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Annaba. Maltraitance et agressions sexuelles sur les enfants

Publié le 02/06/2008

Un problème de santé publique ?  Cette campagne servira à l’élaboration d’une étude comparative entre les lois algériennes et les conventions internationales ratifiées par notre pays. Actuellement, 5 à 6 affaires se rapportant à la maltraitance et aux agressions sexuelles sur les enfants sont traitées chaque trimestre par les différentes instances judiciaires de Annaba.
Il y a quelques années, elles se résumaient à 2 par an. Interpellée par ces données plus qu’inquiétantes, l’association des droits de l’enfant (Aden) a choisi cette journée mondiale de l’enfant pour appeler l’ensemble des institutions et structures concernées à multiplier leurs efforts dans les actions de sensibilisation et d’information sur les risques, au double plan psychologique et social de ce type de comportement à l’égard de cette tranche vulnérable de la population. Le mot d’ordre d’Aden demeure toujours « halte à la maltraitance des enfants ». Ces actions, indique Me Y. Mérabti, la présidente d’Aden, s’étaleront jusqu’au 16 juin, date de la célébration de la journée de l’enfant africain, et seront axées sur la violence en milieux familial, scolaire, dans les garderies et surtout dans la rue. A cet égard, l’avocate affirme : « Les cas de violence et de maltraitance contre les enfants ont pris des proportions hallucinantes. Il est temps qu’on en prenne sérieusement conscience. Nous, en tant qu’adultes, sommes interpellés et devons réagir pour protéger ces enfants injustement violentés et maltraités ». Cette campagne, à laquelle seront mis à contribution des psychologues, éducateurs, nourrices, parents, élus locaux, députés, sénateurs et juristes, servira de base à l’élaboration d’une étude comparative des lois algériennes en vigueur sur la protection de l’enfant et la convention onusienne des droits de l’enfant de 1989, et la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant africain de 1990. Ces deux instruments juridiques internationaux ont, pour rappel, été respectivement ratifiés par notre pays en février 1992 et septembre 2003. Par ailleurs, cette avocate, qui a eu à défendre plusieurs cas d’enfants maltraités et abusés, déplore l’absence à Annaba, voire en Algérie, de structures intermédiaires spécialisées pouvant assurer la prise en charge temporaire en soins et aide à la reconstruction psychologique des enfants, notamment ceux victimes d’abus sexuels. Ceux-ci, ajoute notre interlocutrice, sont aujourd’hui considérés comme étant des tabous à mettre entre guillemets. Hier, spécifiques aux régions rurales donc taboues, les agressions sexuelles ont tendance à s’étendre au milieu citadin. Ce qui explique, d’après elle, l’évolution, en nombre, de ce genre d’affaires, traitées par la justice. En la matière, estime de son côté le Dr Nadia B., pédopsychiatre, notre pays n’est pas mieux loti par rapport au reste du monde. Selon elle, plusieurs études internationales différentes conduites dans 19 pays dont ceux de l’Afrique du Nord, font état de taux de sévices sexuels allant de 7 à 34% pour les filles, et de 3 à 29% pour les garçons. La praticienne qui, se référant aux récentes données de l’organisation mondiale de la santé (OMS), exposées lors d’une conférence internationale sur la question, organisée il y a près d’un an en Afrique du Sud, où le phénomène d’abus sexuels sur les enfants ne cesse de prendre de l’ampleur, a tenu à préciser : « Il faut dire que j’ai été sidérée lorsque le représentant de l’OMS avait indiqué que les mauvais traitements infligés aux enfants constituent désormais un problème majeur de santé publique partout dans le monde… une estimation récente de l’OMS relève que dans le monde, 40 millions d’enfants âgés de 0 à 14 ans souffrent de mauvais traitements et de défaut de soins et ont besoin de prestations sanitaires et sociales ». Outre les lourdes retombées psychologiques sur la victime elle-même, souligne Dr Nadia B., la charge de morbidité liée aux traumatismes subis est très contraignante du point de vue des coûts et du développement socioéconomique. Elle appuiera ses dires en citant l’exemple des USA où une étude réalisée a fait ressortir que le coût annuel de prise en charge, tous niveaux confondus, de 2 millions de cas de mauvais traitements à l’encontre des enfants est estimé à 12,4 milliards de dollars. « Les enfants victimes de mauvais traitements présentent toute une gamme de troubles physiques, affectifs et du développement qui peuvent les empêcher de mener une vie saine et productive », ajoutera-t-elle. Nos deux interlocutrices étaient unanimes pour conclure qu’outre les problèmes de santé, les enfants maltraités ont des difficultés scolaires, des problèmes de toxicomanie et des démêlés avec la justice. Pour elles, les pouvoirs publics doivent prendre conscience qu’il s’agit d’un problème de santé publique d’une importance capitale nécessitant des initiatives et des actions urgentes. Pour ce faire, elles préconisent de mettre en place un système national de collecte de données sur les mauvais traitements infligés aux enfants et d’établir des estimations de l’impact de ces cas sur la santé publique et de leur coût ; échanger des informations sur les interventions et les méthodes les plus efficaces en matière de prévention ; initier des recherches sur la prévention des mauvais traitements sur les enfants, et enfin élaborer des programmes nationaux de prévention ainsi que des programmes d’aide sociale aux victimes et aux familles.

El Watan > 02/06/08 > N. Benouaret

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