe, je me dépêchais de courir de l’école Beauséjour à la maison, pour préparer le broumège, (mais à Bône on disait le bromège) et plus ça puait, plus ça attirait le poisson, je me rappelle à l’entrée de la villa des trois Mousquetaires, il y avait une petite pente douce en ciment devant l’entrée du garage et elle était encore toute chaude de la journée de soleil. Là, je préparais le bromège, je mélangeais du sable, des algues et du fromage pourri (plus il était pourri, mieux c’était) et j’y ajoutais des sardines pourries. Alors j’écrasais minutieusement tout cela en une purée et il ne devait plus rien rester que la senteur sinon le sar y mangeait le bromège et pas la crevette! Je préparais aussi les crevettes, des grosses crevettes que je décortiquais que je coupais en morceaux de trois centimètres que je mettais dans un bocal avec du sel, et ensuite au frigo et quand mon Papa arrivait avec sa bicyclette vers les dix-huit heures en finissant son travail à la centrale EGA, moi j’étais déjà tout prêt. Mon père prenait son café ; des fois il me disait : «Mon fils, ya trop de vent, on va rien faire. « et moi fou de la pêche, je lui disais : « Et non! Papa, on y va! « Et Jeannot ne résistait pas. On avait deux bicyclettes, de vieilles bicyclettes, grosse armature. Des grosses roues lourdes, bref bonnes pour les antiquités. On attachait la cartalle sur le porte- bagages, on prenait nos bambous de 5 mètres que mon père avait acheté tout dernièrement (300 francs chaque). Ils remplaçaient nos anciens roseaux. On enfourchait les bicyclettes. La main droite devait aussi tenir le bambou tout en tenant le guidon. Et nous voilà partis, descendre la Fontaine Romaine, tourner à droite et direction St Cloud, puis en bas, à droite on attaquait la corniche, pour nous diriger dans ce merveilleux coin qui s’appelle le Lever de l’Aurore. On pédalait dur; ça sentait bon la mer, le vent : tout cela se mélangeait. Ah! Ce qu’on était heureux! Pour faire de la lumière sur la bicyclette il y avait une grosse dynamo avec sa roulette qui roulait sur le pneu et ça faisait un bruit de « breeeeeuuu breeeeeuuu» continu. Cette corniche, j’en ai fais des kilomètres dessus. Ah! Elle était belle notre corniche. Elle se déroulait comme un congre au bord de la mer. Et voilà que nous passions devant ce que l’on appelait le collège d’Alzon, puis il y avait des arcades contre la falaise. Une fois, en septembre, mon père m’avait emmené voir une tempête, et on avait traversé à travers le champ de monsieur Magro pour couper plus vite vers la corniche, et là, il soufflait un vent pas possible. On avait longé la falaise et on s’était mis dans le creux d’une de ces arcades décoré de mosaiques et on avait regardé la mer déchainée. La mer était marron, les vagues reculaient en roulements sourds et revenaient à toute vitesse se fracasser en bas sur les rochers. Elles montaient jusque sur la route d’où nous recevions plein de cette eau de mer. C’était impressionnant, grandiose et fantastique. Je me rappelle : mon père me tenait la main, et on était resté là, de longues minutes sans se parler, en communion avec ce moment de bonheur. Et puis tout en pédalant, nous arrivions au Lever de l’Aurore. La nuit était venue, il y avait au bord de la plage un restaurant, des fois nous descendions là et nous laissions nos bicyclettes et nous marchions sur la plage jusqu’aux rochers. Il y avait là en avant un rocher qui était à environ 20 mètres du bord, un peu en forme de sous-marin et souvent nous y allions. Comme moi, la nuit, j’avais peur de rentrer dans l’eau, mon Papa se mettait en slip me prenait sur ses épaules et moi je tenais la cartalle et les deux bambous, et le duo tout brinquebalant traversait. On grimpait sur le rocher et on se mettait à la pointe, et on sortait des sars de là. Mais le plus souvent nous continuions à bicyclette et nous prenions le virage sur la gauche après le restaurant, où la route tournait. On faisait encore 200 mètres et juste là où la route tournait à droite, pour aller vers le restaurant «Le Petit Mousse», nous nous arrêtions sur la gauche. Il y avait comme un petit parking en terre, avec des petits remparts. On détachait la cartalle et on faisait glisser nos bicyclettes de l’autre côté du mur, pour ne pas qu’on nous les vole, ensuite on descendait le long des rochers en nous agrippant comme on pouvait car en bas se trouvaient nos coins de pêche que nous appelions nos postes. Mon Papa me disait : « N’allume pas la lampe mon fils, que le poisson va nous voir». Moi je m’installais à mon poste et mon père, lui, faisait plusieurs endroits. Il y avait une plate-forme de rochers qui doucement entrait dans l’eau, et à ma gauche un gros rocher, puis, complètement encore sur ma gauche se trouvait une sortie, un tuyau duquel coulait un égout, qui venait des abattoirs et donc tout ce qu’on rejetait aux abattoirs venait se jeter dans la mer alors bien sur les poissons venaient se régaler. La nuit était tombée, une nuit merveilleuse, étoilée de pépites d’argent, Le silence était total. Le bonheur, c’était cela! Dans le noir le plus total je sortais mes crevettes et j’en accrochais une à l’hameçon. Ah! Croyez-moi : à 10 ans je faisais concurrence à bien des pros. Je plaçais mon bambou au-dessus de l’eau et dans un mouvement de balancement, je lançais ma ligne dans l’eau, cela sans faire trop de bruit et puis il fallait attendre. Mais alors quand le sar tirait, ça me faisait monter l’adrénaline, elle me montait dans la gorge, car un sar quand il touchait, le coup était sec, tac! Tac! Lui il ne discutait pas, par contre, l’oblade est plus subtile : elle y allait de petits coups. La murène elle, on devait faire attention parce qu’elle tirait la ligne tout doucement et allait se réfugier dans son trou et il fallait casser la ligne et refaire le bas de ligne. Des fois lorsque la lune était grosse, oui, c’était le temps des oblades, ça mordait! Elles étaient belles toutes ces nageoires rayées d’une grande barre noire. Parfois c’était les chelbas (on dit tchelbas). Elles, les tchelbas se nourrissaient d’herbes, et elles avaient des dents coupantes comme des rasoirs. Mais alors elles étaient malignes et elles avaient la vue perçante. On avait intérêt à être plus malin, elles venaient manger à ras des rochers la belle herbe verte. On les voyait, dans le clair de lune qui lançait milles feux sur la mer du lever de l’aurore. Oui, on voyait leurs queues qui émergeaient hors de l’eau et faisaient comme des dizaines de petits miroirs dans la nuit car les tchelbas, ça voyageait en banc. Je me rappelle mes premières que j’avais attrapées, car comme on ne pêchait que des sars, oblades, principalement, pour les tchelbas il fallait mettre de l’herbe, et un soir que j’avais vu les tchelbas en train de manger je m’étais dit : « Bon, je suis aussi capable que les autres. « Je descendis au bord l’eau et sans bruit, je ramassai une grosse touffe de cette herbe verte, je l’enroulai autour de mon hameçon et je le lançai dans le tas de tchelbas qui mangeaient à mes pieds, et j’avais sorti ma première. Je remis vite de l’herbe, et j’en sortis une deuxième. Eh! Le coeur m’avait battu à 140 : deux grosses, pas loin du kilo! Sauf que ça avait fait trop de remue-ménage et les autres partirent. Mais quelle fierté j’avais ressentie, quand je fus rentré à la maison et que j’avais montré les poissons à ma Maman. Ah! La Marie- Louise, je me rappelle qu’elle les avait montrées aux voisins et nous les avait préparé au four avec une grosse persillade d’ail et de persil, et un jus de citron. Une fois mon Papa m’avait dit : «Tiens je vais aller un peu dans l’eau là-bas, il y a une plate-forme qui avance sous l’eau. Je vais marcher dessus et au bout y’a un trou, y doit y avoir des sars, tiens mets-toi là, tu vas voir y’a des gros, comme cela Papa de làbas il te surveille», et moi je lui avais répondu : «Mais papa y’a pas d’eau, y’a juste 50 cm». Il m’avait dit avec assurence «Non! Non! jette ta ligne là il y a des gros». Avec le temps j’ai réalisé que mon Papa voulait juste être sûr qu’il ne m’arrive rien et que je ne me noie pas. Donc je jetai ma ligne dans ce petit chenal d’eau. Et je reçus un coup terrible sur le bambou. Attention j’avais juste 10 ans, et ça tirait dans tous les sens. Je ne pouvais rien faire, juste tenir le bambou. Alors je m’étais mis à crier à mon Papa qui était à environ 30 mètres de moi et dans l’eau jusqu’aux genoux : «Papa, Papa, Papa, vite j’ai un gros, y tire, je ne peux pas le sortir». Mon papa se mit à courir dans l’eau. Il arriva, prit le bambou et après quelques moments, sortit le poisson, un loup qui; mit sur la balance, faisait 3 kilos. Et là, mon Papa qui n’arrêtait pas de me dire : «C’est bien, mon fils! C’est bien, je suis fier de toi» et puis soudain il me dit : «diocane (je cite)! diocane à la madone, je te mets là pour pas que tu m’emmerdes pendant que je pêche et c’est toi qui attrape le plus gros. « Mais je sais que ce soir-là mon Papa était fier de moi! Fier de son fils, oui dans ce temps-là au Lever de l’Aurore, il y avait du poisson. Un de mes oncles, Tonton Julien, le frère de mon père qui avait un cabanon au bord de l’eau lui le pauvre que la bouteille d’anisette accompagna toute sa vie, passait son temps à la pêche, et comme des fois la bouteille avait trop baissé alors il s’allongeait sur la plage juste en face du restaurant, il se faisait des palangrottes, il les lançait avec un gros plomb, puis il s’attachait les lignes aux doigts de pieds et s’allongeait à nouveau sur le sable pour dormir. Là, avec la nuit, les étoiles, au Lever de l’Aurore, c’était bien les jours heureux. Et puis la nuit avançait et il fallait rentrer. Alors on pliait nos lignes, on regardait nos beaux sars dans la cartalle, on remontait le rocher, on montait sur les bicyclettes, on poussait sur la roue la dynamo pour la lumière, et on faisait la route en sens inverse. Moi, je pensais déjà à la prochaine fois. Oui, j’étais ensorcelé par ce Lever de l’Aurore et tout en pédalant je ne pouvais pas détacher mes yeux de la mer, j’entendais les bruits des vagues «tchuuuuuuuu! Tchuuuuuuuu! « Sur la route il n’y avait pas grand monde, des fois même on ne croisait personne, il était vers les trois heures du matin. Et puis nous arrivions à l’intersection des plages Gassiot et St Cloud, au trou des Soeurs. On tournait à gauche et là, il fallait pédaler, pour monter la côte, mais je me rappelle, comme la nuit était belle, douce, pas un bruit, on longeait les milles logements, tout était calme. On reprenait la route de la Fontaine Romaine et on rentrait à la Cité Montplaisant. Mon père disait : «Chut! Pas de bruit que ta mère dort. « Mais Maman, elle nous entendait et disait : «Alors, vous en avez attrapé? « Alors quand on n’avait rien pris, mon père y disait : «Aouwa! Rlass! Même pas rien diocane! « Et en même temps il se tirait la première incisive. Par contre quand la cartalle était pleine, ma mère mettait le poisson au frigidaire, et disait : «Ouille, demain on s’les fait frire!, tia vu celui-là comme il est gros! Ouille manmamia , y a aussi des oblades ouh! Celles-là on s’les garde pour quand elle vient Tata Odette» Et oui c’était comme cela, à Bône quand avec mon papa j’allais à la pêche au Lever de l’Aurore, et qu’on attrapait des sars et des oblades. Et puis en 1962 le temps est venu à l’orage sous la forme d’un fourbe colonel qui se disait général. Depuis je vis en exil mais jamais je n’ai oublié la pêche au Lever de l’aurore, les magnifiques clairs de lune, Les étoiles qui dansaient sur la mer. Les senteurs de poissons, ou, assis sur mon rocher je contemplais au loin la plage du lever de l’aurore en attendant qu’un sar ou une oblade me donne un coup sur le bambou et me fasse battre le cœur de bonheur. Ah oui ! je pense à toi tous les jours mon lever de l’aurore.
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LETTRE D’ALGER. Sur la belle côte algérienne, il y a bien le ciel, le soleil et la mer, mais il faut aussi com

