Annaba. Frénésie sur le marché

Le marché local, tous commerces confondus, a été gagné par la frénésie ces dernières semaines dans la wilaya de Annaba. La consommation à outrance bat son plein. On vend et on achète de tout : des ustensiles aux nouveaux habits pour la rentrée scolaire, des voitures neuves, aux produits électroménagers.

Une fièvre qu’accentuent des milliers d’estivants et de touristes en provenance de différentes régions du pays et même d’Europe. L’exceptionnelle douceur du temps qui a caractérisé la fin du mois d’août impose aux uns et aux autres des sorties pour des opérations de lèche-vitrines, achats et ventes. Même nos voisins tunisiens sont de la partie, attirés par les prix très abordables, comparativement à ceux pratiqués chez eux.

Faute de baignades en mer, les campings familiaux, hôtels, centres de vacances et auberges se transforment en lieux d’organisation d’excursions à travers les douze communes que compte la wilaya. Dans chacune d’elles, attendent ces vacanciers des commerçants avertis ou des vendeurs à la sauvette. Les habits pour enfants et les articles de cuisine, rentrée scolaire et ramadhan obligent, battent la mesure des affaires et du négoce.

Les rues, ruelles et places publiques (rue Emir Abdelkader, Ibn Khaldoun, place du théâtre, El Qods, Cours de la Révolution, vieille ville, El Hattab, Rond-point, jardin public Stambouli...), du centre-ville de Annaba sont des sites quotidiennement fréquentés ; ils sont envahis régulièrement par une foule bigarrée et bruyante, ce qui leur donne une allure d’exode avec, un peu partout, des charrettes à bras, d’énormes et innombrables sacs et paquets qui attendent acquéreurs. Si ce ne sont pas des ustensiles de cuisine, la plupart contiennent des vêtements, surtout des jeans et tabliers pour enfants des deux sexes.

Partout où ils peuvent se rendre, même dans les cités de la plaine Ouest, (Oued Forcha, Oued Eddeheb, Didouche Mourad, Sidi Salem, El Bouni, Sidi Amar, El Hadjar), clients et vendeurs achètent ou vendent de tout, y compris les cosmétiques, l’or, les appareils-photo, les téléviseurs,les décodeurs, etc. On y trouve des produits prétendus de marque.

A l’exception de quelques gérants de boutiques qui éprouvent bien des difficultés à écouler leurs produits sur un marché local où le parallèle impose sa loi, beaucoup de travailleurs profitent de leur congé annuel pour arrondir leurs fins de mois. Abdelmadjid K., 40 ans, venu de Batna, la silhouette bedonnante, a un train de vie qui a perdu toute commune mesure avec son salaire d’employé de bureau dans une administration de l’Etat. Il avouera à ce propos, lorsque nous l’avons interrogé sur les ballots dont il assurait la garde : « Si je devais me contenter de mon salaire pour vivre avec mes 3 enfants, cela fait longtemps que j’aurais tendu la main. Avec ma femme, nous nous déplaçons chaque été dans une des villes du littoral pour nous approvisionner en produits divers très demandés en période de Ramadhan ou de rentrée scolaire. Mon épouse est chargée de les transporter jusqu’à notre région d’origine pour les revendre au prix fort. ça marche bien. Ce qui nous permet de vivre décemment ». Abdelmadjid n’est pourtant pas le cas le plus courant ; il fait partie de ces groupes de jeunes et moins jeunes qui font des déplacements continuels à partir de l’intérieur du pays vers les villes côtières. Bon nombre ont des carnets pleins d’adresses et de numéros de téléphones des spécialistes de containers affrétés à partir de Turquie, Syrie, Egypte et France. Jeans, tee-shirts à la mode, pulls acryliques, robes et autres chaussures griffées « made in » abondent sur le marché.

En quelques années, Annaba est passée du statut de ville industrielle, des années 1970 jusqu’au début des années 1990, à celui de wilaya-bazar à ciel ouvert.

Samy B. [EL WATAN - 04-09-2007]