Concessions pédagogiques
par El-Houari Dilmi
Près d'une centaine d'étudiants des deux grandes Ecoles nationales de mathématiques et de l'intelligence artificielle d'Alger n'ont pas pu être admis en deuxième année, pour «insuffisance de résultats». Les étudiants recalés ont été orientés vers l'université, dont la formation est jugée «un cran plus bas». Un peu comme la fameuse mention « orienté vers la vie active » apposée sur les bulletins des élèves recalés, les deux grandes Ecoles d'Alger, chargées d'assurer une formation délite aux normes universelles, sont pourtant supposées accueillir la crème des bacheliers algériens. Au-delà des spéculations et autres conjectures sur le niveau réel des étudiants exclus des deux Ecoles supérieures des mathématiques et de l'intelligence artificielle, c'est tout le système d'évaluation des élèves, basé sur une lecture froide des chiffres, qui est remis en cause. Jugée « anti-pédagogique » et « contre-productive », la décision du ministère de l'Education nationale de réduire la moyenne d'admission pour le bac 2022 à 9,5 pour la deuxième année consécutive a fait sortir de leurs gonds syndicalistes et pédagogues. La pensée de Zoubir Rouina, secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), résume le sentiment général qui prévaut chez la famille de l'éducation nationale : « Le bac, ce n'est pas uniquement une joie mais plutôt une récompense aux plus méritants, une évaluation pédagogique d'un parcours éducatif notamment dans le secondaire qui permettra à l'élève d'accéder à l'université avec confiance et avec certains bagages ». Moins de concessions pédagogiques avec le retour au système du rachat et de la fiche de synthèse en prenant en compte les efforts des élèves fournis au cours de l'année, est une mesure jugée « plus équitable » par les syndicalistes et pédagogues. Nombreux sont ceux qui, sur les réseaux sociaux, qualifient la décision d'accorder un «bac au rabais» de « purement politique », motivée par des préoccupations plus sociales qu'éducatives. «Aucun pays ne peut déroger aux règles pour faciliter la réussite à un examen. C'est du jamais vu, surtout pour le baccalauréat, un diplôme d'Etat reconnu dans la plupart des pays», commente un internaute. Le débat risque de s'enflammer davantage dans les prochains jours.
Les Commentaires