Les Commentaires

"Que la vie était belle jadis avec des vrais Bônois"

Salut Gg du Canada, j'ai publié ses quelques pages de ton livre! dans un but de démontrer que la vie était belle avec une simple partie de pêche à l'époque d'ou Bône était la Coquette!.
Mofannabi bonjour,
C'est toi qui a publié sur annabacity l'extrait du livre " les jours heureux de la pêche au lever de l'aurore?"
Si c'est oui j'ai envie de t'envoyer deux papiers relatant du lever de l'aurore que j'ai écrit afin de les publier en tant que rubrique sur annabacity et pas seulement en tant que commentaire.
Bonsoir l'ami ricrac,

Oui, c'est bien moi qui avait publié ces cinq pages que j'ai reçu dans ma boite mail envoyé par un ami natif de Bône et qui réside au Canada et que je correspond avec déjà depuis quelques années et qui m'envoye ses souhaits de bonnes fêtes au moments du début du ramadan, de l'Aïd-el-fitr, Aïd al-Adha, les voeux à chaque nouvelle année...et à chaque fois de ses souhaits nous trouvons avec la nostalgie qui nous monte à la tête pour se raconter nos souvenirs d'antan lorsque Annaba s'appelait la coquette et que la vie était belle et bien souvent avec toutes les simplicités sur la pêche, la chasse, sur les créponés du cours, l'école, la galette que les voisins lui donnés et qu'il adorait son entourage dans un esprit de fraternité ...etc en un mot ce que la vie était belle et magnifique!...il faut que saches que cet ami se nomme Gérard Rodriguez un amoureux fou!... d'Annaba d'ou il se rend souvent pour retrouver ses souvenirs inoubliables...il a déjà écrit trois livres de poche d'où il raconte admirablement bien son vécu à Bône sur sa famille, ses rues, plages, blagues...l'éducation des parents, le respect, en un mot "les jours heureux dans la simplicité" ce que de nos jours malheureusement la coquette a perdu!...je reste a ta disposition et ça sera avec plaisir aussi de publiés tes récits sur la belle époque de notre chère ville!....pour retrouver la nostalgie d'autrefois en cette période de vacances....voilà voilà!...moi aussi (rire) a force de faire des commentaires je finirai par écrire des livres car depuis je m'améliore en français avec beaucoup moins de fautes!.
ricrac tu trouveras quelques pages du livre de Gg

Mon voyage à Bône du 6 au 11 juin 2014, ou "les jours heureux"
(Gérard Rodriguez)

Toi l'enfant aveugle qui m'a ouvert les yeux.
Me revoilà devant mon ordinateur la tête pleine, où tout se bouscule pour sortir en premier, lorsque je suis parti de Montréal avec ce vol d'air Algérie pour Alger, je ne savais pas que mon voyage à Bône allait être marqué tout au long par un visage d'enfant. A chacun de mes voyages chez moi je commence celui ci par Alger où je passe plusieurs semaines.

Ce 19 mai 2014 allait marquer la suite de mon voyage au pays des jours heureux. Je sais, je me connais, je suis un être sensible qui vit ses émotions. Je peux piquer de grandes colères comme je peux pleurer devant la misère des autres. Le lendemain de mon arrivée à Alger, je décide d'aller m'acheter des beignets sous les arcades qui partent de l'hôpital Mustapha vers Belcourt, je ne peux résister et avant même que je commande 6 beignets je m'en mange deux à l'affilé, je sors de la petite échoppe et toujours marchant sous les arcades, je repars vers l'hôpital Mustapha, quand j'aperçois accroupi, tout menu, un petit enfant mendiant tout frêle et amaigri, assis contre le mur. J'ai toujours pour habitude de faire la charité, je me penche vers cet enfant qui doit avoir dans les 8 à 10 ans pour lui donner un billet, et voilà qu'il saisit mon bras avec ses deux petites mains, en levant vers moi ses yeux d'un vert émeraude comme je n'en avais jamais vu et qu'il s'accroche à moi avec désespoir. Alors je réalise qu'il est aveugle, je suis électrisé, tétanisé par ce regard d'enfant très maigre, ses yeux roulent dans tous les sens et essayent de voir ce qu'ils, hélas ne peuvent voir, à ce moment c'est comme si toute la misère du monde me tombait dessus et que j'étais incapable moi que la vie a gâté d'y faire face, je regarde autour de lui et je vois des pièces de monnaie, je les ramassent. Je vois que mon billet aussi est sur le sol, je défais la fermeture de la poche de son jogging afin de sécuriser son argent et voilà que de ses yeux aveugles il me regarde encore avec plus d'intensité. J'ai sur moi le regard d'un ange. Alors je me mets à lui parler. Moi qui ne parle pas l'arabe, je lui parle en français, et je vois son visage s'illuminer, je caresse ses cheveux, sa joue. Je lui dis de ne pas avoir peur. Je suis renversé de voir un enfant assis là à étaler sa misère et j'en veux à la vie de tout donner à une minorité qui s'en fout royalement et de laisser ainsi des enfants aussi démunis, et là il se mets à pleurer. Je n'avais jamais vu d'aveugle pleurer. Je suis émotionnellement au maximum, je n'entends plus les bruits de la rue, je ne vois plus personne autour de moi, il ne reste que moi et cet enfant qui accroche désespérément mon bras. A cet instant tout se bouscule en moi, je voudrais sauver le monde de sa misère, je ne comprends pas comment on peut laisser un enfant ainsi, Je me dis, mais cet enfant doit avoir des parents et que font-ils? Où sont-ils? Pourquoi laissent-ils leur enfant ainsi? Des dizaines de questions me passent par la tête pendant que je regarde la misère qui ne voit pas que je la vois.

Je me penche vers lui et l'embrasse tout en lui parlant sachant bien qu'il ne comprendra pas, ses grands yeux vert émeraudes me fixent et son sourire d'ange illumine son visage. Je me sens tellement démunit de ne pouvoir faire plus et ma colère gronde en moi contre ce monde dans lequel je vis et qui ne porte plus de regard sur la misère des pauvres. J'aimerai ne plus partir, et surtout sauver cet enfant, hélas je dois me rendre à l'évidence. Comme il ne m'a pas lâché une seconde de ses deux petites mains je me dois de me défaire tout en continuant à lui parler, je crois comprendre qu'il ne veut pas me voir partir. Et pourtant, je finis par lui faire comprendre que je dois partir, et je tente de le sécuriser, je me dis qu'à défaut de comprendre, le son de ma voix fera ce que le langage ne peut faire, alors que je m'éloigne il tends toujours ses bras dans le vide, je me sens tellement démunis, et triste devant tant d'injustice. Je pars mais ma tête se retourne sans arrêt, je m'aperçois que j'ai encore le sac avec les beignets, je n'ai plus vraiment envie d'en manger. Je crois que je suis fâché contre moi, oui je suis en colère contre moi, contre mon impuissance à aider les autres, je ne pense qu'à ces yeux aveugles qui me regardaient sans me voir. Le soir venu, je n'ai pût en regardant le ciel d'Alger par la fenêtre oublier ces yeux qui ne voient pas et en vouloir aux choses de la vie d'être aussi injuste avec un enfant. Oui la misère me touche et surtout me touche tout ce qui regarde à mon pays l'Algérie. Moi je sais en mon fond intérieur quand l'Algérie souffre je souffre avec elle. On me dit souvent ceux qui me connaissent "tu ne peux sauver le monde! Arrête!", oui mais justement moi je veux le sauver. Et puis je réalise que je ne sais même pas son nom, j'ai oublié de lui demander. Alors je décide de l'appeler Saïd. Voilà! Oui je sais, rien à voir avec un récit de voyage, et bien oui. Si! Si si! ça a à voir. Je voulais lui rendre hommage ce jour. Et bien que je ne sache pas ce que je vais écrire de mon voyage, je veux lui dédier mon récit.

Saïd ce qui suit est pour toi, pour alléger ta souffrance, je vais te parler de notre chez nous, pour ce que tu m'as apporté ce jour là, pour ce qu'une société avide de richesse et de pouvoirs a finit par ne plus voir mais toi avec tes yeux qui ne voient pas, tu sais encore voir. Et crois moi Saïd je t'ai vu avec les yeux du coeur, et souvent ici dans mon confort du canada je revois ce moment où j'ai touché à un ange, où des yeux aveugles m'ont illuminé de leur souffrance.

POUR SAID Mon voyage à Bône. Juin 2014.
VENDREDI 6 JUIN 2014
Il est 8h du matin dans cet avion d'air Algérie parti d'Alger nous longeons la côte, étant sur la droite de l'avion, je regarde par le hublot toutes ces terres qui défilent sous moi. Toutes ces parcelles de terre bien délimités en terre cultivable et je me mets à penser à tous ceux qui ont dû travailler dur pour en arriver là, bien sur les choses ont changés. Elles changent toujours qu'on le veuille ou non, mais je sais que là où aujourd'hui poussent des fruits et des légumes, certains ont travaillé dur. J'ai la tête collée dans le hublot. Combien ces terres ont dû être arrosé de sueur et de sang pour aujourd'hui en être là. Je me dis oui il est beau mon pays, j'ai beau être parti vivre au bout du monde je suis partie intégrante de cette terre. Je sais qu'elle me reconnait cela ne se discute même pas. Quel moment de bonheur que de contempler mon pays du haut des airs. Et puis je réalise que j'ai sur mes genoux la casquette de mon papa. Oui celle qu'il a porté jusqu'à sa mort car si lui n'est jamais retourné chez nous, moi je me fais un devoir en emmenant sa casquette de corriger cette erreur, et je réalise aussi que machinalement je suis en train de rouler dans mes doigts l'alliance de mariage de ma maman que je porte au cou, je me rends compte sans le vouloir que oui nous sommes bien trois à être ici chez nous en Algérie, le plus beau pays du monde, et voilà que je me mets à pleurer en silence. Comme je ne veux pas que mes amis qui m'accompagnent s'en rendent compte, j'enfonce encore plus ma tête dans le hublot et je lâche tout. Il y a là un mélange je le sais de joie de tristesse et de rage, et puis des secousses me tirent de mes émotions car voilà que ce bel oiseau descends sur l'aérodrome de Bône les salines, oui je sais les noms ont changé mais pas pour moi, je suis à Bône. Je descends de l'avion, un autobus nous amène au terminal, comme c'est bon de respirer cet air de chez moi, je récupère ma valise et je sors pour prendre un taxi et ma première action car je l'attendais depuis 2013 c'est de m'agenouiller dans l'herbe et de caresser mon pays. Tu vois je suis revenu je lui dis, et je reviendrai aussi longtemps que je le pourrais. J'arrache de l'herbe pour la sentir. Je regarde le ciel, et je vois sur un poteau, un nid de cigognes avec dedans les parents et leurs petits je me dis "ah! C'est la chance!"


Nous sommes quatre à faire ce voyage, moi et mes amis algériens d'Alger. Ils passeront leurs vacances et moi, moi, enfin je vivrai la suite d'une vie interrompue. Je continue! Nous prenons un taxi qui nous mène à notre hôtel El Mouna sur la plage de St-Cloud. Tout le long du trajet je ne parle pas. Mes amis me laissent tranquille, ils savent eux "prière de ne pas déranger!". J'ai la tête collée dans la fenêtre de la voiture, et je regarde défiler mon pays ma ville, la Seybouse, la gare des trains, le port, tiens! La caravelle, la corniche, les plages. Je n'ai pas le temps de me remémorer des souvenirs à un endroit que déjà d'autres m'assaillent en me criant "Gégé!Gégé!Gégé! Tu te rappelles là, et là et encore là", ça yé j'ai encore 12 ans, comme je suis heureux. Un coup de frein me fait réaliser que je suis arrivé à l'hôtel. Comme la mer est belle. Il y a du monde qui se baigne non rien n'a changé il fait une chaleur terrible et cela m'affectera tout le temps de mon voyage. Mais jamais ne m'arrêtera dans tout ce que je dois faire car oui je replonge en toi Bône. Bône un de tes enfants est revenu! Pas de temps à perdre car cet après midi je dois aller au cimetière j'avais depuis longtemps décidé de remettre sur la tombe de mes frères une plaque de marbre avec leurs noms et leurs dates de naissance et de décès. Et depuis Montréal avec mon ami A de Randon j'en avais échafaudé les plans et lui s'est occupé de tout. Ah! Mon bon ami A quel homme de coeur, oui il s'est occupé de faire faire la plaque, et je dois le dire même si ça ne se doit pas, au moment de lui payer les frais il a refusé. Cet homme de coeur me dit "Gégé voilà c'est un cadeau" et je ne devais pas insister. Il en avait décidé ainsi et lui et moi on s'est comprit. Merci mon ami A, mon papa et ma maman ont tout vu et tout entendu de là où ils sont. Et puis oui à l'heure dite mon ami A était au rendez vous à l'hôtel El Mouna avec dans son auto une bassine, du ciment, de l'eau, du sable, une truelle. A tu es un génie d'Algérie. Je suis fatigué, il fait une chaleur terrible 36 degrés, pas de vent, le soleil tape. Nous voilà parti au cimetière, nos marchons sous les cyprès avec oui, une bassine, du ciment, de l'eau, du sable, une truelle et je me revois alors avec ma maman quand nous venions, elle qui trainait son sceau et son éponge et j'ai le sentiment nous qui transportons tout ce matériel et marchons lentement que nous refaisons l'enterrement de mes frères. Je suis 52 ans plus tard heureux et en moi je me sens gonflé de joie de pouvoir rendre hommage au nom de mon papa et de ma maman, elle qui venait souvent ici, à mes frères. Nous retrouvons la tombe et me voilà à faire du ciment.


A regarder étant petit mon papa travailler cela m'a servit. Lui qui fut toute sa vie un ouvrier qui courba la tête devant ses chefs et sût nous montrer le chemin, il me disait quand petit je le regardais travailler "souviens toi mon fils pour une chape! Tu mets deux volumes de sable et un volume de ciment, et de l'eau. Pour du mortier, tu mets trois volume de gravier, deux de sable et un de ciment et de l'eau." merci mon papa j'ai jamais oublié ton apprentissage de la vie. Toute ta vie tu fus un ouvrier mais pour moi tu étais un chef, un monument de savoir, et voilà que sous une chaleur difficile à supporter que je me mets à faire le ciment. Oui papa, avant de placer la plaque je dois mouiller l'endroit de la tombe où je vais la placer et A, mon ami, me fait un compliment il me dit "ah!! On voit que tu connais ça!" Non A, je ne connais pas, mon papa m'a tout apprit! A lui je dois tout! Voila. Il fait si chaud que je dois arroser même la plaque une fois placée. Je reste là à contempler mon travail, je caresse la plaque comme si je caressais mes frères. Je sais qu'ils comprennent, et sans pouvoir l'expliquer je les vois sourire, heureux! J'entends leurs rires d'enfants, ahhh! Maman, papa on est tous là voyez vous! Quel mélange de tristesse et de joie. Des émotions qui se bousculent en moi et que je laisse aller, car ce moment est un arrêt sur la vie.


Je tourne et je retourne autour de la tombe sous un soleil qui m'agresse de ses rayons, je transpire, je suis crevé, je suis fatigué, mais alors ce moment est bien à nous la famille Rodriguez. Des images se bousculent dans ma tête. Je revois ma mère frotter la tombe et j'entends le cliquetis du sceau, je me revois avec mon frère insouciant lui et moi quand, enfants, nous jouions entre les tombes, à cet instant là je suis déconnecté du monde d'aujourd'hui. Ce n'est pas l'homme que je suis devenu qui vient de faire cela mais le petit garçon que j'étais. Je suis là, debout devant la tombe je regarde, je me dis que c'est formidable d'avoir pût faire cela, et des larmes coulent mélangées à la sueur. Quelle façon Gégé de montrer ta joie! Alors je me penche sur la tombe et sans le montrer je laisse tomber ces larmes sur la tombe. Prenez mes frères et qu'elles vous rappellent à chaque jour que jamais, non jamais on ne vous a oublié! Bien sûr le temps oui a passé et ce n'est plus, il faut le dire, le cimetière qui te donne envie de mourir. Mais en ce moment pour moi, c'est le plus beau cimetière du monde. Et puis oui il faut partir. Et c'est à reculons que je redescends la petite colline. Mon ami A me dit comme s'il voulait me rassurer "t'en fais pas si elle casse ou ne tient pas on en remettra une autre". Voilà en quelques mots tout est dit!... Merci mon ami A d'être là. Nous sommes arrivés à la sortie du cimetière sur la gauche il y a toujours cette fontaine où coule de l'eau et je me dis combien de seaux, combien de larmes cette fontaine a vu. Combien de cercueils a-t-elle vu défiler? Combien de tristesse a-t-elle arrosé. Sait-elle qu'elle est une mine de connaissances? Mais voilà elle les garde en silence car l'amour du malheur doit se taire.

Et puis je dois aller à ce que nous appelions la vieille maison quand nous y habitions. Là où nous sommes tous nés, rue du docteur Mestre. Rendre visite à cette belle famille qui habite là et qui lors de ma première visite m'avait reçu comme leur fils. Hélas, j'ai le coeur gros car la vie est passée par là, et une grande douleur a frappé durant 2013, je le sais, le papa et la maman sont mort tous les deux à quelques mois d'intervalle. J'étais tellement sûr de les revoir, de leur dire combien je les aime, combien je leur suis reconnaissant de m'avoir montré tout cet amour.


Je frappe à la porte et seul leur fille m'ouvre, quel vide, quelle tristesse, ah je vois bien à son visage que tout a basculé, oui les parents sont bel et bien les piliers de toute famille. On se regarde et on comprend que ceux qui faisaient les bases de cette maison ne sont plus là, que dire que faire, voilà c'est ainsi, la vie nous met au pied du mur. C'est le temps qui s'écoule, je repars, j'ai ressenti plein de tristesse. Papa et maman car ainsi je les appelle vous êtes à jamais dans ma mémoire, et souvent oui souvent je pense à vous là bas dans mon pays d'exil le Canada, car quand fut venu le temps pour moi de renouer avec mon passé, vous ne m'avez pas rejeté, vous m'avez ouvert votre porte, votre coeur, mieux, votre coeur a battu pour moi, votre famille est devenue ma famille comme si depuis toujours nous nous connaissions.

Voila j'ai besoin de voir le large, et je décide d'aller me promener le long de la plage de St Cloud. Là, même si mes amis m'accompagnent je peux au milieu de la foule qui déambule être seul avec moi et mes pensées et je pense à vous papa et maman partis pour le grand voyage. Je revois dans le ciel étoilé vos doux visages pleins de tendresse et remplis d'amour. Oui je vous aime.

Il est 20 h il est temps d'aller manger. Je pars vers la caroube car à la caroube les restaurants ne manquent pas et je me suis promis de faire une cure de brochettes et de merguez et c'est ainsi que chaque soir presque je me retrouve à la grilladerie la caroube.


Et que je me régale de leur galette grillée, leur mélange de poivrons grillés en purée à l'huile d'olive. Et bien sûr les brochettes et les merguez. Il est 22 heures, le temps de rentrer, je me promène sur la plage de St Cloud, il fait nuit, les étoiles brillent. Je suis arrivé en marchant à la pierre carrée, je m'assoie les pieds pendant et je contemple la mer, et voilà que surgit le passé! Te souviens tu papa en 1962 avant de quitter notre pays c'est là toi grand chasseur qui avait dû laisser ton fusil qui avait tant tonné sur les sangliers à Sidi Djemil, quelque part par là devant il est surement encore là. Tu l'avais découpé en morceaux et jeté dans la mer ici à la pierre carrée, comme ça avait dû être dur pour toi car avec lui tu jetais aussi toute ta vie. Pour les riches! Pour les puissants tu n'étais rien. Mais pour moi mon papa tu étais le plus grand. Les oies, les canards, les sangliers, les lièvres, les perdreaux que tu as tué avec ce fusil... Je ressens une grande douleur au ventre ainsi qu'une immense colère et les yeux plein de tristesse je regarde qui la mer, qui le ciel et ses étoiles. Et pourtant papa tu vois, ici tout est calme, seul toi et moi on connait ce passage de ta vie qui ce jour là a dû être terrible. Comme tu as dû te sentir seul. Je t'aime mon papa.


Aller va! Il faut rentrer à l'hôtel. Je refais le chemin en sens inverse accompagné par le bruit des vagues. Et les étoiles, vous vous rappelez vous les étoiles j'avais 10 ans et j'étais ici au même endroit au temps des jour heureux. Aller, il est l'heure de se coucher et ce soir j'ai déjà la tête pleine de ma première journée, je garde longtemps les yeux grand ouvert vers le plafond et je pense! Voilà Gégé tu y es chez toi, toute ma journée défile et se mélange sur fond de mer qui inlassablement fait rompre ses vagues sur la plage de St Cloud.

Samedi 7 juin 2014
Aujourd'hui mon pèlerinage à Sidi Djemil. Il est 10 h du matin. Un taxi m'emmène à Randon chez mon ami A. Nous sortons de Bône par la gare des trains. La campagne est magnifique, je reste persuadé que rien n'a changé dans cette nature sauvage. Le long de cette petite route qui serpente à travers des terres agricoles et parfois encore sauvages où, la vitre baissée, je respire mon pays.


Car je le dis et le répète, nulle part ailleurs dans le monde ça sent aussi bon que là, chez moi. Je sais que je suis resté le petit garçon mi sauvage qui courait les montagnes. Beaucoup de ces anciens et même nouveaux poteaux d'électricité qui défilent sont habités par des nids de cigognes. Oui jamais je n'en ai autant vu. Comme c'est beau. Nous arrivons chez A où sa gentille femme H nous a préparé un merveilleux et délicieux diner. Je me régale de chorba, de couscous, de fruits nous sommes assis par terre comme il se doit. Les jambes croisées, je retrouve mes origines, ma vie, le bonheur ça tient à pas grand-chose. Que je suis content. Il est temps de partir. Dehors il fait très chaud et à travers cette chaleur monte les senteurs de la vie de la rue. De ce qui fait la vie de tous les jours. De ce qui fait ma vie. Nous partons à Barral chez le beau fils de A qui habite une jolie petite propriété nichée dans un coin un peu sauvage comme je les aime. Un petit paradis où rayonne ce beau pays d'Algérie. Il y a là plein d'arbres fruitiers. Et surtout des figuiers. Quel bonheur, je me régale de figues. Elles sont chaudes et cela exalte leur parfum et leur gout, oui, cueillit là de suite sur l'arbre comme avant au temps des jours heureux. Mes amis me regardent, ils sourient je sais qu'ils sont content pour moi, à ce moment là je ne changerais ma place pour rien au monde. Je crois que même si je répétais mille fois que je suis heureux ça ne suffirait pas à traduire le moment présent. Il fait très chaud, un petit vent souffle. Je sais, oui je sais que je suis resté toute ma vie connecté à mes origines algérienne et que c'est bon, je ne cherche même pas à l'expliquer j'en n'ai pas besoin car le bonheur ne s'explique pas il se vit c'est tout. Nous voilà parti pour Sidi Djemil dans les montagnes. Et malgré que j'y suis déjà allé en 2012 nous avons eu un peu de mal à retrouver l'endroit, qui il est vrai, est bien caché sur les hauteurs d'une colline. Je suis excité, je descends de voiture et je commence à grimper la colline vers là où se trouve le camp, mais quel bonheur, mais quel bonheur. Je redeviens le petit garçon qui courait dans ces montagnes, je suis en short, j'avance à grands pas je ne me rends pas compte que des broussailles et des chardons me griffent les jambes, les mollets, les cuisses. Mais je ne ressens rien, je vois le sang couler de ces égratignures. Je ne ressens rien! Non rien.


Ce sont simplement des caresses, comme si ma peau s'était soudainement déconnectée de la douleur, je me fous de cela, ce qui compte c'est d'arriver là haut. Ca sent bon les fleurs sauvages. Je suis à nouveau avec mon papa et nous courons derrière les sangliers. Ah! Mon papa viens, on ne repartira plus jamais car ici est notre vie, je regarde de partout à la fois, taiooo!!! taiooo!!!. aoujeck! aoujeckk!! (le voilà!). Te rappelles tu papa de cette journée où nous étions là, à Sidi Djemil, il pleuvait. Dans les broussailles retentissaient les cris des chasseurs qui annonçaient qu'un sanglier allait sortir dans le ravin plus bas. Et toi papa tu t'étais mis à courir sans t'occuper de moi, car tu voulais lui couper la route et cours et cours et cours. Et moi qui portais les cartouches je courais derrière toi. Et plus la peur que je me perde ça me donnait des ailes. Et puis je le vois ce sanglier il était énorme qui sort des broussailles, aujourd'hui encore je le vois galoper à travers l'immensité de la plaine, à découvert comme tu disais papa! La pluie redoublait, il faisait tout de même chaud, nous transpirions, mais voilà il est sorti trop loin devant nous et jamais j'oublierai cet instant photo où le sanglier courait et courait. Toi tu avais tiré tout en sachant que tu étais trop loin et bien sûr tu l'avais raté et tu t'étais mit à jurer en arabe ah ah ah, papa mon héros comme on était bien ce jour là. S'il vous plait mon ange ne me laissez plus partir de Sidi Djemil! Je grimpe sur un mur de pierres, je regarde autour de moi, je voudrais tout tenir dans mes bras car je le sais, je le sens cet endroit me reconnait. Nous nous appartenons. Je casse quelques broussailles, je broie quelques feuilles dans mes mains pour mieux lui dire "tu vois nous sommes toujours l'un à l'autre", oui je suis à nouveau l'enfant sauvage de Sidi Djemil. Ne me donnez rien car ici j'ai tout!


J'ai emmené avec moi une photo de mon papa sur laquelle il est tenant un vautour tué en 1960, je la tends devant moi et je laisse aller à haute voix, afin que retentisse dans nos montagnes mon appel au secours, au secours de 50 années de séparation qui n'ont pas entaché notre fidélité et notre amour. Et je parle, et je parle, au milieu des larmes, des pleurs, ma voix! Ah oui, je dois la forcer pour crier ma douleur et mon bonheur, car Sidi Djemil je crois pas que quelqu'un t'aime comme je t'aime. Et je dis "tu te souviens papa comme c'était bien. Quand on courait derrière les sangliers, quand nous mangions notre boite de sardines avec un morceau de pain, assis sous les oliviers en écoutant le chant des chardonnerets et autres oiseaux, tu te souviens mon papa?" J'ai tellement de choses à dire. Je tiens devant moi la photo et je la montre à ces montagnes afin qu'elles sachent bien que nous ne les avons jamais oublié dans notre exil. Mais combien de temps devrais-je parler pour compenser 50 ans. Les paroles, les pleurs, mes cris je le sais en ce moment ne sont que ma façon à moi d'exprimer ma souffrance, et ma douleur de vous avoir quitté, vous mes montagnes de Sidi Djemil. Et puis je lâche la photo dans les broussailles, et le vent l'emporte de branches en branches. Je la regarde aller et je me dis, oui je me dis "tiens! Voilà papa te voilà déjà reparti à courir derrière les sangliers?" et cela m'emmène à sourire et me permet de me rendre compte que mon visage est couvert de larmes. Alors ben!! Avec ma main je les essuie. Larmes de joie, larmes d'amour car jamais Sidi Djemil je ne t'oublierai. Je réalise que mes amis Algériens sont là, avec moi, ils me regardent, ils ne savent quoi faire! Mais mes bons amis... simplement me laisser être heureux. Je voudrais que jamais ce moment ne finisse. Je descends la piste de terre.


Je regarde ce chemin de terre bordé de ces grands eucalyptus qui nous ont si souvent vu passer. Je décide d'aller à la source de Sidi Djemil et au marabout. Cette source n'a pas changé. Les gens du coin toujours viennent là s'approvisionner en eau. Un bassin de ciment où coule imperturbable du temps l'eau de Sidi Djemil.


Je bois. Mille pensées me passent par la tête car ici aussi mon papa a bu à ce robinet, dans ce coin sauvage que le soleil écrase de ses rayons. Je pars pour le marabout. Je passe devant ce qui s'appelle "l'olivier du marabout" et comme le font depuis toujours les croyants, j'accroche un morceau de chiffon à l'olivier et je demande une faveur.


Un instant je me dis "pourquoi la plus part des gens courent après la richesse et le pouvoir?" mais ils n'ont rien comprit. Aller je chasse vite ces pensées qui ne me concernent pas. Moi je suis à Sidi Djemil et je suis l'homme le plus riche du monde. Je pars pour le marabout, ce monument en pleine forêt de couleur blanc chaux et bleu très clair où repose le marabout Sidi Djemil. J'entre dans le tombeau. Sur son cercueil se trouvent des morceaux de chiffon de toutes couleurs, laissé là par les croyants. Alors je décide moi aussi de lui laisser un message et j'écris la première chose qui me vient en tête sur bout de papier "Merci marabout de me permettre de revenir chez moi dans mon pays" et je le dépose sur le cercueil que je caresse. Je n'ai jamais eu peur des morts. Alors encore et encore je caresse le cercueil, et je suis bien oui bien!


De moi se dégage un immense respect pour cet homme, que je ressens être bon et plein d'amour. Ca s'explique pas. Ainsi sont les choses. Il faut quitter Sidi Djemil. Aie comme c'est dur. Je le dis à mon ami A "tu sais il faudrait pas grand-chose pour que je reste pour toujours ici dans ces montagnes, j'y ai tout, oui je pourrais vivre là" je te regarde je sais que tu me comprends mon bon ami A. Ah oui à l'année prochaine Sidi Djemil. Oh que oui attends moi je ne te quitte pas, je te reviens.

Je redescends la route qui serpente, j'arrive à Pentiévre, je traverse ce village. L'église est devenue une bibliothèque. Je remplis mes yeux de toutes ces images et je pense et je pense. Je décide de passer par le lac Fedzarrah. Hélas à cette période de l'année il est asséché.


Pourtant je reconnais tout, toi mon papa là aussi tu y as laissé tes marques. Et en le quittant en 62 ta vie! Combien d'oies, de canards, de grues, et vanneaux, de poules d'eau, etc, etc, etc, ici sont tombés sous ton fusil. Tu partais à bicyclette depuis Bône. Ah tu étais bien un grand chasseur mon papa. Tu te rappelles une fois tu m'avais dis "regardes mon fils! Regardes bien. Tu vois ces millions d'oies et de canards, regardes bien car un jour par la faute de l'homme il n'y en aura plus" Ah! Mon papa tu ne t'étais pas trompé va! Il reste en moi cette beauté sauvage de mon pays et je peux la faire revivre quand je veux papa! Et je reprends la route cette petite route qui du lac Fedzarra rejoint la nationale 44. Sur cette petite route nous y avions eu un accident de voiture en 1960, tu avais papa acheté une vieille Juva 4 d'occasion que tu avais retapé, et pour notre première sortie et qui fut aussi la seule, tu avais voulu aller au lac Fedzarra, et sur le chemin du retour la direction avait cassé. Nous avions fait trois tonneaux, la voiture en feu. Ce sont des gens qui travaillaient dans le champ qui étaient venu nous secourir. Ils t'avaient sorti à toi le premier et comme maman était coincée et que le feu était dans la voiture tu leur avais dit en arabe "tirez!! Tirez!! Ca fait rien, même la jambe reste, mais tirez!" et voilà nous sortant qui par les jambes, qui par les bras. Ils avaient avec des pelles et de la terre éteint le feu. Un vrai accident et je me rappelle tu m'avais dis "cours Gégé, cours!! Va chercher du secours" et en m'éloignant, je t'entendais remercier en arabe ces gens qui nous avaient secouru, mais moi j'étais petit je ne comprenais pas ce que tu disais. Et me voilà en pleurant et titubant, j'étais parti au lac Fedzarra chercher du secours. Et je me rappelle que nous étions rentré à Bône dans la voiture d'un laitier qui s'appelait Ali. Non je n'ai rien oublié! Je sais aussi que nous avions une douzaine d'oeufs d'oie dans le cabas de maman que nous ramenions et pas un seul était cassé, et nous aucune égratignure! Oui je me rappelle de cet accident. Je sais aussi que juste à côté du lac Fedzarra coulait une belle petite rivière où nous pêchions des barbots par dizaines. Et je dis à mes amis "je me rappelle il y avait un petit pont juste avant."


Et voilà! voilàà!! Oui arrêtez vous c'est ici. Mes amis étaient estomaqués ah ah ah que 55 ans après je me rappelle de ce coin. Aller mes amis va je vous aime. Non je vous adore! On s'arrête. Je descends ah la la, je replonge aussitôt dans mes 10 ans. Mais voilà le temps a passé. La pollution comme partout dans le monde aussi. Ma belle petite rivière hélas a subit les affres du temps. Elle a diminué de moitié. Il n'y a plus de poissons. Une herbe verte l'a envahie. Elle se meurt! Comme c'est triste. Je me dis, "oui de partout dans le monde l'homme n'a pas encore compris qu'en ne prenant pas soin de la nature il sonnait son arrêt de mort". Enfin! Tant pis je suis là je suis heureux. Alors je descends au bord. Au même endroit où enfant je pêchais des barbots. Il y en avait tellement je me rappelle que nous ne mettions rien au bout de la ligne juste trois hameçons voleurs que nous descendions dans l'eau. Et en donnant des coups, on finissait par accrocher des poissons énormes. Mes amis me crient de faire attention car maintenant il y a des serpents. Je me fous des serpents. Je suis trop heureux d'avoir retrouvé ma rivière. Belle rivière des jours heureux je suis à toi. Alors retrouvant mes gestes de 10 ans je tends les bras comme si je tenais mon bambou et je donne de grands coups dans les airs.


Voilà! A nouveau je pêche des barbots. Oui c'est les jours heureux! Comment expliquer que non je ne suis jamais parti oui je sais 55 ans ont passé! Hé bien non je ne les sens pas. C'était hier que toi mon papa et moi nous étions là, sous un soleil de plomb à pêcher les barbots. Mon pays je t'aime!

Je rentre à Bône par la nationale 44. Il est 18 h, j'arrive à l'hôtel, quelle belle journée où à nouveau mon enfance a reprit ses droits. Car oui j'ai jamais grandit en fait. J'ai toujours refusé d'oublier. Car oublier l'Algérie c'est mourir. Le soir est revenu, je me suis assis au bord de la plage à regarder les étoiles dans lesquelles dansait Sidi Djemil, le marabout, les sangliers, où nous mon papa et moi courrions, je n'entendais plus le monde autour de moi, j'étais dans le mien. Mes 10 ans couraient dans les étoiles. J'allais d'une à l'autre, avec en fond de bruits les vagues qui venaient s'échouer inlassablement sans jamais se fatiguer sur la grève. Je ne veux pas que ça finisse! Aller Gégé!! Faut aller dormir car demain encore ton pays va t'aimer.

Dimanche 8 juin 2014
Aujourd'hui je veux retourner sur les traces de maman. Là où elle est née à Lamy qui de toujours s'est appelé "Bouhadjar" il faut prononcer Bouradjar. C'est à 70 km de Bône, près de la frontière tunisienne.

Voilà mon bon ami A qui comme toujours est là, présent, imperturbable dans sa bonté et sa gentillesse. Sa femme H aussi et sa petite fille M. Je suis donc en famille, je ne peux être plus heureux. Une belle journée ensoleillée, il fait très chaud, une belle journée d'Algérie. Nous partons de Randon (Bésbès), passons par Zérizer qui a conservé son nom, Maurice. Puis la région de la rivière Bounamoussa. Que c'est beau, la nature comme je l'aime. Sauvage, verdoyante, les belles forêts de mon pays, je n'ai pas assez d'yeux pour tout voir. Je veux tout enregistrer dans ma mémoire car cette route ma maman l'a surement faite. Nous arrivons à Combes (Azfour) où là aussi maman tu as habité Maman. J'ai la tête pleine d'images. Ma mémoire s'accélère car j'essaie de retourner à ton époque afin de mieux me retrouver avec toi. Tu te rappelles maman tu m'avais dit qu'une fois lorsque ta soeur avait passé le certificat d'études à Combes vous étiez partit avec la charrette et le cheval de Lamy à Combes et vous aviez convenu que si ta soeur avait le certificat d'études vous alliez mettre pleins de rubans sur le cheval à votre retour. Et que lorsque vous étiez revenu à Lamy tout le village vous attendait avec anxiété à l'entrée de Lamy et qu'en voyant le cheval couvert de rubans tous les gens s'étaient mit à applaudir, à courir vers vous au milieu des you you. J'essaie de me refaire la scène maman. Finalement avec rien vous étiez heureux. Mais voilà tu vois maman à notre époque je suis tenté de dire rien. Mais non je me trompe, c'était tout. Oui tout. Car avec rien qui était tout vous étiez heureux. Les larmes me viennent aux yeux car je sais que ces choses de la vie ne reviendront jamais. Je retrouve, grâce une fois de plus à un gentil monsieur, le cimetière de Combes.


Un tout petit cimetière à hauteur du nombre de personnes qui habitaient Combes dans ce temps là quoi? 300 personnes et encore je sais pas sans doute moins. Un tout petit cimetière. Hélas, le temps a fait son oeuvre, sans entretien, la nature a reprit ses droits, il est juste à la sortie de Combes dans un virage, je gravis la pente de la petite colline, car le chemin qui conduisait la tristesse et la peine depuis la route est encombré de ronces et on le devine seulement. Un carré ceint de murs de pierres de soixante mètres sur soixante mètres. Je pousse le portail avec émotion car je sais que ici reposent ceux qui ont vécu et souffert à Combes. Hélas une herbe sauvage et brulée par le soleil a tout envahit.


Je devine plus que je ne vois les emplacements des tombes. Ma mémoire s'accélère car je sais que ici quelque part pas loin de moi est enterré ton papa. Mon pépé que je n'ai jamais connut car à 35 ans il s'est suicidé avec un fusil. Usé par la vie dure et la misère qu'il ne supportait plus, alors je refais le film de la vie à l'envers. Et je parle avec lui "toi que je n'ai pas connut tu étais mon pépé mais la vie a pas voulut que je te connaisse, tu vois aujourd'hui je suis là. Pas loin de toi, ta fille, ma maman qui n'a jamais pu revenir aussi est là avec moi, jamais tu aurais pensé que cela puisse se faire heinn??? Et pourtant. Où es tu? A droite de moi? Devant? Derrière? Je ne sais pas. Peut-être cette tombe que je devine ou celle là la bas? Cruelle chose de ne pas savoir avec certitude. Mais je me dis que oui je suis là pas loin de toi et écoute ce que je vais te dire. Mon pépé! Personne ne t'oublie aujourd'hui je suis venu voir où tu as vécu, où ta fille, ma maman a vécu, aujourd'hui je retrouve la base de mes racines pour quelques instants nous sommes réunit, je t'aime. Peu importe ce que fut ta vie, je t'aime. Car je n'ai eu aucun pépé lorsque j'étais enfant et cela aura manqué à ma vie terriblement tu sais! Et lorsque aujourd'hui encore je vois d'autres enfants qui se font cajoler par leur pépé, je te le dis je suis bien triste tu sais et tout me remonte, le manque de toi, le manque. Oui le manque de toi! Le manque de ne jamais avoir eu un pépé qui me prenne sur ses genoux et contre lequel me blottir. Tu vois ces larmes qui descendent sur mon visage mon pépé. C'est pour te dire que je t'aime. Oui je dois repartir car la vie est ainsi. Tu sais je suis un déraciné, mais là bas au canada où je vis maintenant j'ai une image nette de ta vie de votre vie à tous et ma peine sera moins lourde à supporter. Aller pépé je te laisse. Je t'aime". Je me rends compte que pendant tout ce temps là mes amis m'ont attendu. Ah! Merci à vous, je sais que vous comprenez.

Nous reprenons la route de la Bounamoussa vers Lamy (Bouhadjar), je ne sais pas pourquoi mais j'aime mieux dire Bouhadjar que Lamy ça me ressemble mieux.


Bien sûr Bouhadjar a changé maintenant c'est une petite ville de 4000 personnes mais du temps de ma maman c'était un tout petit village de 300 habitants et encore je ne crois pas, la vie y était rude, voir dure. Mon papa disait souvent à ma maman cette phrase lorsqu'elle ne comprenait pas "oh! Toi!! Je sais, de toute façon tu viens de Bouhadjar, tu comprends rien". Ce qui veut dire tu viens d'un bled perdu ah ah ah. Et mon ami A me dit que oui en effet cela se dit encore à ce jour, cela me fait sourire et me conforte dans mon appartenance à ce pays. Oui et alors Bouhadjar est un coin perdu mais je m'en fous car c'est un coin de mon beau pays d'Algérie. J'arrive! Me voilà Bouhadjar! J'entre dans la ville, je veux tout voir car ici a vécu ma maman.


L'église est devenue une mosquée on la reconnait bien je me dis que c'est sans doute là que tu fus baptisé. Je parcours les rues que tu as parcourues. Je me dis voilà le village où tu as respiré la première fois. Où tu as crié pour la première fois, je vois enfin ton école.


Je regarde la porte par laquelle tu passais pour apprendre tes premières lettres. J'essaie d'imaginer comment tu étais habillé et sachant la pauvreté qui était la votre je me dis. Oh! Une petite robe de toile, des savates, et tiens je te vois bien avec un petit ruban dans les cheveux. Enfin j'y suis. Je suis où ma maman est née. Je me dis "tu ne devais pas savoir à ce moment là tout le grand bouleversement que ta vie allait connaitre. Tout ce que la cruauté et la fourberie des hommes allaient te faire endurer. Tu devais te voir pour toujours dans ton beau village de Bouhadjar". Mais voilà il en fut autrement. Je ramasse un peu de terre de ton village et voilà maman toi dans ce pays étranger et inconnu qui s'appelle la France où tu dors à jamais je te porterai un peu de ton village. Je me sens bien triste tout à coup. Aller va, Gégé ressaisis toi, après tout aujourd'hui c'est un grand jour tu es à Bouhadjar. Il est temps de reprendre la route, ta route maman! Et oui je recommence à te revoir avec la calèche et le cheval car je sais que sur cette route tu allais de Bouhadjar à Combes puis Bône. Tu me le disais si souvent dans ce pays d'exil où nous avons été jetés. La route serpente. Une route magnifique bordée de forêts d'Oliviers où chantent les oiseaux. Ah maman tu pouvais pas être né dans un plus joli coin de notre pays c'est magnifique! Et puis mon ami A décide de faire une halte. Nous nous arrêtons au bord de la route. Sous un superbe et gros olivier.


Sa ressemble à Sidi Djemil, comme on est bien. H avait emmené des oranges, des Thomsons. Personne ne peut savoir ce que c'est que de manger une orange Thomson sous un olivier au bord de la route en Algérie. Du pur bonheur. Je vois que l'olivier est creux. Alors je décide d'y glisser écrit sur un bout de papier le nom ma maman et j'écris "Marie-Louise Rodriguez de Bouhadjar" et je glisse mon papier dans le tronc. Il est des moments qu'on ne voudrait jamais voir finir, ah oui!! Alors celui-ci en est un. Entouré de mes amis je suis, comment dire "bien" non ça suffit pas. Ah oui! Oui! J'existe et j'existe en Algérie. Nous reprenons la route vers Bône, il se fait tard. J'ai la tête pleine d'images et de sons et ces sons et images je le sais sont ceux et celles de maman à Bouhadjarr.

Ce soir je vais encore manger des brochettes et des merguez au Lavandou. D'ailleurs pourquoi je dis "encore" non je vais manger des brochettes et merguez au Lavandou voilà c'est tout, je reviens sur Chapuis. J'arrive à St-Cloud. La nuit est là. Je veux pas rentrer de suite en ce moment les jours ne sont pas assez long pour moi. Alors oui je m'assoie sur le sable et regardant la mer, qui elle, je me dis se fout de tout. Elle était là et elle sera là encore demain. Je repense à ma journée, quelle belle journée. J'ai renoué avec ma vie. Je regarde la mer où inlassablement les vagues viennent s'échouer. Je regarde les étoiles. Sur le trottoir les gens font les cents pas et se promènent. Leurs cris, leurs rires me parviennent non il n'y a pas de plus beau pays au monde que mon pays l'Algérie.

Lundi 9 juin 2014.
Il est 10h du matin. Mon ami N vient me chercher, car ce jour je visite la montagne de Bugeaud. Qui à Bône ne connait pas la montagne de Bugeaud? Cette forêt de l'Edough qui à plus de 1000 mètres d'altitude veille sur Bône depuis des millénaires. Bien qu'elle ne fut jamais bien loin de moi dans mon enfance. Et vu que nous n'avions pas de voiture je ne connaissais d'elle que la vue lointaine de ces magnifiques montagnes remplis de sapins, d'oliviers, de chênes lièges, de ronces et broussailles qui la rendent si sauvagement belle.


C'est une journée encore magnifique. Je longe la mer sur laquelle le soleil est encore en train de se lever. La plage de St Cloud se termine pour laisser place à celle de Chapuis, puis la route du cap de Garde toute en zig zag et puis nous tournons à gauche pour attaquer la montagne, et là pour moi commence la découverte, bien sûr cela a changé. D'une montagne vierge, elle est maintenant greffée de nombreuses constructions résidentielles. Mais cela juste sur son côté mer. Alors pour le sauvage que je suis, pour le petit garçon qui aime la nature, je retrouve mon enfance. Elle est encore Bugeaud la montagne aux sangliers. Oui! Des chênes lièges par milliers de chaque côté de la petite route qui serpente sans jamais la défigurer. Des broussailles, oui, Bugeaud est toujours Bugeaud, et je suis au paradis. On sait bien tout ce que l'homme a dompté a pour toujours perdu sa beauté. Mais ici à Bugeaud, non! Je retrouve ma montagne. J'arrive au village de Bugeaud, il est tel que ma mémoire le voyait, presque intouché, lui même, où règne calme et tranquillité, de gros arbres bordent toujours ses petites rues. Il m'est facile de faire un retour vers le passé, car le passé est toujours là. L'air est frais et sec. Merci mon ami N tu as frappé dans le mille. Gégé est au paradis. Il est midi, nous allons manger dans le village dans un petit resto qui s'appelle "le chalet". On se croirait presque au Tyrol, le patron vient nous voir. Quel homme agréable, un sourire honnête, je sens que je suis le bienvenu. Je me régale d'un plat fait de galette en tout petits morceaux, de poulet, agneau, poix chiche, oeufs durs et arrosés de beurre chaud qui s'appelle Chekhchoukha, servit dans un grand bol en bois de chêne, aie, aie, un vrai délice.


Ne pas confondre avec la Tchektchouka qui est lui à base d'oignons, et puis je retourne sur la place du village. Cette place n'a pas changé. Les bancs sont là, les arbres nous abritent toujours de la grosse chaleur. Je m'assoie sur un banc. Mon ami N est arrivé avec un bon thé à la menthe.


Je crois répéter des gestes qui finalement perdurent depuis des années. Le bonheur a cela de particulier qu'il ne décide pas du moment où il vous arrive. Hé bien voilà! Je suis heureux. Je veux voir l'église de Bugeaud. Hélas le temps a fait son oeuvre. Elle est là devant moi imperturbable du temps qui passe mais sans entretien. Elle est comme un vieil homme qui sent la fin de sa vie. Je regarde autour de moi, tu as eu Eglise, surement des heures glorieuses de baptêmes, de communions, de mariages et de souffrances. Tu as fais ce que tu as pu, mais voilà le temps a passé.


Je pense à tous ceux qui sont venu ici. Je n'ai aucune tristesse car le tord de l'homme est de se penser assez puissant pour se dire que les choses sont faites pour durer. Mais non! Les choses sont en perpétuel changement. Alors quand elles passent dans notre vie faut en profiter. Ce matin je profite de l'instant présent au maximum et tout est beau. Je vois la deuxième église qui elle est transformée en mosquée.

La maison du garde champêtre aussi est toujours là.


Les enclos où il tenait quelques animaux sauvages, gazelles, etc... sont encore là. La fontaine du curé chargé d'histoire.


Sur l'autre côté de Bugeaud on a battit un superbe hôtel "EL-MOUTAZAH" dans le style mauresque. Tout peint à la chaux, magnifique endroit qui domine les montagnes environnantes et sur son côté droit la mer. Une navette fait le circuit vers les plages, tout est pensé, piscine et alors le calme, ah oui le calme partout.


Un bel endroit où rester. Je redescends à travers la forêt vers la plage de Bugeaud (Séraidi). Si les plages de St-Cloud et autres sont belles, celle de Bugeaud est magnifique. Bordée de montagnes sauvages et d'immenses rochers, elle cache sa beauté au creux d'un escarpement afin qu'une fois arrivé le visiteur soit subjugué par sa magnificence.


Je prends des dizaines de photos. J'aimerai ne jamais partir. Mais voilà! Alors je redescends vers Bône par l'intérieur des terres où je peux voir qu'un complexe universitaire a été construit. Une ville dans la ville, grandiose, magnifique, logements pour étudiants tout a été pensé pour les grandes études. Bône avance et c'est beau! Voilà! Bugeaud tu es toujours aussi belle et pour les Bônois tu restes à jamais "La Montagne de Bugeaud". Je rentre à l'hôtel vers les 17 heures. Ah quelle belle journée!! Comme le temps passe vite. Un peu de repos et je pars encore au Lavandou manger. Ce soir ce sera une belle grosse dorade. Oui oui, mais voilà une fois à table je me dis oui pour la dorade, mais laissons faire le régime, allons y aussi pour des brochette et des merguez, la galette avec les poivrons grillés, vive l'Algérie!... Il est 22 heures, le temps de rentrer, quelle circulation aie aie. Le bord de mer est noir de monde. Alors encore une fois je décide d'aller m'assoir sur le sable. Au bord de l'eau, là dans la nuit personne ne me voit si je parle à voix haute on ne me dira pas fou. Et je retrace ma journée. Alors sur fond de mer et d'étoiles défile alors la montagne de Bugeaud. Je pense à toi mon papa qui avec ton fusil a couru là aussi derrière les sangliers. Chaque étoile devient un sanglier. Cela me fait rire et sangloter. Ce mélange de joie et de tristesse il est à toi mon papa car oui à travers moi, tu es ici chez nous, moi j'ai la chance, le bonheur de revenir chez nous. Alors je suis là pour toi, c'est toi qui respires. Toi qui parle, toi qui ris, toi qui cours, toi oui toi je peux le dire qui vis. Car ici oui mon papa tu étais vivant. Mais c'était avant. Aller il faut aller dormir car demain, oui demain, je me réveille à Bône et moi aussi je vais vivre. Comme c'est bon!

Mardi 10 juin 2014
Comme le temps passe vite, j'ai fais le maximum de choses depuis quelques jours, et aujourd'hui je me dis, je vais prendre cette journée au ralentit. Aïe aïe, quel ralentit. Elle fût aussi occupée que les autres. A tout vouloir voir, à tout vouloir toucher, à tout vouloir ressentir mais alors que du bonheur!

Je décide de partir vers 10 heures à St Augustin.


St Augustin a été rénové et je veux voir. Seulement de prendre cette petite route qui à la sortie de Bône nous conduit là me fait retrouver mes 10 ans où avec mes parents nous allions souvent en pensant que cela était ainsi et durerait ainsi. J'arrive sur la petite colline et je me retourne afin de contempler la vue. Je me rappelle, nous amenions un panier de pique nique et sous les oliviers avec le chant des étourneaux, nous vivions, oui je ne peux mieux dire nous vivions.


Au loin, Bône, se dessine le port avec sa centrale d'où émerge ses grandes cheminées dans lesquelles mon papa, à chaque jour se remplissait de noir de suie pour les nettoyer et gagner son salaire d'ouvrier. A gauche les montagnes de Bugeaud viennent finir leurs beautés en pente douce. A droite les ruines romaine d'Hiponne, derrière moi la basilique flanquée de ses deux grandes tours est là, imperturbable du temps, semblant me dire "regardes à nouveau je brille". Et ce tintement de cloches? Je baisse la tête et oui vous aussi vous êtes là? Vous aussi les moutons? Ah! "et toi, oui toi! ST-Augustin tu trônes là au milieu, tu pointes toujours ta main droite vers le ciel", je pourrais fermer les yeux et me dire que rien n'a changé, mais les choses ont changé puisque je suis un exilé et que je ne peux plus venir sur un seul désir ici te voir. Alors ce matin je veux me remplir de toi. Un soleil magnifique fait briller les vitraux. A l'intérieur, des dizaines de plaques de marbre collées aux murs et où ceux qui ont voulu te remercier de tes grâces ont écrit un mot. Je regarde cette allée où si souvent nous passions. Où si souvent des milliers de pas ont martelé ce sol. Toi, tu es là allongé dans ce coffre de verre, combien d'yeux sont venus ici te demander une aide, alors que retentissait le son de ton orgue.


Pourquoi est-ce si facile d'avoir dix ans? Je le sais parce que ce pays me colle à la peau et que, dans ma tête, je n'en suis finalement jamais parti!

Je repars sur Bône, il est midi je m'arrête sur le cour Bertagna. Ah, le monde est là comme toujours même plus, le soleil aussi, un soleil de plomb. Mais les arbres! Ah ces arbres! Combien d'années ont-ils? Ils dispensent leurs ombres avec générosité, de partout, des tables, des chaises invitent toujours les promeneurs à s'assoir. Alors oui c'est le temps du créponnet et pourquoi à l'ours polaire? Parce-que l'ours polaire est l'emblème du cour Bertagna, de par mon métier, j'en ai fais du créponnet! Qui finalement n'est qu'un banal sorbet au citron. Maisssss!! Celui du cour Bertagna! Ah!! Il a un autre gout.


Il a le gout de mon pays, il a le gout de mon enfance. Il a le gout que nul part ailleurs on ne retrouve. Il a le gout de l'amour. Je suis bien installé dans ma chaise, je regarde autour de moi, et le film de mes 10 ans commence. "allo Fifine! Allo Jeannine!! Que faites vous ici dans votre robe à fleurs et vos talons hauts. Ah vous êtes avant de venir, passé au REX le cinéma pour vous maquiller??? Ah! Si vote père y vous voit aïe aïe la tannée!! Ahhh vous venez voir les garçons??? Ca marche, ça danse, ça virevolte, le cour Bertagna c'est le plus beau cour du monde". Et puis un coup de clackson me fait sortir de mon film. Aïe aïe, il est 13h30, je dois filer à l'école de Beauséjour. Pas question de partir sans saluer celui qui à ma première venue m'a reçu dans mon école avec son âme, son coeur, son amour, Monsieur le Directeur B. J'arrive à l'école, il n'est pas là, je prends le téléphone et arrive à le rejoindre. Et voilà que cet homme surement très occupé de par ses responsabilités, me dit "j'arrive tout de suite Gégé" en une courte phrase tout est dit! Que du bonheur, 10 minutes après Monsieur le Directeur est là. Dans son bureau nous discutons. Il a la délicatesse d'avoir amené des gâteaux, des jus de fruits. Il sait lui que ici dans cette école de Beauséjour j'ai inscris ma vie d'Algérien. Mais le temps passe, je dois quitter. Et oui Monsieur le directeur je n'ai pas oublié l'invitation et le couscous à la maison ce sera encore remit pour 2015 inch allah! Je n'ai pas assez de temps. Le temps! Ah! Ce maudit temps qui court.

Il est déjà 14 heures même plus. Aie Aie. Ce soir mon ami, non! Mon frère A a organisé pour ma dernière soirée un méchoui à Ain Tehmamine, à 85 km de Bône près de Souskaras, et pour cela je dois me rendre à Randon d'où nous partirons. J'arrive à Randon vers 18h. Toute la famille vient avec nous. Nous sommes je sais plus 10 ou 12. Ce sera du pur bonheur. Ce sera comme avant. Comme pendant les jours heureux nous voilà parti à deux voitures. La nuit tombe, quel dommage pour le paysage car à travers des routes sinueuses toutes ces belles montagnes sauvages arrivent tout de même à se deviner. Alors je baisse la vitre et je sens l'air frais de mon pays il est unique au monde. Dès ma naissance il m'a imprégné et même en ayant parcourut le monde, jamais aucun air ne l'a supplanté. Le bonheur d'être bien ne peut se décrire car il manquera toujours des mots, il se vit simplement. La lune éclaire la route. Des milliers d'étoiles illuminent le ciel noir, les senteurs sauvages du thym et des broussailles arrivent jusqu'à moi. Des odeurs sauvages de nature vierge où je le sais et oui, grouillent les sangliers. Ah mon papa comme tu serais heureux ici. Je traverse plusieurs villages où sitôt traversé la nature sauvage reprends ses droits. Ah oui! Je dois revenir ici mais le jour. Je le sais, je le sens c'est un paradis dans le paradis d'Algérie, oui je suis chez moi et j'appartiens à cette terre. Aucune richesse au monde ne peut la valoir. Après une bonne heure de route nous arrivons à Ain Tehmamine. Sur les hauteurs du minuscule village le restaurant se reconnait par ses lumières. Il est en bordure de route. Et au loin se dessinent les montagnes. Une immense terrasse garnie de tables, un grand BBQ. Ca sent bon le charbon de bois. D'immenses fumées nous entourent et nous font présager le festin les grillades! Des moutons sont suspendus.


Ah! Je vais y faire honneur. Une immense table est arrangée pour nous, arrivent la Kesra (la galette) toute chaude. L'huile d'olive et l'harissa, les poivrons grillés à l'huile d'olive et mis en purée hummmm!!! Mon ami A a tout arrangé. Déjà de gros morceaux d'agneau grillent. Je n'ai pas mangé! Ah non!! J'ai dévoré. Je me suis empiffré de moutons, de camoun, d'harissa.


J'ai mangé chez moi en Algérie. Là! A cet instant comme j'aurais voulut manger toute ma vie. Et puis oui avoir autour de moi tous mes amis et amies, entendre les enfants me dirent "tonton, tonton", quelle belle soirée entouré de ceux que j'aime et qui je le sais m'aiment. Il est 1 heure du matin. Faut rentrer, nous reprenons la route en sens inverse. Il n'y a pratiquement que nous dans la nuit étoilée. Mais quelle belle soirée. Pourquoi faut-il que cela finisse? Dans la voiture le petit A âgé de 8 ans chante. Il est heureux au milieu de nous. Il est intarissable de chansons. Et puis quand nous commençons à arriver vers la fin du voyage, lui le rossignol ne chante plus. Il est triste, il a compris que nous allions nous quitter. Cela m'a touché énormément. Hé bien tu sais mon gentil A moi aussi tonton, je t'aime beaucoup!

Mercredi 11 juin 2014
Voilà mon séjour achevé. Il faut rentrer à Alger et de là à Montréal. Je me lève à 9 heures, je veux profiter une autre fois de la mer. Et comme l'hôtel est juste au bord de la mer je vais me baigner à cet heure là, il n'y à pas beaucoup de monde. St Cloud me voici! Mes dix ans marchent sur le sable. Mes dix ans entrent dans l'eau. J'ai tout! Oui tout. Je fais même exprès d'avaler de l'eau de mer.


Oui tu as toujours le même gout. Celui des jours heureux. Je voudrais ne jamais avoir grandit! Je voudrais voir ma maman sur le sable me crier "sors que tu vas attraper la crève" je voudrais! Je voudrais! Oui je voudrais finalement sortir du cauchemar qui dure depuis des dizaines d'années, depuis que j'ai dû partir du paradis! Il est temps de partir pour l'aérodrome, dilemme cruel. Dans ce taxi qui longe la corniche, le lever de l'aurore, la gare des trains, la Seybouse, les cigognes, aie, aie l'aéroport. J'ai le coeur gros, je suis triste car je vais m'arracher à ma vraie vie. Dans cet avion qui me ramène à Alger la tête dans le hublot je regarde l'aérodrome des salines qui s'éloigne. Je regarde la mer des salines. Je pense à tout ce que j'ai fais en si peu de jours. Je vois le visage de tous mes amis défilé, tous ceux que j'ai rencontré, des milliers d'images se mélangent dans ma tête comme un feu d'artifice, ah oui! J'ai vécu l'espace de quelques jours ma vraie vie celle qui aurait dû être toujours et c'est comme si soudainement j'entendais le "clac clac clac clac" d'un film arrivé au bout de sa bobine. Et que personne ne m'avait dit que c'était la fin. Ah! Comme c'est dur.

Epilogue
Voilà! J'ai raconté! Ou plutôt... j'ai! Oh pis à quoi bon chercher!

Papa, Maman vous étiez je vous le jure tout le temps avec moi dans ce retour aux sources. Papa tu as de nouveau chassé les sangliers à Sidi Djemil. Toi maman lorsque j'étais à la plage de St-Cloud tu étais là assise sur le sable dans ta robe à carreaux et tu as de nouveau chanté comme tu chantais ta chanson "je t'ai donné mon coeur, tu tiens en toi tout mon bonheur"


Je me dis que jamais chanson ne fut plus vraie si on l'adresse à notre beau pays d'Algérie.

Vous tous mes amis, amies! Ceux que je n'ai rencontrés qu'un moment sachez que j'ai très bien senti de suite l'amour de l'amitié que vous me donniez en m'aidant dans mes recherches. Vous autres, oui mes amis, amies, ceux de toujours qui vivez dans notre beau pays et qui m'avez aidé, compris, reçu dans votre maison comme un membre de votre famille, vous tous qui m'aimez comme je vous aime. Vous avec qui j'ai vécu ces moments trop courts vous le savez de bonheur. Merci de m'avoir compris. Merci de m'avoir aidé, merci de m'aimer, moi Gégé je vous aime.

Toi mon beau pays d'Algérie, tes souffrances, tes joies font parti de ma vie. J'ai eu l'immense bonheur de naitre sur cette terre. Je suis fier de dire "je suis né en Algérie. Je suis un Algérien."

À toi Saïd, à toi papa, à toi maman.

"Les jours heureux"

Gégé
voilà voilà ricrac Bône lecture 'rire)
Ricrac je ne sais pas comment vas tu faire pour m'envoyer ton résumé que je dois publier?....tu peux t'adresser à Malek car il possède toutes nos adresses mails ou éventuellement à Gg lui même? je pense que tu vas y arriver comme un bon débrouillard d'Annaba (rire). A+
Gg.......doit bien rire de Montréal


Montréal (/ˈmɔ̃.ˌʁe.al/3 Écouter) est la principale ville du Québec. Grande métropole4 insulaire et portuaire du fleuve Saint-Laurent au pied des rapides de Lachine, c'est la deuxième ville la plus peuplée du Canada, après Toronto, et la plus grande ville francophone d'Amérique5. Son aire urbaine, la région métropolitaine de Montréal, rassemble près de 4,3 millions d'habitants, soit environ la moitié de la population du Québec6. Montréal est l'une des grandes agglomérations d'Amérique du Nord et un important pôle financier7, de savoir8, de culture et d'aéronautique. C'est à Montréal que siègent l’Organisation de l’aviation civile internationale, l’Institut de statistique de l’UNESCO, le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, ainsi que l’Agence mondiale antidopage.

La ville doit son nom au mont Royal qui surplombe le centre des affaires et le centre historique de la ville, tous deux situés dans l'arrondissement Ville-Marie. Montréal est découpé en 19 arrondissements qui couvrent les trois-quarts de l’île de Montréal, la plus grande de l'archipel d'Hochelaga, mais également l’île Bizard, l'île des Sœurs et les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame. Il y a plus de 1,8 million d'habitants dans les limites municipales. Langue officielle de l'administration, le français est la langue d'usage de la majorité de la population. L'anglais et d'autres langues y occupent une place importante; la moitié des montréalais sont bilingues et près du quart sont trilingues9.

Cœur économique, commercial et financier du Québec, la ville compte plus de 400 sièges sociaux et de nombreuses grappes industrielles. Considérée comme « meilleure ville étudiante » au monde10 et comme la « métropole universitaire du Canada »11 avec six universités et 450 centres de recherche, Montréal est aussi un centre culturel d'importance pour les jeux vidéo12, le cinéma13 et le design14. Le transport collectif de la ville, structuré par un réseau de métro, est l'un des plus efficaces, rapides et ponctuels en Amérique du Nord. L'Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau accueille près de 20 millions de voyageurs annuellement. La région de Montréal est la porte d'entrée de l'immigration au Québec, 70% des personnes nées à l’étranger y demeurent15.

Hôte de l'Exposition universelle de 1967 et les Jeux olympiques d'été de 1976, Montréal accueille chaque année le Grand Prix de Formule 1 du Canada, et de nombreux festivals, tels le Festival international de jazz de Montréal, les FrancoFolies et le festival Juste pour rire. Le Canadiens de Montréal est le plus vieux club de hockey au monde toujours en activité, sans interruption.

(rire) la ville des indiens comanches, les nez percé, blek le rock SON FILS RUDY et la tunique rouge........ET MA CABANE AU CANADA un grand pays d'hospitalité......Définitions de hospitalité. Action de recevoir et d'héberger chez soi gracieusement quelqu'un, par charité, libéralité, amitié : Offrir l'hospitalité à quelqu'un. Générosité, bienveillance, cordialité dans la manière d'accueillir et de traiter ses hôtes : Un peuple connu pour son hospitalité..Définitions de hospitalité. Action de recevoir et d'héberger chez soi gracieusement quelqu'un, par charité, libéralité, amitié : Offrir l'hospitalité à quelqu'un. Générosité, bienveillance, cordialité dans la manière d'accueillir et de traiter ses hôtes : Un peuple connu pour son hospitalité.Définitions de hospitalité. Action de recevoir et d'héberger chez soi gracieusement quelqu'un, par charité, libéralité, amitié : Offrir l'hospitalité à quelqu'un. Générosité, bienveillance, cordialité dans la manière d'accueillir et de traiter ses hôtes : Un peuple connu pour son hospitalité.
Salut GG j'ai les yeux qui clignotes je vai s aller dormir en rêvant à Belvédère et au merguez.......RIRE
